[Livre] Un bonheur que je ne souhaite à personne (Samuel Le Bihan)

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hazufel
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[Livre] Un bonheur que je ne souhaite à personne (Samuel Le Bihan)

#1 Message par hazufel » lundi 24 décembre 2018 à 8:34

Détails et avis...

Un-bonheur-que-je-ne-souhaite-a-personne.jpg

Présentation :
"Être heureux, ça s’apprend ?" Laura, jeune mère de deux garçons dont un autiste, se pose cette question le jour où elle comprend qu’elle est en train de passer à côté de sa vie. Forte de son amour inépuisable et de sa détermination face au handicap de son fils, elle a très vite choisi de ne pas subir mais d’agir.
Seule contre tous, elle va loin, jusqu’à basculer dans l’illégalité pour obtenir de menues victoires. Mais ne s’oublie-t-elle pas trop dans cet éprouvant combat qu’elle mène au quotidien ? Où retrouver ce bonheur qui paraît s’être envolé ? Alors que le fragile édifice qu’elle a construit menace de s’effondrer, une rencontre inattendue s’offre comme une chance de sauver les siens. Saura-t-elle la saisir ?
Un bonheur que je ne souhaite à personne, véritable hymne au sexe dit "faible", fait apparaître avec une grande sensibilité combien l’adversité et une maternité à part peuvent transcender une femme.

Il ne s’agit pas là du témoignage de l’auteur quant à son rôle de parent d’enfant autiste mais d’un roman, dont les personnages principaux sont les membres d’une famille monoparentale, la mère (narratrice), César son petit garçon autiste et Ben son aîné, ado. Gravitent autour d’eux les deux pères des garçons, plus ou moins absents et inefficaces, et les membres de l’association que gère la mère. Une des membres est avec son propre fils, l’illustration de ce qu’est « l’affaire Timothée ».
On est dans le quotidien d’une famille autiste, les petites luttes quotidiennes face aux autres à l’exterieur, toujours, et les petits bonheurs faits de petites choses simples qu’on tente d’apprécier.

Les nuances et facettes de l’autisme sont assez bien explicitées, sous différentes formes, jusqu’aux incohérences et injustices de certains « soins » (cf l’affaire Timothée).
Le mot envahissant de l’ex TED prend tout son sens (dans le livre d’E. Tchoungui, elle dit que TED lui fait penser à Teddy Bear :roll: ) même si le petit Cesar n’est jamais réduit à la seule définition de son handicap.
Il me reste quelques pages à lire, je verrai si je modifie / ajoute quelque chose à la conclusion finale, mais je l’ai trouvé pas mal du tout, relatant bien le quotidien d’une famille qui essaie de construire un univers serein, la mère qui réduit son temps de travail pour s’occuper davantage de son fils, les serrages de ceinture, les haines du quotidien face à l’incompréhension devant un enfant différent qui fait une crise dans un magasin, le ressenti, profond face à tout ce que l’on vit avec ses enfants, le combat, enfin, l’épuisement....

Bémol pour le titre qui ne reflète pas le livre et qui a une connotation négative de l’autisme.
TSA & SAMA
3 fils dont jumeaux TSA (et dysgraphiques / praxiques / exécutifs)

Cardamome
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Re: [Livre] Un bonheur que je ne souhaite à personne (S. Le Bihan)

#2 Message par Cardamome » lundi 24 décembre 2018 à 10:20

Merci pour ce partage.
On ne sait jamais que le père Noël ait l'idée de me l'apporter, sinon j'y remédierai prochainement.
maman d'un jeune homme diagnostiqué avec TSA.

