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par Maria Rilke » dimanche 17 novembre 2013 à 4:15
J'avais eu il y a quelques années un cours sur les théories du choix, par les (vieux) philosophes comme par les nouveaux psychologues américains et autres théoriciens du "choix dans le vote" (électoral) en sciences humaines.
Petite bibliographie philo si vous voulez creuser ces questions du 'choix' :
Les anciens :
Platon : Protagoras (356c – 357b), Fin République X, le mythe d'Er.
Aristote : Éthique à Nicomaque, livre 3 - §1 à 6, livre 6 - §2 et 13, sur le syllogisme pratique.
Aristote : Traité de l'âme, livre 3 §10.
Cicéron : De finibus livre 3, 6-20, 7-26.
Sextus Empiricus : Les esquisses pyrrhoniennes ou Hypotyposes pyrrhoniennes, Contre les moralistes.
Thomas d'Aquin : La somme théologique, première partie de la deuxième partie Ia Iiae, analyse des actes humains. Question 13 du choix, question 14 de la délibération.
Commentateurs :
Aubenque : La prudence chez Aristote.
Aubry : Le vocabulaire grec de la philosophie.
David Ross : Aristote §7.
Dumont, Marcel Conche : Pyrrhon ou l'apparence.
E. Naya : le vocabulaire des sceptiques.
Les modernes et ceux qui suivent :
Montaigne : Essais, la perplexité dans l'ordre pratique (la perplexité des discours où il me revient d'inventer un chemin).
Descartes : Discours de la méthode, les règles de la morale provisoire, deuxième maxime.
Méditations métaphysiques, quatrième - du vrai et du faux.
Pascal : Pensées, le pari, la fuma 418.
Leibniz : Théodicée, 49-50 L'âne de Buridan, 22-25 Le choix du meilleur des mondes, 119 La logique du choix créateur.
Yakira : Contrainte, nécessité et choix, la question de la liberté chez Leibniz et Spinoza.
Foisneau : La découverte du principe de raison.
Kant : Fondements de la métaphysique des mœurs, section des impératifs, deuxième section.
Hegel : Principes de la philosophie du droit, §5-26.
Nietzsche : Gai savoir §127, livre 3.
Granier : Le problème de vérité dans la pensée de Nietzsche, livre 1, deuxième division, point numéro deux.
Kierkegaard : Ou bien ou bien / L'alternative, Tel.
Bergson : Essai sur les données immédiates de la conscience, §3.
Sartre : L'être et le néant, partie 1 - §2 les conditions de mauvaise foi, partie 4 - §1.
*Note sur Kierkegaard : [attention ceci sont mes notes, c'est un peu ardos peut-être, euh je ne sais pas.. j'éditerai peut-être le post pour expliquer s'il y a à expliquer - vous me demandez quoi. J'vous ai surligné ce qui me parait intéressant comme idée..] dans Ou bien ou bien, que le sujet le reconnaisse ou non, toute existence choisit. Et en choisissant elle se choisit, qu'elle le sache ou non, il ne peut y avoir de position de non-choix, il n'y a pas de neutralité dans l'existence.
Kierkegaard s'oppose à Hegel, à la dialectique hégélienne*. Le schéma de la dialectique est selon Kierkegaard un schéma de pensée pure, par logique spéculative, qui dissout toute contradiction, qui annule le caractère absolu de l'alternative. Au service d'une totalité supérieure, la synthèse annule les antithèses. Toute opposition, travaillée par la négativité, est dissoute dans un positivisme. Kierkegaard écrit «Si on reconnaît la médiation, alors il n'existe aucun choix absolu».
Il y a une malhonnêteté chez Hegel, son travail n'est qu'en pensée et il y a une disqualification philosophique de l'absoluté du choix, où la dualité est faite pour être dépassée. Dans Post scriptum aux miettes philosophiques, Kierkegaard écrit : «Être à la fois des deux cotés n'est pas accordé à un être existant, mais seulement à la chimère d'un présomptueux je-je fichtéen**»
Le dépassement chez Hegel (auf-heben ou aie aufhebung) : supprimer tout en conservant, annule le principe de contradiction.
Kierkegaard pose la répétition comme solution***. C'est la façon dont l'existence ne se lasse pas de répéter l'impératif de la logique du choix, de reproduire les oppositions, de rejouer les opposés.
*Hegel c'est compliqué, disons pour faire simple que c'est grâce à lui que certains enseignants prescrivent comme méthodologie de dissert' philo aux terminales le "oui non boff" ou encore le "thèse antithèse foutaises" oups pardon on dit "synthèse". Une chose très stressante pour l'étudiant (il faut que je me dépasse dans la troisième partie ohlala..).
** fait référence à un philosophe allemand, fan de Kant : Ficht.
*** C'est cette dernière phrase que j'avais noté qui m'intéresse et que je devrais creuser plus sérieusement. Je ne possède pas le Kierkegaard mais je serai ravie à l'avenir de vous mettre des liens. Par ailleurs j'ai de nombreux ouvrages ou extraits cités dans la biblio. Jpeux faire des scans mais faut me le dire si ça vous intéresse.