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Re: Autismes et automutilations

Posté : mercredi 21 novembre 2018 à 23:04
par Manichéenne
Oui, c'est aussi de l'automutilation.
Mais non, la question n'est pas stupide.

Re: Autismes et automutilations

Posté : mercredi 21 novembre 2018 à 23:28
par TheTrucker
Enogit a écrit : mercredi 21 novembre 2018 à 22:53 Merci pour vos témoignages. Par contre on parle d'automutilation aussi quand on se mord, se griffe ou se cogne la tête ? Ma question peut paraître stupide je sais.
Je ne sais pas trop où se trouve la limite en fait... j'ai tendance a penser qu'à partir du moment où on se fait mal ça en est mais j'imagine que les définitions officielles ou médicales sont différentes et plus précises.
Tout est encore très confus pour moi...

(Edit: je n'avais pas vu la réponse de Manichéenne)

Re: Autismes et automutilations

Posté : jeudi 22 novembre 2018 à 14:03
par Manichéenne
Définition du DSM5 (ancienne traduction personnelle depuis l'anglais) :
Automutilation Non Suicidaire
Critères proposés
A. Pendant l’année précédente, l’individu a eu, sur 5 jours ou plus, des comportements intentionnels endommageant la surface de son corps de manière à provoquer des saignements, des hématomes, ou de la douleur (par exemple : coupures, brûlures, coups, frottements excessifs), avec l’intention de ne provoquer qu’une blessure physique mineure ou modérée (pas d’intention suicidaire).
Note : L’absence d’intention suicidaire a soit été énoncée par l’individu, soit peut être présumée par les engagements répétés de l’individu dans un comportement dont l’individu sait, ou à appris, qu’il ne devrait pas mener au décès.

B. L’individu pratique le comportement d’automutilation avec une ou plusieurs des attentes suivantes :
1. Pour obtenir du soulagement d’un sentiment négatif ou d’un état cognitif.
2. Pour résoudre une difficulté interpersonnelle.
3. Pour provoquer un état de ressenti positif.
Note : Le soulagement, ou la conséquence, attendu est ressenti pendant ou peu après la blessure, et l’individu peut montrer des signes comportementaux suggérant une dépendance au fait de recommencer régulièrement.

C. L’automutilation intentionnelle est associée avec au moins un des critères suivants :
1. Difficultés interpersonnelles, ou sentiments ou pensées négatifs, tels que dépression, anxiété, tension, colère, détresse généralisée, sentiment de culpabilité, survenant dans une période précédant immédiatement l’acte d’automutilation.
2. Avant de s’engager dans l’acte, une période de préoccupation difficile à contrôler au sujet du comportement prévu.
3. Des pensées fréquentes au sujet de l’automutilation, même sans passage à l’acte.

D. Le comportement n’est pas socialement significatif (par exemple : piercing corporel, tatouage, rituel culturel ou religieux) et n’est pas restreint à arracher une croûte ou à se ronger les ongles.

E. Le comportement ou ses conséquences provoque une détresse ou une interférence cliniquement significative dans des domaines interpersonnel, académique, ou d’autres domaines de fonctionnements importants.

F. Le comportement ne survient pas exclusivement pendant des épisodes psychotiques, délirants, une intoxication, ou un sevrage. Chez les individus présentant un désordre neurodéveloppemental, le comportement ne fait pas partie d’un ensemble de stéréotypies répétitives. Le comportement n’est pas mieux expliqué par un autre trouble mental ou condition médicale (par exemple : trouble psychotique, trouble du spectre autistique, handicap intellectuel, syndrome de Lesch-Nyhan, trouble de mouvement stéréotypé avec automutilation, trichotillomanie [s’arracher les poils et les cheveux], trouble d’excoriation [s’écorcher]).

Caractéristiques diagnostiques
La caractéristique essentielle de l’automutilation non suicidaire est que l’individu s’inflige de manière répétée des blessures de surface, superficielles bien que douloureuses. Plus communément, l’intention est de réduire des émotions négatives, telles que tension, anxiété, et sentiment de culpabilité, et/ou de résoudre une difficulté interpersonnelle. Dans certains cas, la blessure est perçue comme une punition méritée. L’individu rapporte souvent une sensation immédiate de soulagement au cours de l’acte. Quand le comportement survient fréquemment, il peut être associé à une impression d’urgence et de besoin, le schéma comportemental résultant ressemblant alors à une addiction.
(…)
Ce qui distingue l'automutilation non suicidaire des autres cas d'auto-agressivité, ce n'est pas l'acte lui-même mais la raison pour laquelle il est fait. Coupures, griffures ou autre chose, c'est pareil, ce qui compte c'est que c'est fait intentionnellement pour calmer des émotions ou sortir d'une situation.

