[Film] Hors normes (Olivier Nakache, Éric Toledano, 2019)

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misty
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Re: [Film] Hors normes (Olivier Nakache, Éric Toledano)

#16 Message par misty » jeudi 24 octobre 2019 à 20:57

Lilette a écrit :Il ya un manque cruel de moyens en France, c'est pas nouveau, des gens de débrouillent pour monter des associations & prendre en charge les personnes qui en n'ont besoin, alors peut-être que le film ne montre pas tout ou est maladroit sur certaines choses, mais déjà rien que le fait que les rôles des concernés soient joués par des autistes, je trouve ça remarquable, c'est loin d'etre régulièrement le cas.
Je suis d'accord avec ça, et c'est sans doute la raison qui me poussera à le voir (j'ai d'ailleurs failli aller à une avant-première pour laquelle je n'étais finalement pas dispo).
D'accord aussi avec l'idée de rendre hommage aux intervenants souvent mal payés, mal formés et zéro considérés qui abattent un boulot de dingue avec rien d'autre que leur courage, leur altruisme et leur persévérance.
Par contre, autant je suis pour que l'équipe communique à fond sur le thème qui est à la base du film (et qui est traité de ce point de vue là, à savoir celui de gens pas super formés aux avancées scientifiques récentes sur l'autisme) et appuie sur les exploits concrets réalisés au quotidien par ces personnels d'asso, autant la tournée des émissions pour venir étaler des certitudes sur l'autisme en mode total bullshit désolée mais non.
Cassel n'a jamais été un modèle d'humilité c'est clair, mais enfin ya des limites quand même...

Le côté "inspiration porn" est probablement ce qui me dérange le plus dans la manière dont le film est présenté (ou plutôt vendu) mais j'attends de l'avoir vu pour me faire une réelle idée là-dessus.
Pour l'instant ce que je sais c'est que ce que j'ai vu de la promo me dégoûterait limite d'aller voir le film. :sick:
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Ixy
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Re: [Film] Hors normes (Olivier Nakache, Éric Toledano)

#17 Message par Ixy » jeudi 24 octobre 2019 à 20:59

@Lilette: Je pense que absolument rien de ce qui a été écrit dans les messages précédent n'entre en contradiction avec ce que tu dis. Personne ne remet en cause le travail de l'assoc, ni que le film reflète cette réalité. D'ailleurs ce que tu expliques est ce que relate H. Horiot dans le billet, qui ne constitue pas du tout un dénigrement du film comme tu as l'air de le penser (le partage du lien était indépendant de mon commentaire personnel). Il regrette simplement que ce qui est montré dans le film, la prise en charge institutionnelle, ne devrait pas être la solution principale proposée aux personnes autistes, mais ce n'est pas une critique du film en soi.
Je n'ai pas de diagnostic /!\
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Jean
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Re: [Film] Hors normes (Olivier Nakache, Éric Toledano)

#18 Message par Jean » jeudi 24 octobre 2019 à 21:03

Je ne l'ai pas encore vu, mais ceux qui l'ont vu ont beaucoup apprécié.

Je n'ai pas encore lu les rapports de l'IGAS : http://www.igas.gouv.fr/spip.php?article731

Sur le contexte, ma visite avec Ole à l'ESAT Les chapiteaux turbulents et le livre "[url=viewtopic.php?f=9&t=952&start=0Je vais passer une bonne journée cette nuit"[/url].

Aujourd'hui, je serais moins complaisant.

L'USIDATU pratique packing et électrochocs.
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Re: [Film] Hors normes (Olivier Nakache, Éric Toledano)

#19 Message par misty » jeudi 24 octobre 2019 à 21:11

Je pense que ce qui complexifie l'embrouille aussi c'est (encore et toujours) la manière dont l'autisme est représenté dans les médias et sur les réseaux sociaux. Cassel évoque d'ailleurs le "glamour" en opposition à ce qu'il qualifie de "vrai autisme" cité par Lilas.

