Moqueries dont nous avons été victimes

[Nicolas83]

Je ne sais pas si cela peut avoir une quelconque vertu psychothérapeutique mais je propose à ceux qui ont envie de partager des moqueries subies au cours de l'enfance ou plus tard.
Je commence : pendant mon service militaire, certains mes "camarades" m'appelaient Bernardo. Pour ceux qui ne seraient pas familiers avec le renard masqué, je précise que Bernardo, qui est le serviteur de Zorro, est muet et fait semblant d'être sourd. (Mais bon, il faut dire que la plupart de ces "camarades" avaient la finesse du sergent Garcia alliée à la bonté d'âme du commandant Monasterio ).

[lulamae]

Ah oui, moi au collège, ils faisaient des jeux de mots désobligeants sur mon prénom, manière de m'appeler 2 de tension comme ça a été le cas pour mon frère quand il a bossé au supermarché local...

Tant pis pour l'anonymat, si je ne le mets pas, on ne va pas comprendre : mes surnoms "affectueux" étaient "ça ramollit" ou "ça ralentit" (je vous laisse deviner le prénom) - c'est sûr, j'étais nulle en sport, j'avais une élocution difficile, et une démarche pataude !

On me faisait bien sentir mon handicap, mais c'est bizarre, ça me vexait un peu, mais en réalité ça me passait largement au-dessus de la tête, ça ne me touchait pas vraiment, parce que je ne me percevais pas. Mais je m'efforçais de ne pas avoir à côtoyer ceux de ma classe, je me planquais quand j'étais seule, ou je restais avec trois copines isolées comme moi.

Plus tard, vers 18 ans, alors que je faisais un centre aéré maternelle, une animatrice s'était moquée de moi en disant que j'avais l'allure d'une girafe, alors que devant moi elle disait la même chose avec "gazelle".

[Bubu]

Quand j'étais enfant (Maternelle), on se moquait de moi (d'après mes souvenirs et ma compréhension), car je marchais sur la pointe des pieds. Je préférais rester dans la classe pendant la récréation avec les filles, et dessiner. J'étais déjà pas concerné par les règles et les jeux des garçons. Bon j'arrête là, je n'ai pas envie de m'étaler.

Quand on cumule l'incompréhension du second degré et qu'on est maniéré, on est plutôt mal barré pour réussir à s'épanouir dans ce monde de cons.

C'est un monde vache. Mais j'en rigole et je suis heureux selon mon paradigme choisi de vie.

[cléa]

A l'école primaire j'avais oublié de répondre à l'appel pour la cantine.
(il y avait un appel chaque matin avant la cantine)

Je ne sais plus si quelque un m'a dit que je ne pouvais donc pas y aller, ou si j'ai pensé que ce n'était pas possible sans l'appel, mais je n'ai pas suivi le groupe se dirigeant vers la cantine.
(dont l'accès était à l'extérieur de l'école)

Restée dans la cour de récréation (il s'etait passe du temps) des femmes de ménage me remarquent, me demandent ce que je fais seule, me donnent des sablés, m'accompagnent à la cantine.

Lorsque j'y suis, je m'explique avec une maîtresse qui me hurle -Bourrique!
Devant ses collègues.
Il n'y avait plus un élève dans la cantine et tout était ramassé. Il s'était donc passé du temps.
J'avais trouvé ça méchant mais avec le temps je me dis qu'il est possible qu'ils aient craint pour leur responsabilité.

Mon père est rapidement venu. C'était donc probablement un samedi.
Je n'ai pas eu la présence d'esprit de lui demander s'il m'avait cherché à l'extérieur à ce moment là.

[J'ai un coeur]

Bonsoir , celle là date de la semaine dernière : "un noir avec un livre ce n'est pas banal".

[cléa]

C'est vraiment incroyable.
Comment des gens peuvent penser ainsi et se permettre de le dire.

[J'ai un coeur]

C'est vraiment incroyable.
Comment des gens peuvent penser ainsi et se permettre de le dire.

Le pire c'est que c'est un HP qui me l'a dit.

[Tugdual]

Bonsoir , celle là date de la semaine dernière : "un noir avec un livre ce n'est pas banal".

C'est affligeant.

Décidément, il y a encore du chemin...

[Marisol]

Bonsoir , celle là date de la semaine dernière : "un noir avec un livre ce n'est pas banal".

Mais la honte pour lui ! HP ou non. N'importe quoi !


(désolée pour le non-intérêt de mon intervention mais je trouve ça tellement ... pas possible ! quel con)

[Bubu]

Bonsoir , celle là date de la semaine dernière : "un noir avec un livre ce n'est pas banal".

C'est affligeant.
Le mec le plus intelligent en mathématiques (et pas seulement) que j'ai connu était malgache.
C'était impressionnant. Il assimilait les cours instantanément. En maths, en physique, et même en français à la fin de l'année.
C'était en MP (maths-sup pour les vieux).
Bien-sur il est allé en MP* l'année suivante, qui prépare à polythechnique.
Après je ne sais pas, mais je suis sûr qu'il est allé à polytechnique ensuite, et major de promo.
(Par contre il ne comprenait pas l'utilité de la musique. On ne peut pas être parfait. )

[cléa]

Ça me rappelle un jour avoir entendu un caissier parler vers un agent de sécurité en disant -Il me fout la trouille ce noir.

