Conseils et ressources pour l'emploi

Toutes discussions concernant l'autisme et le syndrome d'Asperger, leurs définitions, les méthodes de diagnostic, l'état de la recherche, les nouveautés, etc.
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Jean
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Re: Conseils et ressources pour l'emploi

#736 Message par Jean » lundi 15 mai 2017 à 8:45

Comment l’autisme rend Elise très performante au travail
15/05/2017
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Photo Jorick Michiel

Elise Cordaro (29 ans) est spécialiste en marketing en ligne, bloggeuse… et atteinte d’autisme. Comment parvient-elle à travailler efficacement dans la jungle d’un bureau paysagé ?

Planning
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« Quand on est atteint d’autisme, il est souvent difficile de voir une situation dans sa globalité et de faire face à des changements inattendus. Mon planning m’aide beaucoup à cet égard. En haut, j’indique mes tâches de la semaine par catégorie. En bas, je répartis les tâches entre les jours de la semaine. Lundi, je définis les grandes lignes et planifie le reste au fil de la semaine »

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Bulle personnelle

« Les gens qui passent toute la journée devant mon bureau ? Rien ne peut davantage nuire à ma concentration et augmenter mon niveau de stress que l’envahissement de ma bulle personnelle. Heureusement, il y a très peu de passage sur mon lieu de travail. Je suis assez tranquille. J’évite aussi l’agitation en commençant ma journée de travail plus tôt que mes collègues ».

Bureau bien rangé


« Pour réduire au minimum les distractions et stimuli visuels, je veille à ce que mon bureau soit bien rangé. Tout a sa place. Je mets hors de ma vue les choses dont je n’ai pas besoin. De plus, mon écran d’ordinateur et mes boîtes de rangement m’empêchent de voir les affaires de mes collègues ».

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Casque audio

« Les téléphones qui sonnent, les conversations entre collègues, le bruit de la circulation à l’extérieur, les cliquetis du chauffage… Pour les personnes atteintes d’autismes, ces bruits sont une source d’épuisement et de distraction. J’utilise donc assidument mon casque. La musique m’apporte la paix dans la jungle que représente un paysage de bureau ouvert. Pendant les trajets, il m’arrive de mettre des bouchons d’oreilles. »
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Ses atouts

« L’autisme m’offre beaucoup de points forts. Je suis par exemple très analytique, j’ai le souci du détail, une bonne mémoire et une façon de penser différente des autres. De tels atouts me sont particulièrement utiles dans mon travail. Je les mets quotidiennement à profit. »

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Retrouvez davantage de conseils sur le blog d’Elise Cordaro : blogmysig.wordpress.com
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freeshost
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Re: Conseils et ressources pour l'emploi

#737 Message par freeshost » mercredi 7 juin 2017 à 14:04

Ah ! Ben, Laurent Mottron et flûtiste ! Flûte alors ! :mrgreen:

Un petit duo avec Valentin Mérou au violon ? :P
Pardon, humilité, humour, hasard, confiance, humanisme, partage, curiosité et diversité sont des gros piliers de la liberté et de la sérénité.

Diagnostiqué autiste en l'été 2014 :)

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Re: Conseils et ressources pour l'emploi

#738 Message par Jean » jeudi 8 juin 2017 à 10:59

L'Est Républicain - Le 08/06/2017

Nancy - Société Autisme : innover pour l’emploi

Super-génie de l’informatique ou pur asocial ? Dans le monde du travail, les autistes n’échappent pas aux clichés alors que l’emploi est un facteur puissant d’insertion. Lancement d’un dispositif innovant pour les accompagner.

