La conscience détermine l'existence

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Jean
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La conscience détermine l'existence

#1 Message par Jean » vendredi 24 avril 2009 à 21:34

"La conscience détermine l'existence", c'est l'inversion du principe matérialiste classique : " L'existence détermine la conscience ".

C'est ce qui me vient à l'esprit en lisant le résumé de cette publication : Le devenir à l'adolescence d'enfants atteints de troubles envahissants du développement : l'exemple de l'hôpital de jour d'Aix-en-Provence.
le changement de repères nosographiques, via les représentations qu'ils sous-tendent et les changements de pratiques qu'ils suscitent, peut expliquer au moins en partie l'amélioration actuelle du pronostic des TED à l'adolescence.
Je traduis çà par : une meilleure connaissance des caractéristiques des différentes formes d'autisme conduit à de nouvelles pratiques, et donc à une possibilité de moindre exclusion des autistes à l'adolescence.

Pourvu que çà continue. Et c'est pourquoi que je suis en colère en pensant aux "spécialistes" qui ne se tiennent pas au courant. L'ignorance, le refus de remettre en cause ses routines et ses "croyances" produisent un surhandicap.

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maho
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#2 Message par maho » vendredi 24 avril 2009 à 22:33

"spécialistes" qui ne se tiennent pas au courant.
Quand Loic est né avec des malformations (il avait 16 ans avant que je soupconne Asperger) on a pris des conseils pour le Micro Chirurgien, un Professeur comme il n'y a presque plus.
Il nous a demandé si on souhaitait consulter les autres Spés que Loic aura besoin egalement a Rouen, car il y aura de la communication, l'entente et la suivie. Donc on a accepté, ORL, Stomatologue, Dentiste Chirurgien, Endocriniologue et j'en passe, en plus de tous les operations, IRM, Scanners etc.
Vous n'allez pas me croire (mais si quand meme) pas le moindre communication, ni passation de dossier, dans un batiment de pediatrie de 4 etages! Un jour on est arrivé en Stomatologie, il n'etait pas au courant que le Dentiste Chirurgien (meme etage, meme service) a retiré 7 dents sous anesthesie 15 jours precedents.

C'est surement pour ca que Loic est surhandicapé, 5 syndromes a la derniere comptage!!

La texte est trés interessant Jean. Surtout censé.
Le problème majeur que vient confirmer cette enquête est le manque de structures véritablement adaptées à leurs troubles. (RA)
Eh oui, encore une fois "c'est la meme chanson"
Suzanne, la vieille qui blatere, maman de Loic 29 ans

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Xavier
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#3 Message par Xavier » samedi 25 avril 2009 à 12:24

Bonjour,

Laurent Mottron considère que la place sociale d’un TEDSDI (personne atteinte d'un Trouble Envahissant du Développement Sans Déficit Intellectuel) s’acquière d’abord en tant que porteur d’un diagnostic : « Celui-ci équivaut pour eux à un véritable baptême, à une véritable entrée dans une communauté de semblables. La collectivité dans laquelle ils se reconnaissent, la réalité subjective qu’ils partagent, c’est celle de leur spécificité par rapport aux non autistes. Ils ne se reconnaissent peu ou pas comme humain social, ils se reconnaissent comme autistes. Leur identité passe par leur particularité. Leur donner un diagnostic, c’est leur permettre de se reconnaître comme humain. Le diagnostic, que les lieux communs d’une certaine psychiatrie voient encore comme une «étiquette » invalidante et déshumanisante, est en réalité le moyen pour les personnes atteintes d’accéder à leur premier véritable groupe, celui des gens qui leur ressemblent, et qui ont un nom dans le discours scientifique. » (Laurent Mottron - L’autisme : une autre intelligence - Pierre Mardaga Editeur - 2005 - p.32).
Xavier - "Je ne regrette rien, j'avance" (Paul ELUARD)
Père d'un enfant, devenu adolescent et qui sera bientôt un adulte, pour lequel un syndrome d'Asperger a été diagnostiqué à l'âge de 6 ans.