Re: Autismes et automutilations

Posté : jeudi 22 novembre 2018 à 20:23
par Enogit
Merci beaucoup à vous deux, je vois mieux ce dont on parle. Je ne m'étais jamais posé la question de cette manière en fait parce que ça me paraissait normal de se faire mal (légèrement) quand on stresse surtout.

Re: Autismes et automutilations

Posté : samedi 9 février 2019 à 12:12
par Manichéenne
Suicide, automutilation : Instagram et Facebook vont supprimer les contenus explicites
https://www.lemonde.fr/pixels/article/2 ... 08996.html

Pas trop tôt...

Re: Autismes et automutilations

Posté : dimanche 10 février 2019 à 11:31
par Autrey
Je m'automutile en situation de stress, en ce moment c'est lié à mon travail.
Je m'arrache la peau autour des ongles, cela s'appelle la autophagie ou dermaphagie, je le fais depuis petite et n'ai jamais réellement cessé de la faire.
C'est moins spectaculaire de se taper la tête sur des mûrs mais il est vrai que ce n'est pas joli visuellement.

Re: Autismes et automutilations

Posté : lundi 11 février 2019 à 14:05
par PaterFamilias
Autrey a écrit : dimanche 10 février 2019 à 11:31 Je m'arrache la peau autour des ongles, cela s'appelle la autophagie ou dermaphagie, je le fais depuis petite et n'ai jamais réellement cessé de la faire.
Bonjour Autrey,

Mon cadet, 12 ans, qui est très probablement HPI et peut-être Aspie, se fait ce genre de mutilation depuis quelques semaines, ce qui, bien sur, m'inquiète beaucoup (il ne veut pas aller voir un psy, donc c'est compliqué).
Quelles sont les situations qui font que cette autophagie devient plus présente, et quelles sont celles qui font, au contraires, ça se calme ?

Re: Autismes et automutilations

Posté : lundi 11 février 2019 à 14:42
par Manichéenne
Réponse courte : le stress.

Re: Autismes et automutilations

Posté : vendredi 5 avril 2019 à 8:19
par Sid
Autrey a écrit : dimanche 10 février 2019 à 11:31 Je m'automutile en situation de stress, en ce moment c'est lié à mon travail.
Je m'arrache la peau autour des ongles, cela s'appelle la autophagie ou dermaphagie, je le fais depuis petite et n'ai jamais réellement cessé de la faire.
C'est moins spectaculaire de se taper la tête sur des mûrs mais il est vrai que ce n'est pas joli visuellement.
Bonjour Autrey, je fait ca depuis très jeune aussi. La douleur semble soulager un stress, une angoisse, ...

Re: Autismes et automutilations

Posté : samedi 6 avril 2019 à 0:54
par Ogam
par Sid » vendredi 5 avril 2019 à 8:19
Autrey a écrit : ↑
dimanche 10 février 2019 à 11:31
Je m'automutile en situation de stress, en ce moment c'est lié à mon travail.
Je m'arrache la peau autour des ongles, cela s'appelle la autophagie ou dermaphagie, je le fais depuis petite et n'ai jamais réellement cessé de la faire.
C'est moins spectaculaire de se taper la tête sur des mûrs mais il est vrai que ce n'est pas joli visuellement.

Bonjour Autrey, je fait ca depuis très jeune aussi. La douleur semble soulager un stress, une angoisse, ...
Bonsoir, la seule fois où je me suis fait de l'auto-mutilation a été lors d'un stage de recherche de 6 mois (validant le master) en région parisienne au début des années 2010. J'avais deux co-directeurs qui ne s'entendaient absolument pas, qui me donnaient des ordres contraires. Ils m'ont laissés en plan pendant 1 mois (mois de juillet) et m'avaient prévenu début août qu'il fallait revoir tous mes résultats et en plus on me demandait d'utiliser des modèles mathématiques inadaptés dans le contexte du stage, simplement pour satisfaire la curiosité (malsaine?) de mon directeur de mémoire.

Le stress était tellement fort que j'avais des tremblements, la boule au ventre à aller sur mon lieu de travail au point d'avoir des pensées suicidaires (se jeter du sixième étage du lieu de travail). Je n'ai jamais voulu passer à l'acte mais pour supporter la douleur, je me coupais les veines au couteau de cuisine sur le lieu de travail (j'avais mal mais bizarrement, cela me soulageait).

