[Livre] Sex, Drugs and Asperger's Syndrome (ASD) (Luke Jackson)

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Jean
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[Livre] Sex, Drugs and Asperger's Syndrome (ASD) (Luke Jackson)

#1 Message par Jean » jeudi 1 septembre 2016 à 14:10

Détails et avis...

Sex-Drugs-and-Asperger-s-Syndrome.jpg

Présentation (traduction par DeepL) :
La suite intégrale et étincelante de Luke Jackson de son guide d'utilisation à succès sur les monstres de l'adolescence, les geeks et le syndrome d'Asperger est le manuel à lire absolument pour les adolescents et les jeunes adultes atteints d'autisme. Avec une clarté dévastatrice, Luke se concentre sur les pièges que présente la transition vers l'âge adulte et sur les défis de la vie adulte. Il aborde tous les sujets, de l'intimidation et de la drogue aux relations sociales, en passant par le sexe, la négociation des relations et la recherche et le maintien d'un premier emploi.

L'auteur de Excentriques, Phénomènes & Syndrome d'Asperger récidive.

Pour l'instant, seulement disponible en anglais.
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meï
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Re: "Sex, drugs and ASD" - Luke Jackson

#2 Message par meï » mercredi 7 septembre 2016 à 9:41

dommage qu'il soit en anglais parce que il me plait bien .
je susi sure qu'il est super ce bouquin pour les jeunes aspis. :bravo:
1973 ( TSA, hpi, diag CRA 2012) de 4 enfants (tsa/ hpi, tdah, hpi et autres.)...)
https://cieharmonieautiste.jimdo.com/

Rem 82
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Re: "Sex, drugs and ASD" - Luke Jackson

#3 Message par Rem 82 » mercredi 7 septembre 2016 à 10:19

On espère bientôt une version traduite en français ! :)
Aspi.

Je pars d'ici :arrow:

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Jean
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Re: "Sex, drugs and ASD" - Luke Jackson

#4 Message par Jean » mercredi 7 septembre 2016 à 10:48

Le chapitre sur le harcèlement est en cours de traduction.

Pour le sexe et la drogue, vous patienterez.
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Rem 82
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Re: "Sex, drugs and ASD" - Luke Jackson

#5 Message par Rem 82 » mercredi 7 septembre 2016 à 11:07

D'ac ! ^^ ;)
Aspi.

Je pars d'ici :arrow:

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misty
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Re: "Sex, drugs and ASD" - Luke Jackson

#6 Message par misty » mercredi 7 septembre 2016 à 11:51

Jean a écrit :Pour le sexe et la drogue, vous patienterez.
Oh noooooon... zut... Pourquoi? C'est quand même plus sympa que le harcèlement! :mrgreen:
Spoiler :  : 
Je plaisante (et ce n'est pas forcément très subtil) :mryellow:
*Diag TSA*

***Nullius in verba***

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Jean
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Re: "Sex, drugs and ASD" - Luke Jackson

#7 Message par Jean » mercredi 7 septembre 2016 à 11:55

Et puis le sexe est plus long.
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freeshost
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Re: "Sex, drugs and ASD" - Luke Jackson

#8 Message par freeshost » mercredi 7 septembre 2016 à 13:11

Et les effets de la drogue sont plus courts, d'où une tolérance importante.

Le sexe, une drogue au long cours ?
Pardon, humilité, humour, hasard, confiance, humanisme, partage, curiosité et diversité sont des gros piliers de la liberté et de la sérénité.

Diagnostiqué autiste en l'été 2014 :)

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Jean
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Re: "Sex, drugs and ASD" - Luke Jackson

#9 Message par Jean » mardi 27 septembre 2016 à 10:45

Sex, Drugs and Asperger Syndrom
Luke Jackson

Merci à PY pour la traduction :bravo:
Le harcèlement

Le harcèlement est un phénomène étrange et la cause de bien des difficultés. En me documentant pour ce chapitre, j’hésitais vraiment à l’ajouter à ce livre, spécifiquement consacré aux difficultés rencontrées à l’âge adulte. Plus je me rassemblais d’informations, plus j’interrogeais de personnes, et plus je découvrais que ce sujet n’était pas simplement pertinent, mais absolument indispensable. L’âge ne fait rien à l’affaire, on peut être harcelé à tout moment de la vie. Souvent, les personnes ne s’en rendent pas compte avant qu’un tiers ne le leur fasse remarquer. Les violences physiques étant bien moins tolérées à l’âge adulte, le harcèlement tend à prendre des formes plus pernicieuses, visant à dégrader la personne. A l’âge adulte, le harcèlement est une forme de contrôle ; il implique l’érosion de l’estime de soi d’une personne jusqu’à ce qu’elle se sente complètement impuissante. Plus cette sorte de harcèlement dure, moins la victime sera susceptible de riposter.

Le truc au sujet du harcèlement est qu’il a très souvent pour origine une crainte de la différence ou de l’inconnu, ce qui peut faire des personnes autistes des cibles privilégiées. Les gens ont tendance à ne pas accorder leur confiance à ce qu’ils ne comprennent pas, et c’est pourquoi la connaissance est la plus grande menace ou action de prévention contre la culture quelque peu fade du harcèlement. Il cesse quand est utilisée l’empathie ; plus les gens savent exactement comment leurs actions affectent les autres, moins ils tendent à les poursuivre dans le temps. La différence ou l’inconnu englobent une large variété de sujets ; on est harcelé pour ses opinions, ses maniérismes, sa classe sociale ou sa religion - et cette liste est loin d’être exhaustive.

La peur est un moteur terrible. Elle fait agir les gens d’une façon dont souvent ils n’auraient pas agi autrement. De mon expérience personnelle et de celle d’autres personnes, j’ai vu des harceleurs qui l’ont utilisée comme seul mode opératoire. Alors que quelques personnes harcèlent seulement et malheureusement pour se sentir plus importants, d’autres perdent si complètement le contrôle de leur propre vie qu’ils se sentent devoir le prendre sur celle des autres. Il est difficile d’envisager les actions d’un persécuteur standard, cette personne méchante qui vous bousculait à l’école ou saisissait toutes les opportunités de vous dénigrer au travail ou profitait de vous de toutes les façons possibles et imaginables. Toutefois, ces actions peuvent souvent être simplement une tentative de conserver une sorte d’emprise, de récupérer un peu de contrôle sur la désagrégation continue de leur propre vie.