L'agent a ensuite fait part de sa colère à un collègue.

Je me suis demandée si c'était du mépris ou de l'humour. Mais peu importe, c'est vraiment déplacé d'oser parler ainsi.

Hier encore j'ai entendu des jeunes filles parler d'un ami sur le ton de la plaisanterie.

J'ai pu remarquer plusieurs fois que des gens changent de place dans le bus lorsque la couleur noire est évoquée. (robe noire, noir de monde, nuit noire etc) c'est révélateur du rejet que sentent les français d'origines étrangères.

Ma fille est métisse mais personne ne le remarque. Dans le car il y a 10 ans, j'étais avec ma fille et ma voisine me dit -Pourvu que tous ces étrangers qui volent nos meilleurs postes, ne sachant se contenter des blouses de ménage qu'on leur offre soient renvoyés chez eux.. (crié vers tous)

A ce moment là, j'ai pensé intérieurement -Ah, si elle savait à qui elle s'adresse!
Je ne me souviens plus si je lui ai répondu.
Mais j'étais choquée par la bêtise de son raisonnement.

Aussi entendu : -Ah vraiment, je ne comprends pas que les africains puissent vouloir vivre en France alors qu'ils ont le soleil et qu'a tendre le bras pour cueillir une mangue.

Il y à a peu près un an, nous prenions le bus et deux dames discutent. -Ah, les étrangers ne respectent rien, pillent notre beau pays, méprisent notre accueil, nous sommes colonisés! Etc.

Cette fois, je ne me suis pas gênée pour dire -Ah oui, y a de quoi regretter le temps ou la France était une grande colonie!

(Je précise que je n'ai rien contre les colons, attachés aux pays ou ils sont nés et ou ils ont bâti leur vie, mais contre la politique de colonisation en général)

C'était une conversation privée mais j'ai pensé que je pouvais intervenir, vu le lieu public et fermé.

L'une me répond -Mais nous ne parlions pas de vous madame!

Aussi, après avoir dit à une voisine -Linda va chez son père L. Ma voisine me dit L est vraiment son père ? Moi -Oui. la voisine -Ah, j'aurais cru que son père était français, ça ne se voit pas.

Aussi, nous avons eu plein de préjugés mutuels, même de la part de gens instruits dont l'administration, limite comme si j'étais une gou*de, à cause de nos origines différentes et ses plus de 9 ans que moi.
Malheureusement, à l'époque je n'étais pas armée pour leur répondre efficacement. Et je pense que mes particularités ignorées alors renforçaient leur image déformée de moi.

Je m'arrête là, sinon je vais écrire 10 km.

[Artautiste]

Bonjour, j'ai souvent été affublé de sobriquets (désolé je me lâche sur les mots compliqués vu qu'il n'y a qu'ici que je peux en dire sans passer pour un extraterrestre), concernant surtout mon nom de famille et, dans une moindre mesure, mon prénom. Je le vivais bien sûr très mal et ça m'a conduit à une très mauvaise estime de soi.

On m'a aussi souvent dit que j'avais "2 de tension", que j'étais mou, paumé, trisomique, on se moquait souvent de ma lenteur (et encore aujourd'hui d'ailleurs, même si ça s'est un peu amélioré de ce côté-là). Je n'avais pas la présence d'esprit de me dire que ce n'était pas à moi de modifier qui j'étais, mais aux autres de tolérer mon handicap, et pour cause : je ne savais pas que j'étais autiste. Je ne l'ai su que tardivement, mais le mal était fait du coup. Maintenant je me rends compte qu'il y a beaucoup de haine en moi, que je refoulais et que je continue de refouler pour ne pas faire fuir tous mes interlocuteurs.

[J'ai un coeur]

Dur d'être noir en France.

[cléa]

Bonjour @J'ai un coeur

Je ne peux rien affirmer mais je pense que la culture peut beaucoup influencer la perception qu'on a des autres. Les pressions sociales aussi.

Il y a beaucoup de clichés. J'en ai entendu.

Je trouve cela positif quand des gens s'aperçoivent être victimes de conditionnement, cela prouve qu'il est possible que les gens sortent de ces clichés et préjugés.

La culture et la publicité peuvent aussi conditionner les goûts : femmes trop maigres / trop grasses / poupées / Hommes sur musclés / machos / hommes mannequins etc.. /

Alors que l'humanité devrait être naturelle.

Il y a peu de temps, j'ai lu un article sur une étude soulignant que nous préférons généralement des gens avec des traits proches de ceux de notre famille. Il y aurait un côté génétique en cela à coté de la culture et de l'affectivité.

En tout cas, j'imagine que les gens autistes sont moins imprégnés par le conditionnement
Et il y a beaucoup d'Européens qui se découvriraient des origines lointaines s'ils faisaient leur arbre généalogique.

[cléa]

Bonjour @Artautiste

Même chose pour le 2 de tension, j'y ai eu droit. Le comportement des enfants était souvent taquin, parfois méchant. Ça devait-être par ce qu'ils avaient perçu une différence et qu'ils ne savaient comment m'aborder.