Traductions à faire

Toutes discussions concernant l'autisme et le syndrome d'Asperger, leurs définitions, les méthodes de diagnostic, l'état de la recherche, les nouveautés, etc.
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JustinBridoux
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Re: Traductions à faire

#16 Message par JustinBridoux » mardi 26 avril 2016 à 9:25

https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Hormono ... exualisme)

Pourquoi on vante les mérites du changement de sexe avec les traitements au hormones ?

C'est rempli d'effet secondaire, souvent ignoré, pourtant souvent prouvé.
Diagnostique (04/2015):
-asperger
-Deficit de l'attention, et anxiété social.

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#17 Message par Jean » mardi 26 avril 2016 à 14:06

Le sujet est consacré aux traductions à faire.

Les discussions sur le fond sont à faire ailleurs. 8)
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Re: Traductions à faire

#18 Message par Benoit » mardi 26 avril 2016 à 14:16

Castiel a écrit :Je n'avais pas vu que tu l'avais proposé.

6e article : Les statistiques américaines montrent que le taux d’autisme a possiblement atteint un niveau plateau.
D'abord merci pour la traduction.

Si tu permets, quelques commentaires de relecteur:
- eviter les tournures comme "atteint d'autisme" en Francais, surtout quand l'expression est differente en V.O. (ca ne m'etonnerait pas que le site en question fasse tres attention a sa facon de parler de l'autisme vu son audience).
- plutot que "sensibilisation accrue", "connaissance accrue" (on parle de diags pros).
- "cette fréquence pouvait quadrupler par rapport" => la prevalence observee varie dans un rapport 1 a 4 entre les deux Etats.

Clairement, le chiffre reel aux US est surement plus proche d'un pour cinquante la ou l'autisme est connu, et ou les gens n'ont pas d'autres soucis quotidiens qui les eloigne de se poser ce genre de question. (on a le meme probleme dans certains quartiers chez nous ou il est difficile d'apporter des diag autistiques).
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Re: Traductions à faire

#19 Message par Moonygirl » mardi 26 avril 2016 à 14:40

Benoit a écrit :- eviter les tournures comme "atteint d'autisme" en Francais, surtout quand l'expression est differente en V.O. (ca ne m'etonnerait pas que le site en question fasse tres attention a sa facon de parler de l'autisme vu son audience).
Bien d'accord ! C'est une traduction classique pour "person with autism", mais en français ça sonne encore pire, comme une maladie. (Paradoxalement d'ailleurs, vu ce que je disais par rapport à ma préférence d'handicapé sur personne handicapée :lol: )
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Re: Traductions à faire

#20 Message par Jean » mardi 26 avril 2016 à 14:59

Je traduis en général par "personne autiste", mais de temps en temps pour varier "personne avec autisme".

Pareil pour le SA.

En français, il faut varier les expressions - alors que c'est plus normal en anglais.
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Re: Traductions à faire

#21 Message par Benoit » mardi 26 avril 2016 à 15:00

Ici c'était

Code : Tout sélectionner

have the condition
, difficile à traduire dans le contexte puisque dépendant de la "condition" en question (clairement pour une maladie, "atteint" est correct).

Il me semble que "être concerné par l'autisme" se dit, même si c'est une périphrase qui tourne un peu autour du pot.
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#22 Message par Asriel » mardi 26 avril 2016 à 15:15

JustinBridoux : Je ne vante rien, je me contente de traduire.

Du reste, je vous remercie pour vos retours.
Je le prends en compte pour "person with autism". Je traduis souvent "Autistes", mais je fais très attention à varier les expressions (notamment les "[he/she] says", que j'essaie d'adapter en fonction ; "ajoute-t-il", etc.
Paradoxalement, j'ai refusé de traduire avec exactitude certaines expressions qualifiant l'autisme de maladie que j'ai tournée comme j'ai pu, le résultat me semble rester fidèle à l'idée.
J'admets que je n'avais pas vu la connotation du mot "atteint".
Benoit, tu as raison pour "with the condition", je ne savais pas trop comment faire, ainsi que pour tes autres corrections.

J'espère ne pas vous avoir heurté ?
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#23 Message par Benoit » mardi 26 avril 2016 à 15:31

En France, je pense qu'autiste convient très bien, on n'a pas vraiment de personnes SA qui réclament une différenciation. (Au contraire on aurait plutôt des personnes qui réclameraient qu'on nous vire de l'autime, mais pas sur le forum).

J'ai remarqué aussi que tu évitais de retranscrire le conditionnel par moment, mais là c'est tellement rapide d'écrire may/might en anglais et tellement rare d'avoir un conditionnel en Français...

Merci encore pour la trad. :bravo:
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Re: Traductions à faire

#24 Message par Asriel » mardi 26 avril 2016 à 15:42

Disons qu'en français, je trouve que le "peut" a une valeur conditionnelle au présent selon la formulation. C'est une maladresse de faire cela, tu penses ?
Merci encore pour la trad. :bravo:
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Re: Traductions à faire

#25 Message par Benoit » mardi 26 avril 2016 à 15:50

Pour continuer à couper les cheveux en quatre, la nuance des deux premiers "may" n'apparaissent plus vraiment dans la traduction (ou plus beaucoup ça dépend).
Spoiler :  : 
Je n'ai pas pu résister à faire ce jeu de mot, vu le calendrier ...
Quand on voit que l'ordre dans lequel les sondeurs posent deux questions impacte plus que sensiblement le résultat, s'attacher à ce genre de nuances est superfétatoire.
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Re: Traductions à faire

#26 Message par alexis » mercredi 27 avril 2016 à 17:52

J'ai commencé la traduction de celui sur l'alimentation :
https://spectrumnews.org/features/deep- ... -anorexia/

j'ai gardé le titre de la publication originale
http://www.theatlantic.com/health/archi ... sm/463233/

Y-A-T-IL UN LIEN ENTRE AUTISME ET ANOREXIE ? (Carrie Arnold, Fév2016)

Louise Harrington commençait à se demander si elle était réellement anorexique. Elle avait conscience d'être trop maigre, et qu'il lui manquait probablement une bonne dizaine de kilos. Elle ne cherche pas à avoir un corps de rêve. Elle n'a pas l'impression d'être trop grosse. Elle n'a pas peur de prendre du poids. Elle n'avait aucune des préoccupations courantes concernant l'image corporelle qui accablent de nombreuses personnes souffrant d'anorexie.

A la place, ce qui piégeait Louise dans l'engrenage des comportements de malnutrition compulsive depuis plus de 30 ans, c'était que la sous-alimentation et le sport intensif atténuaient les sentiments d'anxiété écrasante qui la submergeaient. (Louise a demandé de ne pas utiliser son vrai nom.)

Les psychologues et psychiatres qu'elle a consulté ne parvenaient pas à comprendre ce qui motivait son comportement. Quand elle était dans sa 20e année, un médecin lui a dit qu'elle ne pouvait pas avoir de trouble alimentaire, car elle n'avait pas peur de grossir. D'autres thérapeutes disaient qu'elle mentait, ou alors qu'elle était dans le déni. Le préjugé selon lequel l'anorexie était nécessairement motivée par le désir d'être mince la menait dans une impasse, ce qui la rendait encore plus malade, c'est pourquoi elle a cessé d'essayer d'obtenir de l'aide.

Ce n'est qu'à 40 ans, alors qu'elle faisait régulièrement des malaises au travail et était menacée d'hospitalisation pour malnutrition, que Louise a réessayé d'obtenir une aide psychologique. Pour la première fois, un psychiatre faisait un lien entre les difficultés sociales de longue date de Louise et ses rituels alimentaires, et a envisagé une hypothèse que personne n'avait encore fait : l'autisme. Elle a été diagnostiqué autiste peu de temps après.

"Le diagnostic m'a aidé à comprendre pourquoi j'ai tant de difficultés dans la vie», a déclaré Louise dans une interview par email, sa forme préférée de communication. Il l'a également aidée à comprendre son trouble alimentaire, qui a fonctionné non pas comme un moyen de perdre du poids, mais plutôt de contrôler son anxiété et le monde en général. En fait, s'il était possible de se sous-alimenter et de faire davantage de sport sans perdre du poids, dit-elle, elle continuerait. La seule chose que Louise semblait avoir en commun avec les anorexiques était d'avoir un niveau d'anxiété proche de la stratosphère.

