Par quoi remplacer le "si je veux, je peux" quand on a un TSA?

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Leanox
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Par quoi remplacer le "si je veux, je peux" quand on a un TSA?

#1 Message par Leanox » mercredi 4 janvier 2023 à 19:16

Bonsoir,

Je reviens un peu sur le forum alors que j'aborde la dernière étape du parcours diagnostic début 2023 avec des rendez-vous au CRA pour préciser le bilan des experts non médecins.

J'ai une difficulté à ce stade simple: je suis à bout émotionnellement (en crise presque destructrice) du fait de la durée de plus de 12 mois depuis le début du parcours diagnostic et des enjeux qu'un diagnostic précis comporte pour moi. Je me sens démunie de stratégies à utiliser autres que l'égo ('autres que croire que si je veux, je peux surmonter ma souffrance, les agressions sensorielles au travail). Quels palliatifs utiliser à la place de cet égo, ce "si je veux, je peux car le passé l'a prouvé"?

J'ai un prédiagnostic par des experts des TND chez l'adulte qui est quasiment sans appel sur le fait que j'ai un TSA/TDAH (le quasiment étant le doute de rigueur qui prévaut dans toute conclusion et qui doit ici relever de 1%). Cela je le sais depuis mars 2022. Cela fait un an, que j'ai besoin de prise en charge TSA et que je ne l'ai pas demandée parce j'ai eu un bilan écrit des tests effectués entre mars et juin 2022 (avec ma famille également) en septembre 2022. J'ai donc dû attendre presque 6 mois avant de pouvoir légitimement appeler un neuropsychologue TSA pour une prise en charge (qui arrive dans quinze jours)

On me parle d'un impact sévère du TSA chez moi. Je peine en effet à voir quand je devrais agir, téléphoner, remuer les acteurs nombreux du parcours. Je sens une détresse de ma latence, et je suis très isolée dans mon parcours, l'essentiel des professionnels de santé que je voyais sont non sachants. Je suis seulement prise en charge pour de la psychoéducation TSA maintenant.

Cela a fait beaucoup d'accumulation et j'ai l'impression que je vais simplement "p*ter un plomb", hurler des heures durant et cesser toute activité professionnelle voire même sociale pendant des semaines pour avoir la paix. Et consciente aussi que rien ne va si mal en dehors de cet émotionnel ingérable, pour la partie avancée des choses car la prise en charge TSA complète sera commencée mi-janvier, le CRA m'a déjà contactée et que ça va venir vite pour des tests (entre février et avril 2023). Comment gérer le fait de devoir me tenir à mes obligations professionnelles, me lever, subir ces néons et ces bruits (professeure en lycée), ses tas de copies à corriger avec des mots à ne plus savoir les lire (qui tournent) et puis ce moment charnière où je vais passer d'un paradigme que "si j'ai des soucis, je dois bosser dur pour les isoler et continuer à les surmonter" à "j'ai des difficultés innées restantes qui sont un plafond de verre insurmontable, des sensibilités réelles exacerbées, une malvoyance sociale extrêmement ancrée et insurmontable au delà d'un certain niveau sauf à un coût énergétique qui ne peut pas être investi"?

L'égo m'a portée toute ma vie en me disant que si j'avais une difficulté, c'était de mon ressort de l'isoler, la travailler en autonomie et la surmonter. Ironiquement pour trouver mon TSA j'ai dû apprendre à collaborer, recevoir de l'aide, et désormais j'apprends que j'ai une limite réelle qui m'est placée par un câblage. Je ne sais pas gérer de ne plus autant pouvoir avoir recourt à l'égo. Quelles stratégies adopter pour pouvoir vivre plus sereinement l'annonce du TSA?
En pause de toute réflexion sur les TND pour quelques semaines

Lou-2020
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Re: Par quoi remplacer le "si je veux, je peux" quand on a un TSA?

#2 Message par Lou-2020 » jeudi 5 janvier 2023 à 1:06

Salut Leanox,

Plusieurs points que tu évoques me parlent...

La durée du parcours diagnostic et la difficulté de trouver des professionnels formés :
C'est très éprouvant émotionnellement et identitairement (on traverse une sorte de phase de doute qui n'en termine pas et on commence la phase d'acceptation/intégration du diag avant que celui-ci ne soit confirmé officiellement, ce qui provoque des craintes et une envie de rester prudent).
Pour ça, je n'ai malheureusement pas grand chose d'autre à te dire, si ce n'est qu'on en voit le bout un jour. C'est terriblement long mais ça a quand même une fin. Pareil pour le suivi adapté. Quand je dis ça, je ne veux absolument pas laisser entendre que cette situation est normale. Elle est inadaptée et extrêmement difficile, mais si tu es dans une ville relativement bien "équipée", tu auras des soins adaptés à un moment donné.

Le sentiment d'être sur le point de craquer :

Comme la société française ne nous donne pas les moyens d'être diagnostiqués, pris en charge et aidés dans des conditions décentes, je crois qu'il n'y a pas de scrupules à avoir à demander un arrêt maladie si tu te sens à bout, d'autant plus avec le type de travail que tu fais (sociabilité et sensoriel +++). Par ailleurs, les burn out chez les personnes autistes peuvent être vraiment graves donc mieux vaut s'arrêter à temps dès qu'on sent qu'on commence à prendre l'eau... Je te le dis par expérience, vraiment.

Que faire du volontarisme ?
Je me suis pris à peu près le même mur que toi il y a quelques années (on fait le même métier, soit dit en passant...). J'avais depuis l'enfance surmonté beaucoup de difficultés à la force du poignet et j'étais toujours arrivée à dépasser des obstacles qui me semblaient inaccessibles. Et puis un jour, ça n'a plus été possible et je me suis sentie totalement désemparée.
Là non plus, je n'ai pas de solution miracle à te proposer, mais une des choses qui m'a aidée a été de changer un peu mon angle de vue. En fait, "Quand on veut, on peut", ce n'est jamais vrai, qu'on ait un TSA ou non. Même pour un NT, ce n'est pas applicable. Demande à tes collègues NT s'ils peuvent retenir les noms et prénoms de tous leurs élèves de l'année dès la première semaine de cours et sans trombinoscope > même s'ils le voulaient dur comme fer, ils ne pourraient pas.
Dans un second temps, je me suis demandé quelles étaient les choses auxquelles j'avais déjà renoncé dans ma vie, volonté ou non. Bien avant de savoir que j'avais un TSA, je savais déjà que (peu importe mon niveau de motivation ou de volonté), je ne pourrais jamais être pilote de ligne ou de Formule 1 ni joueuse professionnelle de base-ball. Ni éleveuse de tigre, ni randonneuse dans une forêt tropicale, ni archéologue dans un pays où il fait 45° à l'ombre, ni..., ni... .
En fait, ce que j'essaye de dire par là, c'est que des renoncements, on en fait tous, qu'on soit NT ou qu'on ait un TSA. Le diagnostic du TSA, qui vient souvent en même temps qu'une majoration des traits autistiques due à notre vieillissement et à la réduction de nos capacités d'adaptation nous fait prendre conscience du fait que même si on veut, on ne peut pas toujours. Les impossibles existaient déjà dans nos vies comme dans la vie des autres mais rien n'était venu braquer un tel projecteur dessus auparavant.

Et concrètement, que peut-on faire... ?
Je vois surtout deux choses : bien évaluer nos difficultés dans les différents champs de notre vie (pro, familiale, amicale, vie quotidienne, etc) puis faire les aménagements qui sont nécessaires. Pour le travail, la médecine du travail peut être une solution pour évaluer ta situation (je crois que Curiouser s'y connaîtra mieux que moi pour te donner des éléments concrets). Tu peux aussi demander à la personne qui te suit en psychoéducation de faire une évaluation de tes difficultés et des aides qui pourraient te soulager. Puis faire la mise en place d'aides adaptées dans chacun de ces champs. C'est plus simple sur le papier que dans la vie mais ce n'est pas impossible.

Courage et prends soin de toi ! :)

PS : j'espère que d'autres membres du forum pourront partager leur(s) expérience(s), je crois qu'on est nombreux à avoir un jour buté contre nos limites et que chacun trouve des solutions à sa manière. Constater qu'on est pas seul(e) dans ce bateau est aussi un bon soutien moral.
HQI détecté dans l'enfance.
TSA diagnostiqué en 2020 dans un Centre Expert Asperger.

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Manichéenne
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Re: Par quoi remplacer le "si je veux, je peux" quand on a un TSA?

#3 Message par Manichéenne » jeudi 5 janvier 2023 à 8:04

Oh mais si tu veux, tu peux. Avec un coût, et donc un effet limité dans le temps et des conséquences importantes.
Et c'est bien ça le problème : tu dois apprendre à ne plus surcompenser mais à aménager ta vie selon tes besoins.