Je n'ai pas pu ouvrir ton lien Ixy mais je pense que c'est plus ou moins ce truc là que tu avais posté non?
"Hors Normes" : "Une peinture très crue de la dérive institutionnelle dans la prise en charge de l'autisme en France", selon Hugo Horiot

C'est un autre débat mais c'est vrai que c'est un peu embêtant qu'ils aillent toujours chercher HH pour nourrir ce type de causerie... Pas qu'il ait systématiquement tort sur tout mais ça pose un problème de cohérence je trouve.
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Re: [Film] Hors normes (Olivier Nakache, Éric Toledano)

#20 Message par Ixy » jeudi 24 octobre 2019 à 21:15

Oui c'est cela. Aussi je pense que HH a été invité par l'équipe du film à une avant-première pour aider à la promotion médiatique.
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Re: [Film] Hors normes (Olivier Nakache, Éric Toledano)

#21 Message par olivierfh » jeudi 24 octobre 2019 à 22:41

Ici Hugo Horiot (invité des Matins de France Culture) dit à peu près la même chose sur le film et sur l'institutionnalisation en France, en développant davantage:

TSA de type syndrome d'Asperger (03/2017) + HQI (11/2016).
4 enfants adultes avec quelques traits me ressemblant, dont 1 avec diagnostic TSA et 1 au début du parcours de diagnostic.

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Re: [Film] Hors normes (Olivier Nakache, Éric Toledano)

#22 Message par TiZ » vendredi 25 octobre 2019 à 9:13

J'ai vu le film hier soir avec une copine, on a toutes les deux beaucoup aimé.
J'ai trouvé que c'était vraiment différent d'Intouchables (que j'avais beaucoup aimé aussi) : On est pas du tout dans cette vision "bons sentiments", "film qui fait pleurer". Bien qu'il y ait quelques similitudes (notamment dans la manière de filmer, et sur certains passages), le film s’apparente plus à un documentaire avec quelques histoires en parallèle (les chidoukh, l'histoire entre le jeune et l'orthophoniste, etc.). Du coup, ça fait un peu plus "vrai" et c'est peut-être pour ça que les gens qui ne connaissent pas du tout ce milieu trouvent le film émouvant.
Il y a quelques vannes, mais c'est beaucoup moins "lourd" que ce qu'il y a dans Intouchables.

Cela dit, effectivement on voit bien que les méthodes utilisées datent un peu, il aurait effectivement été judicieux qu'ils créent une ouverture sur le fait qu'il existe aujourd'hui d'autres choses qui sont mises en place (peut-être via une histoire parallèle). Mais peut-être qu'ils ont voulu retranscrire à l'écran simplement ce qu'ils ont vu en observant les vrais fondateurs des associations, sans chercher plus loin ?

Il y a de très beaux moments, par exemple à la fin lorsque Vincent Cassel fait face aux inspecteurs.

Ma critique n'est donc pas dithyrambique par rapport à ce film, mais c'était quand même très bien, je vous le conseille :wink:
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freeshost
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Re: [Film] Hors normes (Olivier Nakache, Éric Toledano)

#23 Message par freeshost » vendredi 25 octobre 2019 à 22:55

Ouais, ces histoires de "vrais" autistes, de "vrais" Suisses, de "vrais" Français. Ce sont les tentations essentialistes réveillées par des questions identitaristes. :o Et un peu de faux dilemme... "soit t'es un vrai, soit t'es un faux" Du manichéisme, quoi !
Pardon, humilité, humour, hasard, confiance, humanisme, partage, curiosité et diversité sont des gros piliers de la liberté et de la sérénité.

Diagnostiqué autiste en l'été 2014 :)

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Ixy
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Re: [Film] Hors normes (Olivier Nakache, Éric Toledano)

#24 Message par Ixy » dimanche 27 octobre 2019 à 0:16

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hazufel
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Re: [Film] Hors normes (Olivier Nakache, Éric Toledano)

#25 Message par hazufel » dimanche 27 octobre 2019 à 8:48

Les critiques "divergentes" :

Sur Critikart : film hors normes, les cahiers du cinéma et les inrockuptibles (accès abonnés pour les deux) ne sont pas du côté du film non plus.

Critikat.com
par Josué Morel
Malgré l'intérêt de ce qui se joue autour des acteurs, le film bute sur une contradiction qui le limite, au-delà de son dénouement sirupeux et de ses velléités hagiographiques.
La critique complète est disponible sur le site Critikat.com

Cahiers du Cinéma
par Jean-Sébastien Chauvin
À vouloir distribuer des câlins à tout le monde, les réalisateurs ont oublié d’observer le monde des autistes et de les laisser exister.