En apparence, l'autisme et l'anorexie ne pourraient pas ne pas avoir l'air plus différent. Les personnes atteintes d'autisme sont supposées être indifférentes au regard des autres, alors que les personnes souffrant d'anorexie sont généralement considérées comme des jeunes filles hypersensibles ayant lié un pacte avec le diable de la conformité sociale (via le modèle de la minceur). Mais, une fois sorti des préjugés, ces deux conditions sont bien plus semblables qu'il n'y paraît, dit Janet Treasure un psychiatre au King’s College London et directeur du programme des troubles de l'alimentation à l'Hôpital Maudsley à Londres.

«Je dois admettre que j'étais sceptique au début quand j'ai lu sur des possibles liens," dit Treasure, "mais quand nous avons comparé les divers facteurs de prédisposition à ceux de l'anorexie, tels que les schémas de pensée et les profils émotionnels, ils étaient en fait très similaires."

De nouvelles recherches montrent que des personnes avec une condition similaire ont des difficultés à comprendre et interpréter les signaux sociaux, et ont tendance à se focaliser sur les petits détails qui font qu'il est difficile de voir la grande image. De plus, les deux groupes de gens recherchent souvent des règles, des routines et des rituels. Les études génétiques suggèrent également des chevauchements entre l'autisme et l'anorexie.

L'anorexie n'est pas le seul trouble alimentaire relié à l'autisme. Bien que la majorité de la recherche sur les troubles de l'alimentation dans l'autisme a été axé sur les personnes qui mangent de manière rituelle et peu varié, certaines femmes atteintes d'autisme peuvent aussi exploiter la nourriture pour se rassurer.

Selon certaines estimations, jusqu'à 20% des personnes atteintes de troubles alimentaires persistants seraient autistes. Etant donné que les filles autistes sont sous-diagnostiquées, c'est le plus souvent un trouble alimentaire qui les amène à consulter en premier - et bien que les hommes et les garçons atteints d'autisme peuvent et développent des troubles alimentaires, la plupart des recherches et des protocoles cliniques ont mis l'accent sur les filles et les femmes. Ce biais de genre a conduit certains à se référer à l'anorexie comme «la femelle Asperger.

Reconnaître que quelqu'un puisse en même temps être autiste et avoir un trouble alimentaire n'est que la première étape. Peu de psychologues ont une expertise pour aider les gens qui cumulent les deux conditions. Historiquement, le traitement pour les troubles alimentaires inclue la participation à un groupe de thérapie, or les personnes autistes ont généralement des difficultés avec les interactions sociales. Ce traitement exige également que les patients bouleversent leurs habitudes de manière radicale du jour au lendemain. Mais certaines personnes autistes trouvent qu'il est difficile de répondre à cette demande en raison de leur besoin de routine (résistance au changement). En conséquence, beaucoup de gens qui ont à la fois l'autisme et l'anorexie éprouvent des difficultés à se remettre de leurs problèmes alimentaires, et sont moins susceptibles de récupérer que ceux qui ont l'anorexie seule. Louise et d'autres comme elle démontrent que, bien que le chevauchement entre l'autisme et l'anorexie est plus fréquent qu'on ne le pensait, il y a toujours pas ou peu de solutions proposées contre ce double défi.

Un schéma familier :
à suivre
je continuerai + tard, ou celui- qui veut peut poursuivre
entrepreneur, surdoué, hyper-sélectivité alimentaire sévère depuis bb, Mottron friendly :)
PS : Ne vous embêtez pas à répondre à mes propos, je n'y répondrai pas. Je ne revendique rien, juste je me renseigne sur un symptôme en commun.

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#27 Message par Benoit » mercredi 27 avril 2016 à 18:40

Toujours à suivre...
Pour expliquer l'anorexie, les psychologues pointent du doigt la culture occidentale et l'accent qui y est mis sur un corps féminin excessivement fin. Mais des sceptiques indiquent qu'avec une telle cause, la prévalence de l'anorexie devrait largement dépasser une personne sur 100, le chiffre actuel aux USA et d'autres pays occidentaux. De premières études génétiques réalisées dans les années 90 ont montré que l'anorexie est fortement héréditaire et à tendance à se retrouver au sein d'une même famille. D'autres ont établi des premiers liens entre l'anorexie et certains traits de personnalité comme l'anxiété (la phobie), le perfectionnisme et la tendance à rester bloqué sur certaines idées ou pensées.

Au début des années 2000, la psychologue Nancy Zucker, qui est en charge du programme des troubles de l'alimentation à l'Université Duke (Durham, Caroline du Nord), a cherché à mieux comprendre certaines des difficultés sociales et cognitives que nombre de ses patients présentaient, dans le but d'y apporter un meilleur traitement.

Alors qu'elle commençait à investiguer la littérature scientifique, elle est tombée sur certaines études sur l'autisme et a été frappé par les similitudes des profils cognitifs des deux conditions. En particulier, elle a noté que les personnes anorexiques éprouvent des difficultés à identifier l'impact de leur comportement sur autrui. "Elles peuvent faire preuve de beaucoup d'empathie et avoir un profond désir d'acceptation par les autres, mais elles semblent également assez insensibles à l'impact de leur jeûne sur les autres." Par cet aspect, les personnes anorexiques ressemblent beaucoup aux autistes, souligne t elle.

N. Zucker n'est pas la première scientifique à faire ce lien. La première étude des deux conditions était l'étude de cas en 1980 d'une jeune fille avec anorexie "atypique" et autisme. Trois ans plus tard, le psychologue Suédois Christopher Gillberg a publié dans le British Journal of Psychiatry un article faisant l'hypothèse d'un lien entre autisme et anorexie. Pendant les vingt années qui ont suivi, ce champ de recherche est resté inexploité, mais au milieu des années 2000, Treasure, Zucker et d'autres ont relevé cette piste.

En 2007, Zucker et ses collègues ont souligné les liens possibles entre autisme et anorexie dans un article de 31 pages qui revele a quel point les deux conditions peuvent être similaires. Les anorexiques rencontrent souvent des difficultés à se faire des amis et à maintenir des relations sociales, même avant que leur anorexie ne se déclenche. Comme ces hauts niveaux d'incomfort et de retrait social persistent meme une fois qu'elles commencent à manger de façon régulière et reprennent un poids normal, il est improbable que l'anorexie ou la malnutrition en soit l'origine. L'article a fait état de nombreuses études de personnes anorexiques qui présentaient des schémas de pensée et de comportement rigides, une forte résistance au changement et un attrait pour la routine - tous frequemment rencontrés chez les autistes. Pour finir, des études neurocognitives ont prouvé que les anorexiques ont des difficultés à faire ce que Treasure appelle "voir la forêt à travers les arbres", et également à basculer mentalement entre différentes tâches. Les chercheurs ont soulignés que tous ces traits sont également autistiques.

Un an plus tard, le groupe de Treasure à Londres a démontré que les femmes anorexiques présentaient un score plus élevé au Quotien Spectre Autistique, un questionnaire d'auto-évaluation de l'autisme, comparées à des sujets témoins. Une étude de 2014 dans Molecular Autism a découvert que même si seulement 4 des 150 filles actuellement traitées pour anorexie dans une clinique de Londres avaient un TSA possible ou probable, une sur quatre avait un résultat au dessus de la limite à un questionnaire d'évaluation. Cette découverte suggere que ces filles présentaient de forts traits autistiques, même en l'absence d'un diagnostic clinique. Une autre étude de 2012, également dans le groupe de Treasure, a démontré que la famine occasionnée par l'anorexie exacerbait les traits autistiques tels qu'évalués par les médecins et les chercheurs. Même après guérison, les femmes anorexiques continuent de lutter avec les situations sociales et à avoir des difficultés cognitives, bien qu'à un niveau inférieur que pendant leur phase maladive.

"Elles étaient également incroyablement rigides et inflexibles, ce qui nous a donné l'idée que peut être une partie du syndrome autistiques constituerait un facteur de risque important pour developper des troubles de l'alimentation selective.", explique William Mandy, psychologue à l'UC London impliqué dans certains de ces travaux.

Mr Mandy a une formation dans l'autisme, et non les troubles de l'alimentation, et a cherché à étudier ces liens plus avant. En 2015 il a réalisé de longs entretiens avec 10 femmes présentant des troubles alimentaires et signalées pour difficultés sociales ou autisme possible. Il a decouvert qu'elles avaient toutes des difficultés avec les interactions sociales et la nourriture, bien antérieurement à leur phase de troubles alimentaires.

Egalement en 2015, une grande étude danoise a démontré une prévalence significativement accrue de l'autisme et des diagnostics apparentés chez les parents proches des anorexiques, suggérant que ces deux conditions partagent des liens génétiques et neurobiologiques.
ETA: le sujet ne me parle pas du tout, mais c'est intéressant d'avoir un article qui illustre en quoi la routine peut être détrimentale aux autistes.
A faire lire à tous les gens qui ne parlent que de faire des listes, etc;..

