Méthodes de prise en charge

Toutes discussions concernant l'autisme et le syndrome d'Asperger, leurs définitions, les méthodes de diagnostic, l'état de la recherche, les nouveautés, etc.
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Jean
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Re: Méthodes de prise en charge

#76 Message par Jean » samedi 11 mars 2017 à 18:37

Jean a écrit :The Lancet

Annexe Web complémentaire
auteurs.

En complément de : Green J, Charman T, McConarchie H et al. La thérapie axée sur la communication assistée par les parents pour les enfants avec autisme PACT)1 : un essai clinique randomisé et contrôlé. Lancet 2010 ; publié en ligne le 21 mai 2010. DOI:10.1016/ S0140-6736(10)60587-9.

Parent-mediated communication-focused treatment in children with autism (PACT)
Le PACT (The Lancet) 1 et 2/3

PACT (Pre-school Autism Communication Therapy) est une intervention basée sur la théorie, assistée par les parents et utilisant la vidéo. Elle est conçue pour améliorer les compétences de communication sociale des enfants affectés de troubles du spectre autistique. Les principes de PACT découlent de la recherche sur la communication non-langagière, la pragmatique et le développement du langage.

Le 19 novembre 2016, The Lancet a publié : Parent-mediated social communication therapy for young children with autism (PACT): long-term follow-up of a randomised controlled trial

Ce suivi à long terme fait suite à un article de 2010. Ci-dessous l'annexe de l'article de 2010.

https://blogs.mediapart.fr/jean-vincot/ ... -lancet-13
https://blogs.mediapart.fr/jean-vincot/ ... -lancet-23
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Re: Méthodes de prise en charge

#77 Message par Jean » mardi 14 mars 2017 à 18:28

Le PACT (The Lancet 3/3)

La thérapie de communication sociale médiée par les parents d’enfants avec autisme (PACT - Pre-school Autism Communication Therapy - Thérapie de communication dans l’autisme pré-scolaire) : suivi à long terme d’un essai contrôlé randomisé - Article du 19 novembre 2016 de "The Lancet".

Fin de la série...

Merci à PY pour tout ce boulot. :bravo:

https://blogs.mediapart.fr/jean-vincot/ ... -lancet-33
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freeshost
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Re: Méthodes de prise en charge

#78 Message par freeshost » vendredi 17 mars 2017 à 10:07

Ici (fichier pdf en anglais), on trouve une liste récente de thérapeutes habilités à appliquer l'ESDM. :mrgreen:
Pardon, humilité, humour, hasard, confiance, humanisme, partage, curiosité et diversité sont des gros piliers de la liberté et de la sérénité.

Diagnostiqué autiste en l'été 2014 :)

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Re: Méthodes de prise en charge

#79 Message par Jean » dimanche 2 avril 2017 à 12:03

Autisme et ABA : le gouffre entre l’Amérique du Nord et l’Europe

Les estimations de prévalence des troubles du spectre autistique ont augmenté ces toutes dernières années, pour atteindre désormais des taux indiqués de 1:68. Les interventions basées sur l’Analyse Comportementale Appliquée (ABA Applied Behaviour Analysis) sont significativement liées aux meilleurs résultats et sont largement considérées comme le ‘traitement habituel’ en Amérique du Nord. En Europe, ce n’est pas le cas, une approche ‘éclectique’ à la définition plutôt vague y est largement promue. Dans cet article, nous discutons de quelques unes des sources de ce gouffre entre l’Europe et l’Amérique du Nord et corrigeons certaines des idées fausses sur l’ABA y dominant.