Les Inrockuptibles
par Emily Barnett
En répartissant ainsi les rôles, le duo donne le sentiment d’être passé du côté obscur de la force, celle qui consiste à instrumentaliser un handicap comme faire-valoir invisible d’acteurs surpuissants, déroulant leurs numéros pétris de discours moraux, de préférence en hurlant. Rien de hors norme à cela : on est bien dans les clous du cinéma de marché.
Olivia Cattan Hugo Horiot Sophie Robert


Et une autre critique d’un parent d’autiste sévère lue ailleurs :

« Bien que le film soit très émouvant, les acteurs et la mise en scène excellents, j’en suis sorti avec une sensation de malaise profond.
Je ne connais pas les associations dont il est question, elles ont l’air de faire un boulot, non pas excellent, - car pour cela il faudrait avoir été formé au moins sur les techniques d’accompagnement et d’éducation des personnes autistes, mais ces éducateurs « free lance » semblent au moins être remplis de bonne volonté. L’idée des deux associations qui travaillent ensemble est d’utiliser des « cabossés » de la société pour en aider d’autres.
Il font du palliatif, ils récupèrent ceux que tous les établissement médico-sociaux rejettent. Ils font ce qu’ils peuvent en faisant prendre des risques incroyables aux bénéficiaires de leurs accompagnements. Ils y a des moments terrifiants dans ce film, d’autres qui font sourire. Toledano et Nakache savent jouer avec nos émotions, c’est leur marque de fabrique et leur « fond de commerce ».
Hélas ! ils ne sont pas Ken Loach. Ce film montre, mais aucun moment ne s’engage, jamais il ne dit clairement que c’est à cause de choix de société, de choix « thérapeutiques » ou d’éducation désastreux et de négation de la différence que la France en est là : déléguer à des associations de parents ou religieuses de pallier à ses carences. Et pire : déléguer au monde associatif et à celui de la charité, la réparation et la gestion des dégâts d’un système éducatif inadapté aux différences.
Est-ce que le film interpelle les pouvoirs publics ? Que nenni ! Les producteurs vont donner 5 % des bénéfices au financement des deux associations qui ont inspiré le film ! La belle affaire ! Je suis content pour elles et leurs salariés qui sûrement font de leur mieux. Et après ? On continue comme ça encore combien de temps ? N’y a t’il des autistes adolescents et adultes qu’en région parisienne ?
Est-ce que le film dit ou évoque une seule fois que dans certains pays, les autistes adultes qui n’ont pas pu être adaptés à notre monde normatif sont aussi encadrés et accompagnés sans avoir besoins de « solutions d’urgence » ?
Non, il entérine la « solution » charitable, comme quand, jadis, faute d’écoles et d’hôpitaux pour les « pauvres » c’étaient des fondations religieuses qui se chargeaient de leur éducation et de leurs soins.

Je suis le père d’un enfant autiste dit « sévère » ce n’est pas du tout ce dont j’ai envie pour son avenir : l’alternative entre l’établissement médicalisé avec les psychotropes pour atténuer les troubles du comportement ou l’accueil précaire dans des associations qui font « ce qu’elles peuvent ».
Sommes-nous citoyens d’un pays du tiers monde ? (Ceci dit sans aucun mépris, certains font mieux que nous en terme d’inclusion sociale de la différence !)
J’ai eu certes la larme à l’œil devant ce film, mais les émotions, ça n’est pas la raison. « Oh ! les pauvres ! » Qui a envie d’être plaint ? Quand ce pays mettra t’il enfin les moyens pour que toute sa population ait le droit à une éducation adaptée à sa diversité ?
Quand verra-ton un film qui ne soit pas compassionnel envers les autistes mais qui les montre avec leur diversité, avec ou sans talent particulier, comme le reste de leurs congénères, juste différents. »

Personnellement je n’ai pas vu le film. N’ayant pas vu Intouchables pour les raisons évoquées plus haut par Tugdual et d’autres, je n’ai pas spécialement envie de le voir, au vu de ce que je lis.
Je pense qu’il risque d’avantage de me révolter un peu plus encore sur le système qui ne fait pas souvent de choses cohérentes pour les autistes dits sévères...
TSA & SAMA
3 fils dont jumeaux TSA (et dysgraphiques / praxiques / exécutifs)

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Re: [Film] Hors normes (Olivier Nakache, Éric Toledano)

