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Limoilou: adolescent accusé du meurtre non-prémédité de sa mère
Isabelle Mathieu Le Soleil
Un adolescent autiste de 17 ans a été accusé du meurtre au second degré de sa mère.
18 février 2019
Les yeux ronds, le regard effrayé, un grand adolescent de 17 ans, autiste, a été conduit en chambre de la Jeunesse lundi pour éventuellement être accusé du meurtre non-prémédité de sa mère.
Le jeune homme, avec un bandage à la main droite, est entré en salle d’audience en regardant partout autour de lui, escorté de deux agents de sécurité du centre jeunesse.
Avant de procéder à la comparution, l’avocat de défense Me Pascal Defoy, a demandé à la juge Judith Landry de la Cour du Québec, d’ordonner un premier examen sur l’aptitude à comparaître de son jeune client, atteint du trouble du spectre de l’autisme.
Les parties seront de retour à la cour lundi prochain pour savoir si l’adolescent comprend suffisamment le système judiciaire pour subir un procès.
Par la suite, il est prévisible que la défense fasse une demande d'examen sur la responsabilité criminelle du jeune.
Le drame est survenu en milieu de soirée samedi dans un immeuble du quartier Limoilou. La mère, une femme de 49 ans, a été agressée à coups de couteau dans un corridor de l’immeuble. Son fils de 17 ans, qui n’habite pas avec elle, a été retrouvé peu de temps après dans un logement voisin.
Peine pour adulte
Vu la gravité de l’infraction, le procureur de la Couronne Me Hugo Breton a annoncé dès cette première étape judiciaire qu’il demanderait une peine pour adulte, dans l’éventualité d’une condamnation.
Cette requête est lourde de conséquences; dans le système de justice pénale pour adolescent, la peine maximale pour un meurtre au second degré est de sept ans de mise sous garde dans un centre jeunesse. Chez les adultes, un accusé coupable de meurtre au second degré est automatiquement condamné à la prison à perpétuité. Le juge se charge ensuite de déterminer après quelle période le détenu peut faire une demande de libération conditionnelle, mais il devra obligatoirement être incarcéré durant sept ans.
L’enquête préliminaire de l’adolescent se fera en chambre de la Jeunesse. Son éventuel procès devrait toutefois se transporter dans une salle de la Cour supérieure.
L’adolescent demeure détenu pour l’instant.
Des membres de la famille de la victime et de l’accusé étaient présents, discrètement assis dans la salle d’audience.
« Ils sont déchirés, pris entre l’arbre et l’écorce, évoque le procureur de la Couronne, Me Breton. Ils étaient là pour supporter l’accusé, mais aussi pour être présent comme c’est un être cher qu’ils ont perdu.
Il sera interdit à l’adolescent de communiquer avec une série de personnes, principalement des témoins de l’événement.
La loi nous interdit de publier l'identité du jeune accusé.
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Le jeune autiste accusé du meurtre de sa mère renonce au jury
Isabelle Mathieu Le Soleil
Le drame est survenu dans cet immeuble du quartier Limoilou, le 16 février 2019.
L’adolescent autiste de 17 ans accusé du meurtre non prémédité de sa mère a choisi de subir son procès devant un tribunal pour adolescents plutôt que devant un juge et un jury.
Le drame est survenu le 16 février dans un immeuble du quartier Limoilou. La mère, une femme de 49 ans, a été agressée à coups de couteau dans un corridor de l’immeuble. Son fils de 17 ans, qui n’habite pas avec elle, a été retrouvé peu de temps après dans un logement voisin.
Une expertise psychiatrique réalisée à la demande de la défense en arrive à une conclusion de non-responsabilité criminelle. La Couronne a toutefois demandé une contre-expertise, qui n’aboutit pas au même constat.
Une conférence de gestion est prévue en octobre. Le procès n’aura toutefois pas lieu avant l’hiver 2020.
La Couronne a déjà indiqué qu’elle réclamerait une peine pour adulte dans l’éventualité d’une condamnation. Cette requête, si elle est accordée par un juge, est lourde de conséquences; dans le système de justice pénale pour adolescent, la peine maximale pour un meurtre au second degré est de sept ans de mise sous garde dans un centre jeunesse. Chez les adultes, un accusé coupable de meurtre au second degré est automatiquement condamné à la prison à perpétuité. Le juge se charge ensuite de déterminer après quelle période le détenu peut faire une demande de libération conditionnelle, mais il devra obligatoirement être incarcéré durant sept ans.
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Cinq meurtres à Québec en 2019
Nicolas Saillant
L’année 2019 a malheureusement été faste en homicides sur le territoire du SPVQ. À l’exception de l’année 2017, marquée par l’attentat de la mosquée qui avait fait grimper le bilan des morts à sept, 2019 a été l’année la plus funeste de la décennie 2010, avec cinq meurtres.
Trois de ces crimes sont des homicides intrafamiliaux (voir tableau) et le troisième de l’année, commis le 16 février dans un appartement de la rue de la Concorde, met en perspective tous les dommages collatéraux d’un tel crime. Souffrant du trouble du spectre de l’autisme, Alexandre*, alors âgé de 17 ans, aurait violemment tué sa mère à l’aide d’une arme blanche.
Malgré tout, la grand-mère de l’adolescent autiste refuse de laisser tomber son petit-fils malgré la douleur infligée par ce crime.
Malade et isolé
La grand-mère d’Alexandre et mère de la victime, qu’on ne peut identifier en vertu des règles du tribunal de la jeunesse, est aujourd’hui rongée par le chagrin de la perte de sa fille, mais inquiète du sort de son petit-fils isolé, sans parents et démuni face à la vie.
« Il n’a rien d’autre que moi, dit la grand-mère. Tant que je vais vivre, je vais être là pour lui. C’est l’enfant de ma fille et je l’aime, Alexandre. » Elle avoue que sa position n’est cependant pas partagée dans la famille.
Aide
Elle n’a donc jamais ressenti de haine vis-à-vis de son petit-fils, souhaitant même être à ses côtés dès l’annonce du drame pour le soutenir. C’est l’instinct maternel, l’amour d’une grand-mère. Elle croit que sa présence serait bénéfique pour le jeune homme de 18 ans mal outillé face à la vie.
Sauf que pour des raisons de sécurité, la Couronne a demandé une nouvelle ordonnance de non-contact entre Alexandre et sa grand-mère, qui avait pourtant été levée cet été. « On ne peut pas se voir et on ne peut pas se parler », explique tristement la dame, qui ne lui a pas parlé depuis deux mois.
Autiste
Bébé, Alexandre avait déjà des problèmes de comportement. « Il se cognait la tête sur le sol », explique la grand-mère qui s’en est « beaucoup occupée ». Atteint du trouble du spectre de l’autisme avec une légère déficience, Alexandre a été confié en résidence par sa mère dès l’âge de cinq ans.
Au moment du meurtre, Alexandre était encore placé en résidence où sa mère allait le chercher une fin de semaine tous les 15 jours. « Il n’est pas facile, Alexandre [...] C’est un enfant dans un corps d’homme. Il ne s’est pas développé comme un adulte. »
Le procès de son petit-fils débutera en avril. La grand-mère sait évidemment à quoi Alexandre s’expose, mais espère que la justice privilégiera un encadrement serré à un pénitencier fédéral.
► *Puisqu’il est interdit d’identifier l’accusé mineur, un prénom fictif a été donné.