ETATATA: Ah tiens un anglicisme, tant pis je le laisse.
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Re: Traductions à faire

#28 Message par alexis » mercredi 27 avril 2016 à 20:35

Food for thought (expression intraduisible)

Les régimes très restrictifs sont fréquents chez les personnes atteintes d'autisme. Louise dit que petite, elle ne voulait pas manger quoi que ce soit d'autre hormis des œufs durs et du pain avec du lait chaud. À la maison, cela n'a pas été un problème, mais quand elle est entrée à l'école à 4 ans et qu'elle devait manger à l'école le midi, elle a refusé. "Ces aliments étaient si repoussant pour moi que je développé une phobie de les manger», dit Louise. Elle a également jugé stressant de manger en face de ses camarades de classe. «J'aurai préféré rester toute la journée scolaire manger."

Zoe, une patiente de 22 ans, traitée pour autisme et anorexie en hôpital de jour à Londres, avait une liste limitée d'aliments équivalente. «Quand ma mère préparait des spaghettis bolognaises, je l'obligeais à séparer les pâtes dans un plat et la sauce dans un autre," dit-elle. Elle ne peut toujours pas se résoudre à manger quoi que ce soit avec une sauce. (Plusieurs femmes dans cette histoire ne sont identifiés que par leur prénom afin de protéger leur vie privée.)
A la cantine de l'école primaire, je passai une 1/2 heure à ouvrir tous les raviolis pour enlever la viande, ou à tenter de séparer le gruyère fondu des nouilles, pour finalement n'en manger que quelques unes d'épuisement. En revanche le regard des camarades ne me préoccupait pas vraiment (c'est apparu bien plus tard, ado).
Une amie obligeait sa mère à éponger les frites avec du sopalin pour enlever l'huile. :mrgreen:

Comme beaucoup de filles sur le spectre, Zoe et Louise ont toutes deux franchi sans encombre l'école primaire, où les amitiés et les jeux étaient plus structurées et les relations sociales relativement simples. Pour camoufler leur différence elle se sont habitués à copier les comportements et la gestuelle des autres filles pour lors des situations compliqués. Mais en grandissant, les sollicitations sociales ont augmenté, les rendant stressées et anxieuses.

"Les autres filles semblaient savoir comment parler aux gens. Et moi pas. Mais j'ai eu l'idée que si j'arrêter de manger ou me faisait vomir, je pouvais au moins être mince comme elles », dit Zoé.

Mandy dit que pour des filles comme Zoe le fait de le contrôler l'alimentation et le poids peuvent être autant un moyen de s'identifier à leurs pairs qu'un moyen d'atténuer leur angoisses. Lorsque Zoé a commencé à s'affamer, cela lui a semblé diminuer l'anxiété, ce qui lui l'a encouragé à poursuivre, deux maillons de ce que les psychologues appellent l'autorégulation émotionnelle.

"Il y a un effet de réaction en chaîne», dit Mandy. "Vous avez des traits autistiques non identifiés et non pris en charge qui, à l'adolescence, commencent à avoir un impact sur le bien-être d'une jeune fille. Une réponse possible à cela, particulièrement à l'adolescence, est de commencer à contrôler la prise de nourriture et de poids
avis très personnel sans aucune justification scientifique : le lien entre anorexie et autisme est quand même de l'ordre du fantasme, l'argumentaire est très léger. Le même texte/argumentaire doit exister en remplaçant autisme par hpi, borderline, introversion, etc...
Un stéréotype/préjugé sur l'anorexie est que ça concerneraient d'abord des filles intelligentes, des premières de la classes sans problème antérieur. Le lien avec hpi est plus crédible. Notamment vis à vis de l'argument sur le fait de chercher à s'intégrer dans un groupe en imitant la mode de la minceur. Les autistes ne sont pas réputés pour être motivé par le fait de s'intégrer dans les groupes. En revanche une des caractéristiques majeures des hpi, est l'extrême lucidité. C'est des gens qui comprennent très tôt qu'ils ne sont pas comme tous le monde à cause de cette lucidité, notamment sur les défauts et manquements. Leur empathie et besoin de contact avec les autres n'est pas satisfaite, ce qui provoque une détresse et une recherche de solution. Mais les hpi sont aussi des gens particulièrement (et bizarrement) créatifs, et quand ils ne trouvent pas d'interlocuteur adéquate et donc de réponse, là leur réflexe créatif entre en jeu et les amène à inventer des explications, qui sont malheureusement fréquemment farfelues et inadaptées


info édit : j'édite plein de fois parce que ça me plait d'éditer
Modifié en dernier par alexis le jeudi 28 avril 2016 à 18:57, modifié 5 fois.
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Re: Traductions à faire

#29 Message par Benoit » mercredi 27 avril 2016 à 20:57

J'ai jamais compris pourquoi on ne separe jamais les pates et la sauce en France, alors que ca se fait dans les cantines italiennes. (du moins a Rome)

Bon les raviolis sans viandes c'est autre chose.

Sinon il y a "grain a moudre" pour traduire food for thought en restant dans le registre des trucs vaguement comestibles. ( meme si ici c'est pas une bonne idee)
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Re: Traductions à faire

#30 Message par Benoit » vendredi 29 mars 2019 à 15:26

Traduction avec : DeepL & Linguee.

Non complice : Réexamen de la carrière de Hans Asperger dans le Vienne à l'époque nazie
Dean Falk 1,2

1. Département d'Anthropologie, Florida State University, Tallahassee, FL.
2. Ecole de Recherche Avancée, Santa Fé, Nouveau Mexique.


Abstract
Des allégations récentes selon lesquelles le pédiatre Hans Asperger aurait légitimé les politiques nazies, y compris la stérilisation forcée et l'euthanasie infantile, sont réfutées par des informations nouvellement traduites et ordonnées chronologiquement qui tiennent compte du faux '"arrêt" du programme d'euthanasie T4 par Hitler, en 1941. Il est fortement improbable qu'Asperger était au courant du programme T4 lorsqu'il a dirigé Herta Schreiber vers Am Spiegelgrund ou lorsqu'il a mentionné cet établissement quatre mois plus tard dans le dossier médical d'Elisabeth Schreiber, une autre fille (non apparentée). Asperger fit campagne vigoureusement de 1938 à 1943 pour que sa spécialisation, l'éducation curative, ait la priorité dans le diagnostic et le traitement des enfants handicapés par rapport à d'autres domaines qui encourageaient les politiques nazies d'hygiène raciale. Il ne dénigrait pas ses patients et n'était pas sexiste. En 1938, il avait identifié les éléments essentiels du syndrome d'Asperger et décrit un garçon anonyme qu'il a plus tard profilé (Ernst K.) en 1944. Plutôt que de faire des recherches " minces ", Asperger a fait des découvertes qui étaient visionnaires, et certaines de ses activités étaient correspondent aux définitions de la " résistance individuelle ".