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Lancé par les associations Asperger Lorraine, Vivre avec l’autisme et le Centre Ressources Autisme, le dispositif prévoit un partenariat avec des entreprises acceptant de prendre 6 mois un jeune ou un adulte Photo ER

Aujourd’hui, l’autisme concerne une naissance sur cent. Autant dire que la prévalence augmente. Mais difficile de savoir si cette tendance est de fond ou si elle relève d’une meilleure détection. Certitude : si l’autisme est un handicap dans la vie, il l’est aussi pour un accès au monde du travail.
« De vraies compétences »

Or « l’emploi est un moyen extraordinaire d’inclusion sociale pour une personne porteuse d’autisme », souligne Jean-Marie Othelet de l’association Vivre avec l’autisme en Meurthe-et-Moselle. « Chaque pas y est en effet acquis. L’emploi est donc le meilleur moyen du progrès ». Pas facile pourtant de trouver un job.

Car les clichés ne manquent pas et, souvent, l’ignorance qui entoure ce handicap génère des peurs et constitue donc un frein à l’embauche. Dans le même temps, on imagine qu’un autiste Asperger est « forcément un super-génie de l’informatique. Or ils ne le sont pas tous ! », sourit Corinne Krux de l’association Asperger Lorraine. En clair : les talents des autistes peuvent être multiples. Car « chaque cas, et c’est bien une spécificité de ce handicap, est différent », ajoute Myriam Pecoul, coordonnateur du Centre Ressources Autisme Lorraine.

6 mois pour tester un métier

Pendant deux jours, un colloque associant de multiples acteurs se propose de faire mieux connaître l’autisme aux recruteurs et aux employeurs. Il s’agit de montrer que les personnes concernées ont certes des points faibles (communication, rythme, travail en équipe…) mais « davantage encore de points forts : ponctualité, fiabilité, précision, motivation, efficacité, endurance dans les tâches… ». Alors, pour peu que le poste soit adapté… Ce colloque est aussi et surtout l’occasion de lancer en Meurthe-et-Moselle un dispositif innovant mis sur pied par le CRA, Asperger Lorraine et Vivre avec l’autisme. Baptisé Pass R’Lorraine, il consiste à tisser des partenariats avec des entreprises qui laisseront six mois à un autiste pour tester un métier. Au préalable, chaque projet sera évalué par un spécialiste, ensuite, le candidat sera accompagné dans l’entreprise par un coach formé à l’autisme, lequel assistera la société dans la démarche d’insertion. Des suivis réguliers seront effectués ».

Les porteurs de ce dispositif mobiliseront des aides. « Cette approche a déjà fait ses preuves ailleurs. Le premier but, même si nous démarrons petitement en appelant à la bienveillance des entreprises, c’est de prouver que c’est possible et que la présence d’un autiste peut aussi apporter beaucoup ».
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Re: Conseils et ressources pour l'emploi

#739 Message par Jean » jeudi 8 juin 2017 à 11:03

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#740 Message par Benoit » jeudi 8 juin 2017 à 11:05

En espérant que "poste adapté" correspond à chercher les centres d'intérêts de la personne, et à partir du moment où on partage la définition de "inclusion sociale", ça à l'air pas mal comme initiative.
Spoiler :  : 
Ca m'étonnerait quand même un peu, je connais peu de neurotypiques qui continuent de parler de leur boulot la nuit et le week-end.
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Re: Conseils et ressources pour l'emploi

#741 Message par Jean » jeudi 8 juin 2017 à 19:23

Le Chalet, une structure unique en France
Publié le 07 juin 2017

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Le Chalet est installé au coeur du zoo de Pont-Scorff.

Au coeur du zoo de Pont-Scorff, le Chalet est une structure unique en France. Il dépend de l'association pour l'insertion professionnelle et sociale des Handicapés (loi 1901). Sa mission : insérer les jeunes adultes atteints du syndrome d'Asperger.

