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Message
par Nymphaea » mercredi 18 mars 2015 à 18:59
@Manichéenne
En fait je suis du genre à pas mal remettre en cause tout de même, comme tu dis: "Je vais tout de même prendre le temps de vérifier les conclusions de mon médecin, comprendre de quoi il parle, si c'est cohérent avec mon ressenti et mes symptômes."
Discuter avec le médecin, c'est effectivement ça qu'il faut faire, car à tes interogations, il pourra répondre et vous pourrez optimiser ensemble. Mais "prendre le temps de vérifier les conclusions de mon médecin" si ça implique aller sur internet après la consultation pour confronter l'avis du médecin à ceux des internautes, quitte à remettre en cause ce qu'il a dit sur cette base là et à ne pas suivre ses recomandations, ça revient exactement à la même chose que de demander l'avis du voisin de palier dès le départ, car le médecin ne pourra pas donner de réponse à des arguments qui semblent peut être logique a quelqu'un qui n'y connait rien, mais qui seraient facile à démonter pour lui. Au passage, faire confiance à des avis sur internet sans avoir étudié les 8 années de médecines donc sans comprendre le corp humain et la manière dont fonctionnent les médicaments (pharmaco), ce n'est pas se faire son propre avis, c'est juste faire confiance à quelqu'un d'autre que son médecin... le fait de confronter différents avis ne fait que donner l'illusion de se faire son propre avis "éclairé". En discutant avec le médecin sur le coup, on se donne l'opportunité de vraiment confronter et contre-confronter les différents arguments... mais si on est objectif, on se rendra vite compte que c'est le médecin qui avait raison.
Je vais donner un exemple concret. Pour être totalement franche, ça m'est arrivée de remettre en cause, de pas obéir, parce que oui, comme tout le monde j'ai tendance à penser que je suis bien assez maligne pour avoir mon propre avis éclairé. Le truc c'est que vu que je désaprouve un peu ce comportement, en général dès que j'ai l'opportunité, je re-pose des questions quand même, pour vérifier si j'ai pas fait de conneries... et je constate très souvent que j'ai mal fait, parce que j'avais pas pris en compte tous les éléments.
Typiquement, le vaccin contre l'hépatite B: dans ma famille, on a deux SEP, donc l'histoire du lien vaccin hépatite B <-> SEP j'y avais quand même un peu réfléchi. J'avais bien vu que l'état des lieux disait qu'il y a pas de lien concluant, mais bon, je m'étais dit: quel est vraiment le risque? Le risque est assez faible en France, c'est vrai. Bon. Principe de précaution, ça coute pas grand chose de ne pas se faire vacciner et sachant qu'on a des prédispositions génétique dans la famille, on a une bonne excuse pour ne pas le faire. Ma pédiatre a pas bronché quand j'ai dit "chez nous on fait pas les vaccins HB car on a deux SEP dans la famille" (sans doute qu'elle n'avait pas envie de se lancer un débat potentiellement chargé d'émotion et dénué de raison, comme c'est souvent le cas quand on discute avec les gens qui refusent les vaccins), donc bref, pour moi c'était bouclé, et j'ai pas fait vacciner ma fille comme recommandé par le calendrier.
Sauf que, un jour, je vais aux urgences pédiatriques (pour une rhinopharyngite). Et là le médecin des urgences me dit: elle est pas vaccinée contre l'HB? Ah mais vous avez içi le risque est quand même très élevé, c'est quasi impossible pour un enfant pas vacciné de pas l'attraper! Je dis ah bon? Mince, j'avais pas pris en compte que le risque était pas le même dans mon pays d'acceuil, déjà.
Je rentre à la maison, je me dis "c'est bizare quand même, je pensais que l'HB, c'était une MST qui se transmet que par le sang et les rapports sexuels, comment les enfants peuvent-ils l'attraper si facilement?" Donc je vérifie sur internet les modes de transmission, et là je vois qu'en fait pas du tout, l'HB, ça se transmet par les sueurs et la salive aussi bien que par le sang et les rapports! En fait j'ai toujours cru que c'était par le sang et les rapports seulement, parce que c'était ce que ma mère (infirmière à la retraite) m'avait dit, et ça, et cet aspect là j'avais pas du tout pensé à le vérifier. Donc deuxième erreur, j'avais pas pensé à vérifier tout ce que je pensais savoir sur le mode de transmission, et j'avais donc d'autant plus mal évalué le risque.
