http://www.arte.tv/guide/fr/050527-000/ ... 00_PLUS7-F
La vaccination : un enjeu de santé publique
Version française de "Jabbed : Love fear and vaccines" de Sonya Pemberton. Le documentaire faisait 90 minutes à l'origine ; je suppose que nous avons eu la même version de 60 minutes que les USA en Septembre dernier, appelée "Vaccines - Calling the shots"
Dès 1 minute 20, admission de l'existence des effets secondaires graves rares.
3:40 : [un bébé atteint de coqueluche est filmé]
6 : épidémie de coqueluche
> niveau record depuis 50 ans en Australie (40 000 en 2011) [sachant qu'un nouveau-né sur 250 en meurt (même si tous les cas ne sont pas des nouveaux-nés))]
> idem dans le reste du monde ?
6:20 : + de 28000 cas de rougeole recensés en Europe en 2011 ; 7000 hospitalisations, 9 décès
Exemple d'une infirmière asthmatique hospitalisée avec la rougeole, sous assistance respiratoire et en isolement.
Bertie Squire, chercheur en épidémiologie ; avant d'arriver dans ce service, n'avait jamais vu un cas de rougeole chez un adulte ; 3 dès son premier jour.
2013 : +2000 cas de rougeole en Angleterre et Pays de Galles ; du jamais vu depuis 20 ans, alors que la maladie semblait éradiquée depuis une génération
Risques de séquelles
L''infirmière hospitalisée n'est pas vaccinée ; plus de 90% des non vaccinés attrapent la rougeole quand ils sont exposés au virus.
9 : présentation de Paul Offit
Epidémie de 1991 venue de deux communautés religieuses anti-vaccination, avec quelques décès
10 : Peter Fisher, homéopathe
Même le fondateur de l'homéopathie était pour la vaccination !
10:45 : histoire de la vaccination. Déjà connu il y a 1000 ans en Inde et Chine avec la variole (variolisation).
1717 en Europe : introduction de la variolisation en Angleterre, à partir de Constantinople et du cas de Lady Montaigu.
La variolisation a fait chuter le nombre de décès de 30 à 2% des cas.
Edward Jenner (innoculation de variole bovine ; apparition du terme "vaccination") ; premières craintes sur les vaccins. Compréhensible car on injecte un corps étranger.
16 : Heidi Larson, anthropologue, qui analyse les raisons de la confiance / défiance envers les vaccins
Vaccination vue comme une norme ; remise en question peut être salutaire ; l'engagement anti-vaccin vient de l'impression de ne pas être bien informé ou entendu. Pro et anti ne constituent que deux extrêmes, avec beaucoup de modérés entre deux.
17 : Brian Zikmund-Fisher, psychologue étudiant la perception du risque. La vaccination présente des risques ; ce n'est pas grave d'avoir peur. Il est important de répondre à la question "Pourquoi faut-il se faire vacciner ?"
18:15 : Gus Nossal, immunologie.
Pour comprendre, il faut comprendre le système immunitaire.
Nous sommes chaque jour confrontés à des millions de microbes (la plupart inoffensifs, utiles ou dangereux).
Le système immunitaire est un merveilleux mécanisme de défense naturel pour le corps humain. Il repose sur les globules blancs. (Ils repèrent un pathogène (ex : la grippe), se multiplient, et libèrent des anticorps. Ils disparaissent ensuite mais laissent derrière des lymphocites à mémoire.
A la naissance, système immunitaire pas encore à maturité. Certains parents estiment superflu de vacciner leurs enfants car ils ont eux-mêmes de bonnes défenses immunitaires. Mais c'est oublier que les microbes qui nous entourent ont évolué avec nous, parfois sur plusieurs millions d'années. Ils ont élaboré des ruses pour contourner le système immunitaire quand il n'est pas assez armé ; les globules blancs ne seront peut-être pas assez rapides ou assez malins si on ne les a pas préparés grâce à l'immunisation.
Un vaccin envoie un "imposteur" (version affaiblie ou morte du virus) que l'organisme identifie. Les cellules immunitaires mettent moins de temps à combattre le virus, mais l'essentiel est que les lymphocites à mémoire ont été créés.
22 : Quand les taux de vaccination baissent, la société dans son ensemble est plus vulnérable. (couverture vaccinale de 95% nécessaire pour prévenir la rougeole)
Il suffit que ce taux baisse et arrive par exemple à 89% comme en France pour que les retombées soient spectaculaires.
2007 : 40 cas de rougeole.
2008 : épidémie de rougeole en Bourgogne (veue d'Autriche), qui a contaminé les années suivantes d'autres régions, contaminant la plupart du temps des non vaccinés.
2011 : 15000 cas, 6 décès.
Heidi Larson : la rougeole est le meilleur exemple contemporain de ce que peut entraîner une couverture immunologique insuffisante.