Insertion professionnelle et sociale

Depuis 2004, devenu Esat (établissement de service d'aide par le travail), le Chalet permet à de jeunes autistes d'acquérir polyvalence et autonomie. Au sein du parc, leurs tâches sont multiples : préparation de la nourriture de certains animaux, entretien des enclos00. Au Chalet, tout est écrit sur des fiches avec précision : les tâches successives à accomplir, la pesée des légumes, le découpage des fruits... Le projet de l'Esat ne s'arrête toutefois pas au seul objectif d'insertion professionnelle. Il revêt aussi un caractère social avec, hors travail, l'intervention du service d'accompagnement à la vie sociale (SAVS). « C'est un accompagnement dans la vie de tous les jours, qui les aide à s'organiser, prioriser, une difficulté chez ces personnes », expose Annette Fréoux. Pour Romain, qui habite un foyer de jeunes travailleurs à Lorient, avoir intégré la structure du Chalet « m'apporte beaucoup plus d'autonomie, pour me débrouiller tout seul, notamment pour venir au boulot le matin », dit-il. « Ça m'a inspiré pour la vie quotidienne », renchérit Nicolas. Le Chalet est en France une « vitrine, dit Annette Fréoux. C'est une structure 100 % individualisée, qui a le souci de répondre au handicap dans sa globalité : la maladie, le social, mais aussi les familles car beaucoup d'entre elles ont souffert de ne pas trouver de structure adaptée ». « En France malheureusement, déplore-t-elle, il manque cruellement de structures d'accueil pour les autistes », qui sont en France environ 650.000.

Le Télégramme
http://www.letelegramme.fr/morbihan/lor ... 544571.php
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Re: Conseils et ressources pour l'emploi

#742 Message par Jean » jeudi 8 juin 2017 à 19:26

Vous avez la présentation de l'ESAT Le Chalet par Cathy Bardouil, l'éducatrice :
https://www.asperansa.org/presentation_ ... _2016.html

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Re: Conseils et ressources pour l'emploi

#743 Message par Jean » jeudi 8 juin 2017 à 20:06

Plus lisible, l'article sur Le chalet :
Le Telegramme Lorient 7 juin 2017.pdf
(1.92 Mio) Téléchargé 124 fois
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Re: Conseils et ressources pour l'emploi

#744 Message par Jean » lundi 12 juin 2017 à 11:58

interview de Josef dans "Vivre Ensemble", revue de l'UNAPEI
VivrEnsemble -135.pdf
(1.37 Mio) Téléchargé 119 fois
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Re: Conseils et ressources pour l'emploi

#745 Message par Jean » mardi 13 juin 2017 à 19:37

Vincent, autiste Asperger, est aide soigneur animalier au zoo
Publié le mardi 13 juin 2017 à 11:33 par Catherine JAOUEN. .
Job Formation / Découvrir un métier / Morbihan

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Ces travailleurs du Chalet nettoient l'enclos des girafes, au zoo de Pont-Scorff. Vincent s'occupe aussi de la loge des makis. © DR

A 27 ans, le jeune homme est l'un des aide soigneurs animaliers qui interviennent au zoo de Pont-Scorff (Morbihan), dans le Morbihan. Il raconte son travail, ses difficultés, son quotidien.

« Je déteste cette loge. Regardez ça ! C'est une pente inversée ! Au lieu de s'écouler normalement, l'eau stagne dans le fond du local... » Balai à la main, Vincent (1) s'emploie à nettoyer le refuge des makis varis, « ces peluches noires et blanches qui crient tout le temps ».

Il est autiste Asperger (dit de « haut niveau »), diagnostiqué à l'âge de 18 ans. Il en a 27.

Il fait partie des douze travailleurs handicapés qui interviennent au zoo de Pont-Scorff (Morbihan), via le Chalet . « On nettoie certains enclos, on prépare la nourriture, énumère Vincent. Mais nous n'avons aucun contact avec les animaux ; ce n'est pas de la zoothérapie. »

Aide-soigneur animalier, voilà la fonction qu'occupe depuis six ans Vincent. Ça tombe bien, les animaux c'est son truc. Une véritable passion. Il possède un savoir encyclopédique qu'il n'hésite pas à délivrer méthodiquement. Surtout s'il s'agit des oiseaux de proie. « Je fais des stages de fauconnerie », explique le jeune homme, qui, quand il le peut, échange volontiers avec les visiteurs sur la vie du zoo.