Keywords

Johann 'Hans' Friedrich Karl Asperger (1906-1980) était un pédiatre et un éducateur médical autrichien mieux connu en Amérique grâce à la traduction par Uta Frith en 1991 en anglais de sa thèse d'habilitation postdoctorale (Asperger 1944b) , publiée initialement en allemand (Asperger 1944a) . Asperger y fournit la première description complète d'une condition qu'il appelait " psychopathie autiste ", à laquelle il est fait référence ici avec le nom moderne qu'Asperger a finalement accepté, le syndrome d'Asperger (SA) (Asperger 1979). Après avoir obtenu son diplôme de médecine en 1931, Asperger est devenu étudiant postdoctoral et a finalement été nommé à la tête du département d'éducation curative1 - appelé la Heilpädagogische Station - de la clinique pour enfants de l'Université de Vienne (Felder 2008). Asperger était encore un postdoctorant lorsque l'Autriche a été annexée par l'Allemagne lors de l'Anschluss du 12 mars 1938, et il l'est resté jusqu'à ce que son habilitation soit approuvée en 1943. Après cela, il quitta Vienne pour servir dans l'armée, revenant en août 1945, après la fin de la Seconde Guerre mondiale.
1 L'éducation curative est également connue sous les noms d'éducation corrective ou éducation spéciale [spécialisée ?].
Jusqu'à récemment, Asperger était réputé avoir travaillé en coulisse pour protéger les enfants des politiques nazies de stérilisation et d'euthanasie qui ont fini par survenir en Autriche (Feinstein 2010 ; Silberman 2015). Cependant, deux publications en 2018 ont gravement terni la réputation d'Asperger (Czech 2018 ; Sheffer 2018). L'historien Herwig Czech affirme que Asperger " a légitimé publiquement les politiques d'hygiène raciale, y compris les stérilisations forcées et, à plusieurs reprises, a coopéré activement avec le programme d'euthanasie des enfants " (Czech 2018, p.1) ". Il affirme également que les descriptions d'Asperger de ses patients étaient indûment sévères, conteste un certain nombre de diagnostics d'Asperger, et suggère qu'Asperger a menti sur le fait d'avoir été menacé par la Gestapo après l'Anschluss. Czech conclut que " l'utilisation future de l'éponyme devrait refléter le contexte troublant de ses origines à Vienne à l'époque nazie " (Czech 2018, p.1).
L'historienne Edith Sheffer rejoint les critiques de Czech et va plus loin en décrivant Asperger comme un "pédopsychiatre nazi" (Sheffer 2018, p.67) avec de "solides références d'extrême droite" (Sheffer 2018, p.46). Elle affirme en outre que, " Bien qu'Asperger ait soutenu des enfants qu'il croyait accessibles, en défendant leurs handicaps, il était méprisant à l'égard de ceux qu'il croyait plus handicapés. Sous le Troisième Reich, les déclarations dépréciatives pourraient être une sentence de mort....certains des jugements d'Asperger étaient des condamnations à mort" (Sheffer 2018, p.13). Selon Sheffer, la majeure partie du document d'Asperger sur l'habilitation de 1944 était " dans son ton et ses détails....dénigrants des enfants autistes " (Sheffer 2018, pp.176-177), son " jugement général des enfants atteints de psychopathie autistique était méprisant " (Sheffer 2018, p.178) et il " a dédaigné...les autistes " (Sheffer 2018, p.215). Sheffer allègue également qu'Asperger " a joué un rôle dans le transfert de dizaines d'enfants vers la mort au Spiegelgrund " (Sheffer 2018, p.141) - bien que quatre pages plus tard (Sheffer 2018, p.145) elle limite cette accusation, déclarant que " Des enfants qu'Asperger avait recommandé pour le Spiegelgrund, les preuves disponibles suggèrent qu'au moins deux sont morts ". (Nous discutons de ces deux cas plus loin). En outre, Sheffer dépeint le traitement d'Asperger de filles comme sexiste (Sheffer 2018, pp.151-156) et, comme Czech, remet en question la véracité des affirmations d'Asperger selon lesquelles " il a risqué deux fois une arrestation par la Gestapo " (Sheffer 2018, p.230). Selon Sheffer, "Asperger a choisi son milieu et ses collègues". (Sheffer 2018, p.230)
Sheffer évalue également l'érudition d'Asperger. Elle décrit la recherche d'Asperger comme " mince " (Sheffer 2018, p.212) et affirme que " le diagnostic de psychopathie autistique d'Asperger a émergé des valeurs et des institutions du Troisième Reich " (Sheffer 2018, p.13). Son "idée de la psychopathie autiste était un diagnostic totalisant, mais totalement amorphe....[qui] est allée au cœur de ce que signifiait être humain dans le Troisième Reich" (Sheffer 2018, p.176). Sheffer affirme que la définition d'Asperger de la psychopathie autistique a changé avec le temps, et que " entre 1938 et 1944, son diagnostic de psychopathie autiste est devenu si aligné avec ses principaux associés en psychiatrie nazie qu'il semble être le résultat de circonstances immédiates plutôt que de l'évolution d'une recherche autonome et d'une pensée indépendante " (Sheffer 2018, p.221)
Cet article fournit des données chronologiques et historiques, dont beaucoup sont traduites de la littérature allemande, qui suggèrent fortement que Asperger ignorait que les deux enfants qu'il a mentionnés à Am Spiegelgrund (un directement) pourraient y être assassinées. De nouvelles informations sont également fournies qui réfutent les autres allégations sensationnelles exposées ci-dessus, y compris des affirmations inexactes au sujet de l'érudition d'Asperger.

Méthode
Des informations sur le milieu scientifique, médical, pédagogique et culturel qui caractérisait Vienne avant et sous l'ère nazie sont résumées à partir de la littérature allemande et anglaise afin de fournir des contextes culturel et temporel appropriés pour évaluer les archives et autres documents qui se rapportent à la carrière d'Asperger. Parmi les sujets abordés, mentionnons le passé religieux d'Asperger, ses opinions politiques, ses croyances concernant l'eugénisme, ses réactions aux lois nazies sur l'" hygiène raciale ", sa formation médicale, ses évaluations de ses patients, sa recherche sur l'autisme et la découverte et la signification du syndrome qui porte aujourd'hui son nom. De multiples moteurs de traduction (dont Google, Pons et Bing) ont été utilisés pour traduire (de l'allemand vers l'anglais) des sections pertinentes de nombreux documents et publications mentionnés par Czech (2018) et Sheffer (2018), ainsi que d'autres publications que ces auteurs n'ont pas mentionnées. Les données de la littérature allemande (Häupl 2006) sont discutées et compilées afin de faire la lumière sur les transferts d'enfants de la clinique pour enfants de l'Université de Vienne au Am Spiegelgrund, où ils ont été assassinés dans le cadre de l'immonde programme nazi d'euthanasie T4. Une traduction anglaise complète de l'article d'Asperger de 1938, "L'enfant mentalement anormal " (Asperger 1938) est fournie dans l'Appendice 1. L'annexe 2 fournit de nombreuses informations complémentaires sur les contextes culturels, la campagne soutenue d'Asperger en faveur des enfants handicapés et son attitude envers les patients.

Le T4 en Autriche et les filles Schreiber

Tableau 1 Quarante Quatre renvois d'enfants de la clinique universitaire pour enfants de Vienne au Am Spiegelgrund, où ils furent assassinés entre 1940 et 1945
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Les entrées sont classées en fonction des dates d'admission des victimes. Cinq renvois ont eu lieu avant la prétendue " cessation " par Hitler du T4 le 24 août 1941, dont l'un était encore en vie à ce moment-là. Le renvoi par Asperger de H. Schreiber, écrit le 27 juin 1941, est le seul qui a été identifié par le département d'éducation curative de la clinique. Références par : Asperger, directeur du département d'éducation curative ; Bablik, affiliation inconnue ; Kossler, professeur agrégé ; Franz Hamburger, chef de la clinique pour enfants ; Otto Pötzl, directeur du département de psychiatrie ; Elmar Türk, étudiant postdoctoral de Hamburger au département pédiatrie. D.R.K., Croix-Rouge allemande ; KÜST, point de ramassage des enfants à Vienne au 9, Lustkandlgasse ; Landrat Neunkirchen, administration du district de Neunkirchen. Données de Häupl (2006), sauf pour les dates d'admission de Zehetner, Strohhofer, Buchleitner et Kilga (WStLA 2002).


