L'écriture thérapeutique

Pour les gens qui ont simplement envie de discuter sans souhaiter faire passer d'information particulière.
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Fluxus
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L'écriture thérapeutique

#1 Message par Fluxus » dimanche 2 mai 2021 à 21:44

Salut,

Je sais qu'il existe déjà un sujet concernant l'écriture dans cette rubrique mais j'avais envie d'aborder un aspect plus précis de l'écriture : Le côté "thérapeutique".

Certains d'entre vous utilisent-ils l'écriture comme un moyen de se guérir, de s'apaiser, d'extérioriser ce qui ne peut pas être exprimé oralement ? Si oui, quelle forme prend cette écriture ?

Me concernant, j'adore les mots et ce qui me passionne dans le fait d'écrire, que ce soit au format manuscrit ou au format numérique, c'est d'avoir ce large choix dans les mots que l'on peut employer, de pouvoir toujours réajuster son texte pour trouver les mots les plus justes, ceux qui correspondent parfaitement, de pouvoir étayer (d'où mes fréquents Edit dans les sujets, d'ailleurs). Chose qu'on ne peut pas forcément se permettre sans ennuyer les autres en public à l'oral... Encore faut-il réussir à s'exprimer à l'oral.

Il y a quelques personnalités qui m'inspirent énormément pour leur amour des mots et des histoires. En ce moment, j'aimerais me mettre à l'écriture de manière plutôt sérieuse et dans un but "thérapeutique" suite à un état de stress post-traumatique qui a eu énormément d'impacts sur mon quotidien.

J'imagine qu'on passe tous par là mais j'aimerais bien quelques tuyaux pour que cette écriture puisse prendre différentes formes. J'ai l'impression que tout ce que j'écris est "nul" dans sa forme. A vrai dire, ce n'est initialement pas destiné à être lu pour le plaisir des yeux. Et comme j'écris comme je parle, j'utilise souvent un vocabulaire sophistiqué dans des phrases formulées avec une syntaxe très "enfantine".

Ce qui me vient toujours en tête lorsque j'écris à chaud, c'est une forme de récit/"racontage de vie", très "autobiographique" qui prend souvent des tons de plaintes et de revendication à cause des injustices que je subis ou même parfois, ça part à la limite de l'essai philosophique dans une longue argumentation barbante et très répétitive. En clair, ma forme dépend bien souvent de mon fond.

Bien que ce soit avant tout dans un but d'extérioriser afin de ne pas imploser, je trouve que ce n'est pas la manière la plus originale de poser ses mots.

Lorsque je lis des textes écrits par d'autres, j'ai toujours l'impression que le fond du message est masqué par la forme, ce dernier devient donc implicite et il m'est souvent compliqué d'en décrypter le réel fond.

Et en même temps, je suis éblouie par cette capacité à jongler avec les mots, avec les jeux de mots, avec le vocabulaire, parfois les rimes, les figures de style ou n'importe quel élément qui sublime la langue Française...

S'il y a des gens qui partagent également cette passion pour l'écriture et cet amour des mots, si d'autres encore, pratiquent l'écriture dans ce but "thérapeutique" et très "cathartique", il me plairait d'échanger sur ce sujet ici. :D
TSA sans déficience intellectuelle et sans altération du langage + trouble anxiodépressif associé - CRA régional (2021)

Ce n'est qu'en essayant continuellement que l'on finit par réussir.
Plus ça rate, plus on a de chances que ça marche. ~ Les Shadoks

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Lilas
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Re: L'écriture thérapeutique

#2 Message par Lilas » lundi 3 mai 2021 à 10:59

Fluxus a écrit : dimanche 2 mai 2021 à 21:44 Certains d'entre vous utilisent-ils l'écriture comme un moyen de se guérir, de s'apaiser, d'extérioriser ce qui ne peut pas être exprimé oralement ? Si oui, quelle forme prend cette écriture ?
Je n'irai pas jusqu'à parler de moyen de se guérir, mais s'apaiser et extérioriser ce qui ne peut être exprimé oralement, oui.

