De quoi peut-on encore rire ?

Pour les gens qui ont simplement envie de discuter sans souhaiter faire passer d'information particulière.
Message
Auteur
Avatar du membre
Salicorne
Passionné
Messages : 420
Enregistré le : dimanche 15 novembre 2015 à 22:28

Re: De quoi peut-on encore rire ?

#31 Message par Salicorne » vendredi 26 mai 2017 à 16:34

:mrgreen:
Diagnostic TSA confirmé par le CRA

Aby
Prolifique
Messages : 2763
Enregistré le : vendredi 16 janvier 2015 à 8:51
Localisation : Pays de la Loire

Re: De quoi peut-on encore rire ?

#32 Message par Aby » vendredi 26 mai 2017 à 21:46

Sérieusement, vous arrivez à trouver cela drôle quand on rit de votre autisme ?

Edit : peut-être quelques uns d'entre vous mais cela ne me semble pas être la majorité.
" Etre différent, c'est normal ! "

Maman d'un ado, diagnostiqué TSA (AHN) en janvier 2016,
à l'âge de 9 ans - TDA confirmé par les tests en mars 2017
Egalement épouse d'un homme au fonctionnement "atypique".

Avatar du membre
philigram
Prolifique
Messages : 1863
Enregistré le : mercredi 14 septembre 2016 à 9:14
Localisation : Gironde

Re: De quoi peut-on encore rire ?

#33 Message par philigram » vendredi 26 mai 2017 à 21:57

Pas de l'autisme en général, mais des quiproquos, des maladresses de langages ou divers bizarreries, oui.
Diagnostiqué asperger avec anxiété sociale marquée par le CRA.

Aby
Prolifique
Messages : 2763
Enregistré le : vendredi 16 janvier 2015 à 8:51
Localisation : Pays de la Loire

Re: De quoi peut-on encore rire ?

#34 Message par Aby » samedi 27 mai 2017 à 11:20

philigram a écrit :mais des quiproquos, des maladresses de langages ou divers bizarreries, oui.
Voilà c'est ça, je pense qu'on peut rire ou sourire de certaines particularités des autistes dans la mesure où on sait que cela n'est une souffrance pour eux et qu'eux-mêmes arrivent à en rire.
Enfin, c'est ce que je crois...
" Etre différent, c'est normal ! "

Maman d'un ado, diagnostiqué TSA (AHN) en janvier 2016,
à l'âge de 9 ans - TDA confirmé par les tests en mars 2017
Egalement épouse d'un homme au fonctionnement "atypique".

Avatar du membre
Bubu
Intarissable
Messages : 7738
Enregistré le : dimanche 19 mai 2013 à 12:03
Localisation : En haut à gauche

Re: De quoi peut-on encore rire ?

#35 Message par Bubu » samedi 27 mai 2017 à 14:12

Aby a écrit :Sérieusement, vous arrivez à trouver cela drôle quand on rit de votre autisme ?

Edit : peut-être quelques uns d'entre vous mais cela ne me semble pas être la majorité.
Ça dépend du contexte, et de qui le fait, mais oui. :innocent:
Par contre utiliser le mot de manière péjorative non.
On peut rire de nos stéréotypies, de notre compréhension littérale, ainsi de suite, si ça ne vise pas à nous insulter.
Enfin en gros, c'est ce que je pense.
Cela peut même sensibiliser les autres à la question de l'autisme tout en les amusant.
Je rejoins Philigram là dessus.
TSA, diagnostic établi à mes 33 ans par le CRA de ma région.
"Ce syndrome est caractérisé chez ce patient par l’absence de détérioration intellectuelle, un syndrome dysexécutif, un déficit d'attention"

Avatar du membre
Meddio
Passionné
Messages : 419
Enregistré le : jeudi 29 mars 2018 à 7:16
Localisation : PACA

Re: De quoi peut-on encore rire ?

#36 Message par Meddio » jeudi 3 mai 2018 à 10:09

Je suis partagé aussi sur la question.