Quant-aux aides que tu attends, je ne veux pas être pessimiste mais ne compte pas dessus. Avoir un diagnostic n'ouvre aucun droit, les pros ne savent pas comment nous aider en général, aucun aménagement ne t'apprendra à surmonter tes difficultés ou à te comporter normalement.
Au contraire, passer du temps à n'être vu que sous le prisme du handicap et des difficultés peut finir par être extrêmement mauvais... pour ton ego.

(pas trop le temps de développer plus)
Diagnostiquée Autiste Asperger et TDA.
Mère de 3 enfants : fils Aîné TDAH et TSA, cadet TSA de type Asperger.

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Flower
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Re: Par quoi remplacer le "si je veux, je peux" quand on a un TSA?

#4 Message par Flower » jeudi 5 janvier 2023 à 10:23

Ma psychologue est toujours impressionnée par mon parcours, parce que moi aussi, j'ai tellement voulu que j'ai pu faire un métier qui semble totalement antinomique au TSA. Aujourd'hui encore, je tiens sur un poste qui ne me correspond pas par pure volonté. Mais comme le dit Manichéenne, ça a un prix. Le prix de délaisser ma vie privée, mes intérêts spécifiques, mon cheval, sans parler de l'état de ma maison...
Alors oui, j'ai pu. J'ai même été reconnue dans mon métier, et j'aimais le faire. Mais je ne veux plus, je ne peux plus payer ce prix. C'était possible quand j'avais moins de 30 ans, ça ne l'est plus à presque 40. Et j'ai beaucoup de mal à en faire le deuil d'ailleurs. Mais c'est ça ou finir par me flinguer totalement et craquer, ce qui n'est pas une perspective très joyeuse.

J'essaie donc de revoir mes choix professionnels pour tenir compte de mes limites sans pour autant renoncer à tout (je suis fonctionnaire). J'essaie d'apprendre à savoir quand j'approche de mes limites avant de les avoir dépassées. A prioriser davantage ma vie privée, et à trouver des astuces pour simplifier mon quotidien. J'essaie de revoir certaines décisions pour peut-être à terme pouvoir travailler à temps partiel.
C'est long et parfois un peu décourageant, surtout quand des proches ont du mal à accepter que je ne continue pas sur ma voie initiale et me reprochent de choisir une "carrière au rabais". (Ce qui est n'importe quoi d'ailleurs, je suis toujours sur un poste de catégorie A, c'est juste que ça fait moins prestigieux quand on n'y connaît rien.)
Détectée HQI dans l'enfance, diagnostiquée TSA de type syndrome d'Asperger en juillet 2015.

WalterPPK
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Re: Par quoi remplacer le "si je veux, je peux" quand on a un TSA?

#5 Message par WalterPPK » jeudi 5 janvier 2023 à 18:34

Leanox a écrit : mercredi 4 janvier 2023 à 19:16 Je me sens démunie de stratégies à utiliser autres que l'égo ('autres que croire que si je veux, je peux surmonter ma souffrance, les agressions sensorielles au travail). Quels palliatifs utiliser à la place de cet égo, ce "si je veux, je peux car le passé l'a prouvé"?
(...)
L'égo m'a portée toute ma vie en me disant que si j'avais une difficulté, c'était de mon ressort de l'isoler, la travailler en autonomie et la surmonter. Ironiquement pour trouver mon TSA j'ai dû apprendre à collaborer, recevoir de l'aide, et désormais j'apprends que j'ai une limite réelle qui m'est placée par un câblage. Je ne sais pas gérer de ne plus autant pouvoir avoir recourt à l'égo. Quelles stratégies adopter pour pouvoir vivre plus sereinement l'annonce du TSA?
Salut Léanox,

Je trouve intéressant que tu rapproches "l'égo" de cette injonction "si je veux, je peux". Je vais essayer d'en dire un mot mais je sens déjà que ça va être capilotracté. :crazy:

"Si je veux, je peux" c'est une duperie. C'est essayer de faire passer un impératif, une contrainte, pour un désir.

Que se passe-t-il si je veux vraiment ? c'est quoi vouloir ?
Le sens le plus authentique de "vouloir", pour moi, ce serait désirer. Lorsqu'on désir, lorsqu'on aime, on ne se pose même pas la question du pouvoir ... on agit. On agit avec une force et un investissement où la fatigue se ressent moins, où les barrières tombent, où l'incompétence fait place à l'apprentissage. Je prends l'exemple de l'amour : quand on aime, on laisse tomber plein de trucs que l'on pensait essentiels sans même en ressentir le deuil et on a une énergie incroyable pour investir la nouveauté. Ca ne donne pas la toute-puissance ou le tout pouvoir et on peut tomber sur un mur mais force est de constater que lorsqu'on aime, lorsqu'on désire vraiment, on est capable de déployer une force de travail titanesque.

De quel "je veux" est-il vraiment question lorsqu'on dit "si je veux, je peux ?"
C'est là que ton évocation de l'égo m'intéresse. Je sais pas vraiment ce que tu entends dans ce terme, alors je te propose des trucs : La dignité ce serait cette sorte d'identité socialement déterminée dans laquelle je souhaite être reconnu. Ce lieu (car c'est une position) à un coût. Pour la revendiquer, il faut pouvoir réaliser un certain nombres d'actions qui dénotent de qualités admise dans sa définition. La réaction "d'égo", ce serait comme une réaction de protection du territoire provoqué par un risque d'indignité qui invoque de payer le prix demandé.
Si on considère les choses ainsi, ce que l'on veut vraiment, ce qu'on désir, c'est une certaine représentation de cette dignité. Le prix à payer pour la revendiquer, c'est autrui qui le détermine, c'est ce que l'autre veux.
Dès lors il peut y avoir cette confusion de croire que ce que je veux c'est ce que l'autre veux. La machine désirante se grippe, car on ne mobilise pas les mêmes ressources pour répondre à ce que l'on souhaite vraiment pour répondre à ce qu'autrui souhaite. Il faut s'émanciper.

C'est là que je te propose un exemple tiré par les cheveux.
Admettons qu'un joueur débutant a Donjon et dragon me dise qu'il veut jouer un barbare, il est fort à parier qu'il se trompe de désir. Si je lui demande pourquoi il veut jouer un Barbare, il me dira probablement que c'est parce qu'il aime Conan. Le nom de Conan c'est "le destructeur". L'expérience de jeu que cherche un joueur qui veux jouer un barbare ce serait une brute sans cervelle qui domine par la force. Mais ce qui correspond à cela dans Donjon et Dragon, un destructeur, ce serait plutôt un magicien. Si je le laisse jouer un Barbare, le jeu va lui imposer une expérience différente de ce qu'il imaginait. Il sera frustré et cette frustration lui fera perdre l'envie de jouer.
(Si un joueur d'ADD passe par là, je sais qu'il va s'arracher les cheveux, qu'il me MP pour un débat :mryellow: )

Est-ce que tu vois ce que je veux dire par cet exemple ?

Pour répondre à la question de ton titre. Je remplacerais "si je veux, je peux" par "si j'aime pas, je fais pas"

Quel prix d'indignité (d'égo) est tu prêtes à payer pour ta liberté ?
Questionnement jugé pertinent par le CRAIF - Non diagnostiqué

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Leanox
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Re: Par quoi remplacer le "si je veux, je peux" quand on a un TSA?

#6 Message par Leanox » jeudi 5 janvier 2023 à 20:36

Merci à toutes et tous pour le temps que vous avez pris pour répondre à mon post initial et particulièrement également pour la compassion dans certains messages :bravo:

Faire passer un désir pour une contrainte, Walter PKK. Je vais essayer de te répondre et réfléchir en même temps à ton retour qui assurément m'a fait avancer sur mon problème d'abus de "je veux, je peux (JVJP)."

JVJP est plutôt un abus de "je sens que je n'ai pas la force, je sais que je dois en passer par cette étape pour atteindre un pallier de stabilité, je souffre trop avec seulement mes petits bras pour avancer désormais, je fais quoi?" (et en plus j'ai de l'anxiété de manque de sens de cette souffrance, mince, ça au moins j'ai du contrôle dessus mais ça règle pas le problème de souffrance de fond). Un peu comme ce que Lou-2020 décrivait.

Et donc cela va impliquer de devoir faire autrement que d'utiliser mes seuls petits bras jusqu'ici. Je suis en train d'apprendre des stratégies autres qu'essentiellement compter sur mes propres forces et en cas de débâcle appeler mes parents au secours (ou l'équivalent parent que j'ai pu construire par la suite, une amitié un peu cocooning, de l'argent, etc.)

