La dissonance cognitive, où pourquoi des idées terrorisent

Pour les gens qui ont simplement envie de discuter sans souhaiter faire passer d'information particulière.
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Siobhan
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La dissonance cognitive, où pourquoi des idées terrorisent

#1 Message par Siobhan » jeudi 12 avril 2018 à 14:15

Modération (Tugdual) : Déplacement du sujet depuis "À propos de l'autisme et du S.A."


La dissonance cognitive, où comment chacun peut se sentir agressé par des concepts (en gros, au cas où j'aurais bien compris)




Je tiens à préciser que je ne suis pas étudiant ni professionnel de la psychologie sociale, et que ce que je dis sera donc probablement amené à être au moins un petit peu modifié. Les critiques sur ce que j'écris sont de fait tout à fait bienvenues.





Déjà, deux vidéos qui m'ont permis de découvrir le concept de dissonance cognitive :

https://www.youtube.com/watch?v=Hf-KkI2U8b8 (tronche en biais #3 : la dissonance cognitive)

https://www.youtube.com/watch?v=UzLCAwVGVOc (la dissonance cognitive / PsyGraph)


Ensuite, le bouquin de référence (que je ne prétends pas du tout avoir lu en entier au passage) écrit par le créateur du concept de dissonance cognitive, Léon Festinger.
Festinger, L. (1957). "A Theory of Cognitive Dissonance". Stanford, CA: Stanford University Press.



D'après la page wikipedia sur Leon Festinger, il me semble que ce concept de dissonance cognitive est très puissant et élégant, et qu'il continue à être utilisé comme grille de lecture par des gens travaillant dans la psychologie sociale aujourd'hui.
(page wikipedia "Leon Festinger", point 3 : "Legacy")

https://en.wikipedia.org/wiki/Leon_Festinger





Bon, pour commencer, je reprends les mots de Vled Tapas de la chaîne youtube "La tronche en biais", dans la vidéo que je vous ai mis en lien :

"La dissonance cognitive est un malaise, un état déplaisant, voire extrèmement désagréable où l'individu se trouve lorsqu'il est en présence d'éléments cognitifs contradictoires."

Cette définition est éclairée par le deuxième titre de la vidéo en question
(https://www.youtube.com/watch?v=Hf-KkI2U8b8 )
qui est "Le besoin de cohérence".

La dissonance cognitive s'oppose donc à l'idée de "consonance" ou cohérence cognitive.


En gros, si en plein mois de janvier, dans la rue, une personne vous aborde en vous disant très poliment que le manteau que vous portez n'est pas à vous mais à elle, dans votre esprit s'entrechoque deux conceptions incompatibles.
La conception que le manteau que vous portez est le vôtre est incompatible avec la conception que le manteau que vous portez appartient à une personne complètement inconnue qui vous aborde de manière farfelue.

La dissonance cognitive, c'est le malaise ressenti lors de l'affrontement de concepts qui se joue dans un cerveau, consciement, ou bien et c'est très important, inconsciement (les deux en même temps en fait).

Image


Pour donner un autre exemple, je pense pouvoir émettre l'aphorisme suivant : "Lorsque notre morale entre en contradiction avec un élément de notre vie, il en résulte un malaise que l'on peut résoudre soit en agissant sur l'élément en question, soit en modifiant notre morale, soit en faisant un peu des deux."



J'ai découvert ce concept de dissonance cognitive à peu près moment où j'ai commencé à me rendre compte que j'étais peut-être une personne avec autisme. Cela m'a beaucoup aidé a relativiser (un peu) ou du moins à comprendre (beaucoup plus) la violence et la bêtise de certaines réactions de mon entourage qui ont eu lieu dans le cadre de l'annonce, dans un premier temps, de mes suspicions sur mon autisme, et dans un deuxième temps, de l'annonce de la certification de mon diagnostic.


Ce n'est pas ce que j'ai vécu, mais typiquement je pense qu'il peut y avoir des situations familiales où il se passe la chose suivante, disons pour un père de famille :

1. Le père pense que si il était un bon père, il aurait quand même su que son enfant était autiste (c'est l'idée que ce père hypothétique se fait, quand bien même il n'aurait aucune notion solide sur l'autisme).