Mickey Keenan - Karina Dillenburger - Hanns Rüdiger Röttgers -Katerina Dounavi - Sigríður Lea Jónsdóttir - Paolo Moderato - Jacqueline J. A. M. Schenk - Javier Virués-Ortega - Lise Roll-Pettersson - Neils Martin

https://blogs.mediapart.fr/jean-vincot/ ... t-l-europe :(
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Re: Méthodes de prise en charge

#80 Message par Jean » mercredi 12 avril 2017 à 12:43

Jean a écrit :Le PACT (The Lancet 3/3)

La thérapie de communication sociale médiée par les parents d’enfants avec autisme (PACT - Pre-school Autism Communication Therapy - Thérapie de communication dans l’autisme pré-scolaire) : suivi à long terme d’un essai contrôlé randomisé - Article du 19 novembre 2016 de "The Lancet".

Fin de la série...

Merci à PY pour tout ce boulot. :bravo:

https://blogs.mediapart.fr/jean-vincot/ ... -lancet-33
AUTISME : La vidéothérapie pour les parents réduit les symptômes émergents chez l'enfant

C’est à la fois la première étude d'intervention sur l'autisme qui utilise la vidéo pour former les parents de bébés de famille avec enfant autiste et c’est la première aussi à travailler avec les bébés dans leur première année de vie qui ont un frère atteint d'autisme. L’étude présentée dans le Journal of Child Psychology and Psychiatry réaffirme l’importance non seulement d’impliquer mais de former les parents et montre chez ces enfants toute l’efficacité de la démarche, avec la réduction de la gravité de leurs signes émergents de l'autisme.

A suivre dans :

https://www.santelog.com/news/sante-de- ... irelasuite
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Re: Méthodes de prise en charge

#81 Message par Jean » lundi 5 juin 2017 à 17:37

Interventions ciblant les problèmes sensoriels dans le trouble du spectre de l'autisme: une revue systématique

http://autisme-info.blogspot.fr/2017/06 ... lemes.html
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Re: Méthodes de prise en charge

#82 Message par olivierfh » dimanche 18 novembre 2018 à 9:18

Jean a écrit : dimanche 2 avril 2017 à 12:03 Autisme et ABA : le gouffre entre l’Amérique du Nord et l’Europe
[...]
https://blogs.mediapart.fr/jean-vincot/ ... t-l-europe :(
Il y a aussi des oppositions à l'ABA, voir par exemple
Michelle Dawson a écrit : The only hope, they say, the only escape from doom, is ABA. With ABA, the autistic will learn to learn like a non-autistic does, then to act, play, move, communicate, and think like we should, the way non-autistics do. This is called a best outcome, and the yearning for it has engendered an industry.
TSA de type syndrome d'Asperger (03/2017) + HQI (11/2016).
4 enfants adultes avec quelques traits me ressemblant, dont 1 avec diagnostic TSA et 1 au début du parcours de diagnostic.

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Re: Méthodes de prise en charge

#83 Message par Jean » mardi 19 mars 2019 à 22:57

Autisme : l'Early Start Denver Model (ESDM) peu efficace !

17 mars 2019 Par Gilles Bouquerel Blog : T.S.A : Tout Sur l'Autisme ?

L'Early Start Denver Model, intervention intensive partiellement comportementaliste visant les jeunes enfants, promue un peu partout, et notamment par la Haute Autorité de Santé serait une intervention peu efficace selon une récente étude américaine avec groupe témoin randomisé.

https://blogs.mediapart.fr/gilles-bouqu ... u-efficace
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#84 Message par Benoit » mardi 19 mars 2019 à 23:23

Ce retour sur les biais de confirmation statistiques est très intéressant. Et pas seulement parce que les conclusions vont dans ce sens là.

Par contre, la thèse défendue en cloture selon laquelle l'enthousiasme des praticiens pour la nouveauté d'une méthode, ça me semble encore plus fumeux.
C'est si difficile de considérer que des gens puissent faire leur métier de façon consciencieuse et rigoureuse sur la durée?
Identifié Aspie (広島, 08/10/31) Diagnostiqué (CRA MP 2009/12/18)

話したい誰かがいるってしあわせだ

Être Aspie, c'est soit une mauvaise herbe à éradiquer, soit une plante médicinale à qui il faut permettre de fleurir et essaimer.