D'un côté :
- En effet, les gens manquent d'auto-dérision et je suis le premier à rire sur le cliché d'une mère juive, d'un maghrébin, d'un polonais (je partage ces trois traits d'origine)
-De plus, si c'est fait sans malice ou volonté de nuire, où est le problème ?
- Je suis le premier à rire de l'accent d'un mot (en dehors de toute ethnie mais quelqu'un qui dit "zombaille" pour zombi en cours d'anglais, ça me fait rire, une personne étrangère avait dit "sans gluten" - "à la française"- ça me fait rire, ma grand-mère qui dit "sanViche", ça me fait rire, ma fille qui dit "pas wafe" = pas grave, ça me fait rire et c'est sans malice)

Mais d'un autre :
- On peut faire du tort même sans volonté de nuire (et blesser des personnes concernées)
- Cela peut véhiculer des clichés
- Rire de tout, n'est-ce pas tout discréditer et faire perdre leur importance à certaines choses ?


Si je faisais un sketch sur un autiste type cliché : se tape la tête dans le mur, du type récite les décimales de pi, du type ne comprend rien à ce qui l'entoure etc. pas besoin de vous faire un dessin pour la caricature médiatique, nous savons tous de quoi il en retourne, qu'en penseriez-vous ? (je rejoins la question posée par Aby plus haut)

Pour ma part, je suis adepte de la dérision entre humour jaune et rire noir :
- Ma femme veut acheter quelque chose avec l'argent commun que je trouve cher et inutile : "je ne préfère pas. je n'y peux rien, c'est mon côté juif" (en jouant sur le cliché du radin qui aime l'argent)
- Depuis le diagnostic, si je ne comprends pas quelque chose, si je lui répète pour la nième fois ou lui demande pour la nième fois la même chose et qu'elle perd patience : "Ce n'est pas possible, je suis vraiment un autiste !" (en jouant sur la signification populaire et péjorative du terme)

Mais est-ce une bonne chose ?


Une autre façon de penser est de se dire "d'accord, on peut se moquer d'une minorité, d'un handicap, etc. à partir du moment où on le/la partage" - cf vidéo de Salicorne (ex : je peux rire des autistes si je le suis, je peux rire des juifs si je le suis, je peux rire des noirs si je le suis, etc.).
Modifié en dernier par Meddio le dimanche 27 mai 2018 à 17:27, modifié 1 fois.
Diagnostiqué SA et HPI

Avatar du membre
Bubu
Intarissable
Messages : 7738
Enregistré le : dimanche 19 mai 2013 à 12:03
Localisation : En haut à gauche

Re: De quoi peut-on encore rire ?

#37 Message par Bubu » vendredi 4 mai 2018 à 23:14

Meddio a écrit :Je suis partagé aussi sur la question - il va falloir que je commence à me rassembler car à force d'être partagé, je ne suis plus sûr de rien.

D'un côté :
- En effet, les gens manquent d'auto-dérision et je suis le premier à rire sur le cliché d'une mère juive, d'un maghrébin, d'un polonais (je partage ces trois traits d'origine)
-De plus, si c'est fait sans malice ou volonté de nuire, où est le problème ?
- Je suis le premier à rire de l'accent d'un mot (en dehors de toute ethnie mais quelqu'un qui dit "zombaille" pour zombi en cours d'anglais, ça me fait rire, une personne étrangère avait dit "sans gluten" - "à la française"- ça me fait rire, ma grand-mère qui dit "sanViche", ça me fait rire, ma fille qui dit "pas wafe" = pas grave, ça me fait rire et c'est sans malice)

Mais d'un autre :
- On peut faire du tort même sans volonté de nuire (et blesser des personnes concernées)
- Cela peut véhiculer des clichés
- Rire de tout, n'est-ce pas tout discréditer et faire perdre leur importance à certaines choses ?


Si je faisais un sketch sur un autiste type cliché : se tape la tête dans le mur (encore que cette nuit, j'ai failli concrétiser moi-même le cliché), du type récite les décimales de pi, du type ne comprend rien à ce qui l'entoure etc. pas besoin de vous faire un dessin pour la caricature médiatique, nous savons tous de quoi il en retourne, qu'en penseriez-vous ? (je rejoins la question posée par Aby plus haut)

Pour ma part, je suis adepte de la dérision entre humour jaune et rire noir :
- Ma femme veut acheter quelque chose avec l'argent commun que je trouve cher et inutile : "je ne préfère pas. je n'y peux rien, c'est mon côté juif" (en jouant sur le cliché du radin qui aime l'argent)
- Depuis le diagnostic, si je ne comprends pas quelque chose, si je lui répète pour la nième fois ou lui demande pour la nième fois la même chose et qu'elle perd patience : "Ce n'est pas possible, je suis vraiment un autiste !" (en jouant sur la signification populaire et péjorative du terme)

Mais est-ce une bonne chose ?


