À propos de la tendance à considérer "les vrais autistes".

Pour les gens qui ont simplement envie de discuter sans souhaiter faire passer d'information particulière.
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Benoit
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Re: À propos de la tendance à considérer "les vrais autistes

#16 Message par Benoit » vendredi 4 mai 2018 à 11:07

Autisme=handicap
Mais certains autistes ne se sentent pas handicapés. Seraient-ils moins autistes ?
Ne se sentent pas, c'est là le point important.
La dénégation "moi je ne suis pas handicapé" contient un horrible jugement de valeur envers les personnes en situation de handicap.

Mais rien n'est perdu, les autistes qui "ne se sentent pas handicapés" ont la capacité de remettre en perspective leur façon d'envisager le monde.
Il y en a beaucoup ici qui l'ont fait.

Je me sens personnellement très supérieur intellectuellement à toutes ces personnes qui ont cette vision viciée du handicap. :mrgreen:
En vrai je les plains, sauf celles qui ont compris ce message et persistent dans son refus.
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Re: À propos de la tendance à considérer "les vrais autistes

#17 Message par Tugdual » vendredi 4 mai 2018 à 11:16

Meddio a écrit :Il y a un paradoxe de base :

Autisme=handicap
Mais certains autistes ne se sentent pas handicapés. Seraient-ils moins autistes ?
Ceci ne représente qu'une des trois options exposées dans le premier
message (on peut éventuellement discuter sur ce "se sentent").

Je ne perçois pas de question mais des évidences :
  • "certains expriment" : oui, on est sur un forum ...
  • l'autisme est varié : oui, effectivement ...
:?
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Re: À propos de la tendance à considérer "les vrais autistes

#18 Message par Meddio » vendredi 4 mai 2018 à 11:20

@Benoit :

Le problème, je pense, est qu'il est très difficile de sortir de soi et d'envisager qu'on puisse voir, sentir les choses autrement. C'est comme si on était sa propre norme.

Je prends un exemple "caricatural" :

Si je n'ai qu'une jambe depuis la naissance, j'ai toujours monté les escaliers à cloche-pieds, pour moi c'est normal.

Si en plus on m'y a aidé, je vais me dire "non, je ne vois pas le problème" (milieu favorable)

Maintenant, si les gens m'ont bousculé dans l'escalier parce que je n'allais pas assez vite, j'ai pu sentir le décalage. (milieu défavorable)

Éventuellement, j'ai pu avoir la chance de comprendre la raison du décalage (eux ont une deuxième jambe) et j'ai encore pu avoir la chance de pouvoir me fabriquer une prothèse : ce n'est pas naturel, ça ne va pas de soi, je fais plus d'efforts et mets plus de temps, mais j'y arrive comme eux - bien sûr quand il s'agit d'aller plus vite, ça saute aux yeux de tout le monde que j'ai une prothèse.

Mais, dans une forme d'orgueil/fierté* - peut-être mal placé, je le comprends - je peux dire : je monte les escaliers avec les autres !

*ajouté après édition
Modifié en dernier par Meddio le vendredi 4 mai 2018 à 11:24, modifié 3 fois.
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Re: À propos de la tendance à considérer "les vrais autistes

#19 Message par Meddio » vendredi 4 mai 2018 à 11:22

@Tugdual,

Oui, c'est vrai mais il m'avait semblé que les deux autres étaient inclus dans le premier.
Cependant, le "ou" indique bien qu'il s'agit de trois choses à mettre sur le même plan (et pas l'une dans l'autre)
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Re: À propos de la tendance à considérer "les vrais autistes

#20 Message par Manichéenne » vendredi 4 mai 2018 à 11:28

(désolée si c'est en décalage, j'ai commencé ce message longtemps avant les débats précédants)
Alceste a écrit :Je viens de parcourir différents sujets, et une fois de plus je constate que certains expriment une réticence à accepter l'idée qu'on puisse être diagnostiqué autiste et

ne pas se "sentir" handicapé
ou
avoir une activité professionnelle nécessitant de nombreuses interactions dans des environnements variés
ou
vivre en couple sans difficulté apparente.
Je reprends un peu le message initial.
Tout est dans les "ou". Si tout va bien à tous les niveaux, ceux que tu évoques et d'autres, dans un environnement non spécifique, c'est surprenant. Comme l'autisme est un ensemble de multiples particularités pouvant toutes êtres présentes ou non à différents degrés, et dont l'impact dépend directement de l'environnement, on ne peut pas affirmer "un autiste ne peut pas faire telle chose".