Le programme secret nazi pour tuer les personnes jugées indésirables a été approuvé par Hitler en 1939 et appelé T4, abréviation de "Tiergartenstrasse 4", l'adresse du centre d'euthanasie à Berlin qui administrait le programme (Thomas et al. 2006). En Autriche, le T4 a été mis en place pour les nourrissons et les enfants handicapés à l'institution de protection de la jeunesse Am Spiegelgrund de la ville de Vienne, qui a ouvert ses portes le 24 juillet 1940. Les victimes ont été assassinées au Centre de la petite enfance, souvent par la famine et l'injection de drogues mortelles, bien que leurs décès aient souvent été enregistrés comme étant dues à la pneumonie (Rigele 2006) (Tableau 1). Le premier enfant mourut à "Am Spiegelgrund" le 25 août 1940 et un total de 789 victimes y moururent entre cette date et le 3 juin 1945 (WStLA 2002). Au moment de la rédaction du présent rapport, les dossiers de 562 des 789 victimes ont été conservés (Czech 2018, p. 37, note 96).2 Les données concernant 547 de ces victimes, y compris le nom et l'institution de la personne qui a orienté l'enfant vers Am Spiegelgrund (si connu), ont été publiées en 2006 (Häupl 2006, pp.47-620). Sur les 547 victimes, 44 ont été envoyées directement à Am Spiegelgrund par le personnel de divers départements (services) de la Clinique pour enfants de l'Université de Vienne (Kinderklinik). L'une d'entre était Herta Schreiber, 3 ans, qui avait subi de graves lésions cérébrales, probablement dues à une encéphalite, et est la seul enfant connu à avoir été envoyé directement à Am Spiegelgrund par Asperger (Tableau 1).
"D'immenses efforts" ont été déployés pour garder le secret sur le programme T4 en Autriche et en Allemagne. Ses auteurs, "notamment les médecins"... ont aidé à camoufler l'affaire. Ils ont caché leurs actions aux personnes les plus susceptibles d'être dérangées et de protester contre les meurtres, y compris des parents, des membres de l'Église catholique et des populations étrangères " (Martin 2013, p.3). Néanmoins, le public a commencé à s'interroger sur ce qui se passait tandis que des rumeurs circulaient en Allemagne et en Autriche au sujet de morts suspectes. Les protestations se sont multipliées en juillet 1941 et ont culminé dans un sermon largement publié dénonçant l'euthanasie, prononcé par Mgr Clemens August von Galen en Allemagne le 3 août 1941 (Hepburn 2014). En réponse à l'indignation du public, Hitler arrêta ostensiblement le programme T4 le 24 août 1941. Cependant, " cette réponse officielle à la protestation était mensongère " (Martin 2013, p. 4) parce que " méconnu du plus grand nombre, le programme de meurtres d'enfants a été exempté du décret de suspension " (Martin 2013, p. 3). En d'autres termes, après avoir été rendu public, le T4 s'est poursuivi clandestinement et a étendu ses activités. Au "Am Spiegelgrund", 733 des 789 meurtres enregistrés (93 %) ont eu lieu après l'" arrêt " au T4 (tableau 1).
Bien que Czech observe que six enfants examinés par Asperger " sont morts dans l'établissement d'euthanasie " (Czech 2018, p.25), cinq des six y ont été envoyés par des personnes autres que Asperger, Herta Schreiber étant la seule exception (Tableau 1). De plus, il est important de noter que, conformément à la pratique médicale courante (Annexe 2), Asperger recommandait le placement en institution des enfants gravement handicapés depuis au moins 1936 (Asperger 1937). Czech fait référence à une inscription sur la carte médicale d'Elisabeth Schreiber (sans lien de parenté avec Herta, bien qu'ayant le même nom de famille) qui a été composée par Asperger et datée du 27 octobre 1941. Une partie de l'entrée est "Es ist daher daher begreiflich, dass die Mutter auf Unterbringung drängt. Am ehestend käme der "Spiegelgrund" in Frage" (Czech 2018, p.22 Fig.10), que Czech [NdT et Flower] traduit ainsi "Il est donc compréhensible que la mère pousse à l'institutionnalisation. Spiegelgrund serait la meilleure solution " (Czech 2018, p.22, souligné par l'auteur[DF]). Cependant, la dernière phrase de la citation devrait être traduite comme suit : "Très probablement le'Spiegelgrund' a été envisagé." [NdTGoogle Trad, douteuse] Cette remarque vague constitue, au mieux, une base très mince pour accuser Asperger de complicité dans le meurtre d'Elisabeth. Quoi qu'il en soit, Elisabeth se rendit dans une autre institution, qui la transféra finalement à Am Spiegelgrund, où elle mourut en septembre 1942. (Son nom ne figure pas dans le tableau 1 parce qu'elle son transfert directement à Am Spiegelgrund ne venait pas de la Clinique des Enfants.)
Les deux filles Schreiber qui n'ont aucun lien de parenté sont les prétendues "preuves irréfutables" des allégations répétées de Sheffer et de Czech selon lesquelles Asperger était complice des meurtres d'enfants commis par les Nazis. Ainsi, Czech affirme que " les dossiers de Herta et Elisabeth Schreiber suggèrent que... Asperger était prêt à accepter le meurtre d'enfants en dernier ressort " (Czech 2018, p. 31, voir aussi p. 24) : "[Asperger a envoyé] des enfants directement au lieu d'exécution " (Czech 2018, p.23). Outre le fait qu'Elisabeth Schreiber a été envoyée au Am Spiegelgrund par quelqu'un d'autre qu'Asperger, ces accusations supposent qu'Asperger était au courant du programme d'euthanasie pendant l'intervalle de 4 mois où ont été rédigés ses rapports pour les deux filles (27 juin et 27 octobre 1941).
Cependant, la recommandation d'Asperger de transférer Herta Schreiber au Am Spiegelgrund (Czech 2018, p.20, Fig.7) a eu lieu avant le sermon de l'évêque von Galen qui a provoqué la fausse interruption du programme T4 par Hitler et à un moment où seulement quatre enfants référés par la Kinderklinik y étaient morts, deux en 1940 et deux en 1941 (Tableau 1). Étant donné la probabilité que ces quatre décès n'avaient pas (encore) été identifiés comme des meurtres probables, étant donné le profond secret du programme T4 embryonnaire en Autriche (Martin 2013), et étant donné qu'Asperger était un catholique très pratiquant qui n'appartenait pas au parti nazi (voir ci-dessous), cela dépasser l'entendement de penser que son patron nazi (Franz Hamburger, 1874-1954) ou les collègues des services de la clinique pour enfants qui ont fait les transferts lui auraient confié qu'ils avaient commencé à envoyer des enfants à Am Spiegelgrund en sachant qu'ils pourraient (ou allaient) y être exécutés.
L'affirmation de Czech selon laquelle Asperger était prêt à accepter l'assassinat d'enfants en dernier ressort contraste fortement avec sa conclusion selon laquelle "ni les dossiers du Spiegelgrund ni les dossiers de l'unité d'Asperger ne contiennent la preuve qu'il ait jamais signalé un de ses patients au Bureau de la santé publique pour qu'ils soient stérilisés. Ces résultats appuient l'affirmation d'Asperger qu'il n'a pas coopéré avec le programme de stérilisation " (Czech 2018, p. 19). Curieusement, dans le même document, Czech note qu'" il est impossible de déterminer si Asperger s'est abstenu dans certains cas de signaler les enfants qui répondaient aux critères de l'" euthanasie " des enfants " (Czech 2018, p.8). Doit-on en déduire que, bien que les preuves suggèrent fortement qu'Asperger a évité de faciliter ces stérilisations forcées en dépit du fait qu'elles étaient rendues obligatoire par la loi, il a été complice des meurtres illégaux d'enfants handicapés?3
3. Aucune loi sur l'euthanasie n'a jamais été formellement promulguée en Allemagne ou ni en Autriche à cette époque Thomas et al. (2006, p.343)
Il y a une autre raison de rejeter la suggestion selon laquelle Asperger savait que des enfants étaient assassinés au Am Spiegelgrund lorsque ses observations sur les deux filles Schreiber ont été enregistrées. Le 17 avril 1942, 6 mois après l'entrée d'Asperger au dossier médical d'Elisabeth, Asperger publia que " les cas les plus difficiles ne peuvent être traités que par l'observation à long terme des patients, comme c'est le cas dans le service d'éducation curative de la Children's Clinic et dans l'institution sociale Am Spiegelgrund' ...Nous devons défendre les personnes qui sont en situation de risque social " (Asperger 1942, p.355, traduit et souligné par l'auteur). Il faudrait faire preuve d'un grand cynisme pour suggérer qu'Asperger aurait comparé Am Spiegelgrund comme offrant un traitement équivalent à celui offert par sa propre clinique, s'il savait, ou même soupçonnait, que des enfants y étaient assassinés. Il est plus logique de prendre Asperger au mot, c.-à-d. qu'il a référé des enfants à des soins de longue durée en établissement parce qu'ils étaient trop malades ou handicapés pour être soignés convenablement, soit en clinique externe, soit par leurs parents. Ce fut le cas, bien sûr, pour les deux filles Schreiber (Czech 2018, p.20 Fig.7, traduit par Herwig Czech[HC]).
Le fait qu'Asperger était apolitique (voir ci-dessous) et que, pour autant que l'on sache, il a évité de signaler les enfants aux registres des candidats à la stérilisation forcée du ministère de la Santé (Czech 2018) ne signifie pas qu'il était opposé à toute forme d'eugénisme. Il s'est référé favorablement à la politique allemande d'encouragement des familles à avoir des enfants en réponse à la diminution de la taille de la population qui a suivi la Première Guerre mondiale (Asperger 1944b, p.86 ; Turda 2010). Après l'Anschluss, Asperger a déclaré que les médecins avaient l'obligation d'aider à la fois les individus et les "personnes, ce qui est plus que le bien-être de l'individu" pour empêcher la transmission de maladies héréditaires graves aux générations futures, et que les tendances malsaines héritées pourraient être contrées par "le non exercice continu - par exemple, par un accueil institutionnel, puisque l'auteur ne peut y pratiquer ces impulsions" (Asperger 1939, p.943, traduction). [NdT il s'agirait d'abstinence forcée par l'internement]. Bien que l'orientation par Asperger de patients gravement handicapés vers des institutions soit conforme à la pratique médicale acceptée ainsi qu'au catholicisme d'Asperger, envoyer sciemment des enfants dans des établissements où ils risquaient d'être assassinés ne l'aurait pas été.