Une autre façon de penser est de se dire "d'accord, on peut se moquer d'une minorité, d'un handicap, etc. à partir du moment où on le/la partage" - cf vidéo de Salicorne (ex : je peux rire des autistes si je le suis, je peux rire des juifs si je le suis, je peux rire des noirs si je le suis, etc.).
C'est très vrai.
Tant que je ne saurais répondre à tes arguments.
L'humour, bien qu'usant de biais ou de faux semblants, me semble la meilleure forme.
C'est drôle et ça fait réfléchir tout en s'amusant.
TSA, diagnostic établi à mes 33 ans par le CRA de ma région.
"Ce syndrome est caractérisé chez ce patient par l’absence de détérioration intellectuelle, un syndrome dysexécutif, un déficit d'attention"

Avatar du membre
Bubu
Intarissable
Messages : 7738
Enregistré le : dimanche 19 mai 2013 à 12:03
Localisation : En haut à gauche

Re: De quoi peut-on encore rire ?

#38 Message par Bubu » vendredi 4 mai 2018 à 23:43

L'humour est aussi un échappatoire.
C'est une façon biaisée de se plaindre.
Mélanger ses souffrances, utiliser l'ironie, avec les situations concrètes..,. On peut facilement rendre ça absurde ou ridicule. Et c'est facile de rendre ça drôle. :innocent:

La vraie question pour moi, c'est y a-t-il un enseignement à en tirer ?

Perso, j'en suis encore là.
TSA, diagnostic établi à mes 33 ans par le CRA de ma région.
"Ce syndrome est caractérisé chez ce patient par l’absence de détérioration intellectuelle, un syndrome dysexécutif, un déficit d'attention"

Avatar du membre
Mizton
Prolifique
Messages : 910
Enregistré le : vendredi 13 janvier 2012 à 14:18
Localisation : Nantes

Re: De quoi peut-on encore rire ?

#39 Message par Mizton » dimanche 27 mai 2018 à 16:45

Je me permets de donner mon avis sur la question.
L'humour ça sert à quoi à la base ? à rire. à se détendre. ça peut servir à dénoncer et critiquer un système dominant. Et ça peut aussi servir pour blesser, pour renforcer un système dominant et oppressif, à renforcer les préjugés et idées reçues etc.
J'ai lu en diagonal le fil, parce qu'au fur et à mesure je sentais de la colère monter en moi, en lisant des trucs qui pour moi sont super violents en fait.

Mon point de vue concernant l'humour est finalement relativement simple :
- Premièrement, il y a rire avec, et rire aux dépends de. Pourquoi rire aux dépends de, quand on peut rire avec ?
- Il y a rire de soi, et rire des autres. Rire de soi et rire des autres n'a absolument pas la même portée ni les mêmes conséquences.
- Ya tout un pan de l'humour qui ne blesse personne, parce que c'est du situationnel (qui peut concerner tout le monde), ou parce que c'est des jeux de mots etc (Devos ?)

- Rire d'un système dominant ne fait pas de mal, ça ne renverse pas le système dominant, ça n'a pas d'impact négatif sur ce système, ça pousse juste à le remettre en question. Et les piques que peuvent recevoir les gens qui se sentent visés (car appartenant au système dominant) sont de l'ordre de l'exceptionnel.
- Par contre, et c'est là où c'est crucial selon moi : rire d'une population déjà marginalisée (rire des personnes racisées, étrangères, en situation de handicap, gays, trans, pauvres/précaires, obèses, malades, ou de confession religieuse minoritaire (minoritaire signifiant dans ce cas présent : en position d'infériorité par rapport d'un système dominant. Genre en Europe le christianisme est le système religieux dominant, obviously), quand on n'appartient pas soi-même à cette dite population, ben là c'est problématique, car ça contribue à renforcer les oppressions déjà en place, et à conforter la marginalisation de ces dites populations.

J'imagine que vous êtes au courant que par exemple, traiter quelqu'un de pédé, c'est pas ok, parce que c'est une insulte. Même si c'est dit "pour rigoler" ou avec ses amis (dont certains sont peut-être gays d'ailleurs hein...). Si une personne concernée (donc gay) le dit, bah c'est pas pareil, c'est de la réappropriation d'insulte, et là ça lui appartient. Exactement comme le mot "nègre" qui n'est acceptable que s'il est utilisé par des personnes concernées...

