Lors de l'intervention du Docteur Djéa Saravane, à la
conférence femmes avant tout le médecin spécialiste de la douleur a notamment parlé de l'intervention ciblée sur la violence médicale :
Intervention Djéa Saravane - violence médicale
Il a notamment évoqué une étude récente, en 2011 : 80 % des enfants et adolescentes TSA auraient un traitement de neuroleptiques, psychotropes ou antidépresseurs. Des études montrent que les conséquences des effets secondaires ont été mal appréhendées avant la mise en circulation et qu’elles commençaient à apparaître et à montrer des problèmes conséquents et graves.
Il y a pour lui, de très nombreux cas de maltraitance médicale, les médecins n'hésitant pas à prescrire cette surcharge médicamenteuse, sous entendant, on s'en fiche ils sont autistes. (propos du Dr Saravane)
Il a rappelé à ce sujet, le positionnement de la HAS en 2012 (recommandations auxquelles il a participé) :
HAS - Autisme et autres troubles envahissants du développement : interventions éducatives et thérapeutiques coordonnées chez l’enfant et l’adolescent
Extrait :
Conditions de prescription des psychotropes, mise en œuvre et suivi du traitement des personnes autistes
Les molécules ayant mis en évidence, à partir d’études contrôlées randomisées en double aveugle, des effets bénéfiques sur les critères de jugement ci-dessous sont :
●Irritabilité, stéréotypie et hyperactivité ; halopéridol versus placebo (autisme infantile, n = 126 sujets traités de 2 à 8 ans, 1re étude 1978), rispéridone versus placebo et rispéridone versus halopéridol (principalement autisme infantile, une étude avec syndrome d’Asperger et TED non spécifiés, n = 89 sujets traités de 2 à 18 ans, 1re étude 2004), aripiprazole versus placebo (autisme infantile, n = 213 sujets traités de 6 à 17 ans, 1re étude 2009).
●Hyperactivité ; méthylphénidate versus placebo (TED, n = 97 sujets traités de 3 à 14 ans).
Chacune de ces molécules présente des
effets indésirables fréquents (nausées, douleur, énurésie, signes extrapyra-midaux, troubles cardiaques, métaboliques, etc.),
potentiellement sérieux pour certains, de nature parfois différente selon les molécules et avec un recul variable (Consulter l’argumentaire scientifique).
Il n’existe pas de données objectives publiées mettant en évidence que les effets indésirables seraient significativement moins fréquents avec les antipsychotiques atypiques qu’avec les antipsychotiques typiques.
Pour la plupart des effets indésirables, leur fréquence rapportée par les études pour la rispéridone est supérieure à celle rapportée pour l’aripiprazole, sans qu’une comparaison directe soit possible (absence d’étude rispéridone versus aripiprazole).
Les experts constatent que la plupart des médicaments prescrits et dont l’efficacité a été étudiée spécifiquement chez les enfants/adolescents avec TED n’ont pas d’autorisation de mise sur le marché (AMM) dans cette indication ou pour cette population, comme, de manière plus large, de nombreux médicaments prescrits en pédiatrie.
En l’absence d’AMM, l’analyse du rapport bénéfice-risque repose exclusivement sur l’évaluation individuelle de ce rapport réalisée par le prescripteur.
En cas de troubles du sommeil retentissant sévèrement sur les capacités d’apprentissage ou la qualité de vie de l’enfant/adolescent ou de son entourage, et en l’absence ou insuffisance d’efficacité des interventions alternatives non médicamenteuses, la prescription de mélatonine sous forme magistrale peut être envisagée sous réserve d’une surveillance médicale du rapport bénéfice-risque (accord professionnel) (mélatonine versus placebo ; n = 35 sujets traités pendant 4 semaines, 2 à 16 ans ; 1re étude 2006).
Indications dans le cadre des troubles du sommeil : choix des molécules.
Les enquêtes de pratiques montrent q
u’une forte proportion d’enfants/adolescents avec TED reçoit des traitements psychotropes, alors même que la plupart des molécules utilisées n’ont pas fait l’objet d’une demande d’autorisation de mise sur le marché (AMM) dans cette indication ou pour cette population.
Dans ces conditions, toute prescription doit être prudente, raisonnée et basée sur des données objectives permettant au prescripteur d’évaluer régulièrement le rapport bénéfice/risque pour chaque patient.
Il est recommandé, hors exceptionnelles situations d’urgence, que les psychotropes soient prescrits par un spécialiste en neurologie de l’enfant ou en psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent ou par un médecin très familier du traitement des troubles du comportement de l’enfant et de l’adolescent avec TED.
Les modalités de renouvellement et de suivi doivent être transmises au médecin traitant.
Par principe, une prescription de psychotropes est temporaire.
Une évaluation régulière de l’indication (
tous les 6 mois ou plus tôt selon la durée préconisée par l’AMM) doit être proposée avec réalisation d’une fenêtre thérapeutique
L’inefficacité ou l’intolérance doivent conduire à son interruption.
Il n’y a pas d’arguments en faveur de l’association de médicaments psychotropes.
Il est donc recommandé, si le traitement n’est pas efficace, de changer de molécule plutôt que d’en d’ajouter une, afin d’éviter des interactions médicamenteuses liées au cumul des prescriptions (Le Docteur Saravane, parle du millefeuille de prescriptions de bons nombre de psychiatres... (pas tous évidement).
Il est recommandé :
● Que toute nouvelle prescription soit précédée, sauf cas d’urgence,
d’un examen clinique éliminant toute cause somatique (épilepsie, douleur, etc.), d’une
analyse fonctionnelle des troubles du comportement, et
d’une description précise des symptômes ciblés à l’aide d’échelles permettant leur suivi (ex. Aberrant Behavior Checklist [ABC], Childhood Autism Rating Scale [CARS], échelle de Vineland [VABS]) ;
● Que la mise en œuvre du traitement soit très progressivement augmentée (cas d’effets paradoxaux des traitements chez les personnes avec TED) et conforme aux règles de bonne pratique définies par les recom-mandations disponibles spécifiques par molécule ;
● Qu’une surveillance médicale,
comprenant le cas échéant les examens nécessaires à la surveillance de la tolérance, soit mise en œuvre suivant les recommandations spécifiques disponibles de la molécule utilisée, afin de juger de l’efficacité et de la tolérance3 ;
● Que la tolérance prenne en compte
les effets sur les fonctions cognitives et les capacités d’apprentissage de l’enfant/adolescent (recherche de la dose minimale efficace) ;
● Qu’une fiche de suivi standardisée du traitement comprenant les données du médicament prescrit (efficacité, effets indésirables, doses, compliance, début-fin de prescription) et les données cliniques s’appuyant sur les échelles d’évaluation et les résultats des examens complémentaires soit à disposition du prescripteur ;
● Outre l’intérêt direct de cette fiche pour le suivi de l’enfant/adolescent, celle-ci pourrait également être centralisée pour réaliser des études observationnelles.
Il est recommandé que le prescripteur rencontre régulièrement les parents, afin :
● De faire le point sur les autres traitements médicamenteux pris par leur enfant (automédication ou prescrits par d’autres prescripteurs) ;
● De fournir aux parents une information claire sur l’indication, les effets indésirables et les risques potentiels liés au traitement.
Et bien, en 2019, il y a beaucoup de chemin à faire au vu de ce que décrit le Docteur Saravane, et le nombre d'enfants sous traitement psychotrope dès 5 ans, sans qu'on se pose de questions sur leur évolution.