Je me permets de remonter ce fil afin de savoir si d'autres sont dans la même situation que moi : l'un de mes intérêts spécifiques est les langues, ou plus précisément les comparaisons sémantiques et les structures des langues. Je passe le plus clair de mon temps à lire (comme on lirait un roman) des manuels de grammaire et à remplir un tableau excel dans lequel je note un certain nombre de mots dans des langues et thématiques données. Par exemple, telle semaine ça va me prendre de répertorier dans mon fichier un certain nombre de mots en rapport avec la géographie en turc, par exemple. Puis au fur et à mesure que je remplis mon tableau, je me rends compte que tel mot est similaire au persan farsi, tel mot à l'arabe moderne standard, mais qu'on note par exemple un mot différent en persan dari, bref, vous avez compris l'idée.
Le soucis, c'est que je finis avec des compétences linguistiques très hétérogènes, et ça me frustre. Quand je suis arrivée en fac de langues il y a quelques années, j'étais ravie car je pensais que je pourrais enfin parler à longueur de temps de grammaire et de sinogrammes avec mes camarades. J'ai rapidement réalisé qu'en fait, les cours "théoriques" étaient pour la majorité une corvée ! Pourquoi faire des études de langues alors ?
Ben, pour apprendre une langue dans le but de
communiquer avec les natifs. Le moyen d'y parvenir, le fond est souvent secondaire.
Bref, j'ai l'impression que dans ma situation, je suis dans le cas inverse. La syntaxe et la sémantique dans leurs moindres règles et usages (théoriques) m'intéressent, mais le fait de
pratiquer la langue, de communiquer, beaucoup moins. Je me retrouve donc avec un niveau de langue très hétérogène. Pour caricaturer, je vais être capable de lire un journal politique dans une langue donnée sans aucun soucis, mais par le même temps me retrouver incapable d'avoir une conversation fluide banale avec un natif, faute de pratique.
Vous me direz peut-être qu'on en fiche, que ce n'est pas grave, mais ça commence à me jouer des tours professionnellement. J'ai par exemple dû récemment tenir une conférence en coréen, car j'effectuais des recherches très poussées dans la langue en question (neuropsychologie) sans aucune difficulté en compréhension écrite, mais à l'oral ça a été relativement catastrophique, avec des erreurs de débutant. Car pas habituée à le pratiquer du tout. Bref, les gens (employeurs etc) préfèrent en général quelqu'un qui a niveau de langue "correct sans plus" plutôt qu'un grand écart.
Je me demandais si d'autres ici avec ce problème d'hétérogénéité et comment ils arrivaient à pallier ça ? Je veux dire, c'est déjà une épreuve de communiquer en français, alors dans les autres langues...