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misty
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Re: [Livre] Un bonheur que je ne souhaite à personne (S. Le Bihan)

#3 Message par misty » jeudi 27 décembre 2018 à 22:17

J'ai vraiment beaucoup aimé ce livre, alors que j'y suis allée un peu à reculons j'avoue.
Malgré des côtés un peu beaucoup simplistes (l'histoire d'amour et celle de la drogue, notamment), j'y ai trouvé ce que je rêvais de trouver dans ce type de récit.
Une colère authentique, un plaidoyer concret pour l'inclusion scolaire, des détails qui résonnent avec des choses que je vis même en étant autiste moi-même et pas mère d'enfant autiste; à commencer par ce voyeurisme glauque des personnes en quête de "croustillant", qui aiment qu'on anime des conversations avec nos galères et nos souffrances liées à l'autisme. Je pense n'avoir jamais rien lu là dessus jusqu'ici, et ça m'a fait vraiment du bien.
La partie entière du dîner chez les "amis" est géniale je trouve, on sent bien la progression entre le moment où elle ne veut pas faire de vagues, rester correcte et laisser dire, et le gros craquage "je vais me la faire, elle aussi". :mrgreen:
J'ai trouvé ça drôle sans l'être en fait, parce que cette ignorance ordinaire et ces discours absurdes vendus comme des vérités rongent vraiment au quotidien. C'est raconté de façon amusante mais j'ai ressenti la blessure derrière, personnellement.

L'allusion à Timothée est très pertinente aussi, car ces "affaires" sont un peu noyées dans la masse d'information actuelle, et il faut absolument en parler et ne pas cesser de le faire.

Merci Mr Grégoire de Fronsac. :bravo:
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hazufel
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Re: [Livre] Un bonheur que je ne souhaite à personne (S. Le Bihan)

#4 Message par hazufel » vendredi 28 décembre 2018 à 8:53

Je suis d’accord avec ce que tu as écrit :bravo:

La fin de m’a pas du tout déçue, j’ai refermé le livre avec émotions d’y avoir lu le témoignage de quelqu’un qui connaissait et respectait l’autisme.
J’ai lu des critiques disant que la notion d’inclusion de S. L. B. était nulle... il s’agit de critiques de ceux qui se sont sans doute arrêter au titre et n’ont pas lu le livre. Non le petit gars n’est pas contraint par des méthodes de conditionnement ni des rêves de normalité. Le deuil de la mère est celui d’avoir une vie standard mais si elle le constate elle ne s’en plaint pas. Elle aime son gamin comme il est, ayant les yeux ouverts sur sa vie qui sera sans doute, toujours différente mais tentant toujours de lui apporter ce qui peut le construire positivement.
Par la création d’une association qui accueille des enfants autistes on y vit aussi l’histoire du Tremplin à Grenoble. Par la réaction choc devant l’immeuble de l’EN, on revit aussi l’histoire de Marie, en Alsace...
En plus de l’affaire Thimothée, je trouve qu’il est bon de rappeler ces luttes quotidiennes, sans effets d’actualités à sensations. Ça en montre encore plus l’écrasante difficulté du quotidien, dans un environnement englué.
Mon père voulait lire le livre d’E. Tchoungui, je vais lui envoyer celui là...
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Re: [Livre] Un bonheur que je ne souhaite à personne (S. Le Bihan)

#5 Message par Cardamome » samedi 29 décembre 2018 à 19:58

je l'ai acheté cet après-midi, commencé et presque terminé! cela sonne si "vrai".

J'aime bien la réaction de la maman face au premier directeur d'école, puis celle devant la deuxième équipe, avec qui la mère choisit de se la jouer diplomate en les flattant, pour que ça se passe au mieux! ce côté "mordant" et bagarreur de la maman, qui arrive à se maitriser pour décrocher une petite avancée
Spoiler : 
parce que quand même l'entrée à l'école, sous condition qu'il ait un AVS...ça minore un peu l'avancée, en plongeant la maman dans une autre lutte pour que son fils puisse effectivement aller à l'école. Je n'ai pas terminé, la MDPH n'a toujours pas donné sa décision quant à l'octroi de l'AVS, et ça on sait bien que c'est à peine exagéré, les décisions qui prennent un temps fou ou quine correspondent pas aux préconisations pour l'enfant; jusqu'au bout, c'est d'un véridique!
les idées reçues lors du repas notamment, les réactions de la maman...
tous ces passages sont très plausibles.