Pour moi, ça a d'abord été sous la forme de poèmes pour exprimer mes émotions : ma peur, ma colère, mon sentiment de solitude et d'être étrangère au reste de l'humanité.

Puis j'ai écrit un roman, comme un moyen de mieux m'apprivoiser, me comprendre et me réconcilier avec moi-même. Alors il y a effectivement un aspect très thérapeutique dans ce que j'ai pu écrire.

J'écris aussi depuis des années un journal. Bref, cela prend toutes sortes de formes et ne se limite pas à une seule.

Je suis quelqu'un qui s'exprime très peu, et on peut dire que je compense en écrivant. Ce n'est pas du tout par amour des mots, au contraire souvent ils m'échappent et se refusent à moi, mais par besoin d'exprimer ce que je ressens.
Lilas - TSA (AHN - Centre Expert - 2015)

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Re: L'écriture thérapeutique

#3 Message par Corarêva » lundi 3 mai 2021 à 17:07

J'écris depuis toujours et essentiellement sous forme poétique.
Je fais partie d'un GEM dans lequel il y a des ateliers d'écriture. J'habite loin de ce gem mais depuis le confinement les sujets sont à distance du coup j'y ai un peu participé également, parfois ça m'a occupée. Mais l'écriture n'est pas thérapeutique pour moi, elle est juste spontanée, essentielle et vitale au même titre que la littérature et les langues avec leur musicalité ... oiseaux compris :love:
Lorsque l'écriture prend un tournant dit thérapeutique, c'est plutôt moi qui me détourne. Surtout si c'est partagé avec d'autres, je trouve cela assez malsain me concernant. Je peux écrire sur mon parcours aussi de façon plus prosaïque mais je le fais en aparté ou dans la blogosphère il fut un temps mais toujours avec beaucoup d'images et d'expression poétique quand même car je suis incapable de ne pas dériver en jouant avec les mots.
Je m'ennuie souvent en lisant par contre les témoignages d'autrui, sauf si l'écriture est littéraire et poétique justement. Mais quelque part cela fait du bien mais je n'utiliserais pas le mot thérapeutique, c'est un peu comme caresser mon chat ... je ne le fais pas pour aller mieux, je le fais parce que c'est instinctif... et pour lui faire du bien aussi sinon il me harcèle :lol:
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#4 Message par rekkan » lundi 26 février 2024 à 21:31

Modération (Tugdual) : Fusion de sujets (début).


Bonsoir. Je présente tout d'abord mes excuses : je me souviens qu'un sujet similaire à été posté mais je ne suis pas parvenu à le retrouver.

J'écris depuis l'âge de quinze ans, soit depuis presque trente ans. J'ai commencé par écrire des nouvelles, essentiellement de la science-fiction ou du fantastique, et puis un jour, j'ai eu le déclic et écrit un bouquin de plus de 100 pages : ça commençait comme un thriller et puis tout à coup, ça vire à l'étrange (ce qui est, il me semble, un peu la définition du fantastique) avec une romance latente à toile de fond.

Par la suite, je n'ai plus jamais écrit de nouvelles et je ne sais pas si j'y arriverai encore si j'essayais : j'ai une imagination tellement débordante que j'ai mal à la contrôler. Au cours de dix dernières années, j'ai pondu deux énormes sagas se déroulant dans le même univers, la première relate les aventures d'un policier qui devient un loup-garou après avoir été mordu par un suspect lors d'une course-poursuite et la deuxième l'histoire d'un polymathe qui revient à la vie vingt ans après sa mort avec des pouvoirs surnaturels. Les deux personnages se rencontrent à plusieurs reprises et s'allient face à une menace commune pour devenir amis. L'action du premier se déroule essentiellement à Rouen et du second à Lyon mais tous deux voyagent pas mal y compris à l'étranger. J'ai voulu éviter l'ethnocentrisme assez américain. Les sagas font quinze tomes chacune et j'ai plusieurs fois utilisé des évènements de la première dans la deuxième.