Même après la fin du harcèlement, voire très longtemps après, la personne harcelée peut être vidée, manquant de l’assurance qu’elle a pu avoir un jour. C’est un sujet difficile à aborder ; j’ai été harcelé tout au long de mon enfance et pendant une partie de ma vie adulte, j’ai donc suffisamment d’expérience pour savoir ce que c’est. Pourtant, ce n’est pas si loin dans le passé que j’aie oublié ou même, si je suis honnête, pardonné à certaines des personnes impliquées. Je me suis toujours senti différent - pas unique, mais comme un tenon rond dans une mortaise carrée - et pendant tout ce temps je me suis senti fautif. Le harcèlement est une couardise - c’est pousser une personne jusqu’au point de rupture tout en l’en rendant responsable, mais sans jamais vouloir qu’elle atteigne ce point. Si quelque chose arrive et que la personne harcelée est métaphoriquement ou physiquement cassée, et si il y a un dommage, par accident, suicide, auto-mutilation ou tout autre moyen, les harceleurs montreront presque toujours du remords, que ce soit par une empathie légitime, la justification du nous n’avons jamais voulu que cela aille aussi loin, ou tout simplement par crainte de représailles.

Le chemin pour retrouver la confiance en soi perdue après avoir été harcelé est long et tortueux. Il requiert beaucoup de choses, mais le temps et la patience sont probablement les éléments les plus importants pour permettre l’oubli de cette période. Il peut sembler dans les moments les plus sombres que rien n’ira plus jamais, et c’est alors, quand les nuits sont les plus longues et les démons proverbiaux les plus bruyants, qu’il est essentiel de conserver à l’esprit que ça aussi passera. Certes pas en un jour, pas tout seul, mais accordez-vous le temps nécessaire et cela arrivera. Dans le cas du harcèlement, l’acceptation est une part tout aussi importante dans la reconquête de votre humanité. Je ne veux pas simplement dire l’acceptation de son sort, ou l’acceptation du fait que les harceleurs auraient raison, ou l’acceptation que vous allez vous sentir ainsi pour toujours. Ce que cela veut dire c’est l’acceptation de votre différence et son utilisation.

Comment cela arrive encore

Pour le meilleur ou pour le pire, alors que nous naviguons dans le champ de mines moral de notre enfance, nous recevons certains modèles et stéréotypes de harcèlement par différents canaux. Ils peuvent être nos parents, l’influence de media, de professeurs, ou parfois de camarades. Cette sorte d’absorption passive est à la fois bonne et mauvaise. D’un coté, nous sommes informés et nous grandissons avec une connaissance pré-établie du harcèlement et de ses effets, un point clef et crucial pour stopper dans l’oeuf ce type de comportement.

En grandissant, plus nous réalisons la façon dont nos actes affectent les autres, même les plus anodins, plus nous apprenons à renoncer à ceux qui peuvent causer de la souffrance ou du stress à un tiers. Toutefois, d’un autre coté, les comportements négatifs sont hérités. Les péchés de nos ancêtres deviennent les fautes de nos enfants. Par ce biais, nous, en tant que société, acquérons toutes sortes de mauvaises habitudes. L’argument c’est la vie, [1] quand il est appliqué au sujet du harcèlement, par exemple, est en lui-même une mauvaise chose que l’on doit s’interdire, comme de se curer le nez dans le bus. Je ne saurais insister suffisamment sur combien cela peut être dommageable, particulièrement quand ces comportements sont encouragés non seulement par les parents, mais aussi par les enseignants et les professionnels de santé.

C’est la vie. Alors que j’ai fait de mon mieux, jusqu’à maintenant, pour essayer d’être, au moins en partie, impartial dans le traitement des sujets abordés dans ce livre, je peux très difficilement masquer mon mépris pour cette expression misérable. La chose la plus simple à laquelle relier le harcèlement, pour se défendre contre ces arguments, est la conjonctivite infantile. (Ce qui, légitimement, sinon littéralement, est sorti de mon crâne. Mon crâne est un endroit bizarre.) Deux de mes frères et soeurs et moi-même l’avons contractée pendant l’enfance. Elle est très commune chez les enfants, et habituellement plutôt bénigne, facilement guérissable. Toutefois, ce n’est vraiment pas agréable, c’est douloureux, inconfortable. Sans traitement, elle peut entraîner la cécité - en fait, c’est la troisième cause la plus commune de cécité dans le monde.

Aucun médecin sain d’esprit, à l’arrivée d’un patient dans sa clinique ou son cabinet, ne repousserait le traitement au prétexte que c’est la vie. Ce serait barbare, un irrespect du Serment d’Hippocrate. Bien que les enseignants ne prêtent pas ce type de serment, il est dans la nature humaine de s’entraider. Le monde n’est pas un endroit froid et sombre ; il peut être très facile de voir les aspects négatifs, mais ce ne serait alors que le résultat de notre évolution. Pendant l’évolution, en nous souvenant et en nous établissant dans la crainte, nous étions moins susceptibles de négliger une menace susceptible de nous tuer. C’était bien alors, mais dans la vie moderne, on n’est pas censé foncer dans un prédateur naturel à chaque coin de rue, ce type de comportement ne nous sert tout simplement plus.

