Ici, on parle de social !

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Benoit
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Re: Ici, on parle de social !

#226 Message par Benoit » mercredi 14 juin 2017 à 12:50

Vivement que l'internet soit librement accessible et à frais non contraignants sur toute la surface du globe.
Quel rapport avec la choucroute ? Ils n'envoient pas cet argent pour que leur famille s'achete un accès internet hors de prix chez eux.
Identifié Aspie (広島, 08/10/31) Diagnostiqué (CRA MP 2009/12/18)

話したい誰かがいるってしあわせだ

Être Aspie, c'est soit une mauvaise herbe à éradiquer, soit une plante médicinale à qui il faut permettre de fleurir et essaimer.

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#227 Message par Flower » mercredi 14 juin 2017 à 12:58

Ni pour acheter de la viande et du chocolat, mais plutôt un meilleur logement, l'école pour les enfants (ce n'est pas gratuit partout), des vêtements etc. Ceux qui font ça, ce sont souvent des gens qui ont vécu dans une pauvreté très importante. (Les Syriens de classe moyenne ne font pas des transferts d'argent aussi élevés.)
Enfin, je doute qu'un réfugié soudanais puisse transférer 700€/mois à sa famille, parce que les aides qu'ils reçoivent, c'est plutôt de l'ordre de 200-300€ quand ils ne sont plus nourris, et moins avant.
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#228 Message par freeshost » mercredi 14 juin 2017 à 13:12

C'est vrai. Il n'y a pas directement rapport. Mais, avec l'internet, ils pourraient communiquer à moindre frais moyens (courriel, WhatsApp, etc.). Malheureusement, certains gouvernements se font ennemis de l'internet (du partage de l'information, de la communication).

Justement, en Suisse, nous avons la chance luxueuse de pouvoir acheter de la viande et du chocolat, en abondance, pendant que, dans d'autres pays, les personnes doivent se préoccuper du bas d'une pyramide des besoins (celle de Maslow, par exemple). Nous pouvons acheter des ordinateurs portables et discuter sur les forums tous les jours pour un forfait fixe mensuel. :mrgreen: Dans divers pays, plein de personnes sont contraintes de payer à la période leur consommation d'internet dans un cybercafé.

L'internet, et l'informatique en général, est aussi un formidable outil-plateforme pour partager les enseignements, les connaissances, les informations, les outils, les méthodes, les exercices, les tutoriels, les fichiers, les logiciels. Donc pour démocratiser à moindres frais l'accès à la connaissance (scientifique, linguistique, artistique, didactique, culturelle, géographique, sociale, juridique, etc.).

En Suisse, la Croix-Rouge verse huit-cents francs suisses (en plus de lui payer le loyer) à mon colocataire érythréen (qui a un permis F). J'imagine que les autres réfugiés en Suisse avec le permis F bénéficient des mêmes allocations.

Imagine, avec cent francs suisses par mois, tu vas prendre cher. En plus, la Suisse n'est pas le pays le plus réputé pour être bon marché. On l'appelle parfois l'îlot de cherté.

Après, faut voir si les autorités des pays là-bas ainsi que des pays en Europe contrôlent les flux financiers, y mettent des limites. On pourrait trouver cela suspect (un versement mensuel d'un pays à un autre).
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Re: Ici, on parle de social !

#229 Message par Flower » mercredi 14 juin 2017 à 15:33

Je ne pense pas que ce soit considéré comme suspect, c'est plutôt un moyen de s'en faire plein les poches (frais de transfert, impôts, taxes...). Ou dans les exemples les plus "positifs", les transferts en provenance de l'étranger sont un moteur pour l'économie nationale - c'est le cas pour l'Arménie par exemple, où beaucoup d'hommes quittent le pays pour travailleur en Russie et envoient l'essentiel de leur salaire à leurs familles restées au pays.

800 francs suisses, ce n'est pas la même chose que 800€, et les coûts de la vie ne sont pas comparables comme tu le dis si bien.
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#230 Message par freeshost » jeudi 15 juin 2017 à 0:47

Boah, maintenant, 800 euros, c'est environ 871 francs suisses, soit un rapport d'environ 1.09 (à l'inverse, d'environ 0,92). Certes, ce n'est pas négligeable, mais ce n'est pas le jour et la nuit.