Je parle de l'égo neutrement, égo dans le sens de "se penser très compétent" qui peut lorsqu'on n'est pas compétent mais s'imagine l'être donner une forme de boost qui va permettre de travailler à acquérir la compétence et devenir donc réellement compétent. Cela peut ainsi marcher pour certaines personnes (schéma classique). Je fonctionnais ainsi. M'imaginer réussir en tant que prof (mon métier) m'a poussée jeune prof à répéter les exercices et les grandes lignes du métier, aller dans les détails du métier. Métier que j'avais choisi en pondérant mes envies, la faisabilité de certains métiers, et puis le fait aussi de n'avoir que peu d'expérience (j'espèrais ne pas me tromper en me disant que pilote de ligne ne m'intéressait pas parce que n'ayant jamais suivi un pilote dans son quotidien, j'ignorais donc bien comment on peut se sentir au quotidien en tant que pilote de ligne dans une compagnie donnée). De même, je pensais trèèèès souvent à voyager, imaginais depuis 10 ans de goûter certains plats, voir des paysages et des endroits de mes yeux. M'imaginer prendre l'avion, voyager, m'a amenée à apprendre une langue étrangère par passion et puis lorsque j'ai rencontré mon meilleur ami étranger, j'ai eu tous les éléments et m'imaginer voyager alors que je ne savais pas du tout le faire (j'avais très peur de prendre un avion) m'a donné le boost nécessaire avec tous les éléments facilitateur (argent, billets, réservations, meilleur ami et parents derrière moi, bilinguisme, piles d'infos en tête sur le pays et tant d'autres dimensions) pour faire l'acte de voyager.

Ainsi, j'ai répétitivement utilisé l'égo, soit la projection d'une moi compétente sur un plan donné afin de soulever la motivation, l'énergie et mobiliser mon intelligence pour réussir un nombre incalculable de choses. Un "fake it till you make it" et dépêche-toi afin de ne pas avoir à trop longtemps prétendre (contraire à tes valeurs d'authenticité). Et puis parfois je me suis retrouvée assise sur un banc en PLS avec le sentiment que je n'aimais pas ce que j'avais fait, d'autres fois le sentiment que j'aimais ce que j'avais fait mais n'avais plus l'énergie pour en profiter avant un bon moment (le temps de réénergiser). Et puis au bout d'un moment j'ai commencé à me demander si comme on semblait me le vendre un peu, la vie c'était donc cela: faire des choses et puis presque mourir d'épuisement et ainsi de suite.

En apprenant les notions d'assertivité, les notions de préservation de soi (très récemment, à peine 2 ans), les notions de douceur, de s'écouter, j'ai compris qu'il y avait une différence entre se détruire (souffrir en quasi permanence) et puis faire (dans l'effort, une tension grisante et plaisante, tout au plus un peu de douleur parfois).

Je sors du premier modèle, la quasi-souffrance tout le temps. Je pense avoir été élevée dans un milieu qui fonctionne de cette façon. Où l'égo sert trop, la douleur n'est pas écoutée. Le résultat est des personnes qui font beaucoup, (s')abîment beaucoup et sont assez aigris ou associales car toujours aiguillonnées par la douleur (chronique). Et un isolement relationnel qui en découle. Je pense au conte Kirikou pour ceux qui l'ont en tête, sans trop spoiler, un personnage est aiguilonné en permanence par une douleur absolue et il est épouvantable avec tout le monde (ce personnage pour le coup lui le fait gratuitement, pas uniquement quand on s'approche trop de lui).

J'ai tourné autour des mêmes notions que toi en fait, et je pense simplement que dans le schéma décisionnel (comment je prends mes décisions de vie, quels aspects je favorise en premier), j'utilise les mêmes critères que dans tes exemples mais pas dans le même ordre et en les liant à des besoins différents. C'est le même set de briques Lego (environ) mais ordonnée un peu différemment et l'ensemble ressemble toujours à un processus décisionnel.

Pour être reconnue dans mon cas, je pourrais seulement en avoir envie si déjà je ne souffrais pas autant (pour faire certaines choses plus dans mes priorités que d'être reconnue comme à ce stade, pouvoir n'avoir plus ces fichus burn out qui ont un impact sur mon travail et donc sur la reconnaissance statutaire aussi que je pourrais recevoir)

En reprenant ton exemple du barbare, ce n'est pas tant que je voulais être prof sereinement, c'est que je pensais que ce serait faisable à force de travail et que je réalise que j'ai tenu grâce à l'égo pour essayer (en cela je n'aurai pas de regret, j'ai fait le maximum pour être prof sereinement) et que j'ai été prof mais jamais sereinement (comme marié et malheureux). Alors là je suis face à un carrefour à 4 chemins, continuer à être prof et malheureuse (refus catégorique maintenant que je comprends que je souffre chroniquement en lien avec mon métier), diminuer la quantité de temps pour être prof (pas jouable matériellement du tout pour moi), prendre un temps d'adaptation pour travailler à faire le métier de manière adaptée d'abord à mon fonctionnement (j'ai adapté aux élèves mais pas à moi du tout), trouver un métier qui reprend ce dont j'ai besoin dans un métier (notamment prof) et qui soit un peu différent de prof. 4 choix. En janvier, un bilan va être fait avec les Ressources Humaines pour réfléchir aux deux points jouables (adapter de façon jouable au métier d'enseigner ou évoluer vers un autre métier qu'enseigner)

J'ai bien compris ce que tu dis pour Donjon et Dragons (je connais uniquement de nom ;)) En fait, si je voulais destroy du méchant dans un jeu, je ne me lancerais pas sur un barbare, j'y penserais et je demanderais un avis à un expert du jeu (si je prends un barbare, vais je exploser du méchant?)😉 Je choisirais plus un rôle de faiseur de potion et ami des loups😉

Merci encore pour ton partage WalterPKK, il m'a aidée à avancer et je suis convaincue qu'il pourra aider d'autres personnes qui passent sur le forum qui le verront bien écrit noir sur blanc 🙏
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Re: Par quoi remplacer le "si je veux, je peux" quand on a un TSA?

#7 Message par WalterPPK » jeudi 5 janvier 2023 à 22:18

Leanox a écrit : jeudi 5 janvier 2023 à 20:36
En apprenant les notions d'assertivité, les notions de préservation de soi (très récemment, à peine 2 ans), les notions de douceur, de s'écouter, j'ai compris qu'il y avait une différence entre se détruire (souffrir en quasi permanence) et puis faire (dans l'effort, une tension grisante et plaisante, tout au plus un peu de douleur parfois).
Tu me fais plaisir Leanox, tu m'as bien comprise. Je suis toujours un peu en sueur après avoir posté ce genre de message où je doute d'être compris. Et en plus tu aimes les lego, c'est qu'on parle bien la même langue :mryellow:

C'est bien ça. Apprendre à dire "non" pour ne pas payer n'importe quoi n'importe comment en courant derrière une carotte, parce que ta description de ta façon de te servir de "l'égo" pour avancer, ça sent la carotte :D (tu connais l'expression "carotter" pour dire qu'on va arnaquer quelqu'un ?)
Prendre du plaisir à faire et refuser de faire ce qui ne nous offre pas de plaisir, s'écouter, c'est un principe qui permet de tenir dans la durée sans s'épuiser. Et puis c'est plus simple que de réfléchir pendant des heures, on sent rapidement si on kiff ou pas. Evidemment, ça fait pas toujours plaisir à autrui et ça a un cout en dignité puisqu'on ne répond plus à sa demande mais à la nôtre. C'est l'autonomie, se faire sa loi.

Si tu évolues vers ton auto-norme, tu seras peut être pas obligée de changer de métier, mais la difficultés c'est de rencontrer des gens qui comprennent ta démarche et accepte l'originalité de ton approche ... malheureusement, il y a tellement de golem rigide moulé dans la norme et qui ne comprennent rien que c'est pas toujours facile. Je te souhaite d'avoir la chance (ça joue un peu aussi) de faire ces belles rencontres professionnelle (ça doit arriver parfois).

:bravo:
Questionnement jugé pertinent par le CRAIF - Non diagnostiqué

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Re: Par quoi remplacer le "si je veux, je peux" quand on a un TSA?