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Re: Méthodes de prise en charge

#85 Message par olivierfh » mercredi 20 mars 2019 à 9:15

Jean a écrit : mardi 19 mars 2019 à 22:57Autisme : l'Early Start Denver Model (ESDM) peu efficace !
[...]
https://blogs.mediapart.fr/gilles-bouqu ... u-efficace
L'article en référence:
Should ESDM treatment be recommended for young children with ASD? We believe that the results of this study support the use of ESDM as one of empirically supported comprehensive treatments for young children with ASD. Two single-blind RCTs demonstrated significant positive effects of ESDM on language compared with community treatment groups. One of these studies (Dawson et al.) found significant differences in DQ, language, and adaptive behavior (parent measure), and the second, the present study, reports a significant advantage for language at a group level that was not uniform across sites. In addition, some additional quasi-experimental and single-subject studies have reported outcomes involving significantly accelerated language, adaptive behavior, and overall developmental rates and decreased autism severity.
(RCT = randomized controlled trial, DQ = developmental quotient)
TSA de type syndrome d'Asperger (03/2017) + HQI (11/2016).
4 enfants adultes avec quelques traits me ressemblant, dont 1 avec diagnostic TSA et 1 au début du parcours de diagnostic.

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Re: Méthodes de prise en charge

#86 Message par Jean » mardi 2 avril 2019 à 12:04

Sur le PACT : https://blogs.mediapart.fr/jean-vincot/ ... -lancet-13
PACT (Pre-school Autism Communication Therapy) est une intervention basée sur la théorie, assistée par les parents et utilisant la vidéo. Elle est conçue pour améliorer les compétences de communication sociale des enfants affectés de troubles du spectre autistique. Les principes de PACT découlent de la recherche sur la communication non-langagière, la pragmatique et le développement du langage

Sur l'EDSM : dernière étude
https://blogs.mediapart.fr/gilles-bouqu ... u-efficace

lemonde.fr
Autisme : de nouvelles approches pour intervenir tôt et autrement
Par Florence Rosier

Publié hier à 17h43, mis à jour à 04h50

La stratégie nationale pour l’autisme 2018-2022 prévoyait de favoriser des interventions précoces, tant pour le diagnostic que pour la prise en charge. Celle-ci emprunte de nouvelles voies, associant les parents. Enquête sur des initiatives pionnières et sur les questions qu’elles soulèvent, à l’occasion de la journée mondiale de l’autisme, mardi 2 avril.

A peine arrivé, Matthieu, 6 ans et demi, se précipite vers le bureau de la docteure Marie-Joëlle Orêve. « Matthieu, attends ! », le retient sa mère. Le jeune garçon piaffe. Tout près, un butin l’attend : tous ces jeux, là-haut sur l’étagère. L’un d’eux notamment le fascine : une ferme miniature, avec sa fermière, ses vaches, sa barrière blanche et son portail vert. « Ce jeu lui rappelle nos séjours dans une ferme qu’il aime beaucoup », explique sa mère.

Nous sommes dans le service de psychiatrie de l’enfant du centre hospitalier de Versailles, que dirige le professeur Mario Speranza. Depuis trois ans, ce service propose aux familles des modalités innovantes de prise en charge précoce de l’autisme, dès l’âge de 1 ou 2 ans. Des interventions qui ciblent l’enfant, bien sûr, mais aussi ses parents.

