Apprendre à être

Pour les gens qui ont simplement envie de discuter sans souhaiter faire passer d'information particulière.
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Alceste
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Apprendre à être

#1 Message par Alceste » mardi 10 octobre 2017 à 14:07

Il y a quelque chose qui me gène dans l'idée que ce que je suis - que je ressens par certains côtés comme une gêne, parfois même une souffrance - devrait être"corrigé" par l'apprentissage de la "normalité".

Je suis différent de la plupart des gens dans ma façon de communiquer, de (ne pas) comprendre comment interagir de manière adéquate.

Mais c'est moi.

J'aimerais gommer ces difficultés, aplanir ces différences, mais entamer un travail pour changer de comportement me donne l'impression de devoir me renier.

Apprendre à "jouer le jeu" me donne le sentiment de devoir être hypocrite, manipulateur.

Comment vivez-vous cela ?

(Pour info, j'ai mis les pieds chez un psy très récemment ... Tout ce que je sais de moi je l'ai appris seul, le contrôle que j'ai sur moi je l'ai construit seul. Et je crois que je suis au bout de ce que je peux faire seul).
Il faut se résigner à être heureux de ce que la vie nous offre, sans paresse ni complaisance.

* Diagnostic Aspie 01/2018. Bilan réalisé par un psychiatre spécialiste * RQTH valide *

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rainbow
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Re: Apprendre à être

#2 Message par rainbow » mardi 10 octobre 2017 à 16:38

Je ne sais plus où j'ai entendu ça récemment mais j'ai bien aimé la comparaison que les autistes et les NT ne "parlent pas la même langue".
On peut donc apprendre à parler "neurotypique" (répondre "ça va, et toi ?" à quelqu'un qui nous dit "ça va ?" au lieu de bonjour... :roll: ), sans non plus passer son temps à ne plus parler que "neurotypique".
Tous les moments où on est seul ou avec des personnes qui nous connaissent et nous acceptent telles que nous sommes, ben on "parle" autiste, on est nous-même, sans jouer de rôle :-)

En espérant t'avoir apporté un élément de compréhension (oui je sais c'est compliqué de "jongler" entre différentes choses, de passer de l'une à l'autre quand on est autiste).
Enfin diagnostiquée Syndrome d'Asperger à 36 ans ! et TDA(H) à 38 ans !

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Bubu
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Re: Apprendre à être

#3 Message par Bubu » mardi 10 octobre 2017 à 17:27

C'est un problème pas évident. Et c'est intéressant de le poser.
Je vois 2 solutions

Essayer de se fondre parmi les NT.
C'est le burn-out assuré. On ne supporte pas longtemps de porter le masque NT, ça nous ronge de l'intérieur. Et ça fini par exploser.

S'affirmer tel qu'on est avec nos différences (Éventuellement en en parlant autour de soi)
On sera moins entouré, mais au moins ce seront des gens sincères.

(L'option que j'ai choisie depuis 20 ans est mauvaise. Je fais le clown et je tente de nier mon existence. Ça ne mène à rien ça. On passe pour un imbécile et on ne progresse pas)

Bon courage pour ton questionnement. Mais je conseillerais la deuxième option.
TSA, diagnostic établi à mes 33 ans par le CRA de ma région.
"Ce syndrome est caractérisé chez ce patient par l’absence de détérioration intellectuelle, un syndrome dysexécutif, un déficit d'attention"

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Dinosaurus
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Re: Apprendre à être

#4 Message par Dinosaurus » jeudi 12 octobre 2017 à 1:56

Pour moi, chassez le naturel il revient aussitôt au galop... :innocent:
Du coup les gens remarquent assez vite mes bizarreries, certains s'en accommodent, d'autre en profitent, mais beaucoup me donnent des leçons ; "faut faire ci, faut pas faire ça, gna gna gna..."
Bien sûr, j'essaye de faire des efforts, souvent on est ridicule et on passe pour un raté, et parfois on est récompensé et ça fait du bien.
Pas diagnostiqué. Mais un truc lié à la communication sociale ne tourne pas rond chez moi...

