[Index Droit] Pour parler de droit et de Justice

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Laura Ingalls
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Re: Pour parler de droit ?

#16 Message par Laura Ingalls » mardi 3 novembre 2015 à 16:32

Manichéenne a écrit :
freeshost a écrit :Sur l'internet, qui ne connaît pas les mêmes frontières politiques et géographiques, comment savoir de quel pays on doit appliquer le droit ?
Il faut respecter la loi du pays où tu te trouves.
En plus, il faut éviter de commettre une infraction qui pourrait mener à un mandat d'arrêt international à la demande d'un autre pays (si tu décides de hacker la sécurité intérieure des états-unis...).
Je pense qu'il y a d'autres cas, mais c'est encore un peu flou. Par exemple, la France a jugé la semaine passée que finalement, la clause facebook qui dit que tout litige est à régler avec la justice américaine est abusive : la justice française est compétente si l'usager est en France.
le pays où on se trouve? Si par exemple on est en Suisse on applique la loi Suisse, quelque soit la nationalité du site/forum/blog/etc visité?
Et si on se rend en France (ou ailleurs) et qu'on poste sur internet depuis la France, c'est le droit français qui s'applique?
Question subsidiaire: Si on se rend en France et qu'on va sur le net depuis un téléphone portable Suisse et sur un site d'un autre pays, soyons fous? lol
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Re: Pour parler de droit

#17 Message par Manichéenne » mardi 3 novembre 2015 à 17:00

Tout dépend de quel point de vue tu te places, qui peut être attaqué et par qui.
Si c'est le contenu d'un site qui pose problème et que son propriétaire est attaqué en justice, c'est très compliqué (pays d'hébergement, pays du propriétaires, pays où est accessible le site, nature de la plainte...). Par exemple : facebook qui ne respecterait pas la vie privée de ses utilisateurs.
Si c'est l'hébergeur qui est attaqué, c'est encore un cas différent. Par exemple : si la justice veut empêcher un hébergeur de permettre à des sites pro-anorexie ou néo-nazi d'exister.
Si c'est l'utilisateur, c'est le cas qui nous intéresse. Si un pays autorise les sites pédophiles, ça n'autorise pas un ressortissant européen à y accéder depuis chez lui. Donc c'est bien la loi du pays où il se trouve qui compte. Même s'il utilise un mobile chinois connecté à un réseau polonais, pour accéder à un site hébergé en Azerbaidjan et créé par un brésilien.
Il y a des pays où certaines œuvres ne sont pas soumises à droit d'auteur : c'est bien dans les pays où ce droit s'applique qu'il est interdit de télécharger.
Plus compliqué : aux Etats-Unis il existe des sites autorisés sous prétexte de liberté d'expression qui seraient clairement interdits en France pour diffamation, incitation à la haine raciale, atteinte à la vie privée, etc. Là, j'ignore si quelqu'un d'ici peut demander à sa justice de s'appliquer si quelqu'un là bas le nomme explicitement. J'ignore aussi si un américain peut poster légalement ce genre de chose sur son site habituel pendant ses vacances en Europe, mais je pense que non.
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Re: Pour parler de droit

#18 Message par freeshost » lundi 14 décembre 2015 à 21:21

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Re: Pour parler de droit

#19 Message par Alone3545 » mardi 15 décembre 2015 à 0:54

Tiens j'ai appris hier qu'une fille ou femme pouvait jusqu'en 2012 être arrêté pour le port du pantalon par un policier faisant de l'excès de zèle. Mais bon dans tous les cas les assocation féministe se serait manifester on l espéré. Ça date de napoleon
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Re: Pour parler de droit

#20 Message par Tugdual » mardi 15 décembre 2015 à 8:58

Alone3545 a écrit :Tiens j'ai appris hier qu'une fille ou femme pouvait jusqu'en 2012 être arrêté pour le port du pantalon par un policier faisant de l'excès de zèle. Mais bon dans tous les cas les assocation féministe se serait manifester on l espéré. Ça date de napoleon
On lit ou on entend souvent ceci, mais ce n'est pas vrai.
Si cette loi (plus exactement cette ordonnance du préfet
de police de Paris
) n'a jamais été officiellement abrogée,
elle l'a été implicitement, du fait de son incompatibilité
avec des lois plus récentes (voir ici et ) ...
TCS = trouble de la communication sociale (24/09/2014).

