Tugdual a écrit : ↑mardi 23 février 2021 à 10:10
Pari politique versus risques épidémiologiques :
C'est pas pour défendre Macron, mais enfin, voilà encore un article hautement foireux à prétention scientifique, comme on les aime sur ce forum...
De plus, dès lors qu’il affiche son refus de céder à tout appel au confinement, même à l’échelon local ou d’un département, comme la Moselle ou Dunkerque, il escompte que son ralliement, ultime, à la mesure la plus déstabilisante de l’ordre ordinaire de nos vies, fera du confinement une décision incontestable, acceptable.
On peut m'expliquer ce que signifie cette phrase? C'est du Jacques Lacan ???
Car le président s’ancre dans l’ici et maintenant quand le monde scientifique s’alarme d’un futur certes incertain mais aux dégâts potentiels très lourds.
En l'occurrence, il se trouve que le monde scientifique est divisé, y compris au sein du Conseil scientifique, sur les mesures à adopter pour freiner l'épidémie. On peut donc penser que la décision n'est pas juste une lubie personnelle de Macron:
https://www.bfmtv.com/sante/le-confinem ... 30198.html
https://www.bfmtv.com/sante/covid-19-le ... 80393.html
Un argument moral circule chez les médecins pour contester les choix gouvernementaux. Si le nombre de contaminations stagne depuis plus d’un mois sur un « plateau haut », cela induit de s’habituer à plus de 400 morts par jour et à des milliers de personnes en réanimation, avec les séquelles durables qui en découle. Il suffit de se remémorer le discours du Premier ministre Édouard Philippe début 2019, qui se réjouissait bruyamment d’avoir « sauvé 116 vies » en six mois depuis le passage aux 80km/heure sur les routes départementales, pour constater que l’exécutif a adopté un nouveau seuil de tolérance à la mortalité collective que certains jugent choquant.
Mais quelle comparaison foireuse !!! Il y a une différence fondamentale entre la limitation de vitesse à 80 km/h et le confinement: la première peut être maintenue de manière permanente sans inconvénient notable, le second ne le peut pas... Il est donc parfaitement normal qu'on hésite un peu plus avant d'y avoir recours, et que, si on l'envisage, se pose la question du moment auquel le décider...
Le refus, « quoi qu’il en coûte », de confiner, est un refus de casser la dynamique épidémique, stratégie dite « zéro covid », comme l’ont fait avec autorité des régimes aussi différents que la Chine communiste ou les très démocratiques Nouvelle-Zélande et Australie, qui n’hésitent pas à confiner brutalement et durement un territoire donné à l’émergence de quelques cas seulement, mais pour un temps bref.
Bon, encore une analyse hautement rigoureuse qui montre que l'auteur n'y connaît rien. La stratégie "zéro covid" ne consiste pas simplement à "casser la dynamique épidémique" (ce qui était l'objectif des 2 confinements décidés en France) mais à ramener le nombre de cas à zéro. C'est faisable dans un pays comme la Nouvelle-Zélande, qui est une île et qui avait dès le départ un taux d'incidence faible (1er mort de covid-19 en NZ le 28 mars, 2314 en France à la même date). Sauf à inventer la machine à remonter le temps, ce n'est pas envisageable actuellement en France, confinement ou pas.
Le passage en gras montre d'ailleurs bien la différence fondamentale entre un "confinement" à l'australienne et un "confinement" à la française, mais l'auteur n'a pas l'air d'en tirer les conclusions logiques. Il semble penser que, comme ça s'appelle "confinement", ça va aboutir au même résultat. Oui, la définition de "confinement" est à peu près aussi précise que celle du verbe "schtroumpfer", et le plus extraordinaire c'est que les experts en santé publique n'y voient que du feu. Certains états (la Belgique...) ont d'ailleurs trouvé l'astuce: ils prennent des demi-mesures en appelant ça "confinement", du coup, les experts sont contents...
Laisser courir un niveau élevé de contamination favorise le maintien d’une surmortalité.
En l'occurrence, un niveau élevé de contamination peut se maintenir même en présence d'un confinement, comme ce fut notamment le cas en Californie et en Israël. Il faudra d'ailleurs qu'on m'explique pourquoi l'évolution de l'épidémie a souvent tendance à être très similaire dans des régions voisines ayant des niveaux de restrictions différents...
ils peuvent contribuer à recontaminer des gens qu’on croyait immunisés (comme cela s’est vu dans la ville de Manaus)
On en revient à mon intervention précédente sur ce fil à propos de cette étude foireuse sur le taux d'infection à Manaus...