Le harcèlement n’est pas toujours aussi direct que les media modernes vous le feraient croire. Le scénario se faire bousculer dans les vestiaires, les insultes abjectes et ces sortes d’incident arrivent, mais ils ne sont pas si courants qu’on le dit souvent. Il y a de nombreux types de harcèlement, certains d’entre eux physiques et douloureux, d’autres mûrement réfléchis, perfides et sournois. Le harcèlement à l’âge adulte est généralement un peu différent de celui de l’enfance - un harceleur faisant usage de violence physique à l’âge adulte risque d’être interpellé par la police, avec à la clef une amende ou une peine de prison, un casier judiciaire. De ce fait, les tourmenteurs adultes, particulièrement sur le lieu de travail, tendront à utiliser des méthodes plus subtiles pour s’en prendre à leur victimes, soit ils se limiteront aux injures verbales, soit ils tenteront d’apparaître provoqués si ils en arrivent à la violence physique. Comme les nuances du harcèlement à l’âge adulte diffèrent un peu de celles de l’enfance, je vais plutôt vous lister les différents types de harceleurs :
  • - L’agresseur passif Cette personne est rarement négative en votre présence, mais vous pouvez être sûr qu’elle attend toujours que vous vous éloigniez. Elle ne parle pas de vous en votre présence, mais vous percevez ce sentiment gênant d’être le sujet de conversations derrière votre dos. Elle a toujours un ricanement prêt pour quand vous trébuchez. Elle ne vous parle que très rarement, voire même jamais - mieux encore, l’ensemble de son langage corporel sert à vous éloigner. Dans une conversation collective, elle se tiendra toujours en vous tournant le dos d’une façon qui vous exclu du cercle de la conversation. Quand elle vous parle, ses mots sont choisis et réfléchis et elle saisira chaque opportunité de souligner que vous n’êtes pas l’un d’entre eux. Elle est le paroxysme de l’agression passive. Il peut être difficile de déterminer si l’agression vous est destinée ; c’est le coeur même de l’agression passive. Cela peut sembler passager, comme si ce n’était pas dirigé contre une personne en particulier. Pour déterminer si vous êtes bien la cible, observez son comportement avec les autres. Cette sorte de personne s’épanouit en observant les effets de ses actions - si vous la considérez comme triviale, elle tend à bouder et vous ignorera complètement, sauf par quelques regards méprisants. L’ignorance est habituellement la solution face à ce genre de harceleurs, comme ils recherchent une réaction à leurs efforts - si il n’y a pas de réaction, ils peuvent parfois changer de méthode.

    - La victime En jouant la persécutée, cette personne est peut-être l’un des types les plus dangereux de harceleurs, et très certainement l’un des plus susceptibles de mener à la violence physique. Si, ou quand, cela arrive (et si ce type de harcèlement n’est pas tué dans l’oeuf, cela arrivera), le gros problème est qu’il y a une très grande probabilité qu’elle le fera apparaître comme étant de votre faute. Quand c’est votre parole contre la sienne, et quand une personne est si efficace dans le jeu de la victime, il peut devenir très difficile de se sauver. Je n’ai connu ce genre de situation que rarement et quoi qu’il se soit passé ou si je répliquais, j’en suis toujours sorti fautif. Quoi que vous fassiez, quelles que soient les provocations que vous recevez, ne mordez pas à l’hameçon et ne vous mettez jamais à son niveau - vous perdrez ; la violence et la colère n’apportent que leurs pareils. Parlez en à quelqu’un, assurez-vous que cette personne reste discrète, et essayez de ne jamais être seul à aucun moment.

    - L’égoïste L’Egoïste est un personnage vaniteux, et vous pouvez vous consoler en pensant que si vous êtes la cible de ce type de harceleur, c’est que vous êtes meilleur que lui d’une façon ou d’une autre. Il est impitoyable dans ses attaques contre ceux qui menacent son ego. Cette sorte de harceleur est susceptible d’être habitué à obtenir ce qu’il veut, couvert de louanges dans son enfance, de façon à ce que quiconque qu’il estime être un danger pour son mode de vie devient une menace immédiate à éradiquer. Les harceleurs égoïstes que j’ai croisés (il y en a eu pas mal, mais il y en a un en particulier qui se démarque comme l’archétype) étaient basiques et animaux. Ils défendaient leur territoire. Eloignez-vous de ces personnes, conservez les conversations légères, si vous devez parler ne faites pas d’eux le sujet de la conversation. Si vous vous trouvez dans un environnement de travail, soyez sympathique et impliquez les, si possible, dans les conversations de groupe. Parfois ce type de harcèlement peut être dû à une simple incapacité à entrer en relation avec les autres sans faire d’abord de leur personne le sujet de la conversation, comme une sorte de tampon. Faites savoir que vous êtes une personne distincte avec vos propres qualités et idiosyncrasies, pas un prédateur ou un défi.

    - Jekyll and Hyde Cette description englobe réellement deux types similaires mais aussi très différents de harceleurs. La personnalité Jekyll et Hyde sera soit très sympathique quand vous serez seuls ensemble, puis terrible quand elle sera avec ses amis, ou vice-versa. La dynamique est toutefois la même. Bienvenue dans ce vieux cliché du docteur Jekyll et Mr Hyde (le titre de docteur est optionnel). J’ai eu un temps un ami doux comme la crème quand nous parlions tous les deux, mais, quand ses amis étaient là, n’était plus que ricanements et injures. Plus tard, il m’a demandé de ne pas lui parler en présence de qui que ce soit d’autre, afin qu’il ne soit pas vu avec moi. Il m’a fallu du temps pour comprendre, mais j’ai finalement mis fin à la relation. Je l’ai revu depuis et il est désormais une autre personne, donc je ne vais pas m’en formaliser, mais à l’époque je me suis senti inutile, inadéquat et mort. L’ironie de ces sentiments était que ce type de personnes se soucie beaucoup de l’opinion que l’on a d’eux. Ils feront des pieds et des mains pour s’assurer qu’on les considère d’une certaine façon. Ce type de harceleur est très commun à la fin de l’adolescence, et vous pourriez les voir surgir quand vous serez le nouvel arrivant dans un groupe. Il est important que ces personnes sachent comment elles peuvent affecter les autres, parce qu’elles considèrent souvent leurs actions comme inoffensives et anodines. Comme dans tous les scénarios, assurez-vous d’en parler à quelqu’un qui puisse intervenir dans cette affaire, et pas seulement par souci de représailles, mais parce qu’il y a bien des chances que, si la personne est agréable dans un cas et pas dans l’autre, elle sait bien que ses actions sont foncièrement mauvaises.

    - Le Mercenaire
    Toujours un suiveur, jamais un meneur - c’est là la croix du Mercenaire. Il est là en quête de protection, souvent simplement pour sauver sa peau en détournant de lui l’attention. Jamais seul, ce type de harceleur sera toujours un acolyte, ou un parmi plusieurs autres, d’un autre harceleur. La bonne chose avec cette sorte de tourmenteur est que quand l’alpha-harceleur - leur base - s’effondre, il se désintègrera toujours. Si vous vous ouvrez à quelqu’un à propos du harceleur principal d’un groupe, il est important d’inclure ses sbires dans l’équation, laissez les glisser et rejoindre un autre groupe, tout aussi dangereux. Souvent dans cette situation, porter le problème à l’attention de quelqu’un peut aider la personne ou les personnes en question à se consacrer à une intégration plus positive et commencer à être meneur dans certaines situations, plutôt que de simplement vivre une vie de suiveur perpétuel.