Pour les férus de langue française, vous aurez remarqué que j'ai écrit deuxième et non seconde. En effet, j'en ai une troisième en tête et le souci est que je n'arrive pas à m'y mettre. J'ai certes pris quelques notes mais je ne me suis pas lancé à fond dedans comme les deux autres. Je n'arrête pas de procrastiner, je ne sais pas exactement pourquoi mais je n'arrive pas à m'y mettre. Le paradoxe est que c'est l'histoire à laquelle je suis plus attaché et pour cause ! Je me suis largement inspiré de ma modeste personne pour créer le héros, qui est un mélange de vécu et de fantasme, même si certaines péripéties incroyables sont vraies. Pour donner un pitch, c'est l'histoire d'un ado marginal qui se réveille un jour avec des pouvoirs immenses. Vu que c'est le personnage le plus puissant, il serait trop long de vous dévoiler toute la panoplie de ses capacités, mais disons qu'à côté des classiques comme la force et la vitesse surhumaines, il y a d'autres dons moins répandus comme la perception des auras et l'immunité aux changements temporels.

Le personnage apparaît dans les deux sagas précitées où il joue à chaque fois un rôle déterminant. J'ai en tête les grandes lignes mais je n'arrive pas à m'y mettre, je ne sais pas pourquoi. L'action se déroule dans le passé entre 1994 et 2009 et j'ai tout écrit sur des feuilles : pas d'angoisse de la page blanche via cette méthode.

Pareillement, j'ai envie d'écrire un roman policier mais je n'arrive pas à sauter le pas. Si vous vous posez la question, j'ai déjà essayé de me faire éditer, par deux fois, mais la maison d'édition s'est à chaque fois retirée après un accord de principe initial. Je suis quelque peu désabusé, d'autant que je sais qu'il est très difficile d'avoir du succès dans ce domaine et la numérisation croissante des oeuvres n'arrange rien. Aujourd'hui, écrire est plus une thérapie pour essayer d'évacuer mon immense colère et mes angoisses qui ne le sont pas moins. Merci à tous ceux qui auront eu le courage de lire ce pavé jusqu'au bout.
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Re: [Index Ecriture] Autiste et écrivain

#5 Message par seul » mardi 27 février 2024 à 21:16

rekkan a écrit : lundi 26 février 2024 à 21:31 Aujourd'hui, écrire est plus une thérapie pour essayer d'évacuer mon immense colère et mes angoisses qui ne le sont pas moins. Merci à tous ceux qui auront eu le courage de lire ce pavé jusqu'au bout.
Je vous en prie ! mdr.
Moi j'ai même pas essayé les éditions je sais très bien que j'écris n'importe quoi. Par contre j'aurais bien aimé qu'un membre de ma famille lise un de mes livres. Ca fait du mal de se dire "j'écris que pour moi tant pis". Surtout les critiques que je reçois aux quelques personnes qui lisent quelques pages et qui disent que c'est nul :/.
Monde pourri, j'aimerais bien le voir se faire bouffer par un trou noir tiens.


Modération (Tugdual) : Fusion de sujets (fin).
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Re: L'écriture thérapeutique

#6 Message par Makerie » mercredi 28 février 2024 à 10:12

J'ai écrit l'année dernière un long texte sur la durée d'un mois, quelque chose d'autobiographique qui justement s'est avéré être très thérapeutique. Je faisais des allées et venues entre mon passé et le présent, parfois je partais dans une sorte d'imaginaire, parfois je faisais des poèmes libres en jouant avec des mots à la sonorité similaire, jouer avec le rythme aussi (faire des phrases de plus en plus courtes, entrecoupées que par des virgules pour exprimer l'étouffement par exemple).