#8 Message par Leanox » vendredi 6 janvier 2023 à 16:39

WalterPPK a écrit : jeudi 5 janvier 2023 à 22:18
Leanox a écrit : jeudi 5 janvier 2023 à 20:36
En apprenant les notions d'assertivité, les notions de préservation de soi (très récemment, à peine 2 ans), les notions de douceur, de s'écouter, j'ai compris qu'il y avait une différence entre se détruire (souffrir en quasi permanence) et puis faire (dans l'effort, une tension grisante et plaisante, tout au plus un peu de douleur parfois).
Tu me fais plaisir Leanox, tu m'as bien comprise. Je suis toujours un peu en sueur après avoir posté ce genre de message où je doute d'être compris. Et en plus tu aimes les lego, c'est qu'on parle bien la même langue :mryellow:

C'est bien ça. Apprendre à dire "non" pour ne pas payer n'importe quoi n'importe comment en courant derrière une carotte, parce que ta description de ta façon de te servir de "l'égo" pour avancer, ça sent la carotte :D (tu connais l'expression "carotter" pour dire qu'on va arnaquer quelqu'un ?)
Prendre du plaisir à faire et refuser de faire ce qui ne nous offre pas de plaisir, s'écouter, c'est un principe qui permet de tenir dans la durée sans s'épuiser. Et puis c'est plus simple que de réfléchir pendant des heures, on sent rapidement si on kiff ou pas. Evidemment, ça fait pas toujours plaisir à autrui et ça a un cout en dignité puisqu'on ne répond plus à sa demande mais à la nôtre. C'est l'autonomie, se faire sa loi.

Si tu évolues vers ton auto-norme, tu seras peut être pas obligée de changer de métier, mais la difficultés c'est de rencontrer des gens qui comprennent ta démarche et accepte l'originalité de ton approche ... malheureusement, il y a tellement de golem rigide moulé dans la norme et qui ne comprennent rien que c'est pas toujours facile. Je te souhaite d'avoir la chance (ça joue un peu aussi) de faire ces belles rencontres professionnelle (ça doit arriver parfois).

:bravo:
Coucou WalterPPK et tous,

Se faire arnaquer, hmm, bonne question. Je réfléchis sincèrement. Le fait de gagner en compétence sur le plan de la régularité peut être un grand plaisir; le fait de développer ses compétences, croître. Je ne suis pas certaine de comprendre quel lien tu fais entre arnaquer, utiliser l'égo pour se mouvoir à réussir quelque chsoe qu'on réussit finalement et plaisir. Je suis curieuse de ton raisonnement, pourrais tu expliquer qui est arnaqué en fait? En quoi l'échange n'est pas équitable (sur quel point)? Je ressens que tu mets en mot un point important mais je ne parviens pas à trouver de mon côté.

Je tire une partie de mon plaisir de savoir que les autres trouvent du compte. Mon vrai plaisir est quand une situation est tellement bien gérée qu'elle est gagnant-gagnant. Pour moi c'est the ultimate mastery of relations and exchanges!

Je pense que dans mon métier, je pourrai trouver un bon compromis entre l'autonorme et les besoins des autres si j'ai suffisamment de temps de pensée pour mettre en place une solide structure organisaionnelle. A ce stade, j'ai le ressenti de ne faire que de la gestion de tâche et de situations en permanence toutes les semaines où je travaillle, aucun temps de pensée libérable pour repenser à l'organisation et changer des choses. Ainsi les difficultés persistent. Quand viennnent les vacances, leur durée est à peine suffisante pour me reposer et éviter le burn out et je rebute soudain sur un écueil du manque organisationnel. La frustration accumulée de ces cailloux dans la chaussure que sont les manques organisationnels (pour moi, je pourrais même dire manques d'adaptation de moi à mon emploi et vice versa par la demande d'aide plus précises et plus généralisée), sont devenus insupportables. J'ai été fort patiente à les endurer 3 années durant, un peu naive en pensant qu'un diagnostic allait me permettre de soudain magiquement avoir une super organisation adaptée à mes sensibilités (j'avai spas intercalé l'étape dans mon cas, devoir poser à plat là où je suis plus sensible avec des professionnels parce que j'ai un fort aveuglement sur là où le TSA se manifeste à ce stade, à mon avis conséquence du TSA en plus de parents ultra tolérants qui me laissaient être mais ainsi ne me pointaient aussi jamais neutrement ma différence avc la majorité des gens. J'ai cru qu'on peut juste être, voilà, je suis et puis houpla tout va bien marcher. Sauf que non, si on ne sait pas qu'on est épuisé par les lumières plus vite que les autres et qu'on a envie de sortir avec les copains au concert, ça va être compliqué. Donc être soi en faisant des choses qu'on aime va devoir aussi être aménagé)
En pause de toute réflexion sur les TND pour quelques semaines

WalterPPK
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Re: Par quoi remplacer le "si je veux, je peux" quand on a un TSA?

#9 Message par WalterPPK » vendredi 6 janvier 2023 à 19:03

Leanox a écrit : vendredi 6 janvier 2023 à 16:39
Coucou WalterPPK et tous,

Se faire arnaquer, hmm, bonne question. Je réfléchis sincèrement. Le fait de gagner en compétence sur le plan de la régularité peut être un grand plaisir; le fait de développer ses compétences, croître. Je ne suis pas certaine de comprendre quel lien tu fais entre arnaquer, utiliser l'égo pour se mouvoir à réussir quelque chsoe qu'on réussit finalement et plaisir. Je suis curieuse de ton raisonnement, pourrais tu expliquer qui est arnaqué en fait? En quoi l'échange n'est pas équitable (sur quel point)? Je ressens que tu mets en mot un point important mais je ne parviens pas à trouver de mon côté.

Je tire une partie de mon plaisir de savoir que les autres trouvent du compte. Mon vrai plaisir est quand une situation est tellement bien gérée qu'elle est gagnant-gagnant. Pour moi c'est the ultimate mastery of relations and exchanges!

Je pense que dans mon métier, je pourrai trouver un bon compromis entre l'autonorme et les besoins des autres si j'ai suffisamment de temps de pensée pour mettre en place une solide structure organisaionnelle. A ce stade, j'ai le ressenti de ne faire que de la gestion de tâche et de situations en permanence toutes les semaines où je travaillle, aucun temps de pensée libérable pour repenser à l'organisation et changer des choses. Ainsi les difficultés persistent. Quand viennnent les vacances, leur durée est à peine suffisante pour me reposer et éviter le burn out et je rebute soudain sur un écueil du manque organisationnel. La frustration accumulée de ces cailloux dans la chaussure que sont les manques organisationnels (pour moi, je pourrais même dire manques d'adaptation de moi à mon emploi et vice versa par la demande d'aide plus précises et plus généralisée), sont devenus insupportables. J'ai été fort patiente à les endurer 3 années durant, un peu naive en pensant qu'un diagnostic allait me permettre de soudain magiquement avoir une super organisation adaptée à mes sensibilités (j'avai spas intercalé l'étape dans mon cas, devoir poser à plat là où je suis plus sensible avec des professionnels parce que j'ai un fort aveuglement sur là où le TSA se manifeste à ce stade, à mon avis conséquence du TSA en plus de parents ultra tolérants qui me laissaient être mais ainsi ne me pointaient aussi jamais neutrement ma différence avc la majorité des gens. J'ai cru qu'on peut juste être, voilà, je suis et puis houpla tout va bien marcher. Sauf que non, si on ne sait pas qu'on est épuisé par les lumières plus vite que les autres et qu'on a envie de sortir avec les copains au concert, ça va être compliqué. Donc être soi en faisant des choses qu'on aime va devoir aussi être aménagé)
Salut Leanox,

Je dis pas "te faire arnaquer" ... on peut s'arnaquer tout seul :lol:
Tu me dis que tu te représentes un idéal, "prof compétent" et que ça te motive pour manger des trucs pas bon mais nourrissant. Certes, c'est bien de se nourrir pour la prise de masse. On peut même arriver à trouver ça bon, c'est même comme ça qu'on diversifie ses goûts.
La stratégie que j'ai adoptée est différente ... qui définit ce que c'est qu'un "prof compétent" ? (ou toute autre forme de Barbare à la Conan). Je me dis que s'il y a bien un truc qui coute rien, dont je peux me passer sans conséquence, c'est de mon orgueil. Peu importe de quoi j'ai l'air, c'est le résultat qui m'importe. Je suis un type profondément insécurisant quand on me vois pour la première fois, j'ai jamais le bon profil, je correspond pas à ce qu'on attend. Mais je fais mes preuves, pas en rentrant dans un moule, en montrant le résultat. J'ai abandonné d'essayer de convaincre et d'expliquer comment je fais. De toute façon le blabla ça marche pas. Alors je joue le rapport de force et je prouve par le résultat. Peu importe si au départ j'ai l'air d'un con, d'un incompétent, d'un mec qui a rien à fouttre là. J'ai mis du temps à comprendre que la question de savoir où est ma place est une mauvaise question, si j'avais écouté les autres j'aurais jamais eu de place nul part : ma place c'est là où je suis, là où j'ai décidé d'être.

Tu comprends ?

