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Comme l'impression d'être une cause perdue

Posté : jeudi 3 décembre 2020 à 19:11
par Sarili
Bonsoir,
J'écris tout cela parce que moralement je suis au plus bas. Je me rends compte qu'avec une depression et des problèmes liés à un possible TSA que l'université, ce n'est pas fait pour moi (j'ai bénéficié d'aménagements mais ce n'est pas suffisant). Chaque journée de cours est un supplice, je ressens une énorme souffrance psychologique. J'aimerais me mettre en arrêt maladie par exemple mais je n'ai pas de médecin traitant, je dis à ma mère que j'ai envie d'arrêter mais elle me répond toujours "attends ton diagnostic,tu y verras plus clair" , ce n'est pas cela qui va me faire aller mieux, je passe mon temps à compenser ma souffrance mais mon cerveau n'en peux plus. J'ai de plus en plus de difficultés à lire, j'ai eu un partiel ce matin et jai eu des maux de tête,des vertiges et des raideurs dans les bras.

Je souffre énormément de cette situation, ma psy m'a parlé des formations en apprentissage, je ne sais pas vraiment s'il y en a autour du dessin mais je sais que s'il faut des entretiens pour être pris, je n'ai aucune chance, je vais me plonger dans le mutisme sélectif.
En gros j'ai l'impression que mon avenir est fichu à seulement 19 ans pour quelque chose que je n'ai pas choisi, j'aurai préféré mourir à la limite, au moins ça m'aurait évité toute cette souffrance, ma mère ne fait que minimiser mes soucis, je veux juste me reposer

Re: Comme l'impression d'être une cause perdue

Posté : jeudi 3 décembre 2020 à 19:25
par Glaciell
Je pense que ta mère ne sait pas quoi te dire, ou ne comprend pas tout ton fonctionnement. Si elle te dit d'attendre ton diagnostic, c'est peut-être parce qu'elle-même, elle espère que ça permettra d'y voir plus clair. D'ailleurs, elle n'a pas forcément tort, la seule chose c'est que, comme tu le dis, les choses ne changeront pas du jour au lendemain pour autant. Mais tu pourras avoir peut-être de meilleures pistes et des solutions plus adaptées. Quant au fait qu'elle minimise... je pense qu'elle ne sait pas comment faire pour t'aider, et qu'elle essaie de te pousser à relativiser les choses en croyant que ça t'aidera à positiver. Elle pense probablement qu'en te "secouant" un peu, elle peut t'aider à retrouver de l'énergie. Dans ce genre de situation, pour ne pas partir au clash, ma technique c'est d'essayer d'ignorer... :mrgreen:

Ton état d'esprit est très négatif, mais je crois que c'est normal que tout l'avenir te semble bouché si tu es actuellement dans un cursus/système qui ne te convient pas. Souvent, on aimerait avoir des solutions tout de suite, mais malheureusement on n'a parfois pas d'autre choix que tâtonner. Ce n'est pas parce que tu as l'impression de ne pas t'en sortir dans ta formation actuelle, à 19 ans, que tu ne peux pas trouver une voie dans laquelle tu t'épanouiras. Il faudrait probablement te rapprocher d'assos pour ça... d'autres auront sûrement des conseils plus précis à te donner. Bon courage. :kiss:

Re: Comme l'impression d'être une cause perdue

Posté : vendredi 4 décembre 2020 à 9:24
par Clovis
Salut Sarili,

Je retrouve dans ton message beaucoup de celui que j'étais lorsque j'avais 19 ans. J'ai même envie de te dire merci, même si le quotidien reste pour moi une source d'épuisement la lecture de messages comme le tien me permet de me rappeler le chemin que j'ai parcouru...

A 19 ans, et pour quelques années encore, si je n'avais jamais vraiment entendu parler des TSA, je n'en étais pas mois convaincu d'être une cause perdue. Je me considérais juste comme lucide, mes expériences quotidiennes comme celles de mon enfance me rendaient inenvisageable la perspective d'être un jour réellement indépendant, autonome. Dans mon monde tout n'était pas noir, j'ai toujours eu mes passions et un état d'esprit que je considère - peut-être à tort - comme plutôt positif, mais c'était trop difficile.

Les études, le travail, même les relations sociales... Je ne voyais pas comment construire tout ça. Tout ce qui semblait relativement évident pour les autres me semblait inaccessible. Je me désespérais d'être à la fois supposément brillant et manifestement inepte. Les moments de plaisirs me semblaient volés, j'en culpabilisais. Comment pouvais-je profiter alors que je ne n'arrivais pas à faire ce qui semblait somme toute assez naturel à la plupart des gens.

Très concrètement je ne me voyais aucun avenir, mon horizon n'était pas noir parce que je l'aurais vu comme négatif mais simplement parce que je ne concevais pas qu'il puisse y en avoir un. L'idée que j'atteigne un jour les 25, 30 ou 35 ans me paraissait une douce plaisanterie. A part la mort, le suicide comme dernier recours, l'idée de sa possibilité me rassurait : il y a toujours une sortie de secours.