ça m'évoque plein de choses évidemment, notamment en tant que maman solo.
Spoiler : 
je pense aussi à toutes les mamans seules, par la force des choses, celles dont le mari a fui, ou reste trop peu impliqué voire pousse le gamin en hôpital psychiatrique ou structure si peu adaptée...
me manquent le grand frère à gérer (je n'en ai qu'un, le concerné et qui plus est ado) et le pâtissier bedonnant à rencontrer :lol:
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Re: [Livre] Un bonheur que je ne souhaite à personne (S. Le Bihan)

#6 Message par misty » mardi 1 janvier 2019 à 17:47

Cardamome a écrit :ça m'évoque plein de choses évidemment, notamment en tant que maman solo.
Je n'ai pas osé le dire directement, mais en effet j'ai bien pensé à toi, supposant que ça te parlerait. :wink:
C'est un très bel hommage, qui pour une fois ne tombe pas dans l'admiration "béato-niaise" qu'on trouve dans la plupart des feel good books mettant en scène des familles monoparentales.

Le personnage de l'AVS m'a beaucoup plu aussi, il est très lumineux sans jamais nier la réalité de terrain au sujet des AVS (=rarement une vocation, + de "là par hasard/force des choses" au départ, sans que ça n'implique forcément du négatif par la suite).
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Re: [Livre] Un bonheur que je ne souhaite à personne (S. Le Bihan)

#7 Message par Cardamome » mardi 1 janvier 2019 à 18:37

misty a écrit : mardi 1 janvier 2019 à 17:47
Cardamome a écrit :ça m'évoque plein de choses évidemment, notamment en tant que maman solo.
Je n'ai pas osé le dire directement, mais en effet j'ai bien pensé à toi, supposant que ça te parlerait. :wink:
C'est un très bel hommage, qui pour une fois ne tombe pas dans l'admiration "béato-niaise" qu'on trouve dans la plupart des feel good books mettant en scène des familles monoparentales.
:bravo:
c'est exactement ça: un portrait "juste" d'une maman certes pleine de fougue, d'énergie, mais qui a ses faiblesses aussi
Spoiler : 
le malaise...
(c'est pas wonder woman quoi!) et qui apprend à "canaliser" un peu son "trop plein de tout" surtout vis à vis de l'école, où il ne s'agit pas de braquer tout en restant ferme (j'ai connu! :lol: et je connais encore). Elle n'en est que plus réaliste (et moins culpabilisante!).
C'est raconté de façon amusante mais j'ai ressenti la blessure derrière, personnellement.
oui, pareil!
Le personnage de l'AVS m'a beaucoup plu aussi, il est très lumineux sans jamais nier la réalité de terrain au sujet des AVS (=rarement une vocation, + de "là par hasard/force des choses" au départ, sans que ça n'implique forcément du négatif par la suite).
Idem, entre la description du gars par la maman, et sa méconnaissance mais son envie de savoir, d'en apprendre, de bien faire, ses maladresses, le fait qu'il avoue avoir jeté l'éponge lors d'une crise, de pas avoir su...le rend très plausible. Sa perfectibilité le rend crédible. Bon c'est sur, coup de bol il a envie d'apprendre à bien faire. Pas de chance son contrat cesse mais c'est tellement vrai: on dirait que quand un truc fonctionne bien, le système aime en changer...
Spoiler : 
et je mesure aussi ma chance d'être dans un département où une convention a été signée entre la DSDEN et l'asso locale pour permettre de ne pas changer l'AVS de l'enfant concerné par un TSA quand ça se passe bien, et inversement si ça se passe mal, on ne s'évertue pas à imposer cet adulte là à cet enfant là...

ce personnage d'AVS m'a touchée également notamment depuis que je commence comprendre le chemin qui a menée l'AESH de mon fils, vers lui, parallèlement au chemin qui nous a menée vers elle...je dirais, il n'y a pas que du hasard ou alors il fait très bien les choses.
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Re: [Livre] Un bonheur que je ne souhaite à personne (Samuel Le Bihan)