Si je devais faire des efforts pour être un "prof compétent" dans des termes qui sont pas lien mien, je passerais ma vie à m'épuiser et à ne pas prendre de plaisir à ce que je fais. Alors le prima c'est pas de courir après un idéal comme après une carotte pour vivre un quotidien pénible. C'est de prendre plaisir à faire au quotidien sans s'occuper de correspondre à un quelconque idéal, accepter d'avoir l'air con, d'avoir l'air nul, d'avoir l'air de rien avoir à faire là ... quel prix d'indignité est tu prêtes à payer pour ta liberté ?

PS : enfin si, je la connais la place qu'on me réservait ... être Autiste, faire une demande de MDPH, m'excusez de m'excusez d'être handicapé, supplier pour qu'on m'aménage une petite place dans la niche. J'enrage en disant ça. Jamais ! ... dsl si je suis crue.
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Re: Par quoi remplacer le "si je veux, je peux" quand on a un TSA?

#10 Message par Leanox » vendredi 6 janvier 2023 à 19:55

Wow, lol "on peut s'arnaquer tout seul", totalement bien dit! Effectivement, j'avoue avoir passé la moitié de ma vie à pondérer chez moi ce qui relève de l'automatisme subi et de l'automatisme souhaité (à me déprogrammer, reprogrammer aussi, d'ailleurs mon questionnement actuel sur mon métier est dans ce sens: à l'issue des mois de congés maladie qui s'annoncent cette année, que vais je garder de mes automatismes? Que vais je reprogrammer? Et le sous-entendu est toujours que cela doit aller dans mon intérêt)

J'ai une tendance naturelle à faire ce que je souhaite (explorer est ma passion), hors cadre, cela peut être destructeur, j'ai donc très tôt pris l'importance des règles imposées par l'extérieur pour moi (je ne généraliserais pas et utilise les "un peu, parfois, souvent" pour aussi apporter de la nuance). L'écueil un temps a aussi été de choisir ces règles pour qu'elles me correspondent (et donc finalement ça revenait à beaucoup choisir ce que moi je voulais finalement ... :mryellow:) Dans le monde professionnel ça a un peu changé. Je voulais progresser à titre personnel dans ce que j'avais listé comme une ensemble de compétences qui sont utiles pour mes projets personnels (j'avais envie de me laisser la porte ouverte à une famille, ayant vécu dans un endroit ordonné, je voulais apprendre à ordonner, parce que être cool, je maitrisais; j'avais appris à avoir énormément de compétence théorique, je voulais passer à la pratique pour rééquilibrer notamment dans les domaines relationnels ou aussi culturels; etc.)

J'ai presque un peu honte de le dire parce que je pense que par moment j'aurais pu faire mieux selon mon échelle propre de valeur sur le plan de penser aux autres, en vérité, j'étais très centrée sur m'accomplir moi-même. Mon obéissance aux règles étant aussi en vérité une ambition personnelle de croître dans la maîtrise de "suivre une règle" et revenant ainsi tout compte fait à penser à moi. Avec mon métier de prof, j'avais décidé de tenter de me conformer à un standard sociétal (le bon prof) afin d'apprendre la maîtrise de la compétence "exercer un métier." J'avais choisi prof car enseigner me parlait, encadrer des jeunes encore plus, et encore plus encore le suivi individualisé encourageant une personne à sa croissance personnelle, le tout sous-tendu par un besoin de communion (l'idée de transmettre une base de savoirs et savoir-faire commun à toute une société parlait énormément à l'étudiante que j'étais).

D'une manière générale, j'ai souvent l'impression d'être une personne très logique et froide, je le vis de moins en moins mal. C'est à dire que j'ai l'impression de toujours calculer pour accumuler les ingrédients afin d'ensuite monter un projet et presque en la formulation précédente pour ce qui relève également des relations humaines. Ainsi, en annonçant à un partenaire que je ne souhaite pas de relation complète mais plutôt passer du temps avec lui et après accord mutule, je suis dans ma logique d'accumuler une ou plusieurs compétences avec lui (ou les développer). Et ainsi je me dis qu'à défaut de tout développer en un lieu commun (une relation amoureuse donnée), ainsi cela passe le temps et me permet de continuer à progresser sur accumuler les savoirs et savoir-faire pour avoir une relation amoureuse. Le schéma de la relation est autant le fruit de mes lectures théoriques sur le sujet, que le fruit de mes observations empiriques que de mes propres expériences et d'un peu d'instinct, en cela, je me sens influencée de façon difficile à proportionner entre des normes extérieures, des normes subjectives, l'expérienc ede ce qui marche et ne marche pas, une marge d'innovation possible.

Il me semblait important pour moi d'exprimer comment je fonctionne réellement parce qu'n te lisant j'avais le ressenti que tu assimilais ça à lire un mode d'emploi, ça marche pas, se faire du mal pour monter l'objet malgré tout et je pense que l'ensemble est un moins simpliste et comprend plusieurs dimensions.

Concernant l'autonorme, je n'éprouverai pas plus de sentiment d'accomplissement en tant qu'être humain de m'abstraire de l'essentiel des règles pour être régie par les miennes, j'ai pondéré la chose pour mon cas. Ce qui m'épanouit c'est un mélange de suivre certaines règles établies, en éviter certaines, en transformer d'autres. Dans mon métier c'est le cas. La difficulté que j'ai est que n'ayant pas assez de temps mental, je ne parviens pas à pouvoir réfléchir et organiser un moule qui me plaît davantage.
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Re: Par quoi remplacer le "si je veux, je peux" quand on a un TSA?

#11 Message par WalterPPK » vendredi 6 janvier 2023 à 23:04

Alors j'ai l'impression qu'il y a deux sujet dans le sujet :)
Y a comme une sorte de philosophie de vie, un paradigme général et la question du métier de prof. Je peux en parler un peu, j'ai travaillé pour l'éducation nationale et j'ai été 4 ans cadre formateur en soins infirmiers.
Mais je constate qu'on a abordé les choses de façon opposée.
Leanox a écrit : vendredi 6 janvier 2023 à 19:55
(...) J'ai une tendance naturelle à faire ce que je souhaite (explorer est ma passion), hors cadre, cela peut être destructeur
Moi aussi, c'est même extrême, je n'apprends quasiment que par moi-même. Je ne lis jamais un livre, je les consultes, je les parcours et j'ai commencé à faire ça tard. J'avais horreur des livres parce qu'on y trouve tout de suite des savoirs que je mets longtemps à trouver tout seul. A chaque fois que je trouve une bonne idée, il faut toujours qu'il y ait un gus qui l'ait penser avant moi. Plus jeune ça me faisais enrager. J'aime trouver par moi-même, c'est ma façon de voyager. Mon problème il y a 15 ans c'est qu'avoir des savoirs et des compétences sans diplôme, c'est pas professionnalisant. Et faut bien manger ...
Leanox a écrit : vendredi 6 janvier 2023 à 19:55 (...) j'ai donc très tôt pris l'importance des règles imposées par l'extérieur pour moi
(...) Avec mon métier de prof, j'avais décidé de tenter de me conformer à un standard sociétal (le bon prof)
Les règles imposées de l'extérieur ça a été super problématique pour moi. C'est un truc impossible. Le monde extérieur et même mon corps n'existait pas. A l'école, j'étais sage comme une image, et comme les images, je bougeais pas. Quand les autres se mettaient à travailler, je bougeais pas. Quand l'instit me parlait ou me disputais, je ne bougeais pas, je la regardait fixement d'une façon qui la mettait mal à l'aise et je disais rien. J'avais la sensation d'être caché dans mon corps et qu'on pouvait pas me voir. Je faisais des trucs un peu dingue, je faisais toutes portes des immeubles et quand j'en trouvais une ouverte, je rentrais chez les gens et je visitais. Je touchais à rien, mais je faisais le tour. Si je tombais sur quelqu'un, je me cachais dans mon corp et je restais là à le regarder fixement. Pareil dans la cour avec les autres enfants, soit je les suivais comme un robot, soit je me cachais derrière un buisson durant toute la récréation. Les instit venaient toujours me récupérer dans des endroits ou j'avais pas le droit d'aller. Alors respecter une règle ! :lol:
Même pour manger, respirer, dormir, j'ai dû apprendre à faire la différence entre l'obligatoire et le nécessaire. Je ne mange pas si j'ai faim, je ne dors pas si je suis fatigué, je fais des apnées ... enfin, j'ai vachement progressé. Ça c'était dans mon enfance. Mais il reste que je fais les choses que si elles me donne du plaisir : j'ai plaisir à manger, je dors bien ... mais je fais toujours un peu des apnées quand je réfléchi. Des fois ma femme me dit "Mais respire ! t'es chiant !" :mryellow:
Donc le premier truc qu'on m'a appris, c'est à être irresponsable. Pour relâcher la pression. Dès que je me sent contraint, c'est mort.
Mais j'ai fait comme toi à un moment, j'ai décidé de me conformer à un standard sociétal, pour devenir infirmier, pour avoir un salaire. Et j'ai réussi, j'ai été capable de réussir à m'astreindre autant qu'un autre sans aménagement.
Leanox a écrit : vendredi 6 janvier 2023 à 19:55 (...) D'une manière générale, j'ai souvent l'impression d'être une personne très logique et froide, je le vis de moins en moins mal. C'est à dire que j'ai l'impression de toujours calculer
Tout calculer c'est un truc qui m'est passé vers 17 ans, quand j'ai compris qu'en réalité calculer, chercher à maitriser, ce n'est que la traduction de la peur. Je suis toujours très logique. C'est par la penser que j'ai compensé mes failles. Mais comme lorsqu'on apprend à conduire une voiture, au bout d'un moment ça devient si naturel que personne ne remarque plus qu'il n'y a rien de spontané dans mes actions à la base.
Leanox a écrit : vendredi 6 janvier 2023 à 19:55 (...) en annonçant à un partenaire que je ne souhaite pas de relation complète mais plutôt passer du temps avec lui et après accord mutule, je suis dans ma logique d'accumuler une ou plusieurs compétences avec lui.
Tu as peur de l'engagement ?
Leanox a écrit : vendredi 6 janvier 2023 à 19:55 (...) Il me semblait important pour moi d'exprimer comment je fonctionne réellement parce qu'n te lisant j'avais le ressenti que tu assimilais ça à lire un mode d'emploi, ça marche pas, se faire du mal pour monter l'objet malgré tout et je pense que l'ensemble est un moins simpliste et comprend plusieurs dimensions.
Je pense juste que si tu es fatigué, c'est que tu te met trop d'impératif.
Leanox a écrit : vendredi 6 janvier 2023 à 19:55 (...) La difficulté que j'ai est que n'ayant pas assez de temps mental, je ne parviens pas à pouvoir réfléchir et organiser un moule qui me plaît davantage.
Là on parle boulot. Moi aussi j'ai été déçu du métier d'enseignant parce que j'avais plus le temps de réfléchir. C'est pas pour ça que j'ai arrêté, mais ça fait partie des raisons pour lesquels j'ai pas de regret. Mes collègues étaient pas méchantes, je pense même qu'elles essayaient d'être sympa avec moi et c'était super valorisant pour moi, on me renvoyait l'image de quelqu'un de très compétent ... mais pour moi ce qui compte, c'est le gout du steak, et là j'avais pas mon steak.
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Re: Par quoi remplacer le "si je veux, je peux" quand on a un TSA?