« Dans l’autisme, la manière d’interagir avec un partenaire est si atypique que la réponse du partenaire l’est aussi. Cela entraîne des difficultés d’ajustement réciproques qui se renforcent l’une l’autre », explique le pédopsychiatre. Un cercle vicieux s’installe. « Aider l’enfant et son partenaire, en premier lieu ses parents, à s’ajuster mutuellement, cela ouvre un cercle vertueux. »

Un enfant autiste semble si souvent « enfermé dans sa bulle ». Et pourtant. « Dire cela, c’est la pire chose pour ces enfants », se désole le professeur Laurent Mottron, psychiatre-chercheur à l’université de Montréal (Canada). Car l’expression les enferme, précisément, dans une forme de fatalité. Or « l’autisme est une maladie beaucoup moins fixée qu’on l’imagine », relève le professeur Richard Delorme, responsable du service de pédopsychiatrie de l’hôpital Robert-Debré (AP-HP, Paris).

Depuis quelques années, des programmes d’accompagnement parental innovants, venus des Etats-Unis ou du Royaume-Uni, donnent à ces parents des clés pour mieux communiquer avec leur enfant. Ils commencent à être diffusés en France, d’une façon encore confidentielle. Notamment ici, au centre hospitalier de Versailles, un des pionniers en la matière.

« Si la qualité des relations parents-enfants s’améliore, il y a un bénéfice indirect sur le développement cognitif et moteur de l’enfant », docteure Marie-Joëlle Orêve, Centre hospitalier de Versailles

Revenons à Matthieu. Dès qu’il a eu le feu vert, l’enfant a bondi dans le bureau de la docteure Orêve, s’est saisi de la boîte de ses rêves, l’a fait chuter, révélant son trésor : la ferme. Le jeu peut enfin commencer. Il s’inscrit dans un programme de guidance parentale, le PACT (Pre-school Autism Communication Therapy). Un pacte, en somme, entre les parents et leur jeune enfant autiste. Diagnostiqué porteur d’un trouble du spectre autistique (TSA) à l’âge de 5 ans et demi, en février 2018, le jeune garçon et sa mère suivent ce programme depuis mars 2018.

Dans son bureau, la docteure Orêve se saisit d’une mini-caméra. C’est parti pour dix minutes de jeu. Vite, Matthieu construit une barrière blanche, y installe les vaches. Il chantonne, mais ne parle presque pas. « Souffle », dira-t-il une fois à sa mère, qui lui a tendu un harmonica. La maman, elle, commente à voix haute ce que fait son fils, lui suggère de nouveaux scénarios. Mère et fils s’imitent parfois.

Dix minutes plus tard, la docteure Orêve arrête la caméra. Elle invite la mère à visionner la scène. « Alors, qu’en pensez-vous ? », interroge-t-elle à la fin. – J’ai assez bien réussi à faire des commentaires, en laissant à Matthieu le temps de réagir. Et je lui ai proposé des scénarios, dont il s’est saisi. – Comment avez-vous trouvé le partage ? – Nos jeux étaient parfois parallèles, mais il y a eu de vrais partages. – A quels moments ? – Par exemple, quand on a chanté la même chanson. Ou quand j’apportais de l’herbe à la vache en ouvrant son enclos, et qu’il m’a suivie. »

« Je voudrais qu’on revienne sur cette séquence, dit la docteure Orêve. Qu’est-ce qui a fait que Matthieu a saisi cette opportunité ? Il sourit, on voit qu’il est content ! – Le portail, dans la vraie ferme, c’est un élément important pour Matthieu. Il adore l’ouvrir et le fermer. – Matthieu est donc en terrain connu ! A la maison, il a des routines ? – Oui, il s’habille en chantant une comptine, par exemple. » La routine, pour Matthieu, c’est rassurant, ça facilite le quotidien, explique la docteure Orêve. Il sait ce qu’on attend de lui, quoi dire et quoi faire…
Tête-à-tête entre Maya, jeune autiste, et une éducatrice du DIPEA de Versailles, le 26 mars. Les séances alternent entre programme d’accompagnement parental et prise en charge précoce de l’autisme, selon la méthode comportementale ESDM.

