Prévalence des troubles du spectre autistique

Toutes discussions concernant l'autisme et le syndrome d'Asperger, leurs définitions, les méthodes de diagnostic, l'état de la recherche, les nouveautés, etc.
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lulamae
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Re: Prévalence des troubles du spectre autistique

#121 Message par lulamae » vendredi 10 mai 2019 à 16:37

Des chiffres élevés ressortent de la première estimation sur la prévalence de l'autisme au Qatar

Par Hannah FURFARO / 4 Mai 2019

20190504-qatar-844.jpg
Parmi les enfants d'âge scolaire au Qatar, la prévalence de l'autisme atteint 1,4 %, plus que la moyenne mondiale, mais moins que le pourcentage des Etats-Unis.

Ces résultats proviennent de la première étude épidémiologique fiable sur la prévalence de l'autisme au Qatar.

Les chercheurs présentaient les résultats inédits de cette étude aujourd'hui, au congrès annuel 2019 de l'International Society for Autism Research, à Montréal.

Les estimations précédentes évaluaient la proportion d'enfants autistes au Qatar à 5 pour 10 000, raconte Fouad Alshaban, scientifique principal au Biomedical Research Institute de Doha, au Qatar, avant d'ajouter que ces estimations reposaient sur des méthodes d'enquête peu fiables, et l'on considère qu'elles manquent de précision.

Alshaban confie : «  Ces nouveaux résultats ont agi comme une sonnette d'alarme pour les autorités gouvernementales du Qatar ».

« C'est une situation qui préoccupe beaucoup les autorités », nous dit-il, « ils font de gros efforts pour mettre en place les infrastructures permettant de répondre à ces besoins [des personnes autistes]. »

Alshaban et ses collègues ont d'abord traduit en Arabe, puis validé un outil de dépistage couramment utilisé, appelé le Social Communication Questionnaire (SQC – Questionnaire sur la Communication Sociale). Ils ont également formé des médecins du Qatar à utiliser les outils diagnostiques qui constituent la référence absolue, tels que l'Autism Diagnostic Observation Schedule (ADOS).

L'équipe a fait parvenir le questionnaire SCQ traduit en arabe aux parents de plus de 62 000 enfants, âgés de 5 à 12 ans. Le questionnaire a été retourné rempli par les parents de 9 074 enfants. Des 773 enfants qui obtenaient des scores positifs pour l'autisme, 163 se sont présentés pour une évaluation diagnostique. Enfin, les cliniciens ont diagnostiqué l'autisme pour 14 de ces enfants, y compris 5 d'entre eux, pour qui cela était évoqué pour la toute première fois.

Sur les quelques 8 000 enfants qui ont obtenu des scores négatifs pour l'autisme, 760 ont été testés pour vérifier l'absence du trouble autistique, soit à la clinique soit par le biais d'un entretien au téléphone avec les parents. Pour 3 enfants, les chercheurs ont confirmé les diagnostics d'autisme posés antérieurement, mais ils n'ont pas découvert de nouveaux cas.

Il est probable que les parents soucieux de leurs enfants aient davantage pris la peine de répondre à l'enquête, ce qui pourrait avoir majoré le taux de prévalence obtenu. Toutefois, le dr Alshaban explique que cet effet devrait être normalement « dilué dans le très vaste échantillon consulté ».

Biais de sexe :
1,5 % des enfants de 8 ans sont autistes – ce qui rejoint quasiment la prévalence pour ce groupe d'âge aux Etats-Unis.

En outre, les chercheurs ont analysé les dossiers médicaux de 839 autres enfants, qui consultaient dans des cliniques spécialisées, en vue de calculer le ratio garçon/fille pour le diagnostic d'autisme ; par ailleurs, ils ont examiné des caractéristiques familiales telles que le lien de parenté des parents.

Les résultats obtenus établissent que l'autisme est diagnostiqué chez quatre garçons pour une fille, conformément au ratio calculé dans d'autres pays. Ils n'ont trouvé aucun rapport entre la prévalence de l'autisme et une possible consanguinité – à savoir, lorsque les parents sont cousins au premier ou au second degré. Cependant, lorsque les parents sont ainsi issus de la même famille, les enfants sont plus susceptibles de déclarer des caractéristiques autistiques plus marquées.

Le dr Alshaban estime que ces résultats devraient pousser le gouvernement du Qatar à privilégier l'offre de soins aux autistes. Le gouvernement participe de manière importante aux dépenses de santé du pays.

https://www.spectrumnews.org/news/first ... h-numbers/

Diagnostic d'autisme juillet 2019.

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Siobhan
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Re: Prévalence des troubles du spectre autistique

#122 Message par Siobhan » vendredi 10 mai 2019 à 22:53

Bonsoir à tous,

Quelqu'un aurait-il des documents établissant des ordres de grandeurs des proportions respectives de TSA type 1, 2, et 3 dans la population autistique moyenne ?
homme, diagnostic TSA.