    - L’assaillant à découvert Le type le plus dangereux de harceleur, cette personne pense qu’elle ne recevra jamais de châtiment ou de rejet pour ses actions. Sans aucun souci pour les sentiments ou les émotions, en fait le bien-être des autres, ils agissent témérairement et sans considération. Si on les laisse faire, ils peuvent ruiner des vies sans même s’en soucier ou parfois sans même s’en rendre compte. Ils manquent de toute forme d’empathie. Quand vous avez à faire à ce type de personnes, vous devez absolument en parler à quelqu’un, et en parler le plus tôt possible.
Très souvent, les personnes diront qu’elles sont juste en train de s’amuser ou de se distraire quand elles ont un comportement de harcèlement, et c’est pourquoi il est très important de s’assurer que vous le fassiez savoir en priorité dès que le comportement de quelqu’un vous incommode. Il existe des moyens de le faire sans être agressif.

J’ai lu quelques conseils vraiment horribles sur la manière de réagir au harcèlement, depuis crier Non, ou à l’aide, je suis harcelé pour alerter des tiers, à défaire les assaillants verbalement pour les remettre à leur place, jusqu’à apprendre un art martial pour pouvoir se lâcher Karaté Kid la prochaine fois qu’ils attaquent. D’abord, dénoncer haut et fort un harceleur est toujours une très mauvaise idée, pour plusieurs raisons : un, vous vous présentez activement comme une menace, et deux, crier est une façon certaine d’activer le réflexe bats-toi ou fuis[2] de quelqu’un - que cette personne soit ou non un adversaire, c’est une mauvaise chose, parce qu’on ne réfléchit pas clairement sous l’influence de l’adrénaline, et que la situation est alors bien plus susceptible de mener à la violence physique. Trois, vous cochez une case - félicitations, vous venez de donner au harceleur une confirmation verbale (et assez bruyante) du fait que leur comportement suscite la réaction attendue. Les affronter ou les défaire verbalement entraîne le même réflexe de confrontation et est aussi un abaissement à leur niveau. Cela mis à part, c’est aussi une erreur. Si vous lisez ceci, il y a de bonnes chances que vous ne soyez plus un enfant, et en mûrissant vous réalisez que le monde n’est pas nettement divisé entre les bons et les méchants. Si une personne vous harcèle parce qu’elle perd le contrôle de sa propre vie et essaye de s’accrocher par des comportements antagonistes, comment la blesser va vraiment être une aide ? Ce type de comportement devrait rester confiné aux films d’Hollywood, dans lesquels la vie est proprement séparée en des scènes de 20 minutes ou à-peu-près.

Tout au long de ce chapitre, j’ai passé la plupart du temps à décrire comment éviter les comportements agressifs quand on a à faire à des harceleurs. Cela peut paraître, à première vue, un peu étrange. Je veux dire, si un harceleur commence à vous agresser, pourquoi ne pas combattre le feu par le feu ? Si vous voulez une raison en-six-mots de pourquoi c’est vraiment une mauvaise, très mauvaise idée, il vous suffit de revenir sur le vocabulaire de l’expression que je viens d’utiliser. Combattre le feu par le feu. Est-ce que ça a jamais été une stratégie de lutte contre le feu efficace dans notre univers ? On ne voit pas de pompiers se précipiter dans des bâtiments en feu équipés de lance-flammes. Pour être plus sérieux, si vous décidez de prendre ce chemin, et de combattre le feu par le feu, de répondre à l’agression par l’agression, le résultat sera exactement ce que suggère l’expression. Tout le monde finira par être blessé - vous et votre agresseur - et la seule façon pour que tout ça s’arrête, ce sera qu’il ne reste plus rien. Il y a suffisamment de violences et d’agressivité dans le monde ; pas besoin d’en rajouter.

Beaucoup de films de cinéma ou de programmes de télévision promeuvent les arts martiaux ou les techniques de self-défense comme réponse à des harceleurs, mais là encore ils passent à coté du problème. Les arts martiaux, en particulier, vous apprennent à vous défendre de façon à acquérir suffisamment de confiance en vous pour, habituellement, ne pas devoir utiliser votre technique. Les prétendants assaillants s’attaquent souvent à ceux qui sont plus faibles qu’eux, et semblent sentir quand vous pouvez faire face par vous-mêmes. Avec toute ma famille, j’ai pratiqué le Taekwondo pendant près de six ans, et je ne peux pas recommander trop cet art martial, mais pas pour les raisons évidentes. Il m’a appris la discipline et le contrôle de soi, il m’a appris à garder mon calme dans des situations dangereuses, il m’a appris la véritable utilité de l’auto-défense - défendre les autres ou vous même dans des situations qui ne peuvent pas être résolues d’une autre façon, pas pour marquer des points.

Toutefois il existe différentes méthodes dans la gestion des harceleurs qui sont plus mitigées, et dont toute personne harcelée à un moment de sa vie a probablement entendu parler, plus probablement d’une personne extérieure, c’est la phrase ignore les simplement. J’ai une sorte d’horreur un peu spéciale pour ce conseil, pas seulement parce qu’il est devenu un tel cliché, mais parce que parfois ça marche. C’est le parfois qui est le problème ; c’est devenu une sorte de déclaration générale et, la plupart du temps, ça ne marche pas. Le problème est que cela nécessite que la victime se fonde simplement dans la foule et se dérobe ainsi au radar du harceleur (ou des harceleurs). Quand vous êtes autiste, se fondre dans la foule n’est pas la chose la plus facile. Alors que se démarquer dans une foule peut être une bonne chose dans la vie future, cela rend cette stratégie complètement inutile quand vous êtes jeune. Je ne dis en aucune façon que la confrontation est la voie à suivre, et je ne dis pas non plus que ça ne marche jamais. C’est juste que les personnes autistes tendent à voir le monde d’une façon un peu différente, et les harceleurs sont des pros pour détecter les petites nuances qui rendent une personne unique et la désigne comme cible. Cela fonctionne conjointement à d’autres méthodes, la première et essentielle étant de s’en ouvrir à quelqu’un, mais attendre que ce feu de terreur et d’intimidation se consume tout seul n’est habituellement pas la bonne stratégie, particulièrement quand certaines personnes sont expertes pour trouver du carburant dans toutes les circonstances.