Au début je voulais maîtriser mon texte, mais au bout d'un moment j'ai réalisé que ça me bridait alors j'ai décidé de lâcher prise. "Tant pis si c'est nul, je ferai le tri plus tard, je reverrai le phrasé à la relecture". Et la relecture, je l'ai faite que quand j'ai estimé que le texte était fini. Au final, j'ai beaucoup retravaillé le texte, mais j'ai eu quelques belles surprises aussi, des passages qui rendaient plutôt bien alors que je n'y croyais pas en les écrivant. Et j'ai pu constater que mon style a beaucoup évolué entre le début et la fin, ce qui m'a permis de mieux retravailler le début.

Après je perçois mon style comme enfantin, comme toi j'ai tendance à écrire comme je parle même si ça a évolué pendant l'écriture de ce texte. On m'a également dit que c'était un style très direct, mais pas forcément dans le mauvais sens.

Je pense que pour que l'écriture soit thérapeutique, il ne faut pas trop s'inquiéter du style et se laisser porter par les mots, il faut vraiment lâcher prise. Le premier jet d'un texte ne sera jamais le final, on le retravaille forcément. C'est qu'en observant l'ébauche qu'on peut y ajouter du style parfois. D'abord poser les idées, ensuite on s'occupe des détails. J'imagine bien cette image, si on veut sculpter un visage en argile, on va commencer par faire une simple boule, seulement ensuite on va pouvoir commencer à travailler le nez, les yeux qui au debut seront également des formes très basiques avant de s'affiner...
Et aussi, prendre du recul avec le texte pour mieux le voir. Quand j'ai eu fini mon texte et les premières relectures, je n'y ai plus touché pendant un mois avant de retourner dessus, ce qui m'a permis de voir des aberrations. À trop être plongé dans un texte, on en devient parfois aveuglé. C'est le même principe que quand on dessine : on reste des heures sur un dessin, il nous semble bien... Puis le lendemain on le regarde à nouveau et on remarque qu'il y a un gros problème dans les proportions !

Enfin voilà, tout ça pour dire qu'on se mettra la pression du style après le premier jet, c'est dur de faire des figures de style sur des idées brutes. On peut y arriver, mais souvent les idées nous viennent après coup, à la relecture.
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Re: L'écriture thérapeutique

#7 Message par Lilas » mercredi 28 février 2024 à 17:08

rekkan a écrit : lundi 26 février 2024 à 21:31 Si vous vous posez la question, j'ai déjà essayé de me faire éditer, par deux fois, mais la maison d'édition s'est à chaque fois retirée après un accord de principe initial.
C'est déroutant.
Qu'appelles-tu un accord de principe ?
Tu avais envoyé ton manuscrit terminé suite à quoi ils t'avaient proposé un contrat ?
Et ils se sont défilés ensuite ?
C'était quoi comme maison d'édition ?
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Re: L'écriture thérapeutique

#8 Message par rekkan » mercredi 28 février 2024 à 21:23

Oui, le roman était terminé. Une fois ils m'ont demandé des corrections que j'ai faites sans discuter en une semaine. Mais les deux ils se sont retirés après un accord de principe. Toutes éditaient, au moins en partie par internet. J'avais fait ce choix, parce que envoyer des tapuscrits reviennent vite à une fortune, même s'il faut bien choisir au préalable l'éditeur.

Je précise qu'à l'époque, je vivais à Paris où se trouvent la plupart des grosses maisons d'édition (Hachette et autres). L'une d'entre elles s'appelle Les Chemins de Traverse et l'autre est franco-québécoise avec des pratiques franchement limites comme d'obliger par contrat à acheter certains exemplaires du livre. Il faut savoir qu'en France, l'éditeur donne à l'auteur plusieurs copies de l'ouvrage.

Je précise avoir durant mes histoires exterminer un commissariat et un cabinet d'avocat, tuer toute une ville et avoir rétroactivement plusieurs fois changé la continuité notamment par le voyage dans le temps. C'est fictif mais ça défoule ! :) Non, je ne suis pas un tueur de masse refoulé mais je suis vindicatif.
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