Par contre, je suis d'accord, quant aux coûts des produits divers, c'est très souvent plus cher en Suisse qu'en France.

Bon, cela dit, quant à l'économie des besoins dans les divers pays, ce serait bien que toutes les personnes dans tous les pays puissent surmonter les premiers étages des pyramides des besoins, non ?
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Re: Ici, on parle de social !

#231 Message par freeshost » lundi 19 juin 2017 à 0:57

Les souffrances invisibles du monde du nettoyage
Notre société a élevé la propreté au rang de vertu. Etrangement, le statut des agents de nettoyage demeure au plus bas de l’échelle socioprofessionnelle. Dans son livre «Les Souffrances invisibles», Karen Messing dénonce ce paradoxe.

Qui n’a pas un jour humé avec bonheur l’odeur du linge propre? Ou éprouvé un profond plaisir esthétique à la vue d’une pièce fraîchement nettoyée? «La propreté porte l’allégresse même dans l’esprit», disait autrefois le philosophe et orientaliste français Volney. Quelque peu paradoxalement, notre société a peu de considération pour celles et ceux qui y contribuent le plus. Le statut des balayeurs, des femmes de ménage, des éboueurs et autres ambassadeurs de la propreté qui embellissent tous les jours, par leur travail, notre quotidien figure en effet au plus bas de l’échelle professionnelle et ces postes continuent à être occupés par des groupes fragiles socialement, principalement les travailleurs immigrés et les femmes.

Dans son ouvrage intitulé Les Souffrances invisibles. Pour une science du travail à l’écoute des gens (Ed. Ecosociété), la généticienne et ergonome Karen Messing raconte son immersion de plus d’une décennie dans le monde du nettoyage. L’objectif? Inviter les employeurs et le public à revoir leurs préjugés à l’encontre des préposées au nettoyage en leur faisant découvrir la complexité de leurs tâches.

Le lecteur fait ainsi la connaissance de Nina Khaled, une jeune femme blonde d’origine algéro-berbère, chargée de nettoyer les trains de la gare de l’Est. «J’ai mesuré la distance qu’elle parcourait en une journée au moyen d’un podomètre: 23 kilomètres, relate Karen Messing. Nous courions d’un quai à l’autre à mesure que les trains entraient en gare ou s’ébranlaient pour partir. Elle avait entre 60 et 120 secondes pour nettoyer une cabine, étant précisé qu’elle devait effectuer le ménage d’environ 200 cabines par jour.» Pour atteindre les recoins des toilettes et frotter la cuvette, Nina Khaled se contorsionne et s’agenouille. Dans l’idée de gagner du temps, elle lave également le plancher en faisant glisser un chiffon savonneux sous ses pieds tandis qu’elle éponge le lavabo et nettoie le miroir à la main, des mouvements qu’elle nomme sa «danse».

Des blessures physiques et morales

Au terme de son étude, Karen Messing constate cependant que cette étrange chorégraphie occasionne de sévères maux de dos. Elle invite alors la SNCF à fournir aux employées des détergents et outils plus efficaces ainsi qu’à alléger le poids de leurs seaux. A sa grande surprise, elle se heurte à l’indifférence du responsable du service d’ergonomie. «Il a souri et hoché la tête, mais son attitude révélait clairement que l’idée de revoir les instructions émises par la SNCF à la firme de nettoyage dans l’intention d’accommoder quelques immigrantes algériennes n’était pas une priorité absolue pour son service.»

La SNCF n’est pas un cas isolé. Au fil de ses recherches, Karen Messing s’est en effet heurtée à de nombreuses reprises à ce qu’elle nomme «le fossé empathique». Après les femmes de ménage de la gare de l’Est, elle s’intéresse ainsi au sort des employés hospitaliers affectés au nettoyage. «Lors des rencontres, je leur demandais de me parler des risques physiques ou mentaux associés à leur travail.» Si ceux-ci lui font part de leurs chariots lourds, de l’équipement de mauvaise qualité et des produits chimiques odorants qu’ils doivent utiliser, plus que tout ils parlent des blessures morales qu’ils subissent au travail. «Dans bon nombre de services, on les excluait des fêtes de Noël et d’anniversaire. Au décès d’un patient, il arrivait souvent que la famille offre des cadeaux aux infirmières pour les remercier de toutes leurs attentions, en oubliant les employées du nettoyage qui pourtant avaient passé plus de temps que quiconque dans la chambre du malade.»