La médecin note ces succès, élabore avec la mère une liste de conduites à tenir à la maison. « Derrière le jeu, l’objectif est d’améliorer le langage. Pour l’instant, Matthieu ne dit pas grand-chose. Mais vous, la maman, vous lui dites des choses. » Le médecin reprend ce que dit la mère : « Et vous pouvez ajouter de nouveaux mots, que Matthieu pourra intégrer. » Cette maman confie : « Matthieu a fait indéniablement des progrès depuis le début du coaching PACT, il y a un an. Mais il est difficile de distinguer la part du PACT de celle des autres prises en charge. »

Le programme PACT, développé dans les années 2000 par une orthophoniste, Catherine Aldred, au Royaume-Uni, est en plein essor. « Grâce à la puissance de la vidéo, le parent peut identifier le message subtil que lui envoie son enfant. Et ajuster ses interactions », explique Mario Speranza. De plus, la méthode met en avant ce qui réussit dans les interactions. Pour les parents, c’est valorisant. « Même si nous suivons un programme prédéfini, nous travaillons avec le parent sans lui conseiller des recettes, ajoute la docteure Orêve. Si la qualité des relations parents-enfants s’améliore, il y a un bénéfice indirect sur le développement cognitif et moteur de l’enfant. » Le sentiment de compétence des parents s’améliore aussi.
Debré

« Tous les parents d’enfants avec une suspicion d’autisme devraient pouvoir bénéficier d’un accompagnement parental de type PACT, estime Mario Speranza. C’est de plus une méthode économique : le programme ne comporte que dix-huit séances par an. » C’est dans son service, à Versailles, qu’a été proposée la première formation à cette technique en France, il y a deux ans.

Les preuves d’efficacité du PACT ? Il y a cette étude de Jonathan Green, publiée en 2016, menée chez 152 enfants de 2 à 4 ans. Verdict : dans le groupe dont les parents ont suivi le programme PACT, on note une amélioration de l’interaction sociale dans la dyade parent-enfant, cinq à six ans après le début du programme.
Peu de fondements scientifiques rigoureux

Mais une analyse critique des études cliniques dans l’autisme a conduit Jonathan Green, en 2018, à une conclusion plutôt rude (Journal of Child Psychology and Psychiatry). « De nombreuses approches utilisées couramment, si ce n’est toutes, ont peu ou pas de fondements scientifiques rigoureux. Pour un trouble de cette importance, c’est préoccupant. » L’évaluation du PACT, quant à elle, montre des résultats scientifiquement solides, six ans après la prise en charge parentale. Mais les effets démontrés semblent rester de faible ampleur.

Il faut savoir que, dans l’autisme, évaluer l’impact des interventions reste un défi. Première difficulté : dans un essai clinique, il n’est pas éthique de priver d’un suivi intensif les jeunes enfants avec TSA du groupe contrôle (celui qui ne bénéficie pas de l’approche évaluée afin de pouvoir établir une comparaison). « Du coup, on observe des améliorations importantes chez l’ensemble des enfants, qui bénéficient tous d’un suivi intensif », note Mario Speranza. Seconde difficulté : les patients avec TSA sont très hétérogènes. Troisième difficulté : leurs trajectoires naturelles varient beaucoup. En fonction de quels facteurs ? Mystère. Une certitude : deux grands facteurs pronostiques favorables sont toujours retrouvés, la précocité de la prise en charge, et le niveau intellectuel de l’enfant.

Il n’y a pas que le PACT. Une autre intervention parentale est, depuis peu, proposée dans cet hôpital versaillais. C’est la méthode ESDM (Early Start Denver Model), ou « Denver précoce ». Un sigle ésotérique, pour une pratique très ludique, née aux Etats-Unis dans les années 2000, et plus répandue en France que le PACT. Là encore, il s’agit d’utiliser le jeu pour renforcer les interactions sociales – mais aussi les compétences motrices.