La confiance est essentielle : tuer le harcèlement dans l’oeuf

Il est arrivé un moment dans ma vie où je n’ai tout simplement plus été harcelé. C’était moins une évolution radicale plutôt qu’un changement d’attitude, mais ce n’a pas été simple - je ne me suis pas réveillé un jour en décidant que je ne le tolèrerais plus. Le harcèlement se base sur la philosophie du chasseur et de la proie. Pour qu’une personne intimide quelqu’un, elle doit choisir une victime qui puisse être intimidé, ou alors il n’y a pas de récompense, pas de résultat pour sa cause, si vous voulez.

Depuis que j’ai rédigé le livre précédent celui-ci, Freaks, Geeks and Asperger Syndrome (un peu de pub ici - j’ai entendu de bonnes critiques), beaucoup de choses sont arrivées, certaines bonnes, d’autres mauvaises. Une des plus notables a été que, malheureusement, pendant mon adolescence et jusqu’à l’âge de 18 ans, j’ai été attaqué pas mal de fois. Adolescent, les gens semblaient trouver que j’étais différent presque instinctivement. D’accord - à ce moment, j’étais devenu à l’aise avec l’idée de ne pas être tout à fait pareil, n’avait pas peur de m’habiller ou de me comporter un peu différemment, mais je jure qu’il y a eu des moments où les gens pouvaient le sentir. (Bon, d’accord, les douches n’ont jamais semblé être une telle priorité quand j’étais adolescent, mais ce n’est pas ce que je veux dire.) La première fois que c’est arrivé, ça a assommé ma confiance - j’avais peur de faire quoi que ce soit. J’avais peur de sortir, alors je restais à l’intérieur, et quand je sortais, tout le monde était un agresseur potentiel. Mon anxiété ne connaissait pas de limites ; les groupes de jeunes, les vieilles femmes, quiconque proche de moi suffisait à me faire paniquer. Ce n’est qu’après que cela soit arrivé quelques fois, que j’ai commencé à réaliser que les humains ne sont pas en verre. J’ai fini un peu abimé et porte encore quelques cicatrices, mais après ça, c’est le contraire qui est arrivé. Je n’ai pas perdu confiance, je l’ai gagnée.

Maintenant, je ne suggère en aucune façon que vous vous sentirez mieux après quelques bagarres. Mon raisonnement se base sur ce qui est arrivé après, ou plutôt ce qui n’est plus arrivé depuis. En gagnant cette confiance, en apprenant à aborder les gens, j’ai appris à éviter les bagarres et à empêcher les confrontations de conduire à la violence. Être une cible a beaucoup à voir avec la confiance en soi, ou souvent son absence. Les êtres humains sont bien plus animaux que nous ne nous l’accordons ; nous réagissons toujours au manque d’assurance et il y a certains types de langage corporel que les agresseurs utilisent pour identifier quelqu’un comme cible potentielle. La clé est le fait que le comportement introverti suscité par les harceleurs mène souvent à encore plus de harcèlement, parce qu’il confirme le statut de cible de la victime. La reconstruction prend du temps et nécessite souvent beaucoup de simulation. Le truc est de renvoyer un air de confiance, même si il est faux au départ. Avec le temps, vous commencez à apprendre des comportements positifs qui restent, et ces habitudes qui étaient au départ des contraintes deviennent naturelles.
La guérison des événements passés et votre radiation de la liste des victimes potentielles pour l’avenir ne sont ni l’une ni l’autre des choses faciles ; et soyez attentifs quand je dis qu’il n’y a ni solution magique, ni solution infaillible. Le conseil que je donne ici a fonctionné pour moi, et il s’est formé à partir de ma réflexion, après avoir parlé à de nombreuses personnes ayant connu la même situation, à la fois dans et en dehors du spectre autistique, et un peu plus d’expérience de la vie que je n’aurais voulu. Il n’y a pas de solution unique à ce genre de problèmes, chaque situation doit être abordée délicatement. De nombreuses façons de décourager la confrontation sont basées sur le langage corporel : d’anodins petits changements dans la façon dont vous tenez en marchant dans la rue, dans votre ton et votre maniérisme quand vous rencontrez quelqu’un, et même jusqu’à cette kryptonite[3] de toutes les personnes autistes, le contact visuel.

Quand un sujet implique ou cause la peur ou l’intimidation, beaucoup de personnes développent très vite de mauvaises habitudes. Une des plus importante, malsaine et par-dessus tout, très commune est le repli. Dans le monde animal par exemple, certains animaux gonfleront leur poitrine, pour paraître plus grands. Quelques personnes font le contraire - elles tenteront de se rétrécir pour paraître moins menaçantes ou moins remarquables par les prédateurs ou les harceleurs potentiels. Ces personnes se retirent en elles-mêmes, devenant de plus en plus introverties, pour attirer moins d’attention. Elles diminuent leur personnalité pour devenir aussi discrètes que possible, et ce faisant, leurs singularités et leurs qualités diminuent elles aussi. J’ai été dans cette situation et ce n’est pas une vie. Cela ne peut que mal finir, d’une façon ou d’une autre.

Souvent les personnes autistes refoulent leurs émotions - non, beaucoup de gens le font en général. Quand vous sentez que vous devez réduire ce que vous êtes aussi drastiquement, cette bouteille métaphorique qui contient tout votre stress, vos tentatives et vos habitudes se réduit avec vous, et elle ne peut que voler en éclats ou faire sauter son bouchon. De toute façon c’est sale ; ce n’est tout simplement pas la façon de s’y prendre et vous risquez de vous blesser, vous ou les autres. Si vous lisez ceci et pensez que c’est vous, parlez à quelqu’un. Si vous pensez que vous ne le pouvez pas, faites d’abord de petits pas. Les assistances téléphoniques assistent. Alors qu’elles peuvent paraître neutres, parfois parler à quelqu’un que vous ne connaissez pas peut vous aider un peu ; le simple fait de mettre en mots un problème peut le rendre un peu plus cohérent, et souvent, à partir de là, soluble. Quand vous pouvez, parlez à quelqu’un - quand vous êtes harcelé à l’âge adulte, les conséquences peuvent être bien plus graves qu’une tape dans la poitrine. Si vous êtes harcelé dans votre environnement, parlez-en au conseil municipal et à la police, dans une relation personnalisée ou accompagné si vous ne pouvez pas le faire tout seul. Si vous êtes courtois et expliquez la situation, ils voudront vous aider. Si cela arrive au travail, portez le problème à l’attention de votre superviseur, ou si ça ne suffit pas, montez dans la hiérarchie, et jetez vous dans votre travail. Faites savoir à votre employeur que si il laisse la situation telle qu’elle est, il risque de perdre un bon employé.

