Courage Manichéenne tu vaux bien mieux qu'eux...
La personne des services sociaux n'est pas encore repassée chez moi, peut-être qu'elle attend ou non la synthèse de mon fils au CAMSP. Je vous fais part d'un souvenir douloureux - parmi tant d'autres- qui me revient. En fait cette personne assurait la visite médicale à l'école où va mon fils, donc je lui ai annoncé sa particularité et la mienne, chose que je n'aurais pas dû faire qui sait ? Du moins maintenant je le regrette.
Comme par hasard elle était repassée chez moi suite à des rumeurs comme on dit, parce que j'ai pleuré une fois devant l'école, parce que j'ai une façon particulière de voir les choses, parce mon fils était devant la maison et que j'étais partie à la maison lui chercher son goûter (des BN donc c'était rapide).
Et voilà les propos douloureux de sa part :
- Madame (donc moi), lors de la visite médicale votre fils avait à un moment mis les mains sur ses oreilles quand vous étiez en train de parler".
- Oui, parce qu'il y avait un scooter qui passait à ce moment-là, il est gêné par le bruit des deux-roues, scooters, mobylettes et motos. Tout comme moi.
- Pourtant il avait plus l'air quand vous vous exprimez vous-mêmepar vos paroles ?
Je ne sais pas lire sur les visages, je ne comprends que le langage simple et direct, mais pour moi elle ne m'a pas crue.
Comme quoi la stigmatisation peut aller très vite, comment peut-on aller bien psychologiquement quand on entend des choses comme ça ?
Il est vrai que dans le passé le CAMSP avait fait appel à eux et donc à cette personne car j'ai eu une autre dépression, mon fils me tapait, me mordait, hurlait parce qu'il n'arrivait pas à s'exprimer. Donc j'ai eu un burn-out et j'étais épuisée. Donc j'avais ces fameuses colères explosives et ces moments de détresse terribles qui se succédaient à mes crises...Maintenant je sais pourquoi. Mon fils a été placé en famille d'accueil pendant un mois. J'avais fait une tentative de suicide pendant cette sombre période.
Cette personne et moi on se connaît depuis la naissance de mon fils, car la naissance et son démarrage dans la vie a été très difficile (anémie presque à un stade mortel, prématurité, nombreuses affections digestives). J'étais plutôt bien avec elle et ses visites me faisaient du bien, mais là son attitude m'inquiète. Je suis déçue et en colère et encore une énième état dépressif de plus...Maintenant je reprends tout doucement des forces mais l'amertume arrive. Je me dis que chercher à changer, depuis que je suis petite, avec ces efforts parfois surhumains, être quelqu'un d'autre pour être comme tout le monde comme je dis, pour être à l'image que les gens veulent, au final dans mon cas ça a servi à quoi ? A RIEN.
Le problème ce que les critiques et allusions foisonnent, de nous dire "ne pas faire ça, faire ça", c'est bien, mais qu'en est-il de l'aide que notre famille pourrait avoir en retour ? Pas grand chose. Voire rien du tout.
Désormais je fais le choix d'être plus moi-même, naturelle. Et je me coupe des gens. Solution radicale mais nécessaire. Mon fils le ressent et il est moins anxieux du coup ! Il en va de la survie de notre petite famille...Et surtout : ne plus annoncer mon TSA et celui de mon fils, c'est pire que mieux. Ça suscite souvent de l'ironie, de la crainte, du mépris. En gros c'est ce qu'on reçoit depuis qu'on est enfant, finalement. Mais je n'ai pas de haine envers les gens non plus, mais je me rends compte de cette incompatibilité permanente et je décide de me mettre en retrait. Je pense que vous avez vous aussi ressenti cela, un jour ou l'autre. L'autisme fait encore peur j'ai l'impression.
Désolée pour la longueur du texte. Mais ça m'aide aussi. Bon courage à vous tous, vraiment grâce à vous je retrouve la force de me battre. J'apprécie de vous lire et moi aussi j'ai envie en retour de vous rendre service, de vous aider. Je ne pourrais jamais plaire à tout le monde mais je me sens enfin comprise et acceptée et je comprends nos difficultés communes, ce que vous traversez aussi parfois

. Vive Asperansa