Depuis ce stage et jusqu'à Aujourd'hui, je n'ai plus jamais fait d'auto-mutilation car j'ai la chance d'être bien entouré et de pouvoir prendre du recul grâce à la musique et à la danse.

Re: Autismes et automutilations

Posté : samedi 6 avril 2019 à 8:13
par Clovis
Après lecture du DSM je n'ai pas de certitudes... Bien que j'ai clairement une relation entre détresse émotionnelle intense et douleur infligée pour me calmer.

Enfant je me suis beaucoup pincé fortement ou gratté, il m'arrivait aussi de frapper le dos de ma main contre un gros mur de pierre.

Aujourd'hui il m'arrive, à la place, de m'auto-infliger des coups de poings dans le ventre... Ça a l'avantage de ne pas faire trop de bruit, je ne veux pas que ma femme puisse se rendre compte de ça...

Je fais ça quand j'ai l'impression que je vais littéralement exploser, quand je suis submergé.

Re: Autismes et automutilations

Posté : mardi 7 mai 2019 à 17:26
par lulamae
Il est possible d'anticiper des conduites d'auto-mutilation chez l'enfant autiste
provoquées par l'hypersensibilité sensorielle


BY NICHOLETTE ZELIADT / 3 MAY 2019


Les nourrissons autistes montrant des réactions disproportionnées à la vue, aux sons et aux textures présentent des risques de se faire du mal lorsqu'ils seront de jeunes enfants.

Les chercheurs ont présenté les résultats inédits d'une recherche en ce sens aujourd'hui à la conférence de l' International Society for Autism Research 2019.

« Lorsque vous repérez un enfant qui présente un de ces types de comportement sensoriels de bonne heure, vous savez qu'il s'agit d'enfants qu'il nous faudrait observer attentivement, en raison du risque de comportements d'auto-mutilation, » annonce Adele Dimian, étudiante de troisième cycle au laboratoire de recher hes de Jason Wolff, à l'Université du Minnesota à Minneapolis, alors qu'elle exposait les résultats de la recherche.

Comme nous l'indique Mme Dimian, 25 % environ des enfants autistes se blessent en se cognant la tête sur des surfaces dures, en se piquant la peau, en se mordant ou en se pinçant. Par ailleurs, une fois que l'habitude est prise, il n'est pas facile de les soigner, nous dit-elle.

Ses collègues et elle-même ont donc recherché des facteurs prédictifs pour les auto-mutilations. Ils ont traité des données concernant 149 « bébés d'une fratrie » - des enfants qui risquaient plus de présenter des signes d'autisme, parce qu'ils avaient un frère ou une sœur plus âgé(e) entrant dans le spectre.

Aux étapes des 12, 24 et 36 mois, leurs parents ont complété des questionnaires évaluant leur sensibilité sensorielle, leur recherche sensorielle et comportements répétitifs ; ceux-ci incluaient des comportements d'auto-mutilation, ainsi que des comportements moteurs comme le flapping. En outre, les chercheurs ont évalué les capacités cognitives de ces enfants, au moyen du test appelé le « Mullen Scales of Early Learning » (l'Echelle d' Apprentissage Précoce de Mullen). Ils ont diagnostiqué autistes 41 de ces enfants à 3 ans.

L'exposition aux blessures :
39 % de ces bébés ont commencé à s'auto-mutiler à 12 mois ; ce chiffre est descendu à 35 % des enfants de 24 mois, puis 22 % des enfants de 36 mois. Les bébés de ces fratries, qui avaient été eux-mêmes diagnostiqués autistes, présentaient quatre fois plus de risques que les autres de s'auto-mutiler.

Environ la moitié de ces bébés de 12 mois se comportaient de la manière la plus courante pour se blesser : « ils se cognaient la tête contre une surface ». Ce comportement a régressé avec l'âge chez ceux qui n'étaient pas autistes, mais il a persisté chez ceux atteints du TSA.

« Il est important que nous soyons vigilants sur ces comportements, plutôt que d'attendre qu'ils disparaissent avec le temps », recommande Mme Dimian.

D'autres formes d'auto-mutilations, telles le fait de se piquer la peau et de se gratter ont empiré avec l'âge chez les enfants autistes. « Comme le développement moteur des enfants devient plus perfectionné, nous devrions nous attendre à voir apparaître des formes différentes d'auto-mutilation », nous confirme Mme Dimian.