« Les neurotypiques... »

Etonnant pour un autiste, généralement mal à l'aise dans la relation à l'autre ?

Vincent sourit. « Je me sens forcé de dire que je suis autiste. Ça semble étonner les gens... Les neurotypiques, comme je le dis... Pourtant, c'est comme si je traînais un fardeau. Par moments, je maudis mon handicap. J'ai l'impression qu'il n'y a pas grand-chose d'inné chez moi. Des choses banales pour vous prennent l'allure de défi permanent pour moi. Prendre un billet d'avion, par exemple... ».

Les autistes Asperger ? « Ils ne sont ni surdoués, ni naïfs, ces contradictions m'énervent. »

Tout en parlant, Vincent continue à nettoyer la loge des makis. Il travaille du lundi au vendredi. Avec le groupe, « ce n'est pas toujours facile, avoue-t-il. L'autisme, c'est comme l'alcool, il y a différents degrés. Moi, je suis sociable. J'essaie de l'être, du moins. C'est une question de respect. Le Chalet est une bulle protectrice. Dans le monde extérieur, c'est différent ; il ne faut pas l'oublier. Le handicap ne nous protège pas. »

Vincent est sous traitement. Il y a des jours où ça va, d'autres moins. « Je suis autonome. J'ai mon appart', je gère mes comptes, fais mes courses. Mais j'ai quand même une aide de vie sociale. Là, je passe mon code. Un autre défi ! »

Le nettoyage prend fin. La loge des makis est impeccable. « On agit pour le bien-être des animaux, leur hygiène, c'est bien, reconnaît l'aide-soigneur. Mais bon... J'aimerais partir d'ici un jour, voir autre chose. C'est pour ça que je fais des stages de fauconnerie. Mais un départ, ça se prépare. Avec un point de chute sécurisé. »

Et il reprend son balai, sa poubelle, sa brouette. D'autres enclos l'attendent.

(1) prénom d'emprunt.

Catherine JAOUEN.
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Re: Conseils et ressources pour l'emploi

#746 Message par Benoit » jeudi 29 juin 2017 à 9:53

Je fais pas un fil dédié mais je participe à une table ronde sur l'emploi ce soir.

Je ferai sans doute un bref retour si ça se passe bien. Ou si ça ne se passe pas trop mal.
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Re: Conseils et ressources pour l'emploi

#747 Message par Jean » vendredi 30 juin 2017 à 9:49

https://emploi.handicap.fr/art-autisme- ... 9-9988.php

Autisme: "Faut les exploiter" ou l'inclusion par le travail

Résumé : Quel avenir pour Luc, autiste sévère ? Jean-François Dufresne a tenté une expérience professionnelle en milieu ordinaire, dans une usine, avec son asso Vivre et travailler autrement. Un succès duplicable à d'autres... Le travail, une thérapie ?

Par Jean-François Dufresne, président de Vivre et travailler autrement, le 28-06-2017


Handicap.fr : Ce projet « Vivre et travailler autrement » a été mené au nom de votre fils, Luc…
Jean-François Dufresne : Oui, c'est un garçon autiste de 26 ans, un être différent. Avoir un enfant comme lui a été une expérience merveilleuse. Il est gentil, courageux et possède des qualités formidables.

H.fr : Comment vous est venue cette idée ?
JFD : C'est une longue histoire… Luc, c'est la « mauvaise génération » pour les autistes. Son diagnostic relève du miracle. Nous étions aux États-Unis, et son grand-père, qui est médecin, l'a fait diagnostiquer là-bas alors qu'il n'y avait pas de sensibilisation ni de réelle prise en charge en France. Quand il a eu 10 ans, j'ai créé une première asso car il n'existait rien pour lui. Elle s'appelait « Apprendre autrement ».