#8 Message par Antigone » jeudi 16 juillet 2020 à 9:25

Je viens de terminer le roman. Je suis assez d'accord avec toutes les avis postés plus haut.
SLB prône en effet l'inclusion scolaire, il met en avant le bien que cela fait aux enfants et je pense qu'il a raison. J'aime beaucoup la phrase que Laura répète régulièrement : "mon fils a le droit d'aller à l'école, comme les autres". Elle veut dire par là que, les parents d'enfant handicapé ne devraient pas avoir à payer, ou à remuer ciel et terre pour un droit inaliénable inscrit dans la constitution. En tant qu'enseignante je comprends sa colère : pourquoi un directeur aurait-il le droit de refuser un enfant au motif qu'il est différent ? Cependant ce n'est pas naïf non plus. On comprend que cette inclusion - lorsqu'elle est ratée - peut faire beaucoup de mal, à l'enfant et à ses proches... d'où l'urgence de faire avancer les choses. Laura ne tape pas au hasard sur les personnes qu'elle croise, et qui croisent la route de César...Elle essaie de faire la part des choses entre les "mal intentionnés" , les "mal informés", les abrutis.
Le rôle de l'AVS, son importance, mais surtout les limites de ce système qui parachute des gens non formés, non compétents (et ici ce n'est pas le cas, mais parfois non motivés) dans des classes...puis qui les jette comme des kleenex. J'en ai eu plusieurs dans mes classes, et c'est malheureusement vrai que dès qu'on trouve un "équilibre " (ouais parce que bosser avec un AVS c'est pas forcéement naturel pour la maîtresse non plus :D ) bim il est envoyé ailleurs.
La fin m'a beaucoup plu, et même émue (ce qui est rare). Je trouve qu'on a envie de dire : et maintenant ? On est où pour César ? (alors qu'il est fictif) :D

Mes reproches sont plus sur le style de l'auteur que je trouve un peu gnangnan parfois. Le personnage de César est pour moi très réussi, pas caricatural (parce que basé sur des observations) par contre les autres personnages...
Laura n'est pas complètement ratée, on sent aussi l'inspiration de femmes qu'il connaît mais je me serai bien passée de l'amourette qui n'apporte pas grand chose et la rend un peu nouille. (alors qu'elle est une battante, une femme active elle devient tout à coup une espèce de midinette) L'amoureux est complètement transparent.
L'ado pour le coup est une caricature. C'est dommage parce qu'il y avait en effet une piste, vaguement effleurée, sur sa place impossible dans le duo fusionnel Maman/César. J'aurai aimé que ce malaise qu'il doit ressentir soit plus approfondi, réfléchi...
Non le petit gars n’est pas contraint par des méthodes de conditionnement ni des rêves de normalité.
Je n'ai pas lu ces critiques, mais je trouve ça stupide. Sa mère ne veut pas qu'il soit "normal", elle veut une place pour lui dans la société. Est-ce que ça veut dire se soumettre à quelques injonctions sociales ? Bien sûr. Comme pour tout à chacun. César va devoir apprendre qu'on ne jette pas du gravier à la tête des autres enfants. Mais si c'était un NT qui le faisait, et que ses parents l'en empêchaient est-ce qu'on les clouerai au pilori ? Non, je ne pense pas. Évidemment l'épisode du cartable montre qu'accepter d'être hors normes ce n'est pas facile. Pourquoi sa mère lui refuse son premier choix ? Pas parce qu'elle a honte, ou qu'elle pense sincèrement que c'est pas bien mais parce qu'elle a peur pour son enfant, qu'il soit encore plus stigmatisé, ou moqué qu'il ne puisse l'être... Encore une fois, un parent NT fera la même chose. (j'ai eu en classe un petit garçon qui aimait porter le déguisement de princesse... Pour lui c'était le déguisement de roi et son amie devait porter la robe rose, parce qu'elle était la reine. je devais lutter avec l'ATSEM pour qu'elle arrête de lui dire 'c'est pour les filles" et faire taire les parents qui riaient en le voyant.)
Enfin, j'ajouterai que SLB fait de brèves remarques sur les contraintes imposées aux autistes par certaines méthodes, qui montrent qu'il est sensible à ce problème.
Trouver l'équilibre entre la société et ce que l'on est c'est un combat quotidien pour tout le monde...
Je veux savoir comment je m'y prendrais, moi aussi, pour être heureuse. Vous dites que cest si beau, la vie. Je veux savoir comment je m'y prendrai pour vivre." Anhouil

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