Aujourd'hui j'ai presque 35 ans et même si je reste le même, que je ne considère pas ma vie comme reposante au quotidien, je ne regrette rien - pas même les mauvais moments -, je sais que ma vie vaut le coup d'être vécue et ai connu un nombre incalculables d'expériences dont je n'aurais jamais cru qu'elles puissent être à ma portée.

Je ne suis toujours pas quelqu'un qui se projette dans l'avenir mais quand j'y pense je ne vois plus ce mur noir. Je ne sais pas quel sera mon futur mais il sera et ça me convient. Même si j'ai abandonné l'idée d'être un jour quelqu'un qui aurait résolu toutes ses difficultés et que parfois je me désespère un peu au fond je suis content et un fier d'être là où j'en suis.

En conclusion je crois qu'on se voit facilement comme un cas désespéré, peut-être même avec un peu de vanité comme le plus désespéré entre tous... En quoi on a tort.

Mes conseils seraient de ne pas tomber dans l'aigreur, d'apprendre à faire preuve d'indulgence - pas de complaisance - envers toi même mais aussi envers les autres, de t'accorder du temps pour progresser petit à petit... Bref, c'est dur mais ça vaut le coup.

Re: Comme l'impression d'être une cause perdue

Posté : vendredi 4 décembre 2020 à 23:13
par PetitNuage
Clovis a écrit : vendredi 4 décembre 2020 à 9:24 Je ne suis toujours pas quelqu'un qui se projette dans l'avenir mais quand j'y pense je ne vois plus ce mur noir.
Je me retrouve tout à fait dans ces propos.

Courage Sarili, la période de l'orientation, des choix, des doutes, de l'adaptation à un monde où on se sent à côté de la plaque,
la fatigue ce sont des moments qui trouvent sans doute leur point culminant à ton âge.
Une fois que la voie est tracée, c'est plus simple.

Pendant des années, j'ai eu l'impression de survivre péniblement sans savoir quoi attendre de la vie.
Mais maintenant je pense avoir (malgré de nombreuses angoisses) un peu plus de sérénité.
Alors accroche-toi et un jour comme Clovis et moi tu regarderas ton passé en mesurant
le chemin parcouru avec, à défaut de satisfaction, une forme de soulagement.

Si le dessin est ta passion, peut-être trouveras tu en toi des ressources insoupçonnées pour réussir les entretiens ?

Tu n'as pas de médecin traitant, mais peut-être y a-t-il un service de médecine préventive universitaire ?
Ou sinon, voir un psychiatre (tu peux demander conseil à ta psy à ce sujet) ?

En tous cas bon courage, je n'aimerais pas devoir revenir en arrière ...

Re: Comme l'impression d'être une cause perdue

Posté : samedi 5 décembre 2020 à 19:58
par Curiouser
Je n'ai pas de choses à ajouter par rapport aux commentaires et conseils précédents, mais je te souhaite bon courage Sarili :kiss:

Re: Comme l'impression d'être une cause perdue

Posté : samedi 12 décembre 2020 à 21:58
par Jolteon
Tu n'a que 19ans et tu es en première année depuis quelques mois seulement, c'est le bon moment pour arrêter complètement tes études ou te réorienter si tu le souhaites.

Continuer sans réfléchir, t'accrocher pour avancer dans tes études dans la souffrance, ce n'est pas forcément une bonne idée, surtout que tu fais des études longues et que tu n'es qu'au début. Si tu fais ça il est possible que dans quelques années tu sois dans la même situation (souffrance, tu n'en peux plus...) voir dans une situation pire. Sauf que tu auras des années de souffrance derrière toi, donc ce sera encore plus difficile de prendre la décision d'arrêter ou de te réorienter, tu te diras peut-être quelque chose comme "si j'arrête j'aurais souffert pendant toute ces années pour rien, donc autant continuer à souffrir jusqu'au diplôme". Si tu souhaites te réorienter à ce moment là tu n'auras peut-être plus la force de recommencer quelque chose à zéro.

Mon but n'est pas de te forcer à arrêter ou à te réorienter, mais je pense que c'est le bon moment pour y réfléchir sérieusement. (Même si bien sûr il n'est jamais trop tard, certains font des reconversions à 40ans...)

Re: Comme l'impression d'être une cause perdue

Posté : dimanche 13 décembre 2020 à 0:03
par NatachaT
Sarili, je n'ai pas bien compris, tu fais des études dans le domaine du dessin ou tu voudrais te réorienter vers le dessin ?

Re: Comme l'impression d'être une cause perdue

Posté : dimanche 13 décembre 2020 à 8:29
par kerlu
Bonjour,

Oui il y a des formations de dessin en alternance.
Voici un site mais je suis sûre qu'il y e a d'autres : https://www.google.com/amp/s/diplomeo.c ... rnance/amp

Et sinon, sache que cette période est extrêmement difficile pour une majorité d'étudiants. Cela va s'arranger après le deconfinement, mais en attendant c'est dur ...

