Des extraits du
dossier de Cerveau et Psycho sur l'
empathie :
L’empathie est une faculté en partie innée qui permet de comprendre et de partager les états affectifs d'autrui.
Cette disposition facilitée par le langage permet de réguler les rapports entre individus au sein d'un groupe.
Le degré d'empathie que l'on éprouve pour un être humain est influencé par son appartenance à des groupes sociaux plus ou moins proches du sien. (page 45)
Partager la douleur d'autrui
Frédérique de Vignemont est chargée de recherches au CNRS, Unité UMI 3 199, à I’université de New York. Pierre Jacob est directeur de recherches à l'Institut Jean Nicod, Unité UMR 81 29 CNRS/ENS/EHESS.
En Bref : L'empathie suppose une perméabilité aux sentiments d'autrui, mais aussi la conscience de la façon dont l'état affectif de l'autre affecte le nôtre. Faire preuve d'empathie pour quelqu'un qui souffre, c'est imaginer quel est son état affectif, et pas seulement anticiper la douleur que l'on ressentirait si l'on était à sa place. En fait, l'accès à l'état subjectif d'autrui nécessite que I'on ait conscience du fait que I'on ne souffre pas soi-même. (p.50)
Les quatre conditions de l'empathie
Condition d'affectivité
L'observateur doit être dans un état affectif donné, qu'il s'agisse de douleur, d'angoisse, de peur, de joie, de dégoût, de colère, etc. Si cette condition n'est pas remplie, il ne peut y avoir ni
empathie ni même contagion émotionnelle, puisqu'il n'y a pas d'état émotionnel particulier.
Condition de similitude interpersonnelle
L'état affectif de l'observateur doit ressembler à certains égards à celui de son vis-à-vis. Si cette condition n'est pas remplie, on ne peut toujours pas parler d'
empathie, ni de contagion émotionnelle, tout au plus de réaction affective ou émotionnelle (l'observateur est dans un état affectif différent de celui de l'autre).
Condition de transmission causale
L'état affectif de la personne observée est la couse de l'état affectif de l'observateur. II ne suffit donc pas que les deux états affectifs soient similaires . par exemple, deux personnes qui regardent un film peuvent ressentir des émotions similaires, sans que l'une éprouve de l'
empathie pour I'autre. Sans*transmission causale, il n'y a ni
empathie ni contagion émotionnelle.
Condition d'attribution
L'observateur doit être conscient de la relation causale entre l'état affectif de lI'autre et le sien propre. Un petit enfant qui se met à pleurer en voyant un autre fondre en larme n'est pas forcément dans une relation d'
empathie: il peut être gagné par une contagion émotionnelle, sans savoir que sa détresse est causée par celle de son camarade.
Ces quatre conditions sont nécessaires pour qu'il soit possible de parler d'
empathie. Sont-elles suffisantes ? Pour être véritablement en
empathie avec une personne qui souffre, il faut en outre s'inquiéter de sa souffrance, s'en représenter la dimension subjective, sans la ressentir soi-même physiquement. Dans ce cas, la composante purement physique (sensorimotrice) de l'
empathie n'est pas activée chez l'observateur, et cette absence de contagion physique de la douleur lui permet de prendre conscience que c'est l'autre qui souffre.
(page 52). Références : F. de Vignemont et Tania Singer: "The empathic brain : .." 2006