2012 : épidémie arrive en Ukraine, plus de 10000 cas recensés au 1er semestre. Or, accueil d'1 millions de supporters de foot... Les malades sont contagieux avant même l'apparition des symptômes. Couverture vaccinale en Ukraine : 40% (pénurie de vaccins + méfiance).
24:30 : les histoires et rumeurs sur Internet.
Brian Zikmund : ce qui nous touche le plus sont les histoires dont les victimes sont des enfants.
Exemple du jeune Luke Philbin, nombreuses convulsions depuis une vaccination à 6 mois.
Pr Ingrid Scheffer, pédiatre et neurologue ; étudie ce type de convulsions post-vaccinales
Cas de Luke pris au départ pour une encéphalopathie post-vaccinale. En fait, il s'agit d'une forme rare d'épilepsie, le syndrome de Dravet. La maladie vient d'une mutation génétique ; le vaccin est parfois le déclencheur, mais le manque de sommeil, le stress, la fièvre... peuvent aussi jouer ce rôle. Les parents ont décidé d'arrêter les vaccins, mais savent également qu'une maladie peut aussi déclencher une crise grave ; ils comptent sur une couverture vaccinale suffisante pour protéger leur enfant.
32 : le vaccin contre la polio.
Exposition dans la rue d'un poumon d'acier, avec Paul Offit.
Arrivée triomphale du vaccin contre la polio aux Etats-Unis.
Cependant, deux semaines plus tard, rappel en catastrophe : l'un des fabricants, Cutter Laboratories, a fait une erreur de production. Le vaccin injecté à 120000 enfants contenait un poliovirus vivant ; bilan : 200 paralysés à vie, une dizaine de décès. De nouvelles procédures de contrôle ont été instaurées suite à cela.
[Paul Offit a lui-même écrit là-dessus dans "The Cutter incident"]
Les campagnes de vaccination ont ensuite repris, avec succès cette fois.
34:20 : arrivée du vaccin oral dans les années 60, plus facile à distribuer et moins cher, mais aussi plus risqué (mutation dangereuse chez 1 patient sur 2,4 million). Dans les années 90, les seuls cas de polio aux USA avaient été causés par le vaccin oral.
David Salamone a contracté la polio à cause du vaccin oral, ce qui a atrophié les muscles de sa jambe droite.
Ses parents, en colère après avoir appris que le vaccin injectable était plus sûr, ont milité pendant 10 ans pour faire remplacer le vaccin oral par l'injectable ; cela a été fait en 1999.
La famille reste pour la vaccination, d'autant qu'elle se souvient des milliers de victimes de la poliomyélite.
Offit : la vaccination, comme tout acte médical, présente des risques. Le rapport bénéfices / risques reste cependant en sa faveur.
38:30 : Certaines inquiétudes sont justifiées, mais d'autres rumeurs ont des conséquences plus négatives.
Au Bhoutan, le vaccin a failli ne pas être autorisé.
Pr en immunologie Ian Frazer, qui a participé à l'élaboration du vaccin anti-HPV :
Le vaccin permet d'éviter 70% des cancers du col de l'utérus.
Deux semaines avant sa mise en circulation, 4 jeunes filles sont décédées 6 mois après leur vaccination en Inde, ce qui a entraîné de nombreuses protestations. Cependant, les causes des décès seraient 2 intoxications, 1 noyade, et 1 fièvre d'origine inconnue. L'Inde a annulé son programme de vaccination en 2010 ; cependant, Frazer avance que le vaccin pourrait empêcher 70000 morts / an en Inde.
42 : Heidi Larson insiste sur le fait qu'il faut prendre ces peurs en compte, et réduire au maximum l'incertitude.
Affaire Wakefield (lien ROR / autisme)
> Peter Fisher : "c'est n'importe quoi"
Baisse du taux de vaccination au Royaume-Uni > ré-apparition d'épidémies de rougeole
> Bertie Squire : On ne communique pas suffisamment sur le fait que le vaccin a été mis au point pour protéger les quelques enfants qui risquent la mort ou des séquelles, pas une petite éruption cutanée une maladie bénigne, comme le pensent beaucoup de gens.
Ingrid Scheffer : études de jumeaux et familles > l'autisme est encore plus conditionné par la génétique que l'épilepsie.
44 : Au Bhoutan on a fini par décider de continuer la vaccination anti-HPV, pour lutter contre la maladie.
45 : une famille américaine, qui a perdu sa fille Abigale en 2001 d'une infection à pneumocoques.
[reconstitution très dramatisée]
Son frère a été également infecté et a dû passer 2 jours en soins intensifs.
Les enfants avaient reçu les vaccins obligatoires, mais le vaccin contre la varicelle et le pneumocoque ne l'étaient pas dans leur Etat. La mère avait interrogé le pédiatre, qui avait estimé que c'était inutile car les enfants étaient en bonne santé.