2. Le fils annonce à son père qu'il vient d'être diagnostiqué autiste.

3. Si le père continue à croire que cela fait de lui un "mauvais père" de ne pas s'être rendu compte de l'autisme de son fils, il y aura peut-être une réaction de déni fort, tant que dans sa tête le dilemne "je suis un bon père" versus "mon fils est autiste et je ne m'en suis pas rendu compte durant toutes ses années" continue d'exister.



J'espère que c'est à peu près clair. Encore une fois de plus, si je dis des bêtises surtout reprenez-moi.
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Re: La dissonance cognitive, où pourquoi des idées terrorise

#2 Message par bidouille » jeudi 12 avril 2018 à 14:28

ca se retrouve aussi quant une personne tenante d'une idée, est face a des arguments solides qui vont a l'encontre de cette idée. La personne se sent agressée et deviens agressive.
Maman bizarroïde d'un grand ado de 16 ans (EIP TDA) et d'un ado de 14 ans Asperger TDAH.

Tous différents , tous humains!

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Siobhan
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Re: La dissonance cognitive, où pourquoi des idées terrorise

#3 Message par Siobhan » jeudi 12 avril 2018 à 14:33

Exactement, même si on présente les idées contradictoire de manière tout à fait affable et carrée.
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freeshost
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Re: La dissonance cognitive, où pourquoi des idées terrorise

#4 Message par freeshost » jeudi 12 avril 2018 à 22:23

Tu peux aussi lire cette discussion. :P
Pardon, humilité, humour, hasard, confiance, humanisme, partage, curiosité et diversité sont des gros piliers de la liberté et de la sérénité.

Diagnostiqué autiste en l'été 2014 :)

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Re: La dissonance cognitive, où pourquoi des idées terrorise

#5 Message par Siobhan » jeudi 12 avril 2018 à 22:32

Merci Freeshost !
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lulamae
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Re: La dissonance cognitive, où pourquoi des idées terrorisent

#6 Message par lulamae » lundi 26 novembre 2018 à 19:11

Quand cette dissonance est volontairement suscitée, cela évoque aussi la communication paradoxale, en psychologie et dans le management. Je n'ai pas trouvé de lien satisfaisant, mais sur wikipedia, c'est expliqué à "double contrainte".
https://fr.wikipedia.org/wiki/Double_contrainte
Diagnostic d'autisme juillet 2019.

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Re: La dissonance cognitive, où pourquoi des idées terrorisent

#7 Message par Siobhan » mardi 27 novembre 2018 à 13:18

lulamae a écrit : lundi 26 novembre 2018 à 19:11 Quand cette dissonance est volontairement suscitée, cela évoque aussi la communication paradoxale, en psychologie et dans le management. Je n'ai pas trouvé de lien satisfaisant, mais sur wikipedia, c'est expliqué à "double contrainte".
https://fr.wikipedia.org/wiki/Double_contrainte
Ce que tu évoques me fait penser à un effet rhétorique, qui a probablement un nom consacré, qui consiste a d'abord créer un paradoxe dans l'esprit du recepteur de manière artificielle, pour tout de suite après apporter une réponse au paradoxe, ce qui peut créer une sorte de gratitude chez le récepteur, qui peut avoir oublié que l'angoisse intellectuelle de laquelle il est tirée a aussi été générée par l'orateur juste avant.

Une sorte de "pyromanie pompière" (cf. l'experession "pompier pyromane") oratoire au final.

edit : Mais du coup, c'est peut-être ça la "communication paradoxale" que tu évoques lulamae, non ?
homme, diagnostic TSA.

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Re: La dissonance cognitive, où pourquoi des idées terrorisent

#8 Message par lulamae » mardi 27 novembre 2018 à 14:23

Oui, ça existe en rhétorique, on trouve ça par exemple dans la dialectique éristique de Schopenhauer (l'Art d'avoir toujours raison) :
https://la-philosophie.com/art-avoir-to ... hopenhauer

Le point 9 par exemple est en rapport, ainsi que les points 13 et 16 - j'ignore en revanche le terme spécifique qu'il faudrait utiliser.
Le point 7 au passage me fait penser à un autre de tes posts où tu évoquais les trolls qui bombardent l'autre de questions (avec risque de mauvaise foi ou non).