Asperger : Religieux, (A)polique, et ses relations difficiles avec les Nazis.
Asperger était catholique romain avec des croyances religieuses fortes, comme en témoignent son mentor Franz Hamburger (Brezinka 1997, p.401), de nombreux fonctionnaires nazis (Annexe 2), sa fille (Felder 2008 ), ses propres publications (Asperger 1969, 1957), et ses décennies de service comme pasteur médical dans les ateliers internationaux pédagogiques de Salzbourg (Brezinka 1997, p.408). Les archives historiques montrent que les responsables nazis étaient très conscients des croyances religieuses d'Asperger et que, plutôt que d'avoir de " solides références d'extrême droite " (Sheffer 2018, p.46), Asperger était largement considéré comme apolitique (annexe 2). De nombreux responsables nazis commencèrent à enquêter sur lui immédiatement après l'Anschluss du 12 mars 1938 (Czech 2018, p.8 ). Czech minimise le danger d'Asperger en notant que "dans l'ensemble, cette enquête est le seul cas documenté de troubles politiques pour Asperger ; les sources reflètent par ailleurs un bilan impeccable d'accommodements politiques avec le national-socialisme" (Czech 2018, p.9). Cependant, plutôt que de n'inclure qu'un seul "cas documenté", la chronologie des 11 rapports officiels détaillés dans l'Annexe 2 montre qu'Asperger a fait l'objet d'enquêtes répétées par les Nazis pendant plus de deux ans et demi après l'Anschluss.
Czech spécule que Hamburger, qui était non seulement le mentor d'Asperger mais aussi un membre actif du parti nazi, était une source probable des enquêtes précédemment citées : "Hamburger était certainement en mesure d'influencer de manière décisive l'issue d'une telle procédure [une enquête de la Gestapo]" (Czech 2018, p.9). L'observation de Czech sonne juste, et est cohérente avec une interview radiophonique de 1974 (Asperger 1974) dans laquelle Asperger faisait remarquer que le concept de "vie qui ne mérite pas de vivre" était "complètement inhumain" et que "parce que je n'étais jamais disposé à... dénoncer les [enfants] faibles d'esprit au ministère de la Santé4, comme on nous en donnait instruction, j'étais dans une situation très dangereuse. Je dois remercier mon professeur, Hamburger, d'avoir été capable de me sauver deux fois de la Gestapo ceci alors qu'il était un national-socialiste convaincu. Il connaissait mon mode de pensée et me protégeait de toute sa personne" (Felder 2008, p.105, traduit par l'auteur ; voir aussi ; Asperger 1952)
4. Asperger se réfère ici à l'Office principal de la santé (publique) de Vienne, qui a créé un département d'eugénisme et d'hygiène raciale après l'adoption en Autriche, en 1940, de la loi sur la prévention des maladies génétiques des enfants. Le Département a enregistré les noms d'individus présentant une série de défauts présumés héréditaires qui les rendaient, en théorie, " vie indignes d'être vécues " et, par conséquent, candidats à une évaluation pour une éventuelle stérilisation forcée (Thomas et al. 2006, p.344). Il ne faut pas confondre le Bureau de santé avec Am Spiegelgrund, vers lequel certains enfants handicapés ont été envoyés en observation et assassinés clandestinement dans le cadre du programme secret nazi T4.
Néanmoins, Czech est très sceptique quant à "l'autoportrait d'Asperger comme un homme persécuté par la Gestapo" (Czech 2018, p.34 note 34), affirmant que "1962 est la première mention connue de cet épisode prétendu avec la Gestapo et la seule où Asperger parle explicitement de la possibilité d'une arrestation" (Czech 2018, p.34 ; Asperger 1962). Cette affirmation est erronée. En 1957, Asperger a écrit qu'il "n'oublierait pas la loyauté de mon professeur[c'est-à-dire Hamburger], qui m'a sauvé la vie et la liberté avec un engagement qui le mettait en danger, sachant que je ne partageais pas ses convictions politiques,[qui étaient] imposées à l'époque" (Asperger 1957, p.549, traduit par l'auteur). Conformément au récit d'Asperger, la première description détaillée de l'œuvre de sa vie (absente des références de Czech) faisait remarquer que, bien que Hamburger était pleinement engagé dans l'idéologie nazie, il était complètement "ouvert d'esprit" sur les nouvelles méthodes psychologiques et pédagogiques d'Asperger (Brezinka 1997, p.420).

Le coup de clairon d'Asperger : "Vous savez quelles mesures vont être prises..."
Après l'Anschluss, un bureau de l'hérédité et de la biologie raciale a été ouvert à la faculté de médecine de l'Université de Vienne et, le 3 octobre 1938, un département correspondant a été créé par décret du ministre de la science, de l'éducation et de l'enseignement public du Reich (Neugebauer 1998). Ce même jour, Asperger donnait un cours magistral ("L'enfant mentalement anormal") sous la tutelle de son directeur post-doctoral, Franz Hamburger (Asperger 1938). L'annexe 1 fournit une traduction complète de la publication d'Asperger de 1938, dans laquelle il anticipait la promulgation en 1940 de la loi nazie pour la prévention de la progéniture génétiquement malade en Autriche (qui était distincte du programme secret d'euthanasie T4) qui allait permettre des stérilisations forcées. Tel que discuté dans l'Annexe 2, le document de 1938 (Annexe 1) a commencé par un cri de ralliement (" vous savez quelles mesures vont être prises ") qui a initié ce qui allait devenir une campagne de lobbying concertée de cinq ans pour des procédures humaines de diagnostic et de traitement des enfants handicapés (Asperger 1938, 1939, 1941a, b, 1942). Voir l'annexe 2 pour plus de détails sur la campagne croissante d'Asperger pour la protection des enfants handicapés.
A l'époque de l'Anschluss, Asperger avait une bonne idée que son plaidoyer pour les enfants handicapés serait une rude bataille. En 1971, il envisageait l'année 1938 en comprenant rétrospectivement que, pour ceux qui ouvraient grandes leurs oreilles, l'avenir des personnes handicapées était non seulement inquiétante, mais probablement sans espoir : "L'inhumanité du national-socialisme s'est lancée à la conquête du monde. Certaines personnes perspicaces soupçonnaient déjà quelles conséquences terribles viendraient en leur temps, des conclusions qui feraient apparaître vaine toute aide aux handicapés" (Asperger 1971, p.50, traduit par l'auteur). Malgré ses reflexions pessimistes, l'évaluation du 28 décembre 1942 de l'habilitation d'Asperger par son mentor nazi, Hamburger, décrit les méthodes d'Asperger pour traiter les enfants handicapés comme supérieures à celles de la pédagogie curative allemande, et remarque que les efforts de Asperger ont sauvé certains individus : "Dans de nombreux cas, il[Asperger] a réussi à empêcher les enfants de glisser ou d'être placés en institution " (Brezinka 1997, p.400, traduit par l'auteur). La persistance d'Asperger à défendre un traitement humain pour les enfants handicapés pendant l'ère nazie autrichienne a été convaincante auprès de ses collègues et finalement efficace, et elle a eu une influence durable sur la manière dont les enfants handicapés seront traités à l'avenir. Andreas Rett (1924-1997, découvreur du syndrome de Rett), par exemple, a été profondément influencé par le travail d'Asperger dans le domaine de l'éducation curative lorsqu'il a conçu le premier centre moderne de traitement pour enfants handicapés, ouvert à Vienne en 1975 (Ronen et al. 2009, p.122).