Les chercheurs ont recouru à une analyse statistique pour identifier quels sont, à 12 mois, les facteurs qui permettent de prédire qu'un enfant risquera de s'auto-mutiler à 36 mois. Les comportements moteurs répétitifs constituent l'indicateur le plus marqué, car il augmente les risques d'auto-mutilation de 96 %. Parmi les autres indicateurs, on trouve un score faible sur l'Echelle de Mullen, ou l'absence de réaction aux stimuli sensoriels.

Mme Dimian conclut que ses collègues et elle ont la volonté d'utiliser ces éléments pour établir les facteurs de risques de l'auto-mutilation, afin d'aider les cliniciens à en prévenir l'apparition.

https://www.spectrumnews.org/news/senso ... -children/
sensory sensitivity may forecast traduction.odt
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Re: Autismes et automutilations

Posté : dimanche 26 mai 2019 à 23:22
par Maedhros
Je ne suis pas du tout suicidaire et je ne me scarifie pas, mais quand je ressent une pression trop intense je me mords et dans les cas vraiment extrêmes je me cognes la tête, après je me sens tellement mal j’ai l’impression d’être folle, la dernière fois était quand j’ai cru avoir perdu un dessin car le fichier était corrompu... le dessin est une activité très importante pour moi et c’était mon meilleur dessin du moment.
Enfant et adolescente il m’arrivait de me taper la tête dans les murs quand mes émotions stress ou autre étaient trop intense mais je ne le fais plus.
Également je me suis rendue compte que je flappe quand je suis stressée.
je ne sais pas si ça se fait aussi chez les tda ou si c’est juste moi qui ait un problème :/

Re: Autismes et automutilations

Posté : lundi 10 juin 2019 à 23:21
par Ogam
par Maedhros » dimanche 26 mai 2019 à 23:22
Je ne suis pas du tout suicidaire et je ne me scarifie pas, mais quand je ressent une pression trop intense je me mords et dans les cas vraiment extrêmes je me cognes la tête, après je me sens tellement mal j’ai l’impression d’être folle, la dernière fois était quand j’ai cru avoir perdu un dessin car le fichier était corrompu... le dessin est une activité très importante pour moi et c’était mon meilleur dessin du moment.
Enfant et adolescente il m’arrivait de me taper la tête dans les murs quand mes émotions stress ou autre étaient trop intense mais je ne le fais plus.
Également je me suis rendue compte que je flappe quand je suis stressée.
je ne sais pas si ça se fait aussi chez les tda ou si c’est juste moi qui ait un problème :/
Bonsoir Maedhros,
je ne pense pas que ce soit toi qui as un problème. Certaines personnes vont chercher à soulager leur stress par différents moyens : cela passe par des auto-mutilations, se cogner la tête contre les murs, se ronger les ongles jusqu'à la peau (comme c'est le cas pour moi) ou encore, faire du hand-flapping ... . Comme je l'avais écrit le 6 avril dernier, ma phase d'auto-mutilation avait lieu lors d'un stage HORRIBLEMENT stressant avec des phases d'auto-mutilations sévères. J'ai utilisé cet évènement pour trouver d'autres moyens pour gérer le stress (dont mettre du vernis sur les ongles pour éviter de les manger mais je pense que cela risque de donner un mauvais goût...). Plus sérieusement, lors de phases de gros stress, je fais de la musique pour l'évacuer et cela me fait du bien. Peut-être arriveras-tu à trouver ce qui te convient sans avoir à se taper (littéralement) la tête contre les murs.

Re: Autismes et automutilations

Posté : samedi 22 juin 2019 à 23:54
par Dehlynah
J'ai parcouru ce fil, super intéressant
j'ai aussi analysé ce besoin comme -
un besoin d'expulser un trop plein d'émotions, comme si on voulait que le corps exprime ce que l'esprit ressent
et donner une limite à une souffrance
pour sentir mon corps, ou bien sentir mon esprit à travers mon corps, un truc comme ça
une réflexion a attiré mon attention
de la part de Manichéenne comme quoi en cas de dissociation c'est une manière de réintégrer son corps
désolée je ne sais plus comment faire pour citer ...
oui exactement !! la sensation de perte de soi due à la dissociation entraîne ce besoin de se sentir exister, de sentir ses limites corporelles quand l'intérieur est désintégré, sentir son corps, même dans la souffrance, c'est exister malgré tout
j'aimerais savoir si vous avez lu , entendu des trucs là- dessus ...Je suis en pleine recherche sur ce sujet, ou expérience plutôt.