H.fr : Et puis, quand il a eu 15 ans, toujours la même galère ?
JFD : En effet. Je me suis dit « C'est bien joli, ça marche, ça le fait progresser, il est de plus en plus sociable mais que va-t-il faire plus tard ? ». On a regardé l'offre et pas vraiment d'options. Le mettre dans un centre ? Je n'en dis pas de mal car ils ont le mérite d'exister mais ce n'est pas ce que je voulais pour mon fils. L'hôpital psychiatrique ? Pas question ! Rester à la maison ? Le constat était affligeant : aucun avenir !

H.fr : Ce sont vos souvenirs d'enfance qui vous ont soufflé la solution…
JDF : Oui, je me suis souvenu que, dans le village de ma famille, il y avait celui qu'on appelait « l'idiot du village », certainement autiste parfois. Il était protégé par les habitants mais à condition de bosser un peu en échange. J'ai alors eu l'audace de dire : « Faut les exploiter ! ». C'est une vraie provoc à laquelle je crois profondément. Est-ce qu'il faut vraiment assister les personnes handicapées, les mettre dans du coton ? Exploités, on l'est tous… Alors, s'ils veulent exister, il faut les faire travailler.

H.fr : Vous y allez fort. Vous n'avez pas peur d'attirer les foudres ?
JDF : Je nuance. Il faut faire travailler ceux qui le peuvent mais en les accompagnant, évidemment ! C'est l'objectif de la deuxième association que nous avons créée et qui s'appelle, en toute logique, « Vivre et travailler autrement ».

H.fr : Accompagner les travailleurs avec autisme, oui mais comment ?
JDF : Nous avons mis en œuvre, depuis 2014, un système inédit ; ils travaillent le matin, encadrés par trois équivalents temps plein, et, l'après-midi, ils bénéficient d'un temps de socialisation. Ils font du jardinage, du ménage, les courses, du sport…

H.fr : Accessoirement, vous dirigez le groupe Andros. Un tel projet ne pouvait-il être mené qu'avec l'implication totale d'une grosse entreprise ?
JFD : Oui, il est vrai qu'ils travaillent dans l'une de nos usines, celle d'Auneau (Eure-et-Loir), qui fabrique des produits laitiers, en milieu ordinaire, avec de grosses contraintes en termes de tenue vestimentaire, d'hygiène... Notre groupe a par ailleurs mis à leur disposition un cadre de vie merveilleux, dans le parc du château d'Auneau, propriété de notre groupe, situé juste à côté de l'usine. Huit studios y ont été aménagés pour ceux qui habitent loin ; ils payent un loyer, comme tout un chacun. Les autres rentrent chez eux.

H.fr : Il fallait prouver que l'inclusion professionnelle pouvait marcher et pas seulement avec les Asperger, c'est-à-dire les autistes dits de « haut niveau ».
JDF : Oui, tout à fait. La plupart de nos travailleurs sont non verbaux. Mon fils, par exemple, a un autisme sévère, n'est pas capable de tenir une conversation, et pourtant il s'épanouit dans son travail. Regardez notre film (ci-dessous) ; toutes les réponses sont dedans ! Notre expérience est un succès puisque beaucoup font des progrès fulgurants. La responsable de l'autisme au sein des hôpitaux de Chartres, qui fait partie depuis le début du fonctionnement de notre dispositif, m'a même confié : « Je n'imaginais pas que le travail pourrait être une thérapie aussi efficace ».

H.fr : Mais cela concerne-t-il vraiment une vaste proportion de personnes avec autisme ?
JFD : La France compte 300 000 adultes autistes en âge de travailler mais seulement 2% sont en emploi. Je considère que 30% des personnes accueillies en MAS (maison d'accueil spécialisée) ou FAM (foyer d'accueil médicalisé) pourraient travailler chez nous. C'est énorme ! Même si ce n'est évidemment pas la seule solution.