Un travail qui ne se donne à voir que lorsqu’il est mal fait

A ce manque de reconnaissance s’ajoute une absence totale de respect: certains usagers n’hésitent pas à resalir, parfois même sous les yeux des agents de propreté, l’espace qu’ils viennent de nettoyer. D’autres se plaignent de leur travail sans s’adresser directement à eux, mais en s’exprimant d’une voix forte alors qu’ils sont dans la pièce. Autrement dit, tout se passe comme si les hommes et les femmes de ménage étaient invisibles. Karen Messing est ainsi témoin un jour de la scène suivante: alors qu’elle accompagne une femme de ménage dans sa journée de travail, un couple qui arrive dans l’autre sens lance quelques ordures mises en boule dans le bac qu’elle pousse, manquant de peu de l’atteindre. «J’aurais été insultée à sa place, mais le couple n’a rien dit et l’employée n’a pas eu l’air de remarquer quoi que ce soit. Cela faisait partie de son travail que d’effacer sa présence; il était attendu qu’elle «disparaisse» lorsqu’il y avait des visiteurs ou du personnel soignant dans les chambres. Ce qu’elle accomplissait ne se donnait à voir que si c’était mal fait.»

Conscients qu’une des principales caractéristiques de la propreté est qu’elle est difficile à définir, raison pour laquelle elle est souvent définie a contrario – pour beaucoup, elle se conçoit comme une absence: absence de souillures, de poussières, de désordre – les employés de ménage mettent en place des stratégies pour rendre leur travail visible. «Une femme laissait la lumière allumée aux toilettes après avoir fini de nettoyer le local, une autre y laissait toujours flotter une odeur d’eau de Javel; certains expliquaient tirer les rideaux d’un côté à l’autre lorsqu’ils en avaient nettoyé la tringle, laisser systématiquement la poubelle en un endroit précis, s’assurer que le plancher sentait bien l’encaustique.»

Ces stratagèmes ne leur valent cependant pas davantage de prestige ni de pouvoir, pas plus que la vague de maladies infectieuses qui frappe les hôpitaux québécois en 2004, à la suite de la décision du Ministère de la santé de sabrer les services de nettoyage afin de réduire les dépenses en soins de santé. Sur une période de dix semaines, pas moins de 1411 cas de diarrhée associée au Clostridium difficile sont recensés. L’année suivante, on déplore 311 décès associés à cette même bactérie. Si les staphylocoques résistant aux antibiotiques et leurs cousins réussissent, à terme, à persuader le ministère que le nettoyage est une variable essentielle dans la prévention des maladies, les agents de nettoyage restent, eux, étrangement exclus de l’équation. «Les chefs de file de la santé publique ne les voient toujours pas comme des acteurs essentiels de cette lutte», déplore Karen Messing.

Avoir «une tête de femme de ménage»

Albert Cohen ne comprenait pas «pourquoi on [faisait] tant de chichis» pour La Joconde, «cette bonne femme» à la «tête de femme de ménage». Sans doute ignorait-il le courage, la volonté et la force mentale dont il faut se doter pour exercer ce métier. Au regard des récits personnels des employés affectés au nettoyage de la gare de l’Est et des hôpitaux québécois, l’expression «avoir une tête de femme de ménage» prend un tout autre sens. Elle relève en effet davantage du compliment que de l’insulte.
Pardon, humilité, humour, hasard, confiance, humanisme, partage, curiosité et diversité sont des gros piliers de la liberté et de la sérénité.

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#232 Message par freeshost » lundi 4 décembre 2017 à 21:18

«Aux Etats-Unis, notre fils handicapé est aidé comme il ne l’a jamais été à Genève.»
Ce dimanche [3 décembre 2017] aura lieu la Journée mondiale du handicap. Nathalie, quadragénaire genevoise, raconte comment elle respire mieux depuis que son fils de 9 ans, atteint d’une maladie génétique, vit et étudie dans la Silicon Valley.