Se sentir handicapé n'a pas une signification précise. Pouvoir vivre en autonomie, et en apparence comme tout le monde, ok. Pouvoir vraiment vivre comme tout le monde, faire les mêmes choses dans les mêmes conditions, je suis dubitative.

Il me semble que quelques autistes avérés (Anthony Hopkins...) ont "une activité professionnelle nécessitant de nombreuses interactions dans des environnements variés". Ce qui ne signifie pas qu'ils le font comme tout le monde, sans effort ni fatigue, sans que leur différence soit perceptible, avec la même durée et la même fréquence qu'un non autiste qui aurait une activité équivalente. Il y a d'autres cas, hors célébrités, de commerciaux, vendeurs, hôtesse d'accueil, avocat, etc. Souvent, il me semble que les interactions sont codifiées, le temps limité, la discussion porte sur un domaine précis, technique ou lié à un intérêt, ou le discours peut être préparé.
Rien ne peut nous permettre de juger les compensations mises en place et les impacts réels pour la personne sur la base de quelques apparences.

Pour le couple aussi, ça peut tout à fait se passer sans difficultés majeures. Le fonctionnement d'un couple n'est pas apparent. Si, par exemple, pour pallier à l'hypersensibilité du conjoint autiste le couple a choisi de faire chambre à part, on peut dire qu'il y a eu un aménagement pour sortir d'une situation de handicap. Pour autant ce n'est pas un couple "classique", les particularités de la personne avec un TSA n'ont pas disparu. On peut d'ailleurs remarquer que c'est le cas pour un très grand nombre de handicaps : une fois chez eux, tout est aménagé pour faire disparaître, ou diminuer au maximum, leurs difficultés.
1) nous ne ressentons sans doute pas tous les difficultés de la même manière.
Nous n'avons pas les mêmes difficultés, ce serait une formulation plus juste.

Je comprends relativement bien les implicites, je sais conduire, je ne sais pas me faire de repas, je suis hypersensible au toucher et à l'ouïe, je n'ai pas d'amis irl, je suis alexithymique, je réponds au téléphone dans un cadre professionnel, j'ai été en couple pendant 13 ans.
A, Asperger, comprend très mal les implicites, ne sait pas conduire, est hyposensible au chaud, n'arrive pas à téléphoner dans un cadre professionnel ce qui met en danger son emploi, a des amis, a un métier qui demande beaucoup d'échanges sociaux directs sans que ce soit une réelle difficulté, n'arrive pas à maintenir une relation de couple.
B, Asperger, bardé de diplômes, est sans emploi. Parle peu mais bien, ne regarde pas dans les yeux.
C, Asperger, parle en continu à 40 cm de ton visage sans qu'il soit possible de lui faire comprendre d'arrêter, a un emploi technique et une vie de famille.
D, autiste atypique, n'a presque aucune capacité à échanger de manière réciproque, ses phrases ne laissent aucune ouverture, n'attendent pas de réponse, et sont généralement assénées hors contexte, une heure après que le sujet a été abordé. D ne comprend pas les codes sociaux et peut avoir des comportement ou poser des questions très gênants en public, a été rejeté d'un emploi en milieu protégé, a été jugé déficient intellectuel jusqu'à son diagnostic qui montre un haut potentiel.
E, autiste typique, non verbal, mais montre une vraie volonté d'échanger en essayant d'imiter les phrases qu'il entend.
F, autiste typique, fait des aller-retours en flappant et en poussant de petits cris, s'arrête parfois pour poser une question incongrue, repart sans attendre la réponse, recommence avec quelqu'un d'autre.

Dans cette liste,
3 disent être en situation de handicap,
2 disent ne pas être handicapés, l'autisme est une différence,
2 n'ont pas d'avis sur la question.
Dans l'ordre.
2) la définition du syndrome est suffisamment floue pour que les extrémités du spectre correspondent à des réalités très différentes.
Un handicapé moteur peut avoir perdu ses membres, ou leur usage, il peut en avoir perdu 1, 2, 3 ou 4.
Il peut ne plus pouvoir se déplacer, ou courrir avec des spatules en carbone plus vite qu'un valide.
Pourquoi ne pas admettre cette diversité chez les autistes.
Je ne vois toujours pas qui ne l'admet pas ?
Je rappelle tout de même que malgré la diversité apparente sur ce forum, nous sommes tous (pour ceux qui ont effectivement un TSA) "à l'extrémité du spectre". Dans le sens où seuls des profils très particuliers participent, avec des capacités d'échange relativement correctes, une envie de communiquer, un bon accès au langage, la possibilité de sortir de ses intérêts particuliers, une intelligence normale à supérieure. Tous ces traits peuvent être affectés dans l'autre sens par l'autisme...