H.fr : Le résultat est-il vraiment concluant ?
JFD : Je vous assure qu'ils sont au moins aussi efficaces que les employés dits « ordinaires ». La plupart apprécient les tâches répétitives et font preuve d'une productivité étonnante. C'est bon pour eux, bon pour l'entreprise et bon pour la société.

H.fr : En effet, c'est une option tout bénef pour les finances publiques ?
JFD : Je vous laisse faire le calcul ! Une place en FAM ou MAS coûte en moyenne 85 000 euros par an et par résident. Nous avons créé une expérimentation qui, avec l'aide de l'Etat (budget Agence régionale de santé et Conseil départemental), revient à 35 000 euros par an et par personne. Cette aide nous permet de financer les 8 accompagnants : 3 sur le lieu de travail et 5 sur le lieu de vie (pour les activités, la vie quotidienne et la nuit). Nous accueillons 8 travailleurs autistes aujourd'hui et comptons monter en puissance progressivement, avec l'objectif de 12 personnes d'ici fin 2018. J'espère que, dans quelques années, certains d'entre-eux auront une autonomie suffisante pour se lancer dans la vie ordinaire.

H.fr : Il n'y a aucune femme ?
JFD : Non parce que nous n'avons jamais eu de candidatures féminines. Nous les accueillerions bien volontiers.

H.fr : Et leurs collègues, comment réagissent-ils ?
JFD : L'usine compte 300 employés et, franchement, ils sont enchantés et fiers. Leur regard sur l'autisme a complètement changé. Même constat auprès de la municipalité et des commerçants ; tous nos travailleurs sont bien acceptés.

H.fr : Vos propos parfois tranchés attisent-ils la critique des détracteurs ?
JFD : S'ils existent, ils ne se sont jamais manifestés. Je donne souvent des conférences sur emploi et autisme et personne ne m'a encore dit que notre concept était idiot.

JFD : Existe-t-il d'autres dispositifs aussi inclusifs en France ? Et qu'en pensent les politiques ?
JFD : Pas à ma connaissance. Cette expérience a pu être tentée car elle s'appuie sur une entreprise partenaire solide. Ségolène Neuville, ancienne secrétaire d'État en charge des personnes handicapées, m'a encouragé vivement à développer ce concept et à convaincre d'autres entreprises. A ma connaissance, la nouvelle secrétaire d'État, Sophie Cluzel, apprécie également notre dispositif. Nous avons également l'appui du groupe autisme de l'assemblée présidé par le député LR Daniel Fasquelle et de la sénatrice Dominique Gillot, par ailleurs présidente du CNCPH (Conseil national consultatif des personnes handicapées).

H.fr : Comment comptez-vous diffuser vos bonnes pratiques ?
JFD : J'ai commencé à prendre contact avec quelques grandes entreprises, qui réagissent favorablement. Avec le soutien de la Fondation Malakoff Médéric, nous sommes également en train de rédiger un guide à destination des entreprises. Comme ce dispositif expérimental semble remporter un réel succès auprès de tous, son essaimage devient pour moi une priorité ; je compte bien y consacrer les 10 prochaines années de mon existence et je m'en réjouis !

Vidéo 14 mn 20
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#748 Message par Benoit » samedi 1 juillet 2017 à 16:32

Ah, ca eclaire un petit peu le pourquoi de la demarche du groupe Andros.
Benoit a écrit : Je fais pas un fil dédié mais je participe à une table ronde sur l'emploi ce soir.

Je ferai sans doute un bref retour si ça se passe bien. Ou si ça ne se passe pas trop mal.
Je vais attendre un petit peu pour voir s'il y a une communication officielle, sinon je ferai un petit CR tout de meme parce que c'est important de souiigner une approche innovante.
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Re: Conseils et ressources pour l'emploi

#749 Message par Jean » jeudi 14 septembre 2017 à 19:03

Rapport CRA Bretagne à la demande de l'ARS sur l'insertion
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Re: Conseils et ressources pour l'emploi

#750 Message par Jean » jeudi 21 septembre 2017 à 20:01

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