«A Genève, notre fils handicapé effrayait ou, du moins, dérangeait. On a toujours eu la sensation que rien n’était prévu pour lui au niveau institutionnel et qu’on dépendait du bon vouloir des personnes. Depuis cinq mois qu’on est aux Etats-Unis, on respire. Non seulement, l’école publique est accueillante et non jugeante, mais, en plus, elle imagine des solutions pour Nicolas, elle vient vers nous avec des propositions. C’est le jour et la nuit!» Nathalie est sidérée.

Après avoir souffert d’un manque de soutien dans sa ville d’origine, pourtant soucieuse du bien-être social, c’est aux Etats-Unis, pays de la libre entreprise, qu’elle a trouvé un accompagnement aidant pour son enfant différent, aujourd’hui âgé de 9 ans. Elle raconte ce paradoxe qui ne cesse de l’étonner.

Professionnels démunis

«Je ne veux pas lui jeter la pierre. Mais, lorsque j’ai voulu inscrire Nicolas à l’école, quelqu’un de haut placé au Département de l’instruction publique m’a gentiment conseillé de penser à un établissement privé…» C’est ainsi, poursuit cette mère de famille. Lorsqu’on a un enfant qui souffre d’une maladie génétique rare, un syndrome qui attaque les tissus mous de l’organisme et rend sa mobilité très compliquée, on se retrouve souvent face à des professionnels bien intentionnés, mais extrêmement démunis.

En matière de soins, de loisirs ou de scolarité, Nathalie ne compte pas les fois où, à Genève, elle a été éconduite et priée de se débrouiller. «C’était la norme. Qu’on avait d’ailleurs intégrée. Si bien que, lorsqu’on est arrivés dans la Silicon Valley, il y a cinq mois, on imaginait recommencer ce parcours du combattant. Ce fut tout le contraire! Depuis son premier jour à l’école publique, une brigade de spécialistes encadre Nicolas pour que son handicap pèse le moins possible sur son apprentissage.»

Une «équipe de choc»

Et Nathalie de détailler une «équipe de choc», constituée d’une technicienne en informatique, d’une psychothérapeute, d’un coordinateur et d’une chargée de l’intégration sociale dont la seule fonction, au sein de l’établissement, consiste à œuvrer au bien-être des enfants fragilisés. «Dans sa classe, ma fille de 7 ans a une camarade lilliputienne. Tout le mobilier et tous les objets – crayons, cahiers, gobelets, etc. – ont été adaptés à sa taille.

Concernant Nicolas, qui écrit très lentement vu son handicap, la technicienne en informatique a imaginé un stylo relié à son ordinateur, qui réagit aussi à sa voix. Lorsqu’il est fatigué, il peut ainsi dicter ses notes sans s’épuiser.» Ce qui épate Nathalie, ce n’est pas qu’un tel équipement existe, mais que l’école le lui propose spontanément. «Dans ma vie d’avant, j’aurais dû déployer des efforts colossaux pour que mon fils bénéficie d’un tel outil!»

Selon la Genevoise, cette diligence institutionnelle est liée aux droits civils des étudiants en situation de handicap (The Civil Rights of Students With Disabilities) qui, depuis 1973, prévoient une totale équité de traitement pour les élèves différents. «C’est une obsession ici, observe la quadragénaire. Et ça ne concerne pas que les jeunes. Ma pharmacienne a deux moignons à la place des mains. Elle met plus de temps pour servir les clients, forcément, mais tout le monde trouve tout à fait normal qu’elle puisse travailler et personne ne se plaint. Je trouve cette tolérance très étonnante au pays de la libre concurrence.»

Transparence de l’information

En effet, ça surprend. D’ailleurs, est-ce qu’une école publique du quartier de Harlem aurait la même équipe de choc pour encadrer Nicolas? «Honnêtement, je ne pense pas. Vu que les écoles dépendent beaucoup des dons et du fund-raising des parents, celles de Palo Alto où nous résidons sont des Rolls Royce comparées aux écoles de régions moins dotées.» Autrement dit, la qualité de la prise en charge dépend aussi du niveau de vie.