#12 Message par freeshost » vendredi 6 janvier 2023 à 23:30

C'est marrant, le "si je veux, je peux".

Vouloir peut être une condition nécessaire à pouvoir. Il est vrai que, souvent, quand on ne veut pas, on ne va pas le faire.

Mais vouloir n'est souvent pas une conditions suffisante à pouvoir, surtout à réaliser. Il ne suffit pas de vouloir pour réaliser un projet. Ça prend du budget temps/énergie/argent. Ça prend parfois de la méthode, de la rigueur, de l'accompagnement, et toujours du hasard (de la chance).

On peut s'inspirer du "je tâte le terrain, mes forces et mes limites". J'essaie. Les forces et les limites varient d'un individu à l'autre, sont spectralement diverses.

Un ensemble d'exemples corroborant une généralité ne démontrent pas cette généralité. L'induction n'est pas une preuve, éventuellement une conjecture. On essaie, parfois on réussit, parfois on rate.

Et comme nos forces et nos limites évoluent, avec les expériences, avec la vieillesse, avec les maladies, il est parfois judicieux de réduire la voilure, notamment pour éviter le syndrome d'épuisement.

Nous ne pouvons pas faire ou avoir tout ce que nous voulons. Donc apprenons à gérer la frustration au lieu de jouer les mauvais perdants (voir les divers ouvrages de Didier Pleux sur l'enfant-roi, l'adulte-roi ; voire l'humain-roi). Faire face au principe de réalité, surtout face aux idéologies.

Lire aussi du côté du capacitisme.

Après, si tu aimes voyages, n'hésite pas. Voyage voyage ! :P
Modifié en dernier par freeshost le samedi 7 janvier 2023 à 13:30, modifié 1 fois.
Pardon, humilité, humour, hasard, confiance, humanisme, partage, curiosité et diversité sont des gros piliers de la liberté et de la sérénité.

Diagnostiqué autiste en l'été 2014 :)

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Re: Par quoi remplacer le "si je veux, je peux" quand on a un TSA?

#13 Message par Leanox » samedi 7 janvier 2023 à 11:48

Sur le fait de suivre les règles, c'est vraiment intéressant de voir la relation variée que chacun a avec cette notion.

J'ai mis presque 30 ans pour comprendre le sens multiple d'une règle dans notre société moderne. Entre les voir comme des instruments pour exercer une domination sur autrui de la part de certains, voir que moi-même j'ai mes propres règles (longtemps ce fut de fixer les miennes, de m'opposer aux règles pré-établies, pour des raisons variées, égo, envie de s'éprouver, ignorance, naiveté), voir que certaines règles permettent à un individu de se développer sainement (compétences naturalistes à l'appui pour le coup, j'ai constaté que dans certains environnements effectivement certains végétaux se développaient optimalement, effectuaient un cycle de vie complet et que les ressources du milieu étaient préservées de même).

J'ai mis 30 ans pour agréger de manière à peu près correcte mes propres règles, la vie en société globale (dans certains domaines comme le travail, le processus est en cours).
Spoiler : 
C'est de mes compétences naturalistes tant chéries et développées enfant et ado que finalement j'ai tiré du bon sens et une forme d'humilité aussi pour accepter que dans mon cas je suis née dans le monde occidental et que mes compétences sont essentiellement celles transmises par ce modèle (quand j'ai voulu rejeter argent et paperasse administrative, le "travail" salarié avec impôts à payer aller vivre à la campagne avec un bout de bois et deux allumettes et que je me suis gelé les miches en voyant que j'avais zéro compétence de survie autre que de trier des emails et faire des cours pour ensuite aller à la ferme locale pour acheter de quoi manger) ça m'a aussi questionnée finalement sur le type de modèle que je souhaite réellement, je croyais que c'était jouer aux indiens dans les arbres dans une grande forêt préservé et j'ai réalisé que c'était plus d'avoir des inclusions de petites villes très modernes (un maillage) en îlots de forêts et espaces naturels préservés et une ville-mère centrale. J'avais envie non pas de réellement voir ce genre de modèle se réaliser mais d'encourager dans plus de cela, préserver les ressources, avoir des espaces de renouvellement des ressources, des endroits optimalement efficaces. Partant de là, j'ai fait ma vie en fonction de ces envies profondes, entre rester à contribuer à la société actuelle par un emploi classique basé sur l'argent et je me suis dit que le bon de mon métier serait aussi de pouvoir questionner statistiquement un bon nombre de personnes en une carrière sur le sujet des modes de vie, de la liberté individuelle, de la préservation des ressources entre autres thématiques, en cela je me sentais aussi encourager un modèle à évoluer, modestement dans mon petit rôle, et puis j'ai aussi amorcé à la maison de la décroissance matérielle et une décentration de mes besoins personnels vers une centration progressive actuellement sur les besoins des autres (incluant la société). J'aimerais aussi avoir une stabilité pour mes besoins primaires, nourriture, toit (notamment qui passe par un coeur d'activité salariale stable et qui je pense est le mieux car je suis vite poussée à bout s'il y a trop de changement et devient très contreproductive pour tous dans ces cas-là)
Quand on ne veut pas, on ne va pas le faire.
Spoiler : 
Je dirais que parfois il y a pour certains des contraintes qui obligent. Par contre ce sera aussi parfois bâclé ou moins bien fait de ce manque de cohérence interne qui aussi souvent est donc traduit, voyant de tableau de bord allumé, par un émotionnel intense.


Je réalise des choses en te lisant, freehost, l'importance avant de commencer un projet de pondérer les méthoedes, outils, stratégies qui seront nécessaires pour réaliser le projet en question. A titre personnel, j'y suis en plein, je ne l'ai pas fait AVANT de commencer mon métier.
Spoiler : 
J'ai fait mon métier en me répétant naivement ce qu'on m'avait toujours appris à savoir que 'j'étais normale et que je pouvais donc faire un métier comme prof puisque j'étais capable de faire des choses plus difficiles et plus demandeuses' Ce raisonnement logique et vrai était cependant sommaire. Faire le travail,oui, très bien, oui, en me préservant, non, et donc sur la durée, non plus.