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Re: Pour parler de droit

#21 Message par Alone3545 » mardi 15 décembre 2015 à 17:30

Effectivement il y avait certainement des incompatibilité avec des lois récente. Du coup, même en ignorant les droits implicite (pouvoir porter le pantalon), le policier aurait au vu de la loi sans doute été stopper pour mettre une contredanse à une femme en pantalon avec des lois plus récentes.

Ah les tonnes de lois, c'est une spécialité bien française qui protège certes des personnes mais freinent la réalisation d'entreprise. C'est assez fréquent des lois qui se contredisent ou qui sont même jusqu'à être imprudent à les appliquer.
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Re: Pour parler de droit

#22 Message par freeshost » samedi 27 février 2016 à 0:25

Moulinsart et l’affaire de la parodie à géométrie variable

Avec la jurisprudence Deckmyn, parodiez ! :mrgreen:
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Re: Pour parler de droit

#23 Message par Alone3545 » samedi 27 février 2016 à 10:53

Une question que je me pose, pensez vous judicieux d'interdire le téléphone Bluetooth en voiture même pour un usage professionnel?

Je serai plutôt pour car je pense que ce n'est pas forcément le fait d'avoir le téléphone en main qui est le plus problématique pour la concentration mais le fait d'imaginer l'autre, de se concentrer sur ce qu'il pense (plus dure que quelqu'un à côté), et le fait que la personne u bout du fil n'a pas forcément conscience que l'autre est sur la route (le passager à coté s'adapte plus au chauffeur selon les conditions de circulation).

Par ailleurs, même les commercial aurait plus d'intérêt à s'arrêter et à appeler tout le monde à l'arrêt pour éviter le stresse des imprévus et de la route, les accidents, pour être au calme et bien noter et écouter ce que l'autre dit.

Qu'en pensez vous?
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Re: Pour parler de droit

#24 Message par Tugdual » samedi 27 février 2016 à 12:49

TCS = trouble de la communication sociale (24/09/2014).

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Re: Pour parler de droit

#25 Message par freeshost » vendredi 22 avril 2016 à 0:45

« Notre meilleure arme contre le terrorisme, c'est l'humanité. Le verdict montre que nous reconnaissons également l'humanité des extrémistes. »

Même dans les cas extrêmes, les droits de l'homme doivent être respectés.

En plus, c'est la bonne attitude stratégiquement parlant. Car la vengeance et la rancune ne font qu'entretenir la violence (l'escalade de violence, un exemple d'escalade d'engagement).

Ne pas appliquer les droits de l'homme pour certaines personnes, c'est mettre de l'huile sur le feu.
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Re: Pour parler de droit

#26 Message par freeshost » jeudi 23 juin 2016 à 20:42

La justice des affaires familiales submergée par la multiplication des divorces et étranglée par l’austérité
Quand des parents se séparent et n’arrivent pas à se mettre d’accord, ils s’en remettent à la justice des affaires familiales. Composée de magistrats qui sont souvent des femmes, cette dernière intervient sur des questions essentielles comme la garde des enfants ou le droit de visite des grands-parents. De moins en moins nombreux, pour un volume de tâches qui ne cesse de croître, ces magistrats ont aujourd’hui la tête sous l’eau. Le stress et, parfois, le sentiment de faire du « sale boulot », voire de prendre de mauvaises décisions, sont aujourd’hui leur pain quotidien. En cours de discussion au Parlement, le projet de divorce sans juge ne devrait rien arranger. Rencontre avec des juges du quotidien.

C’est un juge sans robe, qui statue seul, et procède aux auditions dans son bureau où entre, le plus souvent, un couple qui se sépare. Le juge aux affaires familiales (JAF), ou plutôt la juge – 80% des JAF sont des femmes – rend des décisions concernant la résidence des enfants, les droits de visite et d’hébergement, ou les pensions alimentaires. Elle tranche aussi sur les changements de régime matrimonial, les droits de visite des grands-parents, les délégations d’autorité parentale, les tutelles de mineurs ou les changements de prénoms. Leurs décisions interviennent au cœur de la vie des gens.