J'ai un étudiant asperger cette année. Il morfle. Mais pour lui parler régulièrement, j'ai l'impression qu'il morfle autant que les autres, pas plus.

Qu'est ce qui est difficile pour toi à l'université ?

Je peux peut être essayer de te donner des outils, il se trouve que j'ai suivi une formation pour l'intégration des aspis à l'université Vendredi !
Bon, c'est encore frais dans ma tête et je n'ai pas tous les documents qui me seront envoyés pendant les vacances, mais si tu as des interrogations ou problemes particuliers, tu peux peut être en parler ici et je regarderai s'il y a eu quelque chose de dit là dessus.

De plus, dans quelle université es-tu ??

A bientôt

Re: Comme l'impression d'être une cause perdue

Posté : mercredi 7 avril 2021 à 11:48
par Sarili
kerlu a écrit : dimanche 13 décembre 2020 à 8:29 Bonjour,

Oui il y a des formations de dessin en alternance.
Voici un site mais je suis sûre qu'il y e a d'autres : https://www.google.com/amp/s/diplomeo.c ... rnance/amp

Et sinon, sache que cette période est extrêmement difficile pour une majorité d'étudiants. Cela va s'arranger après le deconfinement, mais en attendant c'est dur ...

J'ai un étudiant asperger cette année. Il morfle. Mais pour lui parler régulièrement, j'ai l'impression qu'il morfle autant que les autres, pas plus.

Qu'est ce qui est difficile pour toi à l'université ?

Je peux peut être essayer de te donner des outils, il se trouve que j'ai suivi une formation pour l'intégration des aspis à l'université Vendredi !
Bon, c'est encore frais dans ma tête et je n'ai pas tous les documents qui me seront envoyés pendant les vacances, mais si tu as des interrogations ou problemes particuliers, tu peux peut être en parler ici et je regarderai s'il y a eu quelque chose de dit là dessus.

De plus, dans quelle université es-tu ??

A bientôt
Désolée pour cette réponse tardive,
Du coup ce qui était difficile pour moi c'était justement de tenir au moins un cours entier, je n'arrivais plus à réfléchir pendant les exercices. Déjà rien que prendre les transports le matin était épuisant

Je suis à l'INALCO à Paris mais j'ai réellement décroché,je n'ai plus la force d'aller en cours.

Surtout que même si j'avais le temps, je n'ai pas de temps pour travailler chez moi parce qu'on me demande toujours de m'occuper de mon petit frère qui est ingérable, ça me prend toute mon énergie aussi


Ma seule option serait de me réorienter dans une formation en alternance je pense, mais je suis complètement perdue

Re: Comme l'impression d'être une cause perdue

Posté : mercredi 7 avril 2021 à 11:50
par Sarili
NatachaT a écrit : dimanche 13 décembre 2020 à 0:03 Sarili, je n'ai pas bien compris, tu fais des études dans le domaine du dessin ou tu voudrais te réorienter vers le dessin ?
Je souhaitais me réorienter dans ce domaine là (désolée pour cette réponse tardive du coup 😅)

Re: Comme l'impression d'être une cause perdue

Posté : jeudi 8 avril 2021 à 22:56
par Jolteon
Sarili a écrit : mercredi 7 avril 2021 à 11:48 Du coup ce qui était difficile pour moi c'était justement de tenir au moins un cours entier, je n'arrivais plus à réfléchir pendant les exercices. Déjà rien que prendre les transports le matin était épuisant

Je suis à l'INALCO à Paris mais j'ai réellement décroché,je n'ai plus la force d'aller en cours.

Surtout que même si j'avais le temps, je n'ai pas de temps pour travailler chez moi parce qu'on me demande toujours de m'occuper de mon petit frère qui est ingérable, ça me prend toute mon énergie aussi


Ma seule option serait de me réorienter dans une formation en alternance je pense, mais je suis complètement perdue
C'est super que tu aies eu un diagnostic officiel depuis ton dernier passage sur le forum, ça pourra sûrement t'aider à obtenir des aménagements si besoin pour ta réorientation, etc... :D

Je te conseille de contacter le projet Aspie Friendly et de leur raconter ce qui s'est passé pour ta première année à l"INALCO (tes difficultés...) et que tu penses à te réorienter. (L'INALCO fait parti du projet et Aspie Friendly a un service d'aide à l'orientation pour les personnes autistes).

https://aspie-friendly.fr

Je ne suis pas sûre au vu de ce que tu dis que te réorienter règlera tout les problèmes. Quelque soit les études ou la formation où tu te réorientes il faudra que tu prennes les transports parisien et tu auras du travail à faire à la maison. (Après dans certains cursus il y a moins d'heures de cours et moins de travail personnel que dans d'autre quand même).

Une formation en apprentissage n'est pas forcément plus tranquille qu'un cursus ordinaire, dans certaines c'est même l'inverse il faut travailler en entreprise plus suivre le même programme que les autres en moins d'heures de cours donc plus de travail personnel. Bien se renseigner.