L'attitude d'Asperger envers ses patients
Le " jugement global d'Asperger sur les enfants atteints de psychopathie autistique " a récemment été qualifié de "dénigrante " et son habilitation de 1944 de " méprisant les enfants autistes " (Sheffer 2018, pp.178, 176-177), principalement parce qu'il considère certains comportements comme " malintentionnés ", " malveillants " ou "de malice" (Sheffer 2018, pp.156-157). Un point de vue plus nuancé est présenté ailleurs (Frith 1991, p. 24, "La malice et le citoyen respectueux des lois"). Il est important de rappeler qu'à l'époque d'Asperger, " inculquer respect et discipline " était un principe majeur de l'éducation des enfants en Europe (Asperger 1944b, p.40, note 8 d'UF), en accord avec sa propre éducation aussi bien que l'accent mis dans ses rapports sur les problèmes de conduite (Annexe 2). Parmi les comportements, Asperger mentionne "les actes impulsifs[qui] se sont produits sans avertissement et étaient donc extrêmement difficiles à gérer ou à contrôler", comme quelque chose de malveillant...[par exemple] "faire tout tomber de la table ou frapper un autre enfant" ou "devenir violent avec ce qu'il pouvait attraper (exemple un marteau), sans égard du danger pour autrui" (Asperger 1944b, pp.43 et 40, traduit par Uta Frith[UF]). Pour un autre garçon, Asperger rapporte que " l'une des principales raisons pour lesquelles on nous l'a soumis... était sa tendance sauvage au combat. De petites choses l'ont poussé à une fureur insensée, après quoi il a attaqué d'autres enfants, grinçant des dents et frappant aveuglément....on dit qu'il a souvent occasionné des blessures aux autres" (Asperger 1944b, p.51, traduit par UF). Les autres problèmes de conduite incluaient " l'agressivité... qui se manifeste souvent par des pincements, des morsures et des griffures " et " tourmenter cruellement un petit frère " (Asperger 1944b, p. 65, 83, traduit par UF).
Plutôt que de dénigrer ses patients, Asperger interprétait leurs comportements d'un point de vue clinique. Il a observé que c'est "principalement au sein de la famille que se produisent les " actes autistiques de malice "... Cependant, comme l'émotivité [de ses patients] est peu développée, ils ne peuvent pas sentir à quel point ils blessent les autres, ni physiquement, comme dans le cas des jeunes frères et sœurs, ni mentalement, comme dans le cas des parents" (Asperger 1944b, p.77, traduit par UF). Par exemple, un garçon de 7 ans a fait la remarque à sa mère : "Maman, un jour, je prendrai un couteau et je le planterai dans ton cœur, puis le sang jaillira et cela fera grand bruit" (Asperger 1944b, pp.79-80, traduit par UF). Asperger attribue ce comportement à l'incapacité de reconnaître les états mentaux des autres (Asperger 1944b, p.77, note 64), ce qui correspond à la compréhension actuelle des déficits de la théorie de l'esprit chez les personnes autistes. Fait significatif, Frith a écrit : " Il était rare que l'on reconnaisse que certains enfants autistes puissent être coupables d'actes particulièrement répugnants. Pourtant, il est vital de reconnaître ce problème dont les praticiens sont conscients depuis longtemps" (Frith 1991, pp.24-25). Aujourd'hui, les comportements qu'Asperger décrit comme malveillants ou malintentionnés seraient probablement associés aux "menaces, effondrements, comportements destructeurs, dommages à soi-même et aux autres" qui peuvent être déclenchés par l'évitement [syndromique] des contraintes, que certains appellent (de façon quelque peu controversée) "évitement pathologique de la contrainte" (PDA) (O'nions et Noens 2018, p.389). Frith a également observé que "Asperger a reconnu leurs nombreuses caractéristiques positives surprenantes tout en reconnaissant pleinement les aspects négatifs. Il admirait leur indépendance d'esprit et leur capacité d'accomplir des choses spéciales, mais il documentait aussi franchement leurs problèmes d'apprentissage et leur comportement apparemment malveillant et malintentionné " (Frith 1991, p.7). En d'autres termes, les évaluations d'Asperger sur les enfants handicapés étaient franches et sans fard.
La littérature suggère qu' Asperger n'a pas seulement défendu ses patients, qu'il avait de l'affection pour eux. Par exemple, Hamburger a écrit qu'Asperger était une "personne très rare de désintéressement total" et qu'il se caractérisait par une "dévotion extraordinaire pour les enfants qui lui étaient confiés" (Brezinka 1997, p. 401, traduction de l'auteur) - une description qui contraste fortement avec l'affirmation que l'habilitation d'Asperger dénigrait les enfants handicapés (Sheffer 2018, pp. 176-177). Il convient de noter que les remarques de Hamburger concordent avec (entre autres) la description de Frith d'Asperger comme " un homme calme et hésitant...[qui] aimait donner des cours didacticiels dans toutes les matières scolaires aux enfants du quartier, et accompagnait régulièrement certains de leurs groupes en colonies de vacances " (Frith 1991, pp.9-10)
L'attitude d'Asperger à l'égard de ses patients se reflète également dans sa description de la garderie de son service, qui a été créée pour aider à contrebalancer le mauvais environnement des patients qui rentraient chez eux. Une fois par semaine, 30 à 40 anciens enfants, certains d'entre eux autistes, venaient au centre pour jouer librement, s'adonner à des pantomimes ou à des jeux impromptus, lire des histoires d'aventure, se familiariser avec la poésie et l'art, et célébrer les fêtes. Lorsque les parents venaient chercher leurs enfants, le personnel en profitait pour discuter avec eux des difficultés survenues au cours de la journée. De cette façon, la garderie a renforcé la prise en charge antérieure en donnant à ces enfants "pendant quelques heures une belle et riche vie, qui correspondait à leurs souhaits et à leurs possibilités".
Les récentes affirmations selon lesquelles Asperger voyait ses patients avec dénigrement ignorent les indices qui précèdent qu'en fait il se souciait profondément de ses patients. Ces affirmations se fondent sur des informations sélectionnées qui sont jugées rétroactivement en fonction de normes modernes, en ignorant le milieu médical et social où Asperger a été élevé et éduqué. Tel que détaillé dans l'appendice 2, des critiques similaires s'appliquent à l'affirmation de Sheffer prétendant qu'Asperger était partial à l'égard des patientes de sexe feminin (Sheffer 2018, p.170) et à l'affirmation de Czech selon laquelle Asperger a adopté une attitude plus négative que celle des " nazis convaincus et des eugénistes raciaux" à de multiples reprises (Czech 2018, pp.25-27).