Sur le bureau de Sylvie les dossiers forment des piles angoissantes. À 50 ans, cette dernière est juge aux affaires familiales (JAF) depuis trois ans, dans une juridiction rurale de petite taille. Elle a déjà occupé cette fonction il y a dix ans, et sait combien la charge de travail a explosé depuis. « J’aime les gens, le contact humain, les échanges avec les couples. J’aime dégager des solutions avec des parents qui n’en voyaient plus, décrit la magistrate. Pourtant aujourd’hui, je n’ai qu’une envie : changer de poste. »

Toujours plus de tâches, toujours moins d’effectifs

Avec l’augmentation du nombre de séparations, les JAF doivent faire face à une masse de contentieux qui ne cesse de croître. Les nouvelles technologies leur ont certes permis de gagner du temps, mais le travail de préparation des dossiers, les audiences et la rédaction des jugements restent énormes. Chaque JAF organise deux ou trois demi-journées d’audiences par semaine. Sans pause, il enchaîne en une matinée quatorze à dix-huit dossiers de situations familiales différentes.

C’est sportif, mais nécessaire pour éviter d’allonger le « délai d’audiencement » — c’est-à-dire le temps qui court entre la saisie du juge et le jour de l’audience. Dans le tribunal de Sylvie, il est d’environ quatre mois. Mais c’est encore deux fois moins que dans celui d’Anne-Sophie, JAF depuis 2010 dans l’une des cinq plus grosses juridictions en France : « Je reçois des gens qui ont déposé une requête en août 2015. S’ils ne sont pas disponibles aujourd’hui, je dois renvoyer les audiences en octobre 2016 ! ». Les affaires urgentes — comme les cas de violences et de maltraitance — sont examinées lors de permanences spéciales. Mais tout de même... « Les nouvelles affaires sont plus nombreuses que celles que l’on écluse, poursuit-elle. C’est sans fin. » Ses collègues parlent de « rouleau compresseur ». Et pour les justiciables qui attendent des réponses sur des questions personnelles, affectives, sensibles, le délai est toujours trop long.

L’augmentation des requêtes n’explique pas, à elle seule, que les JAF aient la tête sous l’eau. Depuis peu, ils ont été rendus compétents sur de nouveaux contentieux, comme les tutelles des mineurs ou les ordonnances de protection des victimes de violences conjugales. Surtout, quantité de postes de JAF restent vacants. « Les départs à la retraite sont massifs, explique Bruno, JAF depuis deux ans dans une juridiction de taille moyenne. Nous avons alerté l’État, dès 2009, sur la problématique du renouvellement des magistrats. Au lieu d’embaucher 350 magistrats par an, ils ont continué à en recruter 180. Partout, les effectifs se dégradent. Et les candidats au concours de l’école nationale de la magistrature (ENM) diminuent. Il y a une désaffection des étudiants pour la fonction publique. Ils préfèrent devenir avocats. »

La Justice française, parmi les plus indigentes d’Europe

Selon les trois JAF, le rapport entre salaire d’un côté — 2000 euros en début de carrière — charge de travail et responsabilités de l’autre, est loin d’être attractif. Des campagnes de recrutement sont en cours, mais la formation des nouveaux magistrats sera difficile à réaliser pour ceux qui sont actuellement en poste. « Si la justice avait plus de moyens, la profession serait plus attractive », estime Anne-Sophie. En 2014, la Commission européenne pour l’efficacité de la justice (CEPEJ), qui compare les budgets investis dans les systèmes judiciaires des différents pays européens, a une nouvelle fois renvoyé la France en queue de classement : 37ème sur 45 pays.

« Historiquement, la justice n’a jamais eu beaucoup de moyens, observe Bruno. Mais on fait de plus en plus appel à elle. Si l’on en reste à ce niveau de financement, nos missions seront forcément dégradées. » Dans ce contexte de flux tendu, la moindre absence d’un professionnel rend la situation explosive. Pendant une période, Sylvie n’avait plus de greffier : « C’est illégal et très dangereux puisque la procédure est orale. Il faut toujours un greffier pour noter ! » La greffière d’Anne-Sophie n’a pas été remplacée pendant son congé maladie : « Ses collègues l’ont suppléée à tour de rôle. Elles en ont bavé. Aujourd’hui, on ne peut plus rien leur demander, elles ont tout donné. »