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Jean
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#4 Message par Jean » dimanche 3 mai 2009 à 12:14

Je n'avais pas pensé à cette lecture de la prise de conscience à partir du diagnostic. Très bon rappel de Xavier.

J'espère que la doc du CRA va mettre cet article à disposition vite fait !

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Jean
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#5 Message par Jean » dimanche 3 mai 2009 à 21:19

Un extrait (page 10):
L’utilisation de la CIM-10 à l’HDJ d’Aix-en-Provence à partir de 1996 (complétée par la classification française) a participé d’un changement progressif des représentations sur la nature des troubles dont sont atteints les enfants (avec l’apparition de la notion de troubles envahissants du développement du système nerveux central), mais aussi de leur origine supposée (origine multifactorielle et non plus seulement psychogénétique), de leurs mécanismes psychopathologiques mais aussi physiopathologiques sous-jacents, ainsi que sur leur prise en charge.

Ainsi, avant 1996, la prise en charge à l’HDJ était principalement tournée vers le soin psychique (psychothérapies individuelles intensives) et soutenue par une approche psychanalytique post-kleinienne et psychothérapique institutionnelle. Après 1996, sans renier cet héritage, et en y ayant toujours recours, la prise en charge à l’HDJ s’est progressivement enrichie d’approches évaluatives, éducative et rééducative spécialisées, en partie inspirées ou issues de la littérature internationale, et de partenariats renforcés avec l’école et le monde associatif. Le travail avec les familles a aussi sensiblement changé, passant d’une approche psychothérapeutique exclusivement centrée sur les défauts supposés ou réels de maternage et d’interactions précoces mère–enfant, à une offre d’aides plus diversifiées (guidance, relation d’aide, soutien psychologique, entretiens thérapeutiques . . .).

Les recommandations de la Haute Autorité de santé de 2005 d’utiliser la CIM-10 pour effectuer le diagnostic d’autisme et autres TED, venant conforter notre choix de recourir à la CIM-10 dès 1996, devraient avoir plusieurs conséquences :
  • • premièrement, les diagnostics sont portés selon des critères précis, basés sur l’absence ou la présence de symptômes et non plus selon la présence ou l’absence de traits psychopathologiques variant selon la formation ou les convictions des praticiens. Cela permet d’une part, de centrer la prise en charge sur les signes cliniques présentés par les patients pour les faire évoluer, et d’autre part, d’adapter la prise en charge à chaque enfant ;
    • deuxièmement, l’utilisation par les équipes françaises de la nosographie internationale permet de comparer leurs travaux avec ceux des autres équipes, d’utiliser d’autres techniques thérapeutiques adaptées aux handicaps cognitifs et sociaux, et non plus seulement aux troubles psychoaffectifs ;
    • enfin, l’élaboration de ces classifications permet de réétudier les grands syndromes présentés par les enfants, et de remettre en question l’univocité des théories antérieures.
(...)
La question du devenir et de la prise en charge des personnes atteintes de TED à l’adolescence et l’âge adulte, reste un problème crucial et assez souvent dramatique. Il est essentiel que les psychiatres, relayés par les organismes de tutelle et les pouvoirs publics, continuent de se saisir de ces problèmes encore trop ignorés et relégués à un secteur médicosocial insuffisamment préparé et outillé pour s’occuper de ces personnes : il existe une forme d’hypocrisie dans le fait que les personnes atteintes de TED soient considérées comme malades et donc soignées dans le secteur de psychiatrie infanto-juvénile jusqu’aux environs de 12 ans et deviennent des personnes handicapées et relevant donc du champ médicosocial après cet âge. Des moyens conceptuels, humains et techniques, tant du point de vue sanitaire que socioéducatif et professionnel, doivent être consacrés plus largement et sur leur vie entière à ces personnes atteintes de TED, dont nous voyons grâce à notre étude et à d’autres qu’elles peuvent évoluer favorablement du moment qu’elles font l’objet d’une attention et de soins aussi adaptés que possible, en l’état actuel de nos connaissances.

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