Du coup, je ne vois pas comment nier la diversité du spectre. Si déjà c'est aussi visible sur notre petit échantillon...
J'ai l'impression que tu veux insister sur cette diversité de l'extrémité du spectre (pour reprendre tes termes, parce que je n'aime pas voir le spectre autistique comme une représentation en deux dimensions).

Est-ce que ton questionnement ne s'explique pas plutôt parce que tu as pris personnellement une remarque sur les TSA, jugé qu'elle était négative et ne pouvant s'appliquer à toi ?
C'est dommage de ne pas parvenir à partager cette vision très large de la réalité des uns et des autres, parce que les échanges en pâtissent.
Je ne comprends pas, il me semble que c'est toi qui n'accepte pas qu'on parle ouvertement des particularités alimentaires des autistes, alors que ça fait bien partie de la réalité de certains.
Il faudrait évoquer cette diversité ici mais pas en public ?
Certains n'osent (parfois, quand la polémique est vive) exprimer leur point de vue qu'en message privé.
Je ne peux que les encourager à s'exprimer. Même si les échanges peuvent être un peu stricts dans la forme, confronter ses idées et le meilleur moyen de les faire évoluer. Le débat, si chacun essaie de respecter quelques règles, profite à tous.

Je suis sans doute maladroit, mais mon intention n'est que de faire progresser l'acceptation de tous ceux qui sont autistes, également malgré leurs différences.
Au risque d'être un peu directe : que connais-tu des autistes en général ?
Moi-même, très peu. J'ai rencontré irl au moins une centaine d'autistes, échangé avec beaucoup plus en ligne, et lu énormément sur le sujet, mais j'admets volontiers n'avoir qu'une petite idée de la diversité des personnes puisqu'il y a un énorme biais de sélection et que je suis régulièrement surprise par de nouveaux profils. Je crois qu'en voulant faire progresser l'acceptation de "l'autisme" je risque toujours de militer pour la reconnaissance de ce qui me touche moi, directement ou non.
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Mère de 3 enfants : fils Aîné TDAH et TSA, cadet TSA de type Asperger.

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Re: À propos de la tendance à considérer "les vrais autistes

#21 Message par olivierfh » vendredi 4 mai 2018 à 11:39

Tugdual a écrit :Je ne comprends pas le titre. Que veut dire :
Alceste a écrit :la tendance à considérer "les vrais autistes"
?
En lien avec "Témoignage (anglais) sur la conception du "vrai" autiste" ?
TSA de type syndrome d'Asperger (03/2017) + HQI (11/2016).
4 enfants adultes avec quelques traits me ressemblant, dont 1 avec diagnostic TSA et 1 au début du parcours de diagnostic.

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Benoit
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Re: À propos de la tendance à considérer "les vrais autistes

#22 Message par Benoit » vendredi 4 mai 2018 à 11:47

olivierfh a écrit :
Tugdual a écrit :Je ne comprends pas le titre. Que veut dire :
Alceste a écrit :la tendance à considérer "les vrais autistes"
?
En lien avec "Témoignage (anglais) sur la conception du "vrai" autiste" ?
Ca serait cocasse étant donné que l'article n'a rien de polémique pour ce forum, et inclut tout particulièrement une phase de "remise en perspective personnelle".
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Re: À propos de la tendance à considérer "les vrais autistes

#23 Message par misty » vendredi 4 mai 2018 à 11:49

Meddio a écrit :Voilà, j'ai fait ce qu'on appelle une parabole. Vous y trouverez ou non des liens avec des situations. Si c'est HS, ignorez-là, si vous pensez que c'est éclairant pour quelque chose, tant mieux c'est mon but, si tout le monde s'en moque, tant pis.
Au contraire je ne trouve pas ça HS du tout mais en plein dans le sujet car (j'espère que tu ne le prendra pas personnellement) ton exemple est tellement mauvais qu'il en devient très pertinent.