Dans mon milieu familial il y avait un global assez grand manque de connaissances intrapersonnelles, les choix étaient aussi guidés par uniquement quelques critères qui ne prenaient pas en compte le ressenti profond. On choisissait sur critères de pérennité, de stabilité, et la critère d'appréciation, de joie était absent en vérité des choix décisionnels. Heureusement lors que j'ai choisi mon métier, je ressentais du bien-être à l'idée d'enseigner et je me sentais bien en enseignement particulier. ça s'est gâté quand j'ai réalisé qu'enseigner était effectué essentiellement en grand groupe pour permettre de gagner un salaire suffisant dans un métier stable comme le fonctionnariat.

Dans mon cas, je ne sais pas dire ce qui relève d'une naiveté très profonde, chez toutes les femmes de ma famille qui pourtant comme ma mère ou ma soeur sont très intellectuellement, scolairement éduquée, il y a par ailleurs points où elles peuvent avoir une naiveté confondante. "Comment peut-on avoir autant de connaissances et de recul sur certains plans et pouvoir être autant le nez au ras du sol sur certains autres plans?" Je n'ai pas forcément résolu le mystère, je le subis plus et essaie de m'en dépatouiller déjà à titre individuel ce qui est un vrai travail. Je pense tout de même que les TND sont très puissamment responsables de cette stagnation de prise de recul sur certains plans dans la famille, surtout que par ailleurs au niveau intellectuel les gens sont rapides, comprennent vite quand ils ont accès à un savoir. Je suis encore assez triste à ce stade pour le coup de n'avoir pas encore possibilité de faire du sens réel des erreurs commises par ma famille par ce qui relève donc de naiveté."
Sur le plan, d'avoir tout ce qu'on veut, certains trouvent l'étape de préparation et de planification avant la réalisation grisante, encore faut-il avoir ou prendre conscience de l'existence de cette étape et de son importance vitale.

Dans une société où parfois aussi certains parents ont tendance à tout donner trop vite, tout préparer pour l'enfant qui n'a plus qu'à réaliser son projet, ensuite devenir adulte peut aussi être ardu et imposer de repasser finalement par un savoir-faire que les parents ont permis de passer rapidement mais jamais d'acquérir.
Spoiler : 
J'ai dû à titre personnel apprendre àpayer les factures d'électricité à plus de 27 ans parce que quand je n'ai plus voulu voir mes parents (me sentant étouffée par leurs innombrables conseils pour tenir mon propre foyer), j'ai réalisé le nez devant le fait accompli qu'en fait mon père le faisait pour moi (virement automatique) et que je manquais cruellement d'autonomie. Ma théorie à ce stade est qu'autiste il fallait me soutenir excessivement et que mes parents n'écoutaient pas pas ailleurs qu'au bout de 200 fois d'un coup de main donné, enfin j'y arrivais et qu'il fallait donc me laisser faire. Ils étaient probablement resté à l'idée que si on fait 200 fois une chose pour quelqu'un et qu'il ou elle n'y arrive jamais, c'est qu'il ou elle n'y arrivera jamais seul et je pense encore plus centralement, mes parents se vivaient en tant que parents et craignaient de se retrouver seuls sans plus d'enfant à gérer ou materner, paterner
En pause de toute réflexion sur les TND pour quelques semaines

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Re: Par quoi remplacer le "si je veux, je peux" quand on a un TSA?

#14 Message par WalterPPK » samedi 7 janvier 2023 à 16:39

Leanox a écrit : samedi 7 janvier 2023 à 11:48 Sur le fait de suivre les règles, c'est vraiment intéressant de voir la relation variée que chacun a avec cette notion.
le code des pirates est plus un guide général qu'un véritable règlement. Bienvenue à bord du Black Pearl, mademoiselle Turner.

Salut Leanox,

Il y a plusieurs personnes ici qui, comme toi, aime les plans, les listes ... les structures linéaires ?

Il y a presque une exception à ce que je vais écrire : se laisser un message temporel.
Mais si je considère que mon moi futur n'est pas moi mais un autre, ce qui est le cas à mon sens, le truc vaux toujours.

Qui fait le plan ? pour qui ? pourquoi ?
La carte n'est pas le territoire. La planification, ça ne marche pas dans l'absolu. Comme dirait ironiquement Hanibal : j'aime quand un plan se déroule sans accroc
Il y a toujours des accroc et des imprévus.
Si je suis une recette, c'est parce que je ne sais pas faire un gâteau. C'est celui qui a fait la recette qui sait faire le gâteau, et lui, il n'a plus besoin de la recette. La planification est faite par celui qui sait à destination de celui qui découvre.

C'est la question de la maitrise, du calcul, dont je te disais qu'elle ne traduit que la peur. Comme lorsque je faisais mes colletons à l'école par peur d'avoir oublié pour me rendre compte au final que le travail de synthèse que j'avais dû réaliser pour faire le colleton était suffisant et rendait le colleton obsolète.

Tu connais les jeux de rôles ? Un joueur occupe la place du Maitre. Il doit connaitre l'univers, les règles, le scénario et traduire tout cela d'une façon fluide lors d'une présentation orale immersive. Il ne peut pas suivre un plan. Il ne suis qu'un guide général. Ce n'est pas juste un conteur, il doit faire participer ses joueurs à son conte. Intégré les interventions des joueurs à sa narration pour les conduire le long de la trame scénaristique et la leur faire découvrir. Le joueur a l'illusion de faire l'histoire, mais il n'est en fait qu'accompagné par le Maitre tout au long d'une trame déjà déterminée. C'est pour moi le travail du prof.

Alors je comprends ton plaisir à planifier. C'est proche de l'optimisation que j'aime tant. Mais l'optimisation est une stratégie qui rend la structure dépendante d'un environnement stable et de conditions initiales fixes. C'est une étape de la maitrise mais c'est une mauvaise stratégie générale.

A l'orale, j'aurai pu te dire les choses de façon beaucoup plus claire, mais sur un post je dois me limité. Est-ce que ça te parle ?

Mon but n'est pas de discuter ton plaisir à planifier. Ma ligne directrice c'est plutôt de discuter avec toi de la disposition d'esprit qui permet de mobiliser au mieux des ressources personnelles sans tomber dans la fatigue et le burn out. (franchement je suis pas convaincu de m'y prendre correctement :lol: )
Modifié en dernier par WalterPPK le dimanche 8 janvier 2023 à 16:13, modifié 3 fois.
Questionnement jugé pertinent par le CRAIF - Non diagnostiqué

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Re: Par quoi remplacer le "si je veux, je peux" quand on a un TSA?

#15 Message par Leanox » dimanche 8 janvier 2023 à 15:40

Hello WalterPKK,

C'est très gentil à toi pour la précaution oratoire que tu prends, en vérité, rassure-toi, je ne prends pas les choses comme une critique de mes préférences de choix ou de fonctionnement. J'ai ouvert ce topic pour justement discuter aussi indirectement d'endroits où j'ai une limite dans ma façon de faire ou concevoir qui me gêne (là je suis actuellement de nouveau en burn out et le médecin vient de me mettre en arrêt pour on estime 6 à 9 mois, je dois revoir des choses dans ma conception de l'autonomie matérielle et de la vie professionnelle).

Je me trompe: j'ai le ressenti que tu estimes qu'une manière de vivre est meilleure qu'une autre? Pour ma part, je vois du mieux sur certains plans dans toutes les façons de faire. Linéaire ou pas. Sur certains plans, l'efficacité est supérieure. Sur d'autres, la surprise est davantage au rendez-vous. Et que cela requiert des qualités variées. Une route très prévue requiert probablement d'avoir pour éviter un ennui insupportable une capacité à savourer les petites imprévus très forte. Une route très surprenante requiert probablement d'avoir une capacité à garder une forme d'optimisme qu'on est sur la bonne voie dans tous les cas. Par exemple.

Prenons l'exemple du gâteau. Tu dis que pour savoir le faire, tu as besoin de suivre la recette faite par un autre. En vérité, des personnes ont un instinct fort et créent ou co-créent (adaptent) les recettes de gâteau, n'ont pas besoin de les suivre autant car en premier lieu elles imaginent déjà le gâteau et testent et déterminent une recette.

Qui fait le plan? Tu demandes. Dans mon fonctionnement, soi-même. Pour mon cas, quand j'étais très jeune, j'avais un désir tourné vers une direction qui menait au bout du maximum du chemin visible à une sorte de sentiment d'apaisement et de complétude, de ressenti de stabilité et de dynamisme, de rythme de croisière, longtemps je n'étais guidée pour faire ce que j'avais à faire que par l'envie d'atteindre cet état de plénitude un jour.