«Oui, mais il n’y a pas que l’argent, précise la quadragénaire. Le regard sur le handicap diffère aussi. Ici, il n’y a pas de fausse pudeur ou de gêne par rapport à la maladie. Quand Nicolas est arrivé dans sa classe, l’enseignant a fait venir un scientifique qui a donné un cours sur la génétique pour expliquer le syndrome dont souffre notre fils. Son cas a été illustré de manière claire, au même titre que la couleur de la peau ou la nature des cheveux d’autres camarades. Les élèves ont pu poser des questions, assouvir leur curiosité, comprendre que si Nicolas a de gros problèmes moteurs, il n’a aucun problème cognitif, etc. Depuis cette mise à plat, son handicap n’a plus jamais été un sujet. A Genève, je devais sans cesse rassurer les parents ou les enfants qui entouraient mon fils sur le fait que sa maladie n’était pas contagieuse… Appréciez le fossé!»

Jamais laissé de côté

Mais encore. Ce qui frappe cette mère de famille, c’est l’abolition de frontières en termes d’activités. «Etant donné ce problème de tissus mous, notre fils tient difficilement debout. En outre, il ne doit pas prendre de coups, car ses organes internes sont très délicats.» Dès lors, à Genève, Nicolas restait seul à lire à 7 ans dans la classe pendant que les autres se rendaient à la gym. A Palo Alto, les enseignants lui ont demandé quel sport il aimait et l’ont formé comme assistant du coach sur les matches de football américain.

«C’est lui qui tient les statistiques, qui compte les points, qui apporte les ballons, etc. Il est fou de joie!» Idem pour les loisirs et les sorties. Le jeune garçon joue aux échecs après les cours et partira camper au printemps prochain. «Ils m’ont déjà prévenue et ça m’inquiète même un peu, sourit Nathalie, car Nicolas n’est pas autonome en matière de soins. Je peux accompagner la classe si je le souhaite, mais c’est exclu que mon fils ne se joigne pas au groupe! Ici, il existe vraiment un volontarisme positif qui pousse l’enfant différent à s’intégrer.»

Y a-t-il cependant un aspect où Nicolas et sa famille ont perdu en qualité de vie? «Peut-être la profondeur des liens. Tout le monde est hypergentil, mais comme les gens bougent souvent à l’intérieur du pays, ils ne tissent pas de relations très sérieuses.» Cela dit, Nicolas a déjà été invité à plusieurs anniversaires sur le sol américain, ce qui ne lui était quasiment jamais arrivé en Suisse, car les parents des autres enfants craignaient sa fragilité. A Palo Alto, une fois briefés par Nathalie sur ce qui est possible ou non pour lui – Nicolas est par exemple interdit de trampoline –, les parents l’accueillent volontiers.

Moqueries, tolérance zéro

«En fait, c’est très simple, résume Nathalie. Comme toutes les institutions prônent l’intégration, la société civile suit le mouvement.» Pareil pour la moquerie: le règlement scolaire est impitoyable en la matière. Les enseignants américains appliquent la tolérance zéro face à tout propos ou attitude discriminants. «Nicolas voit la différence, lui qui était toujours montré du doigt dans son établissement genevois. Une fois, sa petite sœur a même dû se battre avec un plus grand pour le défendre… Ici, aucune moquerie, aucun regard de travers. Le citoyen américain est tellement éduqué en matière de respect des handicapés que Nicolas ne craint plus rien.»

Merci aux vétérans!

Mais, encore une fois, comment expliquer que les Etats-Unis, qui ne passent pas pour des agneaux dans le domaine social, soient si tolérants et aidants dans ce registre particulier? «Cette attention pourrait être liée au nombre de vétérans rentrés mutilés des diverses guerres que cette nation a menées, envisage Nathalie. Ils représentent un tel lobby que leurs intérêts font partie des priorités.»

Le goût du risque et l’idée qu’on peut toujours s’améliorer ne contribuent-ils pas également à ce que les Américains voient grand pour les gens différents? «C’est vrai que Nicolas est stimulé positivement, mais sans jamais être forcé. Je me souviens qu’à Genève, une de ses enseignantes n’admettait pas que son écriture maladroite soit liée à son handicap. Du coup, lui qui ne pouvait pas écrire une phrase correctement recevait l’ordre d’en écrire dix comme punition! Dans l’école qu’il fréquente actuellement, on ne pourrait jamais imaginer un traitement aussi aberrant. Non, je pense vraiment que, dans le domaine du handicap et sans doute dans d’autres domaines, les Etats-Unis sont en avance en ce qui concerne la tolérance de la différence.»



«L’école romande est pensée pour accueillir tous les élèves sans exception.»