Sylvie, Anne-Sophie et Bruno travaillent onze à douze heures par jour. Le week-end n’en est pas vraiment un. « On est avant tout au service du justiciable. Des gens attendent nos décisions. J’ai à cœur que ça tourne », estime Sylvie, qui se dit fatiguée. « Pour réussir dans ce métier, il faut une foi sans faille dans le service public. C’est un chemin de croix » , juge Anne-Sophie, depuis son bureau minuscule. C’est « l’envie d’apporter », de « se sentir utile », qui motive Bruno au quotidien. Sylvie et Anne-Sophie aiment débloquer des situations très conflictuelles. « Avec de la pédagogie lors de l’audience, un couple peut comprendre le sens d’une décision dans l’intérêt de son enfant. » Encore faut-il avoir le temps de l’explication. « J’ai la réputation d’avoir toujours du retard, avoue Sylvie. Si j’ai besoin d’une heure sur un dossier, je la prends. Je n’aime pas sacrifier les gens sur l’autel du temps. »

Des magistrats soumis au rendement

Dans sa juridiction, le rendement d’Anne-Sophie est mesuré. « Pour obtenir des crédits, notre chef de service doit justifier d’une activité quantitative. J’ai un objectif ouvertement affiché de rendre 100 décisions par mois. Si j’en rendais moins, on pourrait me le reprocher ! » Sauf que la seule marge de manœuvre pour travailler plus vite est de rendre des jugements non motivés, de bâcler leur rédaction ou de préparer les dossiers en ne retenant que les pièces principales. Pour calculer le montant d’une pension, on ne retient par exemple que les salaires des deux conjoints, sans tenir compte de leurs éventuels crédits ou biens immobiliers respectifs. Le risque ? Rendre des décisions inéquitables. « C’est terrible, mais je sais que certains collègues sous pression le font. Ce qui pâtit de notre manque de temps, c’est forcément la qualité de notre décision. »

Sur le terrain, on croise bien plus de magistrats épuisés que de magistrats qui bâclent. « La charge de travail génère stress et culpabilité, reconnaît Anne-Sophie. Notre travail a un fort impact sur notre santé, sur nos familles. Heureusement que la mienne roule ! Même si c’est dur de dire à mon dernier de six ans que non, je ne peux jamais aller au parc le dimanche, parce que je travaille. J’adore ces fonctions, mais je ne resterai pas JAF longtemps, sinon je vais droit au burn-out. » Le turnover est très important chez les JAF, qui occupent rarement leur poste plus de trois ans. Ces juges ne se spécialisent donc guère.

Pour désengorger les juridictions, privilégier la médiation ?

Hier, Sylvie a reçu en audience un couple qu’elle a déjà vu à plusieurs reprises. La mère était en colère car l’enfant, en week-end chez son père, n’utilise pas la bonne crème pour la peau. « Je sature à cause de cela, explique-t-elle. C’est désespérant et usant de voir des couples incapables de communiquer et de se mettre d’accord. Complètement déresponsabilisés, ils poussent la porte d’un tribunal comme celle d’une boulangerie, pour qu’on règle leurs problèmes à leur place. » » Pour Bruno, cela tient d’un effet pervers du développement de l’accès aux droits. « 70% de l’aide juridictionnelle est utilisée pour le contentieux des affaires familiales. Saisir un JAF est facile et peu coûteux. Il faudrait peut-être revoir les modalités de cet accès. Quand il y a gratuité, on saisit à la moindre difficulté. » Combien de fois la mère peut-elle appeler son fils en week-end chez son père ? Quelle résidence pour l’animal domestique du petit ? Bruno doit parfois trancher à la place des parents.

« Il faut des modes alternatifs de règlement des conflits familiaux », avance Sylvie. Pour elle, la médiation familiale permettrait d’améliorer la situation. Bruno l’expérimente dans son tribunal, où 30 % des requêtes sont orientées vers la médiation. Car les parents s’en saisissent rarement de leur plein gré. Dans la moitié des cas, secondés par un médiateur, les parents arrivent à se mettre d’accord, sans passer devant le juge. « Cela nous permet de tenir des délais plus courts, et de nous concentrer sur les dossiers difficiles, avec de la violence, par exemple », explique Bruno.

Le divorce sans juge : une fausse bonne idée

Sylvie est d’accord : l’avenir est au recentrage du travail du JAF sur ses fonctions essentielles. Est-il bien utile d’avoir fait 6 ans de droit pour réviser la pension d’un parent qui se retrouve au chômage, ou pour réévaluer le mode de garde d’un enfant en cas de changement d’emploi de son père ou de sa mère ? Certains proposent de ré-imaginer un système où le JAF n’interviendrait qu’en dernier recours. Comme aux Pays-Bas, où chaque magistrat a trois ou quatre assistants pour le décharger, par exemple en effectuant des mises à jour de textes règlementaires. Autre piste avancée : confier aux Caisses d’allocation familiale (CAF) le soin de fixer et réguler le montant des pensions alimentaires, selon l’évolution des situations des familles.