Louyestu
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Re: Apprendre à être

#5 Message par Louyestu » jeudi 12 décembre 2019 à 10:52

J'ai passé et passe encore tellement de temps à être quelqu'un que je ne suis pas en société que je n'arrive plus vraiment à savoir qui je suis réellement.
En société (notamment au travail) , je suis celle qui amuse la galerie, un clown. Et lorsque finalement je m'exprime sur un sujet dit "sérieux" , on ne tient pas compte de mon analyse et des propositions qui en découlent. Je perds toute crédibilité. J'ai donc tenté de faire tomber le masque à plusieurs reprises mais à chaque fois je soulève des points que les gens auraient préféré laisser caché sous le tapis. Je suis trop cash. Résultat on ne m'écoute pas, ça dérange.
Alors je vis un peu comme si j'étais en représentation au théâtre. Je joue un rôle.
Dans la vraie vie, je suis celle qui aime le calme , celle qui est authentique, celle qui se drappe de matières douces et moelleuses. Je suis celle qui peut ne pas parler (ou le minimum, bonjour merci, bonne nuit) pendant plusieurs jours puis devenir celle qui peut parler pendant des heures d'un sujet.
Mon entourage est tolèrent, mon fils est comme moi, avec lui même sans parler on se comprend. Mon conjoint lui a parfois des difficultés à me suivre, il me dit souvent d'en venir au fait, de ne pas parler comme dans un livre, avec trop de détails, de faire simple. Mais quand je fais simple, ça ne convient pas non plus. Trop simple. :innocent:
TROS est un mot qui revient souvent, je n'ai pas de demi mesure, de juste milieu. Je ne sais pas faire, pourtant j'essaie, vraiment.
Et vous ?
Bipolaire type 2.

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Re: Apprendre à être

#6 Message par user6375 » jeudi 12 décembre 2019 à 10:58

Alceste a écrit : mardi 10 octobre 2017 à 14:07 Il y a quelque chose qui me gène dans l'idée que ce que je suis - que je ressens par certains côtés comme une gêne, parfois même une souffrance - devrait être"corrigé" par l'apprentissage de la "normalité".

Je suis différent de la plupart des gens dans ma façon de communiquer, de (ne pas) comprendre comment interagir de manière adéquate.

Mais c'est moi.

J'aimerais gommer ces difficultés, aplanir ces différences, mais entamer un travail pour changer de comportement me donne l'impression de devoir me renier.

Apprendre à "jouer le jeu" me donne le sentiment de devoir être hypocrite, manipulateur.

Comment vivez-vous cela ?
Ton propos résume ma vie en quelques mots. 20ans a chercher a m'adapter, m'integrer, me normaliser.
Au final je me suis perdu moi-même, j'ai perdu la flamme qui me motivait dans la vie. Ce qui m'a poussé a aller voir un psy.

Au final je sais pas ce qui est le mieux, tenter de se normaliser ou vivre tel qu'on est ... Mais clairement perso je vis mal tout ca.

PS : comme tu dis, je suis en train d'apprendre a être moi-même, et tant pis pour les autres, la société, la normalité. Faire des efforts que ne payent pas, c'est de l’énergie et du temps perdu !!!
IA helvétique téléchargée en 1982
HQI (que je préfère appeler HP), Diagnostiqué Asperger
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lulamae
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Re: Apprendre à être

#7 Message par lulamae » jeudi 12 décembre 2019 à 11:29

Il existe une notion intéressante en ce sens, dont j'ai eu connaissance lors de ma formation d'enseignante : c'est la congruence selon Carl Rogers :
https://www.lepsychologue.be/articles/c ... pathie.php
lepsychologue.com a écrit : 1. La congruence

La congruence ou encore l’authenticité du thérapeute. Cela concerne sa capacité à être correctement en contact avec la complexité des sentiments, des pensées, des attitudes qui sont en train de circuler en lui tandis qu’il cherchera à suivre à la trace les pensées, les sentiments de son client. Il revient au thérapeute de discerner quand et comment communiquer ce qu’il éprouve pour autant que cela puisse être approprié pour le client dans la relation thérapeutique.
Bien sûr, elle concerne surtout la relation d'aide, et on peut en avoir aussi un aperçu intéressant sur ce site de cours pour les infirmiers (partie lisible, sinon il faut créer un compte, mais l'accès est gratuit) :
https://www.infirmiers.com/etudiants-en ... icite.html

Elle peut être étendue il me semble à la manière d'être en société en général. A l'époque, cette notion était douloureuse pour moi, car je remarquais que si je désirais être authentique, je me mettais en danger, car je me montrais forcément différente, et ça me faisait peur.