A ce que je sais, le judaïsme n'est pas un trouble neurodéveloppemental, sur lequel planchent beaucoup de chercheurs.
-Il n'y a pas 650 000 personnes concernées (estimation) par le judaïsme qui attendraient des solutions, rien qu'en France.
-Je n'ai eu vent d'aucune recherche en cours pour tenter de mieux cerner la problématique du judaïsme au niveau clinique afin d'espérer démêler des situations gravissimes.
-Je n'ai entendu parler d'aucun jeune juif mort de froid et de faim seul dans une tente, juste parce qu'il ne savait pas aller chercher de l'aide.
-Je n'ai vu dans les actualités aucun juif ayant emmagasiné tant de haine à cause de ses déficits sociaux et conséquences, qu'il finit par aller faire un carton au 9 mm+ carabine dans une école primaire.
-Ni aucun juif si démuni face aux femmes à cause de ses pulsions naturelles, entravées par ses problèmes d'interaction, qu'il en vient à haïr le sexe féminin dans son intégralité voire à foncer sur des gens au hasard au camion-bélier.
-Il n'y a pas actuellement des femmes juives à qui on retire leurs enfants ou qu'on signale aux services sociaux à cause de leur judaïsme.

Je peux te remplir des pages comme ça.

Ton exemple illustre à quel point on parle de choses différentes. La recherche, c'est aujourd'hui pour demain. Les situations critiques c'est maintenant. Il va falloir m'expliquer ce que vont apporter au niveau clinique des données venant d'autistes pas handicapés. On a déjà un peu de mal à constater les effets concrets de solutions théoriques entendues en boucle depuis des années, je veux bien savoir ce que ça va faire avancer pour qui de partir dans la revendication du non-handicap... :|

Tout le monde a le droit à son espace d'expression, y compris pour dire qu'il n'est pas d'accord.

Je ne suis pas méprisante, je suis pragmatique. C'est le foutoir complet, considérer ce "besoin de rien" dans ce contexte échappe totalement à ma logique. :innocent:
*Diag TSA*

***Nullius in verba***

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Re: À propos de la tendance à considérer "les vrais autistes

#24 Message par lulamae » vendredi 4 mai 2018 à 11:51

Je ne pourrais rien ajouter à vos messages, que je trouve justes, quand à la perception différente du handicap par chacun. Très juste aussi la remarque de @Meddio "on est à soi-même sa propre norme".

Dans mon cas personnel, je n'ai pris conscience de mon handicap social, après de longues années de cécité (il fallait bien s'adapter et survivre), qu'après avoir parlé avec un aspie chez qui je ne constatais pas de difficultés visibles. J'ai compris tout ce qu'il y avait derrière quand il m'a dit "je cache bien mon jeu". Il m'a encouragée à continuer, à me battre pour conserver mon travail, en me disant que j'avais pris des coups toute ma vie, que j'étais une guerrière...
Mais la vue m'est revenue d'un coup, et j'ai saisi toutes mes difficultés au travail (je suis prof), et là, j'ai su que je ne pouvais plus continuer comme ça. C'est un choix, et je veux en revanche me battre pour rester dans l'EN avec un autre poste, mais je ne pense plus enseigner devant des classes. :sick:

Comprendre que je peux être autiste a été pour moi l'équivalent de retrouver la vue, mais voilà, on n'a pas forcément envie de tout voir, et sur le coup, ça s'est traduit par un méga effondrement (meltdown ?), une crise fondamentale où même l'envie de vivre avait momentanément disparu. Aujourd'hui, j'accepte d'être limitée, et je pense mieux vivre, parce que je ne me demande plus des choses impossibles - avoir le même bonheur que les autres, notamment... :)
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Re: À propos de la tendance à considérer "les vrais autistes

#25 Message par lulamae » vendredi 4 mai 2018 à 12:00

Pour reprendre aussi l'idée importante rappelée par Benoit : un environnement adapté réduit le handicap (si je le reformule bien), je lis en ce moment le livre d'Olga Bogdashina sur les perceptions sensorielles dans l'autisme.

Il me semble que si on faisait connaître au plus grand nombre la réalité de ce que peuvent vivre les autistes (variée, je l'entends bien), dans leur perception et compréhension du monde, et leur besoin de se protéger, on avancerait beaucoup. C'est l'ignorance qui souvent rend les gens "méchants", il est après tout relativement rare que quelqu'un choisisse de nuire en toute connaissance de cause à une personne handicapée. Je suis peut-être trop optimiste, et l'ignorance peut donner lieu à des comportements très maltraitants, mais je pense néanmoins qu'il faut accorder le bénéfice du doute et donner aux autres la possibilité de comprendre ce dont nous avons besoin.