Joues rondes et cheveux bouclés : voici Maya, 4 ans et un mois, son doudou à la main. Elle s’assied à la petite table dressée à son niveau. « Tu veux jouer ? On essaie le micro ? », lui demande sa mère, qui parle dans le micro, le tend à la petite qui l’imite. « On travaille sur l’attention conjointe. Vous partagez toutes les deux le même jeu. Elle vous demande de l’aide, vous allez attirer son regard », dit Stéphanie, l’éducatrice, qui commente en direct tous les jeux. « Vous pointez un objet, vous montrez à l’enfant où regarder. Et, dès que Maya pointe quelque chose, vous verbalisez. » La fillette tient un peigne à la main. « Montre-moi ! », dit la mère. « Vous accompagnez son geste pour qu’elle place bien l’objet dans votre main. Vous pensez à ajouter le contact visuel à chaque étape. »

Place au jeu de dînette. La petite donne à sa maman une carotte en plastique, tout en la regardant. « Super ! », dit l’éducatrice. « Il y a eu de beaux échanges, des imitations. Quand elle ne vous regardait pas, vous ameniez l’objet au niveau de vos yeux. Du coup, elle vous regardait ! Vous pouvez aussi faire un bruit qui l’attire. » Puis la mère propose un jeu de toupie. De sa main, la petite sollicite son aide pour qu’elle l’actionne. La toupie tourne, Maya rit ! « C’est bien. Alors que la toupie la fascine, vous êtes parvenue à interagir avec elle ! » Maya parle peu. « Saute ! », dit-elle à sa mère en jouant avec un gros ressort. « Super, dit Stéphanie. Vous avez obtenu des regards, des échanges, des sourires, des imitations. Elle a pointé du doigt, répondu à vos consignes de s’asseoir ou de ranger les jouets. Elle a verbalisé, a dit bravo et s’est applaudie elle-même. » Pour la semaine prochaine, consigne est donnée à la maman, très investie, de travailler l’imitation réciproque.
Entrer dans une relation avec l’enfant

« Le plus dur, pour moi, c’est qu’elle ne m’appelait jamais “maman” ! », explique la maman. Mais les progrès de la petite, prise en charge ici depuis un an et demi, sont impressionnants. Diagnostiquée autiste à l’âge de 3 ans, elle ne parlait presque pas, ne comprenait aucune consigne, ne souriait pas, ne jouait pas avec ses parents, ne tolérait pas les groupes d’enfants… Elle dit aujourd’hui quelques mots, dont « maman ». Comprend les consignes. S’intègre de mieux en mieux dans des groupes d’enfants. « On participe à des groupes de parents le soir. On voit des vidéos d’enfants avant et après la prise en charge. Ça donne de l’espoir ! »

« La méthode part des intérêts et des plaisirs de l’enfant pour entrer progressivement dans une relation avec lui, explique Stéphanie, l’éducatrice. Ensuite, on introduit peu à peu des choses nouvelles. L’enfant s’ouvre à beaucoup de choses. » La différence avec le PACT ? Pas de vidéo ici, des séances de jeu alternées avec les commentaires de l’éducatrice… L’ESDM se fonde sur des interventions très codifiées, avec un nombre précis d’objectifs à atteindre. Elle impose un programme de formation et de certification des intervenants extrêmement cadré, long et onéreux.
Article réservé à nos abonnés Lire aussi Autisme : « La précocité des interventions est un facteur-clé de prévention d’un surhandicap »

« La règle est de rechercher le sourire de l’enfant », relevait la professeure Bernadette Rogé (université de Toulouse) en janvier, au Congrès de l’Encéphale. Pour cette approche, il existe « un certain niveau de validation scientifique », notait-elle avec prudence. Les études randomisées n’ont été menées que sur de petits groupes d’enfants.