Avec le temps et l'expérience, je pense maintenant que cela peut permettre davantage d'être compris(e) que de faire semblant, à condition de pouvoir expliquer aux personnes auprès de qui c'est important des particularités de notre fonctionnement. Il n'est pas forcément besoin ni souhaité de parler d'autisme, on peut aussi s'affirmer en disant tranquillement "je fonctionne comme ça" - du moment qu'on est soi-même au clair avec cette connaissance de soi grâce au diagnostic et à la réflexion (lectures et retours sur l'expérience, thérapie) qui le complète.
Diagnostic d'autisme juillet 2019.

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Yahnou CNH
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Re: Apprendre à être

#8 Message par Yahnou CNH » jeudi 12 décembre 2019 à 13:38

Je ne parlerai pas de mon expérience parce que j'ai peur de choquer certains...
Pour moi apprendre à être comme les autres est très dur, même si je me suis "adapté" aux gens autour de moi.
Je reste moi même, avec mes manies, mes façons de faire... C'est ce qui me fait moi.
Je l'assume, et pourtant j'ai du mal à l'accepter, c'est peut-être la combinaison de l'autisme et du diabète qui me fait honte. Qui sait ?
Pourtant, je n'ai pas une mauvaise vie. J'ai mon frère, mes sœurs et mes parents, sans compter la famille autour de moi qui m'a soutenu quand j'étais à l'hôpital.
La dépression que je vis vient peut-être du fait que j'essaie de m'éloigner de mon étiquette, qui est en grand sur mon front pour les autres "je suis bizarre" ou "je suis pas normal" car ça me fait souffrir. Mais pourquoi s'éloigner quand on peut se servir de cette étiquette pour se démarquer des autres.
Fuir l'autisme par conséquent n'est pas une solution pour moi, c'est la cause de tous mes problèmes.
Diagnostiqué autiste Asperger en février 2006

Pourquoi un autiste ne devrait pas avoir de passions ? Moi j'aime tout ce qui roule (sauf les trains)
Photo de profil : Fast Concept Car Scoler 3 I Hervouet
Ligne 1027 Mortagne Evrunes

budakesi
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Re: Apprendre à être

#9 Message par budakesi » vendredi 13 décembre 2019 à 14:58

Faites-vous une différence entre être et exister ?
"I am, plus my circumstances." José Ortega y Gasset
HPI, diagnostiquée Asperger en janvier 2016

Ellendë
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Re: Apprendre à être

#10 Message par Ellendë » vendredi 13 décembre 2019 à 17:58

Alceste a écrit : mardi 10 octobre 2017 à 14:07 Il y a quelque chose qui me gène dans l'idée que ce que je suis - que je ressens par certains côtés comme une gêne, parfois même une souffrance - devrait être"corrigé" par l'apprentissage de la "normalité".

Je suis différent de la plupart des gens dans ma façon de communiquer, de (ne pas) comprendre comment interagir de manière adéquate.

Mais c'est moi.

J'aimerais gommer ces difficultés, aplanir ces différences, mais entamer un travail pour changer de comportement me donne l'impression de devoir me renier.

Apprendre à "jouer le jeu" me donne le sentiment de devoir être hypocrite, manipulateur.

Comment vivez-vous cela ?