Et comme quelqu'un l'a déjà dit ici : il n'appartient pas aux personnes non-concernées par une oppression de déterminer et donner leur avis sur ce qui participe ou non à cette oppression.
Bien évidemment, ça ne veut pas dire qu'une personne hétéro ne peut pas dénoncer l'homophobie ! Ou qu'un homme ne peut pas dénoncer le sexisme. ça veut juste dire que ça ne leur appartient pas de déterminer ce qui l'est à la place des personnes concernées, et que leur rôle - s'iels veulent dénoncer l'oppression / la discrimination en question - est de rapporter la parole des personnes concernées. Si les personnes concernées majoritairement vous explique que tel truc est oppressif, ben ça l'est en fait. Point barre. Et super si à l'avenir vous dénoncer ce truc oppressif en fait. Mais juste, de dire quand on est pas concerné "mais n'imp, c'est pas oppressif", bah.... ça participe à l'oppression en fait.
Quand on rit en appuyant sur des clichés, on les renforce et on achève à coup de pieds les personnes qui sont déjà à terre. On valide le fait de rire au dépend de ces gens, de les tourner en ridicule, on valide le fait que ces gens sont des blagues en fait, et qu'iels ne méritent pas le respect....

Et si l'"""humour""" oppressif vous fait marrer, ben je pense personnellement que la moindre des choses c'est de le garder pour vous...
L'auto-dérision n'a rien à voir là dedans. Perso, dans les communautés auxquelles j'appartiens, on fait beaucoup d'humour et de blagues sur nous même. Mais c'est drôle parce que c'est dit par des personnes concernées.
Moi en tant que non-autiste, ça m'appartient pas de dire par exemple que "holala ça va, quand on vous traite de rainman c'est pas blessant c'est bon c'est de l'humoooour".... Parce que ça reviendrait à nier le fait que ça puisse être blessant, invalidant etc.
Le problème en fait c'est que l'humour devient un prétexte pour balancer des idées nauséabondes. C'est devenu l'excuse pour dire des trucs homophobes, transphobes, racistes, antisémites, sexistes, putophobes, psychophobes et j'en passe. C'est tellement facile de nier l'expérience des personnes concernées en affirmant qu'en fait, le problème, ce sont elles (parce qu'elles n'ont pas d'humour).

Et oui, ça peut arriver à tout le monde de rigoler au dépend de qqn d'autre, mais franchement je me demande quel est le but, de rire si c'est pas avec l'autre, mais "de l'autre". Rire du malheur de quelqu'un, rire de sa différence, rire de ses complexes, rire de la violence qu'il se prend quotidiennement etc... Est-ce vraiment de l'humour, quand ça se fait aux dépends de personnes qui subissent DEJA la violence ?
Rire du gouvernement en place, rire des mecs blancs hétéros, des cathos etc, ça n'a aucune commune mesure, dans le sens où ces populations là ne vivent AUCUNE discrimination liée à cela. Donc l'humour n'aggrave pas leur situation. Et tend juste à contrebalancer le système de pouvoir en place... C'est pour ça que Florence Foresti peut faire de l'humour en caricaturant les femmes (autodérision, elle fait partie de cette population) ET en caricaturant les hommes (qui font partie de la classe dominante). Et elle ne se moque pas des hommes trans ou des hommes noirs ou des hommes musulmans hein. Mais juste du fait qu'ils sont des hommes. Parce qu'ils ne vivent aucune discrimination liée au fait d'être homme.

Et franchement, ce que je dis là dépasse mon simple point de vue personnel hein. C'est largement partagé dans les diverses communautés marginalisées...
Ne pas se rendre compte du pouvoir oppressif de l'humour est à mon sens un grand danger..
Compagnon NPTT (neuro-pas-très-typique) d'aspicot :) -> HPI confirmé
Et Annihilator assumé :p

Avatar du membre
MlleHulotte
Prolifique
Messages : 881
Enregistré le : samedi 1 octobre 2016 à 16:30

Re: De quoi peut-on encore rire ?

#40 Message par MlleHulotte » dimanche 27 mai 2018 à 22:11

Mizton, je suis tellement d'accord avec tes propos si bien exprimés :bravo:
diagnostiquée autiste - TDAH - fibromyalgie - dyspraxie - TCA - etc.

Répondre