Responsable de l’enseignement spécialisé dans le canton de Vaud, Serge Loutan explique comment l’école inclusive est pratiquée en territoire romand depuis vingt ans

Le récit de Nathalie, relaté ci-contre, ne prêche pas en faveur du système scolaire romand. C’est un cas exceptionnel, assure Serge Loutan, chef de l’enseignement spécialisé vaudois. En Suisse, la loi est très claire: le système scolaire accueille tous les élèves, quels que soient leur condition ou leur état. «En revanche, il se peut que la place d’un enfant plus fragile ne soit pas à l’école régulière, mais dans une institution spécialisée qui répondra mieux à son besoin de protection et de soutien», explique le spécialiste. Entretien.

Le Temps : Dans son récit, Nathalie montre une grande disparité entre Genève et les Etats-Unis en matière d’accueil scolaire d’un élève handicapé. Comment expliquer cet écart?

Serge Loutan : C’est sans doute un aiguillage qui ne s’est pas fait à un moment donné. Car à Genève, comme dans le canton de Vaud, aucun élève ne peut être ainsi laissé sur le carreau. Il existe des filières d’accueil et des outils pour aider ces enfants différents à se développer. Dans l’école régulière, si possible, ou en institution, si le cas est trop lourd pour être intégré.

Ce qui frappe dans cette expérience, c’est la qualité d’équipement de cette école publique de Palo Alto pour accompagner des enfants en situation de handicap…

Evidemment, quatre personnes pour gérer la différence dans une école traditionnelle, c’est une aubaine. Mais, comme vous l’avez relevé, c’est aussi lié à l’ancrage géographique privilégié de cet établissement, situé dans la Silicon Valley. En Suisse romande, l’école inclusive est également pratiquée avec de bons résultats. Il y a vingt ans, dans le canton de Vaud, 3,4% des enfants différents avec trouble ou déficience sévères étaient en institution. Aujourd’hui, ce pourcentage est descendu à 2%, ce qui veut dire que de nombreux enfants fragilisés sont scolarisés dans l’école régulière, moyennant un accompagnement personnalisé.

Une autre différence de taille réside dans la manière de communiquer en classe au sujet de la maladie. Nathalie a apprécié la transparence en usage aux Etats-Unis, alors qu’à Genève, des parents d’élèves pensaient parfois que son fils était contagieux… Quelle est la politique des écoles romandes?

Il n’y a pas de protocole unique. L’information dépend des désirs de l’enfant, de ses parents et des enseignants. C’est possible que, par souci de discrétion et par crainte de stigmatisation, nos pratiques soient moins transparentes que celles de nos confrères américains, mais là encore, chaque cas impose sa loi.

Et sur la moquerie, les regards qui blessent? Les Etats-Unis pratiquent la tolérance zéro. Quelle est votre position à ce sujet?

Le respect est une de nos priorités. Et pas qu’en matière de maladie et de handicap. Egalement sur les questions de genre, d’orientation sexuelle, de confession religieuse ou de racisme. On travaille beaucoup à doter les établissements d’outils de repérage et d’intégration. Concernant le handicap, nous avons observé qu’une déficience physique était mieux gérée par le groupe qu’un trouble psychologique du type autisme. Mais globalement, la présence d’un enfant différent est très bénéfique à l’ensemble des élèves qui, de manière générale, sont compatissants.
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#233 Message par freeshost » mercredi 31 janvier 2018 à 11:43

Allaitement au travail - le chemin de croix des mamans

Et en France, aussi le parcours des combattantes ?
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#234 Message par freeshost » dimanche 18 février 2018 à 17:10

Une exposition évoquant la trisomie 21 montre la force de la différence.
Les personnes avec trisomie 21 ont beaucoup à apporter à la société, tout comme au monde de l'art. Une exposition en témoigne au Centre Paul Klee de Berne.

Qu’un espace d’exposition aussi vaste et lumineux que le Centre Paul Klee, conçu pour mettre en valeur des œuvres picturales, accueille une manifestation telle que Touchdown en dit beaucoup sur la visée des organisateurs et la réussite de leur projet. Salué pour la manière dont il intègre tous les publics, et en souvenir de l’intérêt de Klee envers les artistes non professionnels, le musée bernois s’ouvre ainsi à une manifestation interdisciplinaire dont il est peu coutumier. Réalisée avec la participation active des personnes directement touchées par la problématique, l’exposition dédiée à la trisomie 21 parvient à éviter tous les pièges, en alliant le côté ludique, l’aspect artistique, l’intérêt didactique et l’apport humain.