Après tout, il existe des "expositions" où on fait traverser aux voyants un parcours de non-voyants, pour se "mettre à leur place" concrètement. Sans mauvais jeu de mots, il me semble que des explications qui reprennent les bases (fonctionnement neurologique) ouvriraient les yeux à un bon nombre de gens, et pourraient changer les choses.
Diagnostic d'autisme juillet 2019.

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Re: À propos de la tendance à considérer "les vrais autistes

#26 Message par Flower » vendredi 4 mai 2018 à 12:06

@Benoît: C'est de moi que tu parles? :P (C'est la conclusion que je tire d'une réflexion approfondie sur ta phrase...)

Effectivement j'ai un métier qui nécessite beaucoup d'interactions sociales, souvent très poussées, et en plus, je suis en couple. Mais si tout se passait parfaitement bien, je ne serais jamais allée chercher un diagnostic (cf. spoiler). C'est justement parce que ça ne se passe pas aussi bien que ça en a l'air que j'ai fait cette démarche. Alors le handicap paraît léger, certes, mais le ressenti est clairement là. J'ai le privilège d'arriver à bien compenser mes difficultés, sans que cela n'empêche qu'elles existent.
Mais j'imagine que des parents d'un autiste sévère dans le genre de l'exemple F de Manichéenne pourraient effectivement vouloir dire que je ne suis pas une "vraie autiste" - c'est plutôt dans ce contexte-là que je situe cette expression.
Spoiler :  : 
Dans le couple, effectivement ça va - on s'appelle deux fois par semaine et on se voit une fois par mois (ce qui est trop peu quand même), donc j'ai assez de temps pour vivre ma vie tranquillement et quand on se voit, on regarde des films ensemble, on observe les étoiles ou on se promène dans la nature. De temps en temps on va quand même au restaurant... Si mon copain n'est a priori pas autiste, il est quand même extrêmement introverti et plutôt atypique, donc nous avons les mêmes besoins d'isolement et de calme. Et il sait généralement me toucher d'une façon qui me convient.
Parlons du boulot: Je suis assez douée pour faire illusion, je crois. En fait si j'étais "normale", je serais probablement très bon dans ce métier, qui correspond en partie à une passion. La réalité est malheureusement que plus il y a d'interactions, plus cela devient difficile, et que je suis au bord du burn-out depuis 2 ans, avec plusieurs arrêts de travail courts mais une absence totale d'aide alors que j'aimerais bien en trouver. Faute d'en avoir et faute d'alternative à court terme, j'essaie de réduire au maximum les interactions et je sacrifie plus ou moins ma vie privée pour tenir à peu près le coup jusqu'à pouvoir partir...
Détectée HQI dans l'enfance, diagnostiquée TSA de type syndrome d'Asperger en juillet 2015.

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Re: À propos de la tendance à considérer "les vrais autistes

#27 Message par Benoit » vendredi 4 mai 2018 à 12:51

Flower a écrit : Mais j'imagine que des parents d'un autiste sévère dans le genre de l'exemple F de Manichéenne pourraient effectivement vouloir dire que je ne suis pas une "vraie autiste" - c'est plutôt dans ce contexte-là que je situe cette expression.
C'est également dans ce cadre que le terme semble devenir actif dans le monde anglo saxon, en tout cas d'après une occurence rapportée recemment.
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Re: À propos de la tendance à considérer "les vrais autistes

#28 Message par alexis » vendredi 4 mai 2018 à 13:53

NB : je répond de manière générale au thème du topic, et non vis à vis d'une intervention précise de l'un ou l'autre.

Je trouve qu'en terme de communication avec le grand public, les enjeux sont différents pour les parents d'enfants autistes et pour les adultes eux-même autistes et qui ont atteint un certains niveau d'autonomie (j'inclue même ceux qui vivent en milieu protégé).

Si les parents utilisent et insistent beaucoup sur la notion de handicape, c'est parce qu'ils ont comme objectif d'obtenir des aides extérieures et de faire débloquer des fonds financiers par les pouvoirs publics. Dans ce contexte, c'est la règle de mettre en avant les difficultés, voir même à grossir le trait pour obtenir la pitié, faire appel à la solidarité, et obtenir le plus possible.

