#75
Message
par Meddio » samedi 28 avril 2018 à 7:54
Je viens de terminer cet ouvrage.
Bien sûr, il ne s'agit pas d'un ouvrage scientifique ou théorique - encore qu'il s'agisse un témoignage et reste donc intéressant en ce qu'il constitue un cas concret parmi d'autres.
Ce qui m'a touché, c'est son incompréhension de l'incohérence du monde extérieur dès le plus jeune âge, et sa conscience aiguë des règles sociales comme, finalement, métaphore, maquillage qui ne s'assume pas, des "lois de la jungle". Peu importe le nom que ça porte, l'âge que ça a, c'est toujours quelque part la loi du plus fort - quelle que soit la façon dont la force soit transformée (force physique-> force rhétorique->pourvoir, richesse, etc.) ce qui rend incohérent et illégitime ceux qui tiennent des discours au nom d'une soit disant égalité, liberté, alors même qu'ils sont là pour accoutumer chacun à son esclavage, pour normaliser chacun, fermant les yeux sur les processus de discrimination.
Enfin la dualité d'Hugo/Julien en un personnage social, acceptable, et un personnage enfoui, rejeté, sur lequel on applique un masque, m'a également touché. Le fait que les deux soient lié, le fait qu'il soit difficile de faire la distinction, l'angoissante peur de s'y perdre. Mais plus que tout, le caractère absolument nécessaire de cette mascarade (pour qui en a la possibilité) pour supporter de vivre - quitte à se sentir vide, quitte à se sentir n'être qu'un imposteur, quitte à trahir ce que l'on est. A ce titre, je citerai ce passage :
"Dans un bal masqué, on ne peut avancer à visage découvert. Le mot normal ne signifie rien. C'est un nuage de non-sens. Une supercherie. Et pourtant, j'ai appris à mettre un masque sur ma différence. Dissimulation ? Imposture ? Non. Survie."*
L'Empereur, c'est moi, Hugo Horiot, p. 151
Diagnostiqué SA et HPI