Le titre, Touchdown, fait naturellement référence au syndrome de Down et à la personnalité de ce médecin anglais, John Langdon Down (1828-1896), qui le premier le décrivit. La traduction du terme, «atterrissage», désigne également le canevas choisi par les commissaires d’exposition et par leurs assistants: des «extraterrestres» atteints de trisomie 21 auraient atterri dans le musée et mèneraient l’enquête… Etude ethnographique, autour d’objets du quotidien de personnes concernées, commentées par elles-mêmes, rappels historiques, explications relevant de la génétique et œuvres d’art, pour certaines de créateurs accueillis à la Collection de l’art brut à Lausanne, portraits photographiques, et autoportraits par la parole et l’écriture, composent ce kaléidoscope.

Avant de mourir

Le tout est destiné à étonner le visiteur, et à répondre à ses questions – concernant la santé, le droit, les perspectives sociales, la science – tout en contrant les idées reçues concernant cette «maladie». Car justement, il ne s’agit pas d’une maladie, d’une différence plutôt, qui a sa source dans notre capital chromosomique. A la question de savoir comment elles désirent être appelées, Julia Bertmann, qui fait partie du comité consultatif et a contribué à la rédaction du catalogue, ainsi qu’une autre jeune femme, répondent qu’elles refusent les termes de mongolien ou de «downie». Elles sont avant tout, insistent-elles, des personnes. L’exposition leur donne raison, d’une manière efficace: les textes sont traduits en «langue claire», un langage simple compris des premiers intéressés.

Car, oui, les personnes trisomiques lisent, écrivent aussi, pour certaines aiment particulièrement le faire, comme en témoignent des cahiers remplis et des photographies assorties de légendes. Telle cette série de phrases commençant par «Bevor ich sterbe»: avant de mourir, lit-on, j’aimerais épouser mon ami, avant de mourir j’aimerais faire de la musique, avant de mourir j’aimerais être heureuse. Ou encore, signé Daniel Rauers: «Bevor ich sterbe, will ich weiter leben», avant de mourir je veux vivre encore. La volonté de vivre, et de vivre normalement, apparaît dans chaque partie de cette exposition d’abord montée à Bonn, et présentée à Berne dans une version adaptée à la situation suisse, mais guère différente du contexte allemand.

Une fête

Des traces dans l’histoire de l’art sont recherchées, et trouvées non sans mal, par exemple dans cette Adoration du Christ due à des épigones de Jan Joest van Kalkar vers 1515, où l’un des anges porte les traits typiques de la trisomie 21. Qu’un modèle trisomique ait été choisi pour figurer un ange est plutôt rassurant, quant à la manière dont fut considérée cette particularité au cours des âges. Néanmoins, bien d’autres indices tendent à suggérer plutôt l’exclusion, notamment pendant la période sombre du national-socialisme en Allemagne, à laquelle est réservée une section tragique et effrayante.

Les œuvres d’artistes touchés par le syndrome de Down, les objets mystérieux ficelés de laine multicolore de Judith Scott ou ce magnifique tableau brodé réalisé par Birgit Ziegert, sont nettement plus joyeuses, et contribuent à faire de cette exposition une manière de fête. La vidéo est de la partie, ainsi que le dessin, la peinture et l’objet. En somme, l’exposition manifeste la volonté des personnes avec trisomie 21 de sortir au grand jour, telles qu’elles sont. Le message est reçu.

«Touchdown – Une exposition avec et sur des personnes avec trisomie 21», Centre Paul Klee, Berne, jusqu’au 13 mai.
L'occasion de retourner marcher jusqu'au centre Paul Klee à Berne. :mrgreen:

Il ne reste plus qu'aux personnes artistes spectro-autistes à faire la même chose. :mrgreen: (Justin Shine, Nausicaä, diegoc, etc.)
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Re: Ici, on parle de social !