49:40 : Brian Zikmund : Nous ne pouvons pas savoir quand nous allons être exposés à une maladie.
Risque jugé selon deux facteurs :
1) si je croise une personne atteinte de cette maladie, est-ce que je suis protégé ? (intérêt des vaccins)
2) est-ce que j'ai un réel risque de croiser un jour quelqu'un atteint de cette maladie ?
[Retour sur les supporters de foot en Ukraine] Une maladie qui circule ne se repère pas tout de suite. Elle peut se diffuser discrètement, propagée par des sujets qui ignorent qu'ils sont contagieux. Lorsque les taux de vaccination sont bas, la question n'est pas de savoir si une maladie va se répandre, mais dans quelles proportions et avec quelle gravité.
[scènes de la vie quotidienne sur la propagation d'un virus : comment un touriste infecté laisse du virus sur les touches d'un distributeur de banque et entre en contact avec de nombreuses personnes dans une foule]
Zikmund : Plus il y a de gens protégés autour de moi, moins j'ai de chances de croiser quelqu'un qui est effectivement malade. Moins une maladie est présente dans mon entourage direct et indirect, plus je suis en sécurité. Evidemment je n'ai pas le contrôle de ce que font les autres, et les choix que je fais pour moi ont une incidence sur eux. Personne n'est isolé. La seule solution est de faire en sorte que tout le monde soit immunisé dans ma famille, dans mon entourage, dans mon pays et dans le monde pour que la maladie n'ait aucune prise sur nous. On y est arrivé une seule fois dans l'Histoire : avec la variole.
52 : Zikmund : les risques font partie de notre quotidien : quand je traverse la rue, je peux trébucher ou me faire renverser par une voiture. Ma fille de 13 ans est passionnée par les claquettes ; en tant que parent je dois me demander si elle est assez grande pour prendre le risque de prendre le bus toute seule, traverser la ville, et faire peut-être de mauvaises rencontres. Est-ce que c'est absolument sûr ? Est-ce que je peux être certain qu'il ne va rien lui arriver en chemin ? Bien sûr que non. Mais nous avons choisi d'accepter cette incertitude au nom des bénéfices qui sont évidents : elle grandit, elle s'épanouit, elle danse et elle fait ses propres expériences.
53:30 : L'histoire de la vaccination est celle d'une science qui arrive à peine à l'âge adulte. Après l'époque des techniques anciennes et des connaissances limitées, nous voilà prêts à explorer une nouvelle génération de vaccins contre les maladies graves d'aujourd'hui : cancer, diabète, ou maladie d'Alzheimer. Mais tout en continuant les recherches, il peut être bon de nous souvenir d'où nous venons.
Zikmund : En 1955, c'est ici que le Dr Thomas Francis a dévoilé au monde entier le résultat de ses essais sur le vaccin contre la polio, et qu'il a annoncé que ce vaccin était sûr et efficace. Je suis ravi que notre entretien ait lieu dans cette salle, il faut vraiment essayer d'imaginer dans quel état d'esprit se trouvaient les gens présents ici en 1955. Ils ont examiné ses essais et ont décidé que ce vaccin était non pas parfait, mais préférable à l'absence de vaccin.
54 : [Retour sur le bébé du début] Voilà près de trois semaines que ce petit est à l'hôpital avec la coqueluche. [le bébé peut rentrer chez lui] Il a de la chance même si il faudra attendre plusieurs mois pour savoir si il présentera des complications au niveau pulmonaire ou cérébral.
En Ukraine, une fois les championnats d'Europe de football terminés, des milliers de supporters sont repartis vers leur pays d'origine. Peu d'entre eux savaient qu'ils avaient cotoyé une épidémie de rougeole, et peut-être ramené le virus dans leurs bagages.
Brian Zikmund : tant qu'une maladie est présente quelque part dans notre société, nous sommes exposés. Même ceux d'entre nous qui sont vaccinés, car les vaccins ne sont pas parfaits, ils ne peuvent pas protéger tout le monde. Aussi longtemps qu'une maladie existe, cela vaut donc la peine de se faire immuniser.
Paul Offit : Nous sommes tous dans le même bateau. Nous partageons la même planète, et les décisions que nous prenons engagent tout le monde. J'aimerais croire que tout le monde partage ce raisonnement.
Peter Fisher : on le sait, beaucoup d'enfants sont morts, même dans les pays développés, des enfants bien nourris et bien suivis. Il faut se souvenir de notre passé, c'est un message essentiel à diffuser.
Les vaccins ont amélioré notre existence, sans que nous en ayons toujours conscience. Ces millions d'individus vivants et en bonne santé, qui ont évité les maladies grâce à une vaccination sans complications, font rarement la Une des journaux.
Brian Zikmund : j'aimerais entendre parler de cet enfant vacciné pour qui tout s'est bien passé, et qui n'est jamais tombé malade. Mais personne ne le raconte jamais.