Rien à voir avec la direction que viennent de donner les députés en autorisant que le divorce par consentement mutuel soit désormais enregistré via un notaire, en se dispensant du passage devant le juge. « C’est une vraie fausse bonne idée, déplore Bruno. Les divorces par consentement mutuel, ça ne représente qu’une demi-journée d’audience par mois. Ça ne va pas nous faire gagner du temps, et ça risque au contraire de nous en faire perdre. Car un notaire n’a jamais été compétent pour juger de l’intérêt de l’enfant ; ce n’est pas son métier. Aussi, si personne ne s’assure du consentement des deux personnes au divorce — l’un peut être sous l’emprise de l’autre — on multipliera les problèmes, et les conflits nous reviendront ensuite. Non ! Il faut plutôt développer la médiation et le travail sur la parentalité avec des tiers. »

Protéger les enfants, une priorité

Les enfants : ce sont peut-être eux qui ont le plus besoin des JAF. Ils sont de plus en plus nombreux à franchir la porte de leur bureau. D’abord parce que la loi impose désormais qu’on les informe de ce droit. Mais surtout « parce qu’ils sont de plus en plus pris à partie dans les conflits conjugaux, déplore Anne-Sophie. C’est une catastrophe... » « Dans mon bureau, je vis tous les jours la finesse de la frontière entre l’amour et la haine, regrette Sylvie. J’entends des choses horribles, des échanges très violents. » Un parent qui demande une résidence alternée juste pour « emmerder » l’autre. Un père qui fait tout pour que l’enfant soit placé en famille d’accueil et enlevé à la mère. Un autre qui refuse, par principe, le voyage scolaire de son fils à Jersey. « Je vais l’autoriser, moi ! affirme la juge. Je suis obligée de m’adapter à la bêtise humaine de parents à qui il faut rappeler que c’est l’intérêt de leur enfant qui compte le plus ! »

Ces JAF rêvent que les enfants soient davantage préservés. « 40 % des requêtes aux juges des enfants ont pour cause un conflit entre les parents, constate Bruno. C’est énorme ! » Certains tribunaux ont remarqué que plus les délais d’audience des JAF s’allongent, plus les incidents violents dans les familles se multiplient. « J’ai longtemps été juge au pénal et je sais combien la délinquance ou même la radicalisation des jeunes prennent racine dans l’absence de l’un de leurs parents ou le conflit entre les deux », poursuit le magistrat. Il pense même que pour éviter conflits parentaux, la résidence alternée devrait être la solution par défaut après toute séparation. Au JAF d’évaluer, ensuite, les contre-indications, comme par exemple la violence domestique. « On peut faire recouvrer aux parents leur capacité à demeurer parents, même séparés. Ainsi que leur responsabilité : ce sont eux qui devraient être les meilleurs juges de l’intérêt de leurs enfants. »
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#27 Message par freeshost » dimanche 10 juillet 2016 à 15:40

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#28 Message par freeshost » dimanche 11 septembre 2016 à 14:01

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#29 Message par Jean » lundi 12 septembre 2016 à 9:20

La justice européenne précise le statut juridique des liens hypertextes
9 SEPTEMBRE 2016 | PAR JÉRÔME HOURDEAUX
https://www.mediapart.fr/journal/intern ... ypertextes
Dans un arrêt rendu jeudi, la CJUE estime qu'un site internet est bien responsable lorsqu'il publie un simple lien vers un contenu violant des droits d'auteur. Il ne peut se dédouaner qu'en prouvant qu'il ne connaissait pas son caractère illicite. S'il s'agit d'un site « à but lucratif », il sera présumé de mauvaise foi.

La Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) a rendu, jeudi 8 septembre, un jugement qui précise le statut juridique des liens hypertextes sur Internet en établissant la responsabilité d’un site d’information ayant publié un lien vers un contenu mis en ligne en violation de droits d’auteur.

La question de la nature juridique des liens hypertextes fait l’objet depuis plusieurs années d’un débat aux conséquences importantes pour les responsables de sites mais également pour les libertés individuelles. D’un côté, les défenseurs des libertés numériques défendent une liberté totale d’établir des liens vers des contenus, au motif que ceux-ci sont hébergés sur un serveur tiers, dont l’auteur du lien ne peut être tenu pour responsable par principe.