#235 Message par freeshost » mercredi 27 mai 2020 à 19:35

«Une planète en mal d’œstrogène»: la convergence contre le mal
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Michel Lapierre
23 mai 2020

Interviewé le 11 mai dernier par le quotidien britannique The Guardian, l’intellectuel américain Noam Chomsky accuse Trump d’être « responsable de la mort de milliers d’Américains en se servant de la pandémie du coronavirus pour préparer sa réélection ». La féministe Thérèse Lamartine loue toutefois l’optimisme inébranlable mais discret de Chomsky, en blâmant, elle aussi, « l’improbable trublion orange prénommé Donald ».

Née à Québec et demeurant aujourd’hui à Longueuil, l’essayiste et romancière émet les deux jugements dans Une planète en mal d’œstrogène, c’est-à-dire d’hormones femelles, son ouvrage où elle souligne l’importance du génie féminin, toujours sous-estimé. France Théoret, poète et romancière, signe une préface enthousiaste de ce réexamen du féminisme et en retient la phrase : « En troquant la liberté pour l’égalité, le mouvement a perdu une partie de son âme. »

Thérèse Lamartine explique : « L’inégalité n’est qu’un symptôme. Il est urgent de s’attaquer aux causes véritables et de réclamer, bien au-delà de l’égalité, la liberté. » Pour cela, elle ne voit qu’une solution : « Le féminisme radical, celui qui va à la racine du mal et se propose de l’extirper, est la seule voie possible vers cette liberté. » Elle ose, sans pourtant se montrer intempestive, s’inspirer de la théoricienne américaine de cette tendance : Andrea Dworkin (1946-2005).

La condamnation de la pornographie par la militante, souvent controversée, retient surtout l’attention de Thérèse Lamartine. Ce rejet définit le mieux l’obstacle subliminal que certains hommes misogynes opposent à la soif de liberté ressentie par les femmes.

L’essayiste québécoise juge, en effet, que l’industrie pornographique « dépeint la torture des femmes » et qu’elle « est devenue ce qu’Andrea Dworkin nomme le “culte du sadisme” » envers elles. Sa position se rapproche de celle d’un homme, d’ordinaire peu loquace sur le sujet, Chomsky, qui déclare : « La pornographie humilie, dégrade les femmes comme de vulgaires objets sexuels. Il n’y a rien d’autre à dire. »

Solidaire d’hommes comme lui, Thérèse Lamartine affirme « tabler sur les convergences entre masculin et féminin plutôt que sur les divergences ». Pour elle, il s’agit là lucidement de ne « penser le monde jamais plus sans les femmes ». Au transsexualisme, elle préfère l’union des genres : « Tant qu’à bouleverser l’ordre sexuel du monde, une révolte contre l’assignation non pas à un sexe précis, mais contre l’assignation à une culture découlant de ce sexe serait plus utile à l’humanité. »

Cette union fondée sur la liberté tranche sur l’actuel stratagème de Trump qui, pour Chomsky, délègue à des inférieurs, comme les gouverneurs des États de son pays, la tâche odieuse de combattre la COVID-19 dans le fol espoir de sortir seul victorieux de la crise sanitaire aux yeux d’un électorat berné.


Extrait d’«Une planète en mal d’oestrogène»

Andrea Dworkin, celle dont l’authenticité et la quête de vérité n’ont d’égales que son courage et son audace, fouette nos peurs dont nous sommes quelquefois les orfèvres. « Le féminisme exige précisément ce que la misogynie détruit chez les femmes : une bravoure sans faille pour affronter le pouvoir masculin. » C’est en partie grâce à cette phrase, électrochoc et bougie d’allumage, qu’existe le présent ouvrage.
Pardon, humilité, humour, hasard, confiance, humanisme, partage, curiosité et diversité sont des gros piliers de la liberté et de la sérénité.

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Re: Ici, on parle de social !

#236 Message par freeshost » jeudi 2 juillet 2020 à 11:55

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Re: Ici, on parle de social !

#237 Message par freeshost » mardi 28 juillet 2020 à 15:41

Le_Temps_C_Est_De_L_Argent_Arte_2018_Cosima_Dannoritzer.webm

Voyons nos activités chronophages et autres voleurs de temps.

Parmi ces voleurs de temps, on trouve les injonctions (qui peuvent favoriser la pression et le syndrome d'épuisement si on s'y plie trop, ou la culpabilité s'y on ne s'y plie pas).
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