Entre temps j'appréciais le chemin et j'essayais de le trouver justement car dans ma vision des choses, je n'avais que les yeux braqués sur un point à l'horizon mais aucune idée de quel chemin prendre entre moi et ce point à l'horizon. J'ai pensé que travailler de façon très régulière à compléter des tâches qui me semblaient faire du sens (globalement oui, individuellement plus ou moins pour certaines) était une façon d'avancer sur mon chemin, parfois j'ai eu des coups de main pour avancer quelques kilomètres de plus (des amis, des parents, des connaissances, des médecins).

J'avais ainsi toujours en tête l'endroit où je devais aller mais je profitais également du chemin à parcourir que je découvrais finalement pas si ardu (je trouvais) parfois, je me reprochais aussi ma propension à prendre des petits chemins de terre parfois car j'étais consciente que si je voulais atteindre certaines étapes avant d'atteindre le point à l'horizon, je devais aussi garder un rythme régulier, continuer à avancer (si je voulais avoir un enfant et que je me réveillais à 40 ans dans mon cas pour avoir mon premier couple, ça risquerait d'être compliqué ou de se faire avec des méthodes qui ne me plaisaient pas profondément. Note: cela était avant mon diagnostic et je pense très sincèrement que ces façons de faire fonctionnaient pour moi et s'appliquent uniquement à certaines personnes. Et d'ailleurs c'est le sous-entendu de tout ce que j'exprime pour moi-même, cela sera évident pour certains uniquement.).

J'avais des peurs comme tout le monde et parfois la route qui montait un peu trop haut dans les montagnes me donnait le vertige et je me demandais si je devais continuer ou si juste m'arrêter et rester sur un banc serait plus judicieux, je souffrirais moins, j'ai alors appris à faire des pauses de vie quand j'ai trop peur, suis trop fatiguée. Atteindre mon objectif ne disparait jamais, tout au plus l'épuisement vient comme des nuages de pluie devant le soleil. Et la tempête de vie que j'ai il y a quelques années comme tomber dans un puits. Le soleil disparait un temps mais reste pourtant bien là.

Et depuis quelques temps, je réalise que je veux davantage encore profiter du chemin, moins souffrir alors j'accepte de peut-être changer de travail afin de rendre la route vers mon objectif plus aisée ou moins difficile (plus raisonnablement).

J'ai toujours su que je n'avais pas à me soucier de découvrir le territoire parce que ce qui m'intéressait moi pour me sentir d'avoir vécu une vie pleinement c'était d'accéder à ce point à l'horizon dont on m'avait aussi parlé et qui simplement m'appelait de manière que je qualifierais d'évidente, évidence, et puis que si je m'ennuyais, ignorant la route, j'aurais bien assez alors pour investir ma curiosité dans le fait de trouver les personnes avec qui faire un bout de chemin, les infos sur la route et puis la route en elle-même, parfois je m'autoriserais à faire des pauses pour le panorama, cueillir quelques plantes, admirer la faune, voire domestiquer un animal pour m'accompagner longtemps sur la route et pouvoir ainsi aussi profiter de compagnie. Je voyais le chemin d'une richesse extrême de toutes ces composantes: relationnelles, choses à découvrir sur le bord de la route, activité pendant les temps de pause, pouvoir être accompagné un temps ou un long moment sur la route, en plus des paysages et du jeu de piste pour trouver une route jouable vers le point souhaité.

La carte n'est pas le territoire et dans ma carte, il y a bien le territoire et je regarde surtout celui assez riche et varié qui a priori est celui qui borde la route, que je suis, oui, une route qui serpente, monte, se perd, est parfois en poitillés, constellées de pauses de durée variée, peut-être le schéma linéaire dont tu parlais. Que la route n'est pas linéaire et prévisible dans ses moindres détails est une évidence pour moi depuis l'enfance, un peu d'évidence m'apaise donc (une portion plus facile me soulage, m'apaise). Je ne la souhaite pas autoroute (l'ennui existentiel fort à la clé) et de toute façon, je ne l'ai jamais vu comme une autoroute pour moi. Naturellement, c'est plutôt une route à la Seigneur des Anneaux.

Ce schéma globalement linéaire en dézoomant et extrêmement varié et irrégulier en zoomant sur chaque portion me parle en observant la Nature simplement, l'évolution en stade de naissance, enfance, mâturité, se décentrer de sa personne pour s'occuper des autres davantage et mourir. Ce n'est pas un chemin que tous empruntent dans leurs façons de faire aujourd'hui en 2022 où beaucoup se pensent non contraints par la biologie (pourront avoir un premier enfant à 40 ans ou plus, ne pas en avoir, pourront par le biais de maquillages, produits médicaux paraître jeunes et obtenir des compagnes et compagnons plus jeunes de ce fait sur une base d'apparence) pour ma part j'avais envie d'essayer de faire coincider centration sur soi et âge biologique, j'espèrais ainsi me décentrer de moi à partir de la trentaine sans être focalisée sur une année, plutôt une période, la trentaine, et parce que cela aurait pu coincider avec mon souhait de me laisser la possibilité d'avoir un enfant. Ces choix qui sont millénaires et parfois d'ailleurs imposés aussi dans des sociétés assez patriarcales étaient pour le coup mes choix. Je n'osais jamais le dire, élevée dans une famille qui ne s'intéressait pas du tout au fait de caler sa mâturité émotionnelle et intellectuelle sur sa biologie dans une forme de cohérence forte comme j'y aspirais moi, et même une famille qui dissuadait en vérité de faire cela arguant que d'autres modèles étaient mieux et que ce modèle de cohérence forte était un modèle passéiste. Pour ma part, me fichant bien de la mode (autrefois ce modèle était à la mode), ce qui m'intéressait c'était donc surtout de respecter ce modèle qui moi me plaisait car il me rendait plus profondément sereine.

Par contre pour tenir le rythme de terminer mes études, trouver un emploi stable, un partenaire avec qui être heureuse, je devais engranger une extrême quantité de théorie autant que pratiquer en abondance et cela prenait ... du temps. Et m'épuisait. Plus que la majorité des gens. De plus j'avais un naturel très curieux et je sortais régulièrement allègrement hors des sujets à travailler pour réussir mon projet de stabilité matérielle, relationnelle, connaissance intrapersonnelle, je me passionnais pour des sujets de contribution au monde et je prenais un peu d'avance sur mes projets futurs mais je réalise un peu au prix des projets les plus prioritaires pour moi (stabilité matérielle personnelle, couple avec une dynamique pérenne et épanouie, avoir un enfant si cela faisait sens).

Aujourd'hui avec l'épuisement, je suis confuse quant à savoir si j'ai bien avancé sur ma route globalement comme je l'aurais voulu (assez fortement) pour pouvoir réussir mes petits projets prioritaires. Avec le repos, les retours des proches, les échanges avec toutes et tous, j'espère regagner de la clarté à un moment.

Si je suis une recette, c'est parce que je sais que je ne sais pas faire de gâteau, beaucoup de perosnnes pensent qu'elles ne savent pas faire. Elles oublient qu'une partie de la vie se fait sans intellectualiser les moindres étapes. Tout le monde ou presque sait mélanger un peu de farine, de lait et d'oeuf et mettre cela dans un moule. Ce ne sera peut-être pas très réussi dès le premier essai, les paramètres de température, d'outils, d'ingrédients important. C'est là que je pense que la planification intervient pour permettre de faire un gâteau qui soit réussi. Faire un gâteau je pense que beaucoup de monde le peu mais un gâteau réussi (qui peut se manger, donner du plaisir), des lignes directrices aideront. Et pour un gâteau dont on veut qu'il nous singularise, soit original, unique, il faudra encore d'autres outils et stratégies. De même pour qu'il soit équilibré pour la santé.

On pense souvent qu'il faut savoir faire parfaitement pour faire, je dirais qu'il faut avoir des outils, de la stratégie (un peu de planification) et puis ensuite faire en se disant que sur certains plans tant de personnes font chaque jour et puis appréciant le voyage, l'apprentissage à chaque étape sans focaliser parfois sur le résultat (quand il y a peu d'enjeu, c'est une occasion parfaite pour cela)

Je trouve ta vision du prof et de l'apprentissage magnifique. J'y rajouterais seulement des conseils réguliers du prof pour montrer à l'élève quand en vérité son instinct s'est montré qui l'a guidé, en quoi il a de l'autonomie et peut cesser d'avoir peur de ne pas avoir de guidance générale de la part du prof et peut-être aussi de laisser les joueur rajouter quelques récits secondaires ici et là dans la mesure où l'un pourrait ainsi exprimer son talent en la matière. De manière qui préserve la trame principale, rôle délicat d'équilibre dans lequel le prof devra aussi savoir se positionner.

(Je ne sais pas ce qu'est un colleton, as tu suivi l'école en France? ;) )
En pause de toute réflexion sur les TND pour quelques semaines

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