(Pour info, j'ai mis les pieds chez un psy très récemment ... Tout ce que je sais de moi je l'ai appris seul, le contrôle que j'ai sur moi je l'ai construit seul. Et je crois que je suis au bout de ce que je peux faire seul).
Ton poste m’interpelle car j’ai eu ce même sentiment dans le sens inverse ( je crois)
Dans la mesure où j’ai passé ma vie à «  imiter les autres quand je leur parle », non intentionnellement mais par réflexe j’ai du mal à me retrouver. Quand je dis imiter, je veux dire récupérer un peu de leur gestes, tic, façon de parler, comportement etc. Ceci dit il y a des choses que je ne peux « imiter » J’ai également fait la démarche d’aller voir un psy dans cette optique ( être à bout) mais aussi parce que je me retrouvais dans certains articles/site parlant de l’autisme

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Re: Apprendre à être

#11 Message par zeffe » vendredi 13 décembre 2019 à 19:29

J'ai tellement voulu essayer et je me suis ramassée à chaque fois ... donc ce que je peux "lisser" et qui ne me fatigue pas trop, ok, ( du genre, sortir exceptionnellement le dimanche, faire les courses en couple à 14h plutôt que le matin à 8h45) je fais, mais sinon, non, je ne peux vraiment plus ... d'ailleurs je trouve que les gens nous acceptent finalement mieux quand on est nous-mêmes que quand on fait semblant et que après, ben on prend un peu trop confiance et on se comporte comme ... nous-mêmes quoi :mryellow: et là, ça se gâte ! Ets'ils sont peu, tant pis pour eux . J'avoue que ce côté de ne pas trop en faire pour " bien passer en société" isole un peu ( c'est mon cas et bizarrement, je cherche beaucoup le contact même si une fois que les gens viennent vers moi, je les fuis!) , mais à la limite quand je vois comme les gens se fichent de tout et de tout le monde, je me dis qu'au moins je ne m'impose pas d'être avec des hypocrites .

En ce moment, cet isolement ( dû à mon comportement, bien entendu) me fait beaucoup souffrir , mais bon ... ça passera, comme toujours . Et puis ça reviendra! Je fais avec.
TSA + phobies sociales massives .
Mariée, 2 enfants :love: Diag. Novembre 2016

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Re: Apprendre à être

#12 Message par Braisillon » vendredi 13 décembre 2019 à 19:31

Ellendë a écrit : vendredi 13 décembre 2019 à 17:58
Ton poste m’interpelle car j’ai eu ce même sentiment dans le sens inverse ( je crois)
Dans la mesure où j’ai passé ma vie à «  imiter les autres quand je leur parle », non intentionnellement mais par réflexe j’ai du mal à me retrouver. Quand je dis imiter, je veux dire récupérer un peu de leur gestes, tic, façon de parler, comportement etc. Ceci dit il y a des choses que je ne peux « imiter » J’ai également fait la démarche d’aller voir un psy dans cette optique ( être à bout) mais aussi parce que je me retrouvais dans certains articles/site parlant de l’autisme
J'ai le même type de comportement inconscient face à quelqu'un, je suis un véritable miroir. J'ai conscience d'imiter tout ce que je peux de façon instinctive et ça me dérange énormément.
Je me demande si les stratégies d'évitement et la recherche de solitude, de ne pas être en contact avec les autres ou alors de façon très limité dans le temps, ne vient pas aussi de cette gêne. Cette sensation ne pas être moi et cet effort de contrôle pour ne pas devenir une caricature de la personne que j'ai en face.
TSA suspecté par une psychologue spécialisée dans l'autisme

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Re: Apprendre à être

#13 Message par Autiste ou surdoué ? » vendredi 13 décembre 2019 à 23:26

Ah, ce côté miroir pour se faire accepter des autres ! Je fais toujours ça d'instinct, et puis finalement je suis incapable d'assumer quand les gens me proposent d'aller plus loin parce qu'ils veulent m'intégrer à leur groupe...
Spoiler : 
Le truc typique est de sympathiser avec des gens sur un camping, puis les éviter voire se cacher car ils sont dans la bière /pétanque / apero/ barbecue, en riant bien fort (tout ce qui me met mal à l'aise :mrgreen: ).
Alors ils ne comprennent pas, et moi non plus d'ailleurs. Ou peut-être être tente-je de leur ressembler par peur de leur réaction si je me montrais différent ?
Diagnostiqué par le CRA en 2020 non autiste mais de gros problèmes dans le ressenti des émotions (alexithymie) et dans la communication sociale.

HQI aussi, ce qui peut aller de pair.