Dans le cadre des adultes ayant acquis une autonomie même partielle, je pense qu'il serait plus approprié et utile de communiquer sur la notion de discrimination (dont les autistes sont victime de la part des NT). D'un côté ils se sont accommodés plus ou moins maladroitement aux divers comportements problématiques qu'ils trainent depuis la petite enfance (stratégies de compensation) et qui réduisent la sensation de handicape. Personnellement, mes diverses bizarrerie ainsi que mon attitude générale gêne surtout les autres. Je pense que ma difficulté à être accepté socialement tel que je suis est plus proche de ce que vivent par exemple les victimes de racisme dont le seul défaut est d'être né différent et de ne pas proposer de solution pour faire disparaître cette différence. Mes difficultés au quotidien sont bien moins encombrantes que celles d'une personne en fauteuil roulant qui galère tous les jours dans des lieux inaccessibles en fauteuil. Quand on veut combattre la discrimination, l'objectif premier est d'expliquer et convaincre le grand public que l'on est fréquentable, que les gens qui osent s'afficher avec nous ne sont pas gens qui viennent par défaut, faute de mieux ou par obligation. D'expliquer et rassurer quand les gens ont peur de nous ou sont victimes de leurs propre bêtise. Combattre les personnalités publiques qui tiennent des propos discriminants, ou diffusent des infos pseudo-certitudes-de-bon-sens mais erronées. etc.

Ce qui me gêne avec les notions de vrai/faux autiste tant qu'on a pas un diplôme officiel d'un cra, ou en rejetant les auto-diagnostic (y compris de ceux ayant lu leur 1er article la veille), c'est que je trouve que d'une certaine manière, on pratique nous même (le forum) une forme de discrimination vis à vis de personnes qui ne seraient que "potentiellement" autistes. Ce que personnellement je n'approuve pas. Je pense qu'on devrait laisser le bénéfice du doute aux gens. Et que quand bien même de temps en temps il y en aurait un qui truande, ça ne devrait pas pénaliser l'ensemble de la cause (améliorer les conditions de vie des TSA et autres situations apparentées). Pour les signatures obligatoires, je m'y suis fortement opposé par le passé ; je le respecte maintenant uniquement vis à vis des gens que je rencontre dans les IRL, mais je continue de penser que c'est un outils inapproprié qui créé plus de problèmes qu'il n'en résout, en créant l'illusion de contrôler et s'assurer de la légitimité de ceux qui prétendent parler au nom des autistes. Personnellement toujours et du point de vu de la méthodologie de communication, je trouve que ça témoigne surtout d'un manque de compassion et d'un acte discriminatoire qui sont loin de mettre les autistes à l'honneur et de les faire paraître fréquentables aux regards des conventions et valeurs des NT.
entrepreneur, surdoué, hyper-sélectivité alimentaire sévère depuis bb, Mottron friendly :)
PS : Ne vous embêtez pas à répondre à mes propos, je n'y répondrai pas. Je ne revendique rien, juste je me renseigne sur un symptôme en commun.

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Re: À propos de la tendance à considérer "les vrais autistes

#29 Message par Alceste » vendredi 4 mai 2018 à 14:08

@alexis.
Je partage globalement ton point de vue.
:bravo:
Il faut se résigner à être heureux de ce que la vie nous offre, sans paresse ni complaisance.

* Diagnostic Aspie 01/2018. Bilan réalisé par un psychiatre spécialiste * RQTH valide *

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Re: À propos de la tendance à considérer "les vrais autistes

#30 Message par hazufel » vendredi 4 mai 2018 à 14:13

alexis a écrit : Si les parents utilisent et insistent beaucoup sur la notion de handicape, c'est parce qu'ils ont comme objectif d'obtenir des aides extérieures et de faire débloquer des fonds financiers par les pouvoirs publics. Dans ce contexte, c'est la règle de mettre en avant les difficultés, voir même à grossir le trait pour obtenir la pitié, faire appel à la solidarité, et obtenir le plus possible.
:shock:
Le handicap est la limitation des possibilités d'interaction d'un individu avec son environnement, menant à des difficultés psychologiques, intellectuelles, sociales et/ou physiques.
Que les autres comprennent que le fonctionnement cognitif, communicationnel et perceptif de leur enfant est différent sans pour autant qu'il y puisse grand chose, me parait vraiment le point numéro 1 d'utilisation du mot handicap.
Ta phrase me choque carrément.

Pour le reste, je suis d'accord avec les mêmes que d'habitude.
Modifié en dernier par hazufel le vendredi 4 mai 2018 à 14:35, modifié 2 fois.
TSA & SAMA
2 fils TSA (et dysgraphiques / praxiques / exécutifs)

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