Bien sûr, il y a des façons positives d’obtenir de l’aide dans le cas du harcèlement, et de ne plus vous afficher comme victime. Nous transmettons bien plus que nous ne le pensons, par le biais du langage corporel, par la tonalité de la voix et son volume. Une fois que vous l’avez réalisé, vous pouvez commencer à être un peu plus réfléchi, à utiliser ces aspects à votre avantage.
Nous lisons instinctivement le langage corporel des personnes. Le langage corporel comprend une myriade d’actions différentes, largement restreintes à la partie inconsciente de l’esprit. Cela comprend notre position dans l’espace et la façon dont nous sommes proches d’une personne ou d’un groupe, nos expressions du visage et notre tenue (c’est à dire comment nous nous asseyons, restons debout ou gesticulons). Cela s’étend même à notre interaction avec les objets dans l’environnement, voire des aspects moins évidents de la personne, comme la respiration ou la transpiration. Une personne assise avec les bras croisés se présente fermée, et quand quelqu’un regarde en bas ou tourne le dos à une foule, il se présente comme inapprochable. Ce n’est pas, en soi-même, mauvais - c’est aussi une chose incroyablement utile à noter si vous lisez ou avez un activité pendant laquelle vous ne désirez pas être abordé, par exemple. Toutefois, plusieurs subtilités dans notre langage corporel trahissent le manque de confiance en soi, aussi légères soient-elles. Des yeux baissés démentent une position d’aplomb ; des épaules rentrées sont un signe évident de manque de confiance en soi. Les harceleurs en tiennent compte - ils voient le manque de confiance en soi comme une faiblesse. Souvent l’agression vient d’un manque d’estime personnelle ; les agresseurs captent leurs propres insuffisances chez d’autres personnes et, inconsciemment, les attaquent, sentant alors en cela une progression dans la résolution de leurs propres problèmes. C’est un cercle vicieux, et quand cela ne fonctionne pas, cela ne cause que plus de colère.

Quand vous activez ces outils linguistiques du langage corporel, vous pouvez commencer à jouer avec la façon dont les gens vous perçoivent. Une bonne posture ne veut pas simplement dire que vous êtes moins susceptible d’avoir des problèmes de dos dans le futur. Quand vos épaules sont relevées, vous n’êtes pas voûté et quand vous vous asseyez avec vos pieds séparés, vous semblez plus ouvert et confiant en vous. Il est bon de vous représenter ce à quoi vous ressemblez quand vous vous tenez d’une certaine façon, ou depuis un certain point de vue extérieur. Quand vous renvoyez une image de confiance, vous vous extrayez des cibles faciles en cela que vous cessez de montrer ce que les harceleurs considèrent comme une faiblesse.

Malheureusement, le contact visuel est un élément essentiel du langage corporel, là aussi. Plus jeune, j’ai passé beaucoup de temps à le pratiquer, à la fois devant le miroir et avec d’autres personnes. Ca peut paraître bizarre, pratiquer le contact visuel devant un miroir, mais je trouve que cela m’a vraiment aidé. D’autres personnes ont réussi par d’autres moyens, comme concentrer le regard sur l’arête du nez de leurs interlocuteurs. Il existe beaucoup de méthodes pour que les parents ou les soignants aident les enfants autistes à améliorer leur contact visuel, mais pas tant que ça pour aider les adultes autistes à l’améliorer par eux-mêmes. L’amélioration du contact visuel se développe par la pratique, mais il y a des moyens d’y parvenir sans se créer un stress ou une anxiété inutiles. Rappelez vous de faire une pause - mon contact visuel est bon, mais je m’assure toujours avoir quelque chose vers quoi poser mon regard rapidement quand je parle à quelqu’un. Un rapide regard au travers de la fenêtre, un regard vers votre téléphone (mais attention quand vous faites cela - regarder votre téléphone dans le cours d’une conversation peut vous faire paraître à la fois fermé et désintéressé) peuvent suffire à réinitialiser les sentiments anxieux qui sont inséparables du contact visuel dans les TSA. En particulier, souvenez-vous de bien choisir vos efforts ! Le contact visuel est bien plus important dans un entretien d’embauche que pendant un dîner entre amis. Apprenez à prioriser - vous verrez que ça aide.

Etre convaincant ou s’affirmer implique de faire preuve de confiance sans agressivité. Cela fait appel à une myriade de trucs, comme de conserver un ton calme et posé quand on parle, tout en conservant le niveau approprié de contact visuel, et d’utiliser les outils de la linguistique du langage corporel décrits plus haut. Le problème est que ce n’est pas facile, au moins au début. Quand nous parlons d’affirmation de soi en général, nous tendons à en parler comme d’un effet secondaire d’autres caractéristiques. Cela arrive habituellement dans la même phrase que le mot performant, et les gens l’utilisent souvent en rapport à de grands dirigeants, musiciens ou des personnes assumant des rôles importants. Nous n’en parlons pas habituellement en soi parce que c’est un tel conglomérat d’éléments différents qu’il est très difficile de le façonner. On peut le faire, toutefois ; cela demande simplement de la pratique. Ironiquement, l’affirmation de soi engendre l’affirmation de soi - plus vous accumulez d’expérience, en particulier des expériences positives, dans des situations réelles, plus vous vous sentez assuré d’une façon qui engendre ce type d’expériences.
La définition de l’affirmation de soi dans le Oxford dictionary est avoir une personnalité confiante et forte[4]. Forte est un grand mot dans ce cas ; forcer c’est pousser ou contraindre quelque chose ou quelqu’un à agir d’une certaine façon. S’affirmer, ce n’est pas pousser quelqu’un à faire quelque chose, mais c’est agir d’une façon telle que les gens veulent travailler avec vous, pas contre vous. Ce n’est pas exclusivement basé sur le fait d’être sympathique, mais comme dit l’expression, on n’attrape pas de mouches avec du vinaigre. Les bonnes manières ne coûtent rien, être amical est gratuit, et cela nous mène à un autre point important relatif à l’affirmation de soi et au harcèlement. Il a été écrit beaucoup d’articles sur le thème détruire les harceleurs avec la gentillesse. Cela ne marche pas en soi, autrement je suis certain que nous aurions depuis longtemps une journée nationale embrasser un harceleur, mais ça marche bien quand il s’agit de s’affirmer, particulièrement dans le cas du harcèlement.