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freeshost
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Re: Apprendre à être

#14 Message par freeshost » vendredi 13 décembre 2019 à 23:37

Louyestu a écrit : jeudi 12 décembre 2019 à 10:52Je joue un rôle.
Louyestu a écrit : jeudi 12 décembre 2019 à 10:52Dans la vraie vie, je suis celle qui aime le calme , celle qui est authentique, celle qui se drappe de matières douces et moelleuses. Je suis celle qui peut ne pas parler (ou le minimum, bonjour merci, bonne nuit) pendant plusieurs jours puis devenir celle qui peut parler pendant des heures d'un sujet.
Dans la vraie vie, je suis de ceux qui aiment le calme, qui ne parlent pas beaucoup et qui n'ont pas forcément besoin de parler de leurs intérêts spécifiques (surtout à des personnes que ça n'intéresse pas). :mrgreen:

Peu parler est économe en cuillère. :lol:

À quelle dose parler ? Hmmm... je dirais que c'est à adapter à chaque interlocuteur, et aussi (surtout) au but. Pourquoi est-ce que je parle ? Dans quel but ? Quel est l'effet recherché ? Car on ne parle pas toujours dans le même but. [Parler juste pour parler n'est pas souvent mon but. :mrgreen: Je parle plus souvent pour aider à la compréhension ou pour poser des questions.]
Pardon, humilité, humour, hasard, confiance, humanisme, partage, curiosité et diversité sont des gros piliers de la liberté et de la sérénité.

Diagnostiqué autiste en l'été 2014 :)

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pimpoline
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Re: Apprendre à être

#15 Message par pimpoline » dimanche 15 décembre 2019 à 21:43

Merci d'avoir fait remonter ce sujet d'Alceste. ;)

Je suis retrouvée dans ton questionnement initial (qui doit te paraître bien dépassé à présent).
ça m'a traversé l'esprit au moment du prédiagnostic: suis-je juste une bonne comédienne, ai-je une part de naturel quelque part, dois-je me conformer davantage en comblant mes lacunes?

Je suis convaincue qu'il n'y a pas à faire de choix entre deux options fondamentalement opposées, à savoir s'affirmer par ses différences ou bien se fondre dans le moule.

Je crois à l'équilibre, tout simplement parce que les autres aussi rencontrent cette difficulté, dans une moindre mesure: quels sont les contours de mon identité? Suis-je en train d'agir, penser, ressentir en n fonction de moi uniquement, ou bien sous l'influence des autres? Suis-je totalement moi, suis-je un peu les autres aussi?
Le mimétisme est inévitable et même nécessaire pour exister en collectivité. Il peut rester tolérable si l'on se préserve et si l'on sait aussi s'affirmer dans sa singularité sans que ce soit avec véhémence. Enfin c'est ce que je crois et que j'essaie de vivre. J'ai trop longtemps absorbé les façons de faire d'autrui, au point de ne plus savoir qui j'étais.

Est-ce que vous avez déjà pensé que quelqu'un aurait aussi pu vous imiter, essayer de se comporter comme vous pour se lier à vous?
ça m'est arrivé une fois et une seule de m'en apercevoir, et je suis sûre que la personne en face était (et est toujours) Asperger. ça sonnait faux, maladroit, mais j'ai compris pourquoi elle agissait ainsi. J'avais l'impression de me voir quand j'essaie d'être à l'aise avec les autres en faisant comme eux. ça m'arrive moins cela dit, je me dissocie sans forcément me mettre en retrait par évitement.

J'adore ce sujet. Chacun de vos messages me parle, c'est tellement riche comme expérience quand on s'y penche.


@budakesi: je ne connais pas la différence officielle entre être et exister. Voilà ce que je me donne comme référence, qui est peut-être totalement le contraire de ce qui est communément admis ou référencé, notamment en philo: exister est plus fort qu'être. Etre c'est respirer. Exister implique une revendication de son être à travers des choix. Exister implique forcément d'assumer sa singularité, pour ne pas simplement être parmi les autres. Exister est donc aussi ce qui me permet de me sentir reliée aux autres, y compris et grâce à mes bizarreries qui me donnent ce sentiment particulier de faire partie d'un tout malgré mes aspérités. Et donc de pouvoir parfois juste me laisser être, sans rien de plus. ça me demande du travail, du détachement mais j'y parviens mieux qu'il y a quelque temps.
TSA HPI

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