Voilà encore un sujet qui m'intéresse et dont j'ai raté le début (ça va vite !). J'ai noté des phrases par ci par là pour les commenter…
Trouvez-vous que c'est nous respecter que de nous imposer de "paraître" NT pour nous accepter, en faire une condition pour nous intégrer dans "cette" société ?
Surtout pour ceux qui n'y arrivent pas ? Qui ont essayé toute leur vie mais qui ont essuyé échec sur échec ?
Je ne sais pas si on y arrive un jour complètement. Ce serait se renier dans ce qu'on est. Je n'en n'ai pas envie. A partir du moment où j'ai réussi à gagner de quoi vivre en restant dans une situation assez confortable pour moi, je n'ai pas cherché plus à m'intégrer.
Se faire accepter ? Par qui ? Pourquoi ? La question n'avait plus trop de sens. Pour moi ce n'étaient pas échecs sur échecs mais des moments de "frottement" nécessaires par la vie.
Pensez-vous que cette compétence (ou ce réseau de compétences) est (au bout d'un moment) acquise, ou que ça nécessite un exercice permanent toute notre vie ?
Je ne pense pas avoir acquis vraiment de compétences. Discuter de banalités ou me rendre dans un lieu où des gens tentent d'entrer en communication avec moi, me gêne toujours autant. Je préfère une gare où chacun vaque à ses occupations, que d'aller à une fête dans mon quartier où simplement dans un bar avec un voisin (d'ailleurs ça ne m'est jamais arrivé !).
Je n'ai pas d'hyper sensibilité au bruit ou à la lumière, c'est pour cela. D'ailleurs je ne sais pas si j'ai des troubles que l'on peut rapprocher du Sa ou si c'est plus de l'ordre de la phobie sociale.
Une fois adulte, y a-t-il des structures qui nous permettent de l'acquérir ? (ou de la ré-acquérir ?) Comme les groupes d'habiletés sociales pour les enfants, adolescents, mais pour adultes ?
Est-il nécessaire d'avoir ces habiletés sociales pour un adulte, si l'on est bien tel que l'on est ? Apprendre à parler de banalités, même si c'est le seul moyen d'aller plus loin, je n'en n'ai pas envie. Apprendre à répondre "ça va", même si cela ne va pas, je refuse, j'estime que c'est aux gens d'apprendre à comprendre le sens de ce qu'ils disent ou d'accepter la réalité des réponses.
Et puis ça change quoi d'avoir des habiletés sociales ? Si l'on n'a pas envie d'avoir d'amis… (Là, c'est discutable encore, j'ai sans doute envie, mais des amis comme il me faudrait, ça ne doit pas exister, alors je suis bien tout seul !)
Difficile de distinguer le simple savoir vivre et la politesse élémentaire et essentielle, de l'obligation de porter un masque.
Je ne vois pas l'adaptation comme le fait de "porter un masque". Pour moi, c'est plutôt adapter l'environnement que l'on se fait autour de soi. En fait c'est plutôt ma vie que j'ai adapté pour pouvoir fonctionner en ayant l'air normal (par ex. travailler à domicile, être occupé 24h/24 tous les jours de l'année, en tous cas quand ça m'arrangeait, faire des activités extérieures pour le plaisir des activités et non des rencontres, et acquérir un tel niveau que l'on suscite le respect, même si on ne reconnaît pas les autres participants et que l'on communique à minima –je suis même devenu animateur dans une activité sportive !).
Avez-vous vécu des expériences traumatisantes qui vous ont fait perdre instantanément cette faculté de compenser ? Via perte totale de confiance en soi , ou ... ?
Je me rends compte que je n'aime pas trop "adaptation" ou "porter un masque", mais qu'effectivement, "compensation" est très juste. On compense, ou en tous cas j'ai compensé en faisant une adaptation entre moi et mon entourage.
Cette question est intéressante car c'est exactement ce que m'a fait vivre mon arrivée à la retraite. Et j'en ai été le premier surpris, je n'avais pas réalisé à quel point j'avais adapté, compensé. Ce fut une "chute dans le vide" : plus d'occupation/paravent à 100% de mon temps, mais le vide. Une grande joie de pouvoir reprendre des tas de choses laissées dans mes années plus jeunes, sauf que le décalage est devenu trop important, que je ne suis plus seul, que je suis "gentil" et ne voudrait pas détruire mon couple (ma femme en tous cas car elle n'y est pour rien).
Le résumé de tout ce que j'essaie d'expliquer à été très bien fait par Tugdual :
Je pense qu'on peut voir cette compensation en terme de balance "bénéfices sociaux" / "coûts personnels".
À certaines périodes de la vie, on peut avoir suffisamment envie (couple) ou besoin (boulot) des autres pour supporter les coûts personnels (énergie, fatigue) de la compensation, et si c'est tenable (durée) la considérer comme une adaptation ...
À d'autres périodes (peut-être particulièrement en prenant de l'âge ?), on peut ne plus avoir autant envie ni besoin des autres : les coûts personnels de la compensation deviennent alors exorbitants, et si on s'obstine elle devient une aliénation ..
Merci Tugdual, tu m'as aidé à synthétiser tout ce que j'ai à dire…
Couple et boulot m'ont permis de compenser, d'adapter.
Retraite est devenu un besoin de "poser mes valises" : plus avoir envie ni besoin des autres.
Le problème qui reste est qu'on n'est parfois plus seul et que c'est difficile pour un conjoint "normal" qu'on n'a pas envie de rendre trop malheureux. Une analyse/diagnostic pourra peut-être aider...