Je dois insister sur le fait - et j’espère, cher lecteur, que vous en tenez compte quand j’écris cela - que si être sympathique n’est pas intrinsèquement lié à l’affirmation de soi, tous nos actes ne doivent pas être orientés vers le profit. Dans les pires des jours, il aura suffi qu’un passant me sourie pour éclairer mon humeur et ne plus laisser cette journée devenir un jour à effacer.
De très nombreuses fois par le passé, l’utilisation d’une approche différente et d’avoir été sympathique m’a aidé quand j’ai été proche de situations de conflit. Une de ces fois a été quand un groupe de quelques individus, marchant dans la même direction que moi, me criaient dessus sur le chemin de la maison. J’ai ralenti, me suis retourné et ai marché vers eux, m’arrêtant pour demander l’heure à l’un d’eux. Marchant parmi eux, j’ai continué et tourné dans une rue perpendiculaire pour reprendre mon chemin original vers la maison. Le point essentiel est, vous changez le scénario. Vous pouvez vous représenter la situation habituelle. Une personne est suivie en rentrant chez elle par un groupe antagoniste qui l’insulte. Elle baisse la tête et marche peut-être un peu plus vite. Elle peut emprunter une autre rue, dans laquelle on peut ou non la suivre. Si ils se mettent à courir, le risque d’une poursuite se présente. Souvent, tout ce qu’il faut, c’est changer quelques paramètres essentiels pour obtenir un résultat différent.

L’affirmation de soi est une grande chose et un élément important quand il s’agit de réussir dans bon nombre de situations, mais il y a quelque chose à conserver à l’esprit - si vous vous affirmez, vous avez vraiment intérêt à avoir raison. L’affirmation de soi c’est avancer un ou plusieurs arguments pour amener une personne à votre façon de penser, donc, si votre argument est faux, vous risquez de mener d’autres personnes vers le faux, et des personnes s’affirmant en faux peuvent être des personnes très dangereuses. Que vous ayez tort ou raison, assurez-vous aussi de bien choisir vos combats. Si vous vous affirmez en conscience constamment (essayez de dire cela rapidement dix fois) vous risquez alors de devenir insupportable. Identifiez les personnes avec lesquelles vous êtes à l’aise autour de vous, et prenez une pause de temps en temps.

Etre confiant et s’affirmer sont des choses différentes dans le sens où vous pouvez être confiant de manière passive, mais vous affirmer implique de défendre les points que vous voulez passer, ou même de justifier simplement votre présence. Ne soyez-pas cette personne qui doit toujours être entendue au dessus des autres - personne ne veut être elle. La beauté dans la possibilité de l’affirmation de soi est que votre confiance se développe simplement par procuration ; une fois que vous avez appris que votre opinion est aussi importante que celle des autres, vous commencez à être à l’aise avec l’idée d’être simplement. Cela semble une forme de phrase bizarre, mais pensez combien il est difficile de simplement exister. Combien y a-t-il d’endroits où vous pouvez simplement exister, et combien de personnes sont parfaitement à l’aise pour le faire ? Regardez autour de vous maintenant, et observez combien vous pouvez voir de personnes qui ne font consciemment rien d’autre qu’exister. C’est un don.

L’agression et l’affirmation de soi, bien qu’ils ne soient pas le tandem le plus évident, ne sont pas si éloignés l’une de l’autre, et il est très important de ne pas dépasser cette frontière d’avec l’agression quand vous vous affirmez. Quand vous défendez votre opinion, il y aura toujours des personnes pour lesquelles elles ne sont pas agréables. Dans ce cas, un désaccord peut apparaître, et la façon dont vous gérez ces différentes opinions est importante. C’est souvent de ces opinions différentes, et des mauvaises réactions qu’elles suscitent, que le harcèlement peut survenir, d’une manière presque banale. Si ces désagréments arrivent souvent, alors elles peuvent se transformer en une antipathie pour la personne elle-même. Cela peut alors se manifester en un dédain infondé pour quelqu’un, ce qui plante les graines du harcèlement. Eviter ce type de situation et empêcher l’affirmation de soi de se transformer en agression, implique l’acceptation que tout le monde a sa propre opinion et que bien souvent vous ne serez pas d’accord avec eux. Si jamais vous vous trouvez vous-mêmes dans cette situation, particulièrement dans une position de meneur, quand vous n’êtes pas d’accord avec la contribution de quelqu’un, ne l’écartez pas simplement. Pensez alors à la façon dont vous vous êtes senti quand votre opinion a été écartée, effacée comme si elle ne voulait rien dire. Alors, plutôt que de faire la même chose, observez pourquoi vous n’êtes pas d’accord. Identifiez vos raisons ; y a-t-il quelque chose de constructif que vous pourriez en tirer ? Si vous pouvez retirer un élément constructif d’opinions que vous approuvez et désapprouvez, vous deviendrez une meilleure personne pour cet exercice.

Les limites sont importantes quand on parle de la confiance et il est essentiel de connaître la différence entre avoir confiance en soi et s’affirmer et, bien, n’être qu’un connard. Il y a quelques choses importantes à penser, depuis le langage corporel passif, aux nuances du ton et du volume de la voix. Certaines d’entre elles sont passives, d’autres pas tant que ça, mais toutes peuvent être activées inconsciemment, et c’est pourquoi il est important de s’assurer d’avoir une conscience réflexive de soi quand on parle de confiance en soi.