Mais « la grande limite de l’ESDM est son coût très élevé, relève la docteure Orêve. Il faut compter de 15 à 25 heures de prise en charge par semaine, sur une durée de deux ans. Sans compter le coût de la formation. « L’étude de validation de la méthode ESDM s’est faite sur un nombre d’heures important. Mais, à Versailles, notre programme comprend 12 heures par semaine : 10 sur place et 2 à domicile, en crèche ou à l’école », précise la docteure Orêve.

Le principe de certaines méthodes comportementales a parfois été critiqué. On a pu les accuser de « dresser » les enfants autistes. Tenter de transformer, à marche forcée, des enfants autistes en enfants neurotypiques révolte Laurent Mottron. Selon lui, rien ne sert, par exemple, de se concentrer sur les marqueurs de socialisation attendus d’un enfant typique, comme le contact visuel ou le sourire. Pourquoi ne pas jouer à leur côté sans imposer d’interaction sociale, par exemple ? Inutile aussi d’insister, vers l’âge de 3 ans, sur l’acquisition du langage oral. « La bonne nouvelle, se réjouit Laurent Mottron, c’est qu’en 2013 une étude a montré que finalement quatre enfants sur cinq parleront correctement à l’âge de 6 ou 8 ans », même en l’absence de méthodes comportementales spécifiques comme l’ESDM, et du moment qu’on essaie de favoriser au mieux leur intégration en garderie, en crèche et à l’école.
Article réservé à nos abonnés Lire aussi La prise en charge de l’autisme dans les centres médico-psychologiques vertement critiquée

A condition, aussi, d’aider les parents, de façon pragmatique, à gérer les crises de ces enfants. « Ici, il n’y a que des recettes. » Par exemple : augmenter la prévisibilité des contextes, laisser l’enfant utiliser le contact de la main pour faire des demandes, éviter les sons qui l’agressent…

Respecter les compétences propres des enfants autistes : « Oui, bien sûr, dit la docteure Orêve. Au fond, c’est une vraie question sociétale : comment concilier le droit à la différence de chacun avec la nécessité d’une intégration sociale ? « Notre manière de répondre au principe d’intégration des enfants autistes dans la société, c’est de rendre ce à quoi ils s’intéressent utile à cette société », estime Laurent Mottron.
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Re: Méthodes de prise en charge

#87 Message par Jean » lundi 15 avril 2019 à 15:06

Zététique et journalisme - #2-25 - Autisme et anecdotes


Critique d'un article de Nice Matin
https://www.nicematin.com/faits-de-soci ... ils-372661
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Re: Méthodes de prise en charge

#88 Message par Kalevipoeg » mardi 16 avril 2019 à 20:12

Mais non ! Moi j'y crois à donf que je peux guérir de l'autisme grâce à l'homéopathie et aux huiles essentielles !!
Bande de rabat-joie ! Briseurs de rêves que vous êtes sur ce forum !!
D'ailleurs ce soir, je vais vaporiser un peu de mon huile essentielle de lavande préférée, respirer bien profondément, et je suis sûre que demain matin, en me levant, je ne serai plus autiste, je ferai du scoutisme et j'aurai plein de copains, ouaiii !!
Moi aussi, si je veux, je peux avoir plein de tasses de café renversées mais aussi un diagnostic d'autisme renversé ! Yeah !
Bravo Nice-Matin pour cette belle leçon de journalisme !!
...Hem...
:lol:

Diagnostic TSA - type Asperger renversé
Born again in Summer 2017, when God told me I was an aspie.

TSA - type Asperger

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Re: Méthodes de prise en charge

#89 Message par Jean » samedi 4 mai 2019 à 22:43

Autisme - sur le "printemps" congelé de la psychiatrie

Les personnels de la psychiatrie publique sont en mouvement. Fort bien ! Mais une partie de leurs revendications empêche tout lien réel avec les usagers. Parce que le maintien des pratiques traditionnelles est contesté par les usagers qui -nolens volens- seront obligés de se tourner vers d'autres secteurs.

https://blogs.mediapart.fr/jean-vincot/ ... sychiatrie
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Re: Méthodes de prise en charge