#26 Message par pimpoline » dimanche 27 octobre 2019 à 9:01

Je rejoins la critique de ce père que tu cites hazufel. Sauf que je n'ai pas vu le film. :mrgreen:
Oui oui, c'est facile de critiquer, je sais... Je compte beaucoup sur les réalisateurs pour me donner envie d'aller voir un film, et en général quand je suis fidèle aux films de quelqu'un, c'est que j'aime leur marque de fabrique.
Malheureusement pour Toledano et Nakache, ils partent avec un handicap dans mon palmarès... Et ce que je lis ne m'étonne pas du tout. Comme pour Intouchables, il semble qu'on brasse du bon sentiment mais ça ne va pas chercher plus loin. Perso je n'aime pas qu'on me prenne en tant que spectatrice pour une cliente de McDo qui se satisfait du prêt-à-penser et d'émotions de surface pour faire joli et aller vite. Cela dit, rêver Toledano et Nakache en Ken Loach relève de l'utopie, on parle quand même de gens ultra mainstream, on peut pas dire qu'ils soient connus pour leur côté social.

Je rejoins totalement la dernière phrase citée, c'est pour ça que je n'irai pas le voir. Quand on cessera de considérer la différence comme un sujet ce qui conduit inévitablement à objectiver les personnages, alors on pourra parler d'engagement.
Je n'aime pas le regard et l'angle choisi dans ce film.
Et quand j'y repense, les propos de Vincent Cassel (qui n'est pas une lumière certes, mais quand même) me choquent. Il n'est pas à la hauteur pour porter un message d'ouverture, un message politique n'en parlons même pas. Aucune réflexion... est-ce que c'est parce qu'ils ne sont pas concernés?

Existe-t-il des cinéastes autistes qui seraient capables de nourrir le spectateur d'un regard atypique, sans vouloir forcément brandir un étendard démago?
Je suis super frustrée car je suis grande fan de certains metteurs et metteuses en scène qui assument leurs différences (en tant que membre de communautés minoritaires) et savent faire passer des messages forts sans jamais tomber dans le misérabilisme ni la facilité.

Bon, mon message ne sert à rien, mais j'avais besoin de l'écrire, je suis écoeurée en fait.
TSA HPI

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Re: [Film] Hors normes (Olivier Nakache, Éric Toledano)

#27 Message par Lilas » dimanche 27 octobre 2019 à 16:33

En tout cas, ce film a du succès : j'ai essayé d'aller le voir cet après-midi et la séance était complète dans les 2 cinémas testés, avec en plus une foule de personnes qui comme moi arrivaient trop tard.
Lilas - TSA (AHN - Centre Expert - 2015)

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Re: [Film] Hors normes (Olivier Nakache, Éric Toledano)

#28 Message par TiZ » dimanche 27 octobre 2019 à 20:31

@Lilas : Dans "mon" cinéma, le succès n'est pas tant au rendez-vous que ça : le film est programmé une ou deux séances par jour selon le jour (contre 3 tous les jours pour les "succès"), il est programmé dans la plus petite des deux salles, et lors de la séance de jeudi soir, je pensais qu'il y aurait foule alors que nous étions à peine une trentaine...
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Re: [Film] Hors normes (Olivier Nakache, Éric Toledano)

#29 Message par Flower » lundi 28 octobre 2019 à 10:02

Je suis allée le voir samedi avec mon copain. J'ai bien aimé dans l'ensemble, même si effectivement il y a beaucoup de choses qui mériteraient d'être approfondies.
Après, je ne serais pas aussi catégorique sur l'absence de critique du système actuel. Oui, le film retrace le travail de deux associations avec en toile de fond l'inspection - un peu comme si c'était un documentaire - donc la critique n'est pas super explicite. Mais à chaque fois qu'un des personnages explique aux inspecteurs que l'association s'occupe d'enfants/adolescents qui ont été refusés dans les structures "officielles", moi j'y entends une critique. La médecin de l'unité d'accueil d'urgence a aussi des phrases très critiques sur la situation existante. Et certes à la fin, la solution retenue est de maintenir cette situation, mais je pense que c'est un reflet de la réalité et que c'est ce que veut atteindre ce film. Il n'a pas vocation à montrer un avenir hypothétique. En revanche je trouve qu'il interroge quand même. Enfin, quand on a envie de s'interroger bien sûr, mais ça, c'est toujours pareil...
Détectée HQI dans l'enfance, diagnostiquée TSA de type syndrome d'Asperger en juillet 2015.