L'érudition d'Asperger
Bien qu'Asperger ait publié le terme "psychopathes autistes" pour la première fois en 1938 (Felder 2008), on lui attribue généralement la découverte de ce qu'on appelle maintenant le syndrome d'Asperger (au lieu du terme démodé de psychopathie autiste, voir Annexe 2) en 1943 (Asperger 1944a, b). Comme le montre la traduction anglaise de l'article d'Asperger de 1938 (Appendice 1), il avait déjà identifié que la psychopathie autistique pouvait coexister avec d'autres conditions (comorbides), était potentiellement liée à des facteurs environnementaux (p. ex. liés à la vie familiale) et héréditaires et que ses symptômes s'atténuaient plus tard dans la vie (p. ex. à la puberté). Il a également noté que les personnes autistes étaient excentriques, qu'elles avaient tendance à être solitaires, qu'elles avaient des intérêts particuliers intenses (souvent de nature scientifique ou technique) et que l'on trouvait souvent des "autistes eccentriques" dans leur famille. Asperger a surtout décrit la psychopathie autistique comme une psychopathie éminemment traitable par le biais d'une éducation curative qui incluait la "thérapie suggestive" ainsi que certaines techniques utilisées aujourd'hui, comme faire appel à la logique des patients, plutôt qu'à leur compréhension intuitive (relativement faible), et leur fournir des routines quotidiennes régulières et rassurantes.
Il est particulièrement intéressant de noter que les descriptions de 1938 d'Asperger de deux garçons non-nommés font référence aux caractéristiques fondamentales qui sont maintenant associées au S.A.. Ainsi, le premier garçon, âgé de 10 ans, avait de multiples difficultés sensorielles et de forts aversions et préférences alimentaires : "Il n'aime pas toutes sortes d'aliments, mais il aime passionnément les choses extrêmement acides (en passant, on trouve souvent ce trait chez les enfants psychopathes) " (Asperger 1938, Annexe 1, p.1). Il avait peur et prenait "des broutilles très à cœur... Dans les plus petites occasions, il y a des scènes où il se comporte "comme un fou". (Asperger 1938, Annexe 1, pp. 1-2). D'autre part, le langage du garçon "a la structure complexe des phrases[grammaire] et le vocabulaire d'un adulte instruit. Ses intérêts sont aussi ceux d'un adulte....[Il] a des réalisations performances spéciales." (Asperger 1938, Annexe 1, p.2).
Le deuxième garçon, âgé de 7 ans et demi, était plus profondément perturbé que le premier et avait des difficultés sociales et éducatives plus graves à l'école. Comme le premier garçon, il avait aussi des traits de caractère qui sont maintenant reconnus comme typiques du SA. Il était socialement maladroit et malhabile, ce qui se reflétait, entre autres choses, dans une écriture étalée et au rythme lent. Cependant, " de manière significative, ce grand garçon doit encore être habillé par sa mère " (Asperger 1938, Annexe 1, p.3), ce qui n'est pas typiquement associé au l'AS :
"Le garçon est aggressif, est extrêmement malveillant contre les autres enfants, et est pour certaines personnes comme un drapeau rouge pour un taureau. Il semble parfois être inaccessible à l'éducation. Parfois, on le croit malentendant, mais il est simplement "débranché", il ne répond pas à l'enseignement, tout comme il ne remarque pas grand-chose du monde. Et c'est aussi l'essence même de son trouble. Ses liens avec le monde sont limités, surtout ceux qui ne peuvent être saisis intellectuellement, mais requièrent une compréhension instinctive... C'est justement cette compréhension instinctive qui est gravement perturbée chez ces enfants. Tous leurs symptômes anormaux peuvent être déduits de cette perturbation : l'incapacité à comprendre une situation et les relations perturbées avec les autres. Le manque de compréhension instinctive explique le non-respect de l'autorité....Une chose à propos de ces personnalités très limitées...cependant, est qu'ils présent souvent une intelligence, non seulement intacte, mais même développée bien au-dessus de la moyenne, à savoir l'intelligence dans un sens plus étroit, la capacité à penser logiquement, à bien penser en mots (souvent d'expression particulièrement originale ou créative en néologismes ). Très souvent, ils ont des intérêts particuliers étonnamment matures, souvent très scientifiques (p. ex., naturalistes) ou techniques, qui, il faut bien l'admettre, sont souvent assez éloignés de la réalité, malhabiles [NdT nerdish] et ésotériques. (Asperger 1938, Appendice 1, pp.3-4).
Contrairement à la suggestion selon laquelle la définition d'Asperger de la psychopathie autistique aurait changé entre 1938 et 1944 pour tenir compte et refléter les valeurs nazies (Sheffer 2018, p. 221), la discussion précédente montre que Asperger avait déjà identifié les éléments essentiels du SA en 1938, une identification qu'il a confirmée et étoffée dans des documents suivants (Asperger 1939, 1941b, 1944b). Par exemple, en 1941, il a réitéré les éléments essentiels de la psychopathie autistique et a ajouté d'autres observations sur le regard et le ton de la voix (affect). Si l'on doute de la continuité entre les documents d'Asperger 1938 et 1944, on devrait comparer le deuxième garçon sans nom décrit en 1938 (ci-dessus) avec Ernst K. en 1944. Asperger a décrit les deux garçons comme étant des enfants de 7 ans et demi qui avaient que des pères absents et des antécédents de problèmes graves à l'école, qui étaient grands et massifs pour leur âge, grossiers et maladroits, qui avaient une mauvaise écriture, qui faisaient de nombreuses fautes d'orthographe en recopiant, qui aient "débranchés" et qui avaient une intelligence très ciblée dans certains domaines. Asperger a également noté que les deux garçons étaient encore habillés par leur mère alors qu'ils avaient 7 ans et demi et qu'Ernst K., comme le garçon anonyme, "agissait comme un chiffon rouge pour sa classe" (Asperger 1944b, p.59). Dans l'ensemble, les descriptions d'Asperger des deux garçons suggèrent fortement que le garçon sans nom de 1938 était, en fait, Ernst K. de 1944.5
5. D'après certains commentaires d'Asperger en 1944, il est clair retrospectivement qu'il écrivait sur Ernst K.
Dès 1938, Asperger avait compris que " dans ce groupe bien défini d'enfants que nous appelons " psychopathes autistes " en raison de leurs relations limitées avec leur environnement et de leur absorption vers eux-mêmes (aütos), il existe, bien sûr, des différences individuelles marquées, et les enfants individuels peuvent aussi être jugés bien différemment " (Asperger 1938, Appendice 1 pp.4-5). La conscience d'Asperger d'une gamme de variations chez les psychopathes autistes s'est élargie pour englober l'autisme de façon plus générale au moment où il a écrit son habilitation : "Nous avons mentionné de façon répétée que l'autisme se produit à différents niveaux de capacité. La gamme englobe tous les niveaux de capacités, du génie très original, en passant par à l'excentrique bizarre qui vit dans un monde qui lui est propre et n'accomplit pas grand-chose, jusqu'à l'individu le plus sévèrement perturbé par les contacts, comme un automate6, mentalement attardé. Notre troisième cas, Ernst K., peut donner une idée des gens du groupe médian " (Asperger 1944b, p.74). Ainsi, bien avant que la reconnaissance d'un " spectre " autistique ne devienne en vogue (Wing et al. 2011), Asperger n'a pas seulement découvert la psychopathie autistique (SA) comme un syndrome bien défini, il a également compris qu'elle faisait partie d'un spectre autistique, et a noté " si je ne crois pas en une typologie systématique parfaite, le concept du type peut être utile " (Asperger 1944b, p.90). En d'autres termes, Asperger a compris que, comme dans de nombreuses taxonomies, l'autisme pouvait être considéré comme un large spectre et qu'il pouvait aussi être divisé en différents sous-types (Falk et Schofield 2018, p. xii).
6. Par "comme un automate", Asperger faisait probablement référence à un ton monocorde [wooden affect] et à la maladresse physique.
Plutôt que d'être " mince " (Sheffer 2018, p. 212), la recherche d'Asperger sur les enfants autistes était profonde et visionnaire. Suivant les traces de son compatriote "père de la génétique moderne", Gregor Mendel, et une décennie avant que Watson et Crick ne décodent l'ADN (Watson et Crick 1953), Asperger a correctement supposé que la psychopathie autiste avait une composante génétique complexe : "Les états psychopathiques sont... héréditaires... Cependant, c'est un vain espoir de penser qu'il pourrait y avoir un mode d'héritage clair et simple. Ces états sont sans aucun doute polygénétiques " (Asperger 1944b, p. 84). Aujourd'hui, cette hypothèse est réaffirmée par de nouvelles découvertes sur les substrats génétiques extrêmement complexes et variables, non seulement du SA, mais aussi de divers types d'autisme (Falk et Schofield 2018). Asperger a également observé que certains de ses patients s'étaient considérablement améliorés au moment de la puberté, ce qui concorde avec les rapports modernes selon lesquels le SA peut être associée à un retard de développement et que, de façon remarquable, certains individus semblent perdre leurs symptômes autistiques à l'âge adulte (Padawer 2014). Le commentaire d'Asperger selon lequel " la personnalité autiste est une variante extrême de l'intelligence masculine " (Asperger 1944b, p.84) anticipait la théorie du Baron-Cohen du " cerveau masculin extrême " (Baron-Cohen 2002). En plus de découvrir que le SA est reconnue plus fréquemment chez les garçons que chez les filles, Asperger a émis l'hypothèse que ce phénomène pourrait être associé à des facteurs génétiques aussi bien qu'environnementaux : "Il y a certainement une forte indication qu'il s'agit d'un mode d'héritage lié au sexe ou du moins limité par le sexe " (Asperger 1944b, p.84). Bien que le sujet des différences entre les sexes en matière d'autisme soit controversé (p. ex. les chercheurs ont des opinions différentes sur l'impact que le camouflage a sur les taux de prévalence apparents chez les femmes), les chercheurs contemporains explorent avec succès cette " piste " (Beacher et al. 2012 ; Iossifov et al. 2015 ; Lai et al. 2011).
La célèbre remarque d'Asperger selon laquelle " il semble qu'une touche d'autisme est essentielle pour réussir en science ou en art " (Asperger 1979, p.49) a annoncé la découverte que les forces logiques, analytiques et de traitement séquentiel des personnes atteintes du SA (Simon Baron-Cohen et al. 2009) sont associées aux circuits neurologiques particuliers de l'hémisphère gauche du cerveau (Falk et Schofield 2018). Une autre des constatations les plus significatives d'Asperger, bien que sous-estimée, est que les personnes atteintes de SA ont développé un (domination de l'hémisphère gauche) langage grammatical dans un délai convenable. Asperger a également "compris" les déficits des fonctions affectives dont on sait maintenant qu'ils dépendent largement des réseaux neurologiques des hémisphères droits des individus neurotypiques (Gunter et al. 2002). Ce qui est peut-être le plus important, cependant, c'est qu'Asperger a développé une profonde compréhension et empathie pour les enfants avec lesquels il a travaillé et a inventé des techniques qui sont toujours utilisées pour aider les enfants autistes.

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Modifié en dernier par Benoit le lundi 1 avril 2019 à 15:30, modifié 5 fois.
Identifié Aspie (広島, 08/10/31) Diagnostiqué (CRA MP 2009/12/18)

話したい誰かがいるってしあわせだ

Être Aspie, c'est soit une mauvaise herbe à éradiquer, soit une plante médicinale à qui il faut permettre de fleurir et essaimer.

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