L’agression passive est l’expression de la résistance aux opinions, demandes ou à la présence des autres tout en évitant la confrontation, et il y a de bonnes chances que cette définition a fait surgir une personne dans votre esprit alors que vous la lisiez. Si c’est le cas, félicitations, bienvenue dans le monde adulte, tirez une chaise et mettez vous à l’aise. Le fait est que, quand la confrontation est mal engagée dans le monde adulte, cela peut devenir désastreux, de sorte que beaucoup de gens choisiront plutôt l’assassinat ou le sabotage comme mode d’agression. Les personnes passeront encore souvent au stade de l’agression sans le réaliser, par les éclats de voix ou un langage corporel agressif. L’agression passive mène souvent à la confrontation avant même que les antagonistes ne réalisent ce qui arrive. Souvent, les comportements passifs-agressifs et agressifs sont inconscients, voici donc quelques éléments à surveiller, en commençant par les moins évidents :
  • - Occuper le territoire Parfois, les personnes peuvent utiliser l’envahissement de l’espace personnel pour affirmer leur territoire, ou ironiquement, leur propre espace personnel. C’est là que le comportement passif-agressif devient intéressant, en ce sens qu’il est un réflexe très animal, et que très souvent il n’est pas dirigé directement contre quiconque en particulier. Un grand exemple de ce type de comportement territorial se rencontre dans le métro, quand des personnes s’assoient avec les jambes écartées bien plus largement que nécessaire, souvent au détriment de l’espace d’autres personnes. D’autres fois, particulièrement dans l’espace de travail, des personnes se penchent au dessus de quelqu’un pour affirmer leur domination, apparaissant plus grands quand les autres se sentent plus petits.

    - Exclure C’est une technique assez commune et elle peut souvent être activée inconsciemment. Quand un groupe de personnes ont une conversation, ils tendent à former un cercle, la façon la plus pratique pour converser sans que quiconque soit un obstacle. Quand quelqu’un n’est pas bienvenu dans la conversation, ils formeront une barrière pour exclure cette personne, empêchant efficacement sa participation. Cela peut arriver aussi dans une ligne de personnes, et arrive souvent aux nouveaux venus dans un groupe. Si vous observez la dynamique d’un groupe, faire le contraire et libérer un espace supplémentaire pour une nouvelle personne est un bon moyen de faire se sentir accueilli un nouvel arrivant.

    - Interrompre Une façon sûre de complètement dénigrer quelqu’un, c’est souvent un signe révélateur du harcèlement passif-agressif, parce qu’il y a là un sous-texte très bouleversant et chargé. Quand une personne est souvent interrompue par la même autre personne, ou par le même groupe, c’est une façon très précise de dire que son opinion ne mérite pas d’être entendue et, par extension, qu’elle ne compte pas. Cela ne mérite pas la confrontation à la première occurence, mais si cela arrive souvent, coupez la conversation. Si cela arrive au travail, prévenez un superviseur ou quelqu’un de plus gradé ; dans d’autres cas, interrogez-vous si la personne ou le groupe qui vous interrompt sont vraiment des amis, et si ils valent le coup. Quand cela arrive, dirigez votre attention vers quelqu’un d’autre et poursuivez le fil de la conversation ou, si possible, partez et occupez-vous de vos affaires. Faites savoir que vous ne le tolèrerez pas, mais quoi que vous fassiez, ne vous sentez diminué par ça.

    - Se mettre en ordre de combat
    C’est dépasser l’agression passive jusqu’au point de l’hostilité ouverte, mais souvent si la personne fait de son mieux pour éviter la confrontation, cela peut être activé passivement. C’est un défi de territoire très concret et il ne peut généralement pas être pris pour autre chose. La façon dont on doit le gérer dépendra de la situation. Si vous êtes au travail, ou dans un lieu public fréquenté, la meilleure option est de soit consciemment se retourner et partir, ou de croiser les bras devant vous, conserver votre voix calme et posée et mettre les choses au clair.

    - Elever la voix Ici nous rejoignons l’antagonisme pur, et ce n’est pas beau à voir. Quand quelqu’un élève la voix vers vous, habituellement il vous défie ou va le faire. Conservez votre voix calme et posée, éloignez-vous un peu (lentement) de lui et conservez vos mains jointes devant vous. De cette façon, vous êtes dans une position de non-violence, mais vos mains sont prêtes à se lever s’il advient quoi que ce soit. Si vous pouvez échapper à cette situation, faites le - au moins à présent la situation est peu susceptible de se finir bien et devrait être résolue une autre fois, quand les colères ne sont pas prêtes à exploser. Souvent, la meilleure réaction à cette sorte de confrontation est de s’assurer que la crise de colère n’empêche pas une réaction. Détachez-vous de la situation et éloignez-vous. Vous en sortirez toujours comme la plus grande personne.
Sachez que tout ce sous-chapitre n’est qu’une théorie recueillie au fil des ans. Il est anecdotique, preuve circonstancielle, et ce qui a fonctionné pour moi peut ne pas marcher pour vous. Prenez en compte qui vous êtes et la façon dont vous réagissez à certaines situations, et conservez à l’esprit que la construction de la confiance en soi ne se fait pas en un jour. Par le passé, j’étais miné par l’anxiété, et c’était une barrière presque omnisciente dans la voie vers la construction de la confiance en soi. Il a fallu beaucoup de temps, beaucoup d’introspection et d’étude de la façon dont les gens paraissent, se meuvent et parlent, et même se tiennent, avant de développer les habitudes qui sont maintenant devenues presque une seconde nature. Je suis encore anxieux ; c’est juste que maintenant cela ne se présente pas de la même façon qu’auparavant et moins vous le montrez, plus les gens vous traitent comme une personne confiante, et plus les autres vous traitent comme une personne confiante, plus vous devenez cette personne.

[1]: it’s all part of growing up
[2]: fight-or-flight reflex
[3]: Lakryptonite (petite pierre) est un matériau imaginaire de l'univers DC dont il existe de multiples variétés de différentes couleurs : vert, rouge, or, bleu, blanc, etc. Elles ont pour propriété d'affecter, chacune différemment, les survivants de la planète Krypton et en premier lieu le super-héros Superman. Toutefois, seules les variétés vertes, rouges, dorées et bleues sont réellement dangereuses pour lui et constituent son talon d'Achille.
[4]: having a confident and forceful personality
père d'une fille autiste "Asperger" de 40 ans

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kevin38
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Re: "Sex, drugs and ASD" - Luke Jackson

#10 Message par kevin38 » vendredi 30 septembre 2016 à 14:14

Super boulot. Merci :bravo:
Aspie

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