#90 Message par Kalevipoeg » dimanche 5 mai 2019 à 13:56

Je ne vois pas le rapport entre le fait de "promouvoir des médicaments" et les recommandations de bonnes pratiques de la HAS. Comme si la psychiatrie inspirée de la psychanalyse n'usait pas des médicaments psychotropes... C'est une blague ?! Il y a des psychiatres-psychanalystes qui cachetonnent à mort et il y a également des psychiatres non-psychanalystes, plutôt orientés méthodes actuelles, qui cachetonnent à mort aussi ! Pour moi, cela n'a rien à voir.
Dans un CMP, ou hôpital de jour ou hôpital psychiatrique, on court le risque de voir un psychologue lacanien ET un psychiatre qui en 10 minutes vous prescrira un antipsychotique atypique, un antidépresseur et un anxiolytique ! La personne autiste en gros risque la double peine : la prise en charge psychanalytique ET les prescriptions massives de psychotropes...

Bien sûr qu'il faut des moyens humains en psychiatrie de secteur, tout le monde est d'accord avec ça. Mais il faut surtout des soignants formés et qui respectent les recommandations de la HAS. Si c'est pour embaucher 2 psychologues freudiens ou lacaniens en plus par CMP, hors de question ! C'est dur, mais je ne soutiendrai pas leurs revendications. C'est de l'argent jeté par les fenêtres ! Au point où en est la psychiatrie française, un peu de "scientificité" comme ils disent ferait beaucoup de bien aux usagers...

Il faut bien sûr des soignants et un service public de psychiatrie au plus près des usagers. Là où je vis, le pédopsychiatre du CPEA n'a pas été remplacé et le CPEA "tourne" sans médecin depuis des mois. Quand on appelle le CRA pour avoir un nom de médecin compétent pour diagnostiquer l'autisme chez un enfant, on nous dit qu'il n'y en a pas ou qu'on n'a pas le droit de donner de nom, puis on vous donne quand même un nom de pédopsy libéral et quelques semaines plus tard, ce pédopsy "conseillé" par le CRA se révèle être d'obédience psychanalytique ("autiste ? Ooooh ! Tout de suite les grands mots !! Faut pas exagérer quand même, l'essentiel est que l'enfant aille bien... blablabla... et maman ? elle va bien ? Hmm..."). :evil:

La psychiatrie française se plaint d'un manque de moyens humains ?
Est-ce que le manque de moyens humains justifie la contention ou la mise à l'isolement quasi-systématique ?
Est-ce que le manque de moyens justifie le fait que les psychiatres, psychologues et infirmiers psy sont incapables de détecter l'autisme chez une personne ?
Est-ce que le manque de moyens humains et de temps justifie le fait que les psychiatres refusent de se former pour diagnostiquer des personnes autistes ? Non, ils s'en fichent, ils sont bien payés, ils ont des patients (aussi humains par ailleurs...) à la pelle.
Est-ce que le manque de moyens humains justifie qu'on cachetonne à bloc des autistes asperger ?
Est-ce que le manque de moyens humains explique tant d'incompétence... ?

Je n'approuve pas la baisse drastique des fonds alloués à la psychiatrie mais je n'approuve pas non plus le fait de réclamer de l'argent pour nuire aux patients autistes, parce qu'au final, un soignant non-formé à l'autisme, même s'il est bienveillant, peut se révéler terriblement maltraitant. Et encore pire, quand c'est l'ensemble des personnels d'une structure (psychiatre, psychologue, infirmiers, psychomotricienne) qui sont non-formés à l'autisme parce qu'ils refusent de se former aux méthodes actuelles, alors oui, c'est toute la structure et toutes ces personnes qui sont maltraitantes.

Je m'enflamme un peu mais fallait pas lancer ce sujet ! :D
Born again in Summer 2017, when God told me I was an aspie.

TSA - type Asperger

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