Du même coup dans le document je vois les conséquences de l'hépatite B quand on l'attrape enfant, qui sont pas les mêmes que quand on l'a adulte: risques de cancers du foie multipliés par je sais plus combien, et plein d'autres problèmes vraiment génants. Ah bon en plus les conséquences sont aussi graves pour un enfant? Troisième erreur, j'ai mal évalué les conséquences du risque que j'ai fait prendre à ma fille.
(Tout ça en ayant un doctorat en biologie hein, et en étant rodée à la recherche d'information dans les articles scientifiques).
Résultat: ok, là le risque que je fais prendre à ma fille est réel, et je l'ai pris pour éviter un autre risque qui lui n'est pas du tout démontré. C'est grave, quand même. Je décide de faire vacciner ma fille. Oui mais du coup à 1 an et demi, c'est plus compliqué: il faut faire une prise de sang pour voir si elle n'a pas déjà attrapé l'HB entre temps... (je vous dis pas la galère pour faire une prise de sang sur un bébé de 1 an et demi, avec un micro bras... elle a pleuré toutes les larmes de son corp, j'ai bien payé mon erreur en termes de culpabilité). Puis il faut faire les deux injections rapidement après avoir eu les résultats, mais en intercalant correctement avec le reste du calendrier vaccinal qui lui suit sont court. Bref, 6 mois de délais avant d'effectivement rattraper le retard pris.
Bref, si j'avais pas voulu faire ma maligne, et que j'avais un peu fait confiance au corp médical et aux autres disciplines scientifiques (épidémiologie, immunologie, etc) qui ont eux tous les moyens pour peser objectivement le pour et le contre, j'aurais évité à ma fille une prise de risque inutile, et une prise de sang inutile. Là j'ai pris cet exemple, mais il est évident qu'on peut le généraliser à cette démarche en générale: on vérifie ce qu'on pense devoir vérifier (içi, l'existence ou non du lien entre HB et SEP), au final on trouve rien mais on en tire les conclusions qu'on veut bien (honnêtement, je me suis dit: bon, ils ont pas trouvé de lien, mais ça veut pas dire qu'ils en trouveront pas un à force de continuer à chercher), et on oublie tout le reste, alors que c'est crucial pour vraiment évaluer les risques qu'on prend.
Quand on a pris conscience de ça, le combat contre nous même et notre prétention à avoir un avis éclairé n'est pas terminé pour autant. La semaine dernière, ma fille ayant mal en allant à la selle, la pédiatre m'a prescrit une pommade pour les fesses. Sauf qu'après l'avoir achetée, j'ai vu laboratoires Boiron écrit dessus, et comme je suis contre ce labo-charlatan, je me suis dit: "roh non, elle m'a prescrit une pommade homéopathique qui n'a d'effet que placebo, elle exagère quand même de m'avoir prescrit de l'homéopathie" (en plus ça s'appelle homéplasmine, donc j'ai pensé que ça confirmait que c'était de l'homéopathie)...et du coup j'ai préféré utiliser une pommade qu'on utilise souvent pour les fesses rouges des bébés (Bepanthen) dont le tube était déjà ouvert et que j'avais dans mon placard, tant qu'à faire. Sauf qu'hier, j'ai discuté avec des gens qui s'y connaissent mieux que moi, et il se trouve que Boiron fait pas que de l'homéopathie, il fait aussi des médicaments avec des vrais molécules actives dedans... et cette pommade en fait partie. Elle avait donc prescrit cette pommade pour des raisons spécifiques, que j'ai ignorées.
Voilà, donc ça marche dans les deux sens: qu'on pense que le médecin est trop dans les "méthodes naturelles" ou trop à vendre du pharmaceutique, en fait souvent en lui faisant pas un minim confiance, on fait plus de bêtises qu'autres choses (à mon humble avis). Ce qui n'empêche pas de bien discuter avec sur le coup pour soumettre ses interogations, bien comprendre les prescriptions et éviter les trucs inutiles, bien sur.
En cours de démarche pour le diag