Ils soulignent par ailleurs que le lien hypertexte est un élément constitutif fondamental de la Toile. « Internet se caractérise avant tout par la possibilité de rendre accessible à travers un lien tout contenu publié lorsqu'on connaît son URL », estime ainsi l’association française La Quadrature du Net. « Cette possibilité est l'équivalent contemporain de la possibilité de référencer un contenu publié. Le fait de référencer à travers des liens des contenus accessibles est une condition primordiale de la liberté d'expression et de communication. »

Mais cette liberté de renvoyer vers un contenu extérieur est également vivement combattue, notamment par les industriels de la culture qui souhaitent pouvoir sanctionner les sites publiant des liens vers des contenus violant leurs droits d’auteur et ainsi empêcher leur référencement.

La CJUE avait déjà eu l’occasion de se prononcer sur cet épineux débat juridique dans son arrêt Svensson, rendu en février 2014, opposant des journalistes à un site internet agrégeant des liens vers leurs articles. Dans cette décision, la Cour avait reconnu que le lien hypertexte était bien une « communication au public », terme juridique permettant de qualifier la violation des droits d’auteur en vertu de la directive européenne de 2001. Mais le site internet avait pourtant été blanchi par les magistrats européens au motif que ses liens renvoyaient vers des contenus légaux, les articles originaux des journalistes. Il n’y avait donc pas de « nouveau public ».

La décision rendue jeudi 8 septembre complète cette jurisprudence en précisant cette fois le statut des liens hypertextes renvoyant vers des contenus illégaux. En l’espèce, le site néerlandais GeenStijl, un des dix premiers sites du pays, avait publié un lien vers un site australien ayant lui-même publié des photos de la présentatrice Britt Dekker réalisées pour le magazine Playboy. À plusieurs reprises, la société Sanoma, éditrice de Playboy, a fait retirer ces contenus qui violaient ses droits d’auteur et a sommé GeenStijl de retirer ses liens. Mais, en réponse, le site néerlandais a mis à jour son lien en renvoyant vers d’autres sites hébergeant eux aussi les photos litigieuses.

Face au refus obstiné de GeenStijl de supprimer son lien, Sanoma a saisi la justice, et l’affaire est remontée jusqu’à la Cour de cassation néerlandaise qui a transmis à la CJUE une question sur le statut juridique des liens en question. Cette saisine était donc l’occasion pour la Cour européenne de poursuivre sa jurisprudence ouverte en 2014 en précisant le statut des liens vers des contenus illégaux.

Pour la Cour, le critère qui permet de déterminer la responsabilité du site est la connaissance de l’illégalité du contenu vers lequel il renvoie, en d’autres mots sa bonne foi. Ainsi, si « la personne ne sait pas et ne peut pas raisonnablement savoir que cette œuvre avait été publiée sur Internet sans l’autorisation du titulaire des droits d’auteur », elle sera exonérée. En revanche, si elle a été avertie par les ayants droit, elle sera reconnue responsable.

Mais, précise le jugement, cette possibilité de se prévaloir de sa bonne foi n’est valable que si le site « ne poursuit pas un but lucratif ». Si la mise en ligne du lien a été faite dans le cadre d’une activité commerciale, s’instaure une présomption de mauvaise foi car « il peut être attendu de l’auteur d’un tel placement qu’il réalise les vérifications nécessaires pour s’assurer que l’œuvre concernée n’est pas illégalement publiée ». Ce sera alors au site de prouver qu’il ne pouvait pas savoir que les contenus étaient illégaux.

Dans l’affaire jugée, le site GeenStijl étant un site à but lucratif et ayant été averti à plusieurs reprises de l’illégalité des photos, « elle [la Cour] ne saurait donc renverser la présomption que le placement de ces liens est intervenu en pleine connaissance du caractère illégal de cette publication ». Le lien est donc bien une « communication au public » pouvant être sanctionnée.
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Re: Pour parler de droit

#30 Message par freeshost » lundi 12 septembre 2016 à 11:18

Maudits industriels de la culture.

Seule solution : créer des documents (scientifiques, linguistiques, artistiques, didactiques, culturels, ludiques, etc.) en les mettant sous des licences libératrices comme les licences Creative Commons - notamment le CC0, le domaine public !

Ainsi, à terme, nous pourrons nous passer de documents qui sont sous des licences privatrices.

Le libre partage fera sa place. :)
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