Sinon, je distinguerais deux sortes de communication paradoxale : celle qui est volontaire pour troubler l'autre, et qui revient à dissimuler une contradiction. C'est de l'ordre de la manipulation.
Une anecdote, plutôt drôle, pour l'illustrer :
Un homme rend visite à sa mère avec une cravate rouge qu'elle lui a offerte (en même temps qu'une bleue). Elle lui demande : "Tu n'aimes pas la cravate bleue ?" Quoi qu'il réponde, il est en faute.
C'est une anecdote de Paul Watzlawick à propos de la double contrainte (double bind en anglais).
http://webinfo.over-blog.org/article-4805431.html

Quelques exemples dans des situations courantes :
https://zeboute-infocom.com/2013/08/26/ ... aradoxale/

Pour moi, il existe aussi un langage paradoxal involontaire, quand par exemple une personne exprime des sentiments ambivalents, ou n'accorde pas ses actes avec son discours. Ca crée aussi un décalage dans la recherche de cohérence.

Edit : erreur de liens.
Diagnostic d'autisme juillet 2019.

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Re: La dissonance cognitive, où pourquoi des idées terrorisent

#9 Message par Siobhan » mardi 27 novembre 2018 à 19:40

Spoiler : 
lulamae a écrit : mardi 27 novembre 2018 à 14:23 Oui, ça existe en rhétorique, on trouve ça par exemple dans la dialectique éristique de Schopenhauer (l'Art d'avoir toujours raison) :
https://la-philosophie.com/art-avoir-to ... hopenhauer

Le point 9 par exemple est en rapport, ainsi que les points 13 et 16 - j'ignore en revanche le terme spécifique qu'il faudrait utiliser.
Le point 7 au passage me fait penser à un autre de tes posts où tu évoquais les trolls qui bombardent l'autre de questions (avec risque de mauvaise foi ou non).

Sinon, je distinguerais deux sortes de communication paradoxale : celle qui est volontaire pour troubler l'autre, et qui revient à dissimuler une contradiction. C'est de l'ordre de la manipulation.
Une anecdote, plutôt drôle, pour l'illustrer :
Un homme rend visite à sa mère avec une cravate rouge qu'elle lui a offerte (en même temps qu'une bleue). Elle lui demande : "Tu n'aimes pas la cravate bleue ?" Quoi qu'il réponde, il est en faute.
C'est une anecdote de Paul Watzlawick à propos de la double contrainte (double bind en anglais).
http://webinfo.over-blog.org/article-4805431.html

Quelques exemples dans des situations courantes :
https://zeboute-infocom.com/2013/08/26/ ... aradoxale/

Pour moi, il existe aussi un langage paradoxal involontaire, quand par exemple une personne exprime des sentiments ambivalents, ou n'accorde pas ses actes avec son discours. Ca crée aussi un décalage dans la recherche de cohérence.

Edit : erreur de liens.
Merci pour le lien vers le résumé de "L’Art d’avoir toujours raison".


Le point 9 (le bombardement de questions), j'en ai parlé comme une attitude qualifiée de "sealioning".


Je ne retrouve pas ce que je décris plus haut ("pyromanie pompière oratoire") dans les points 13 et 16 : pour moi le discours que j'essaie de décrire n'a pas besoin de d'avoir un lieu lors d'un débat face à une partie adverse, au contraire il crée de toute pièce les paradoxes qui seront résolus quelques secondes plus tard.


J'essaie de détailler : il me semble que le réconfort généré par la résolution du paradoxe ressemble à un attachement positif à l'orateur, là où l'évocation du paradoxe crée un malaise et une répulsion vis-à-vis de l'orateur.
Cependant, si la différence répulsion-soulagement est systémétiquement au bénéfice de l'orateur (par exemple si l'on accepte naïvement n'importe lequel des arguments donnés), alors, enchaîner 10 fois cette manoeuvre dans une conférence, c'est du côté intellectuel brasser du vent, du côté éthique complètement répugnant, mais en terme d'efficacité de séduction face à un public inaverti ça marche à fond.
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Re: La dissonance cognitive, où pourquoi des idées terrorisent

#10 Message par Betta splendens » mercredi 28 novembre 2018 à 3:06

Merci pour ce poste, j'ai dit des choses...vrai à une personne récemment et vue sa réaction, je pense que j'ai un peu bousculée sont schéma de pensée. J'aimerai évité de me faire dénoncée pour hérésie (à tord car en faite c'est vrai e que je disait) je vais donc me montrée plus prudente.
Neuro-atypique (TSA) diagnostiquée à 21 ans, plusieurs soupçon de TSA dans la familles, un cousin diagnostiqué et 2 cousines en attentes de diagnostique.

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