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Re: [Film] Hors normes (Olivier Nakache, Éric Toledano)

#30 Message par Jean » lundi 28 octobre 2019 à 22:21

liberation.fr
Autisme : «Il ne faut pas laisser croire qu’on ne peut rien faire»
Par Eric Favereau

Claire Compagnon a longtemps milité au sein des associations contre le sida, puis contre le cancer. Inspectrice générale de l’IGAS (Inspection générale des affaires sociales), elle est depuis deux ans déléguée interministérielle en charge de l’autisme. La semaine dernière, elle a organisé à l’Assemblée nationale une projection du film Hors normes à destination du milieu associatif. Ce fut «un choc», dit-elle.

Un film grand public sur les autistes graves… C’est une bonne nouvelle ?

Oui, enfin ! C’est un film important. Il rend compte avec justesse de la situation de ces adultes autistes qui ont des troubles sévères. Il montre combien depuis des années nous n’avons pas répondu à leur situation, en faisant vivre à leurs familles des parcours chaotiques et désespérants. Et il donne de l’espoir.

Ce film se montre très critique sur la réponse institutionnelle…

C’est une réalité, notamment dans les services de psychiatrie : des patients autistes peuvent être attachés et sédatés, et cela pendant des années. Leur nombre est difficilement quantifiable, on ne sait pas combien d’adultes sont concernés, mais à partir de l’adolescence des enfants autistes vont développer des troubles graves avec de la violence contre eux-mêmes et contre les autres. Et cette violence est souvent la non-réponse à des troubles somatiques qui n’ont pas été bien pris en charge, ni même diagnostiqués. Cela les plonge dans la souffrance. On les laisse dans une situation clinique insupportable.
Quels enseignements tirez-vous de ces critiques ?

Clairement, il est dit que les institutions du secteur médico-social opèrent trop de sélections et que, finalement, les patients les plus difficiles, les plus lourds ne trouvent pas leur place. C’est malheureusement vrai. A nous pouvoirs publics de mieux les accompagner.

Pour y faire face, la réponse que donne Hors normes est dans la marge, et non pas dans l’institution où tout paraît figé. Un comble pour vous ?


D’abord, il faut dire que les deux associations de Hors Normes – le Silence des justes et le Relais Ile-de-France –, montrent que l’on peut faire des choses, et qu’en développant des réponses particulières on arrive à apporter un début de réponse et à apaiser. L’espoir est possible. Ensuite, certes ces structures sont hors normes, mais elles sont agréées, financées par les pouvoirs publics, et c’est vrai que l’importance du nombre de personnel, avec un ratio d’un salarié pour un patient n’est pas celui que l’on retrouve à l’hôpital.

Et quid de ce conflit qui pointe des règlements étouffants pour des situations hors normes…


C’est une vraie difficulté, et cette tension est réelle entre les exigences de qualité et réglementaires qui sont nécessaires et les besoins de ces enfants. Ces enfants connaissent de telles difficultés qu’ils nous mettent tous dans une impasse. Dans le film, avec l’association le Silence des justes, on voit bien que l’on arrive à trouver des réponses, mais en dehors des clous. C’est comme cela que l’on y arrive, avec de l’accueil vingt-quatre heures sur vingt-quatre, et tous les jours de l’année.

Comment a réagi le milieu ?


D’abord il y a une grande satisfaction que l’on sorte d’une présentation de l’autisme centrée essentiellement sur des personnes à haut potentiel, type Rain Man. Ensuite, il y a cette reconnaissance de ce que vivent les familles et de l’urgence à les aider. Une urgence à les soutenir, à trouver des modes d’accueil… Avec le nouveau plan doté de 50 millions d’euros, les pouvoirs publics essayent de répondre aux besoins avec la création de places supplémentaires. Mais nous avons lancé aussi un repérage des adultes dans les établissements de santé mentale : ils sont cloisonnés dans des séjours longs, sans espoir, ni diagnostic même. Mais ce qui est essentiel, c’est de les voir, de montrer des personnes que l’on ne voit jamais, tenues à l’écart de nos écoles et de nos vies. Et in fine, il y a urgence et nécessité d’intervenir de façon forte.

Le film montre que les patients ont besoin de présence et de chaleur humaine. Mais cela suffit-il ?


Ils ont besoin d’une présence adaptée et il ne faut pas laisser croire qu’on ne peut rien faire. En étant présent avec des méthodes adaptées, on peut les faire sortir de troubles majeurs. Il faut développer un haut niveau de bienveillance, et porter un autre regard, reconnaître qu’ils ne souffrent pas de déviances de comportements mais des conséquences de leur maladie.

Eric Favereau
père d'une fille autiste "Asperger" de 40 ans

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