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Jean
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Re: Prévalence des troubles du spectre autistique

#123 Message par Jean » vendredi 10 mai 2019 à 23:12

A ma connaissance, çà n'existe pas.

J'ai vu passer un article sur les conséquences du DSM 5 sur la baisse des diagnostics. A retrouver.
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Siobhan
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Re: Prévalence des troubles du spectre autistique

#124 Message par Siobhan » samedi 11 mai 2019 à 6:21

Jean a écrit : vendredi 10 mai 2019 à 23:12 A ma connaissance, çà n'existe pas.

(...)
Ah non ? Étonnant...
homme, diagnostic TSA.

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hazufel
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Re: Prévalence des troubles du spectre autistique

#125 Message par hazufel » samedi 11 mai 2019 à 8:43

Ce n’est pas tellement étonnant car beaucoup de diagnostics ne mentionnent pas le niveau et indiquent seulement TSA SDI.

Pour la baisse des diagnostics, je vais tenter de chercher un article mais les TED NS du DSM4, reçoivent parfois aujourd’hui TSA ou TCS qui sort de la prise en charge des TED précédemment, bien que le handicap social soit bien là.
TED NS > TSA ou TCS

Un article qui mentionne les enjeux du diagnostic issu du DSM 5, indiquant la restriction des critères par rapport aux TED du DSM 4 : enjeux DSM5

Extrait :
« Bien que d’apparence relativement proche des critères diagnostiques en vigueur actuellement, ceux proposés par le DSM-5 s’avèrent beaucoup plus restrictifs. En effet, jusqu’à maintenant, les critères nécessaires pour poser un diagnostic de TED permettaient une certaine souplesse par la pré- sence d’une part de la nécessité de présenter un minimum de 6 des 12 critères proposés, mais surtout par la possibilité d’utiliser le diagnostic de TED-Non Spécifié (TED-NS) si les caractéristiques ne répondaient pas parfaitement à l’un ou l’autre des critères attendus (p.ex. âge d’apparition des premiers symptômes). »
TSA & SAMA
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Jean
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Re: Prévalence des troubles du spectre autistique

#126 Message par Jean » dimanche 12 mai 2019 à 17:55

Jean a écrit : vendredi 10 mai 2019 à 23:12J'ai vu passer un article sur les conséquences du DSM 5 sur la baisse des diagnostics. A retrouver.
How has DSM-5 Affected Autism Diagnosis? A 5-Year Follow-Up Systematic Literature Review and Meta-analysis

Comment le DSM-5 a-t-il affecté le diagnostic d'autisme ? Une analyse documentaire systématique et une méta-analyse de suivi après cinq ans
Auteurs : Kristine M. Kulage , Johanna Goldberg, John Usseglio, Danielle Romero, Jennifer M. Bain, Arlene M. Smaldone

Journal of Autism and Developmental Disorders


Première mise en ligne : 09 mars 2019
Résumé

Nous avons effectué une revue systématique et une méta-analyse de suivi après cinq ans afin de déterminer les changements dans la fréquence du diagnostic des troubles du spectre autistique (TSA) depuis la publication du manuel diagnostique et statistique 5 (DSM-5) et d'explorer l'impact des troubles de la communication sociale (TCS). Pour 33 études incluses, l'utilisation des critères du DSM-5 suggère une diminution du diagnostic de TSA [20,8 % (16,0-26,7), p < 0,001], DSM-IV-TR Autistic Disorder[ 10,1 % (6,2-16,0), p < 0.001], et le syndrome d'Asperger [23,3 % (12,9-38,5), p = 0,001] ; le trouble envahissant du développement - non autrement signifié diminution par ailleurs non significative [46,1 % (34,6-58,0), p = 0,52]. Moins du tiers [28,8 % (13,9-50,5), p = 0,06] des personnes ayant reçu un diagnostic de DSM-IV-TR mais non de DSM-5 TSA seraient admissibles au Trouble de la communication sociale. Les résultats suggèrent des diminutions plus faibles des diagnostics de TSA par rapport aux examens antérieurs. Des recherches futures sont nécessaires, car des inquiétudes subsistent pour les personnes dont les facultés sont affaiblies et qui n'ont pas encore reçu de diagnostic.
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freeshost
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Re: Prévalence des troubles du spectre autistique

#127 Message par freeshost » dimanche 12 mai 2019 à 18:38

Je ne l'ai pas encore lu.
Fichiers joints
10.1007@s10803-019-03967-5.pdf
(1.14 Mio) Téléchargé 135 fois
Pardon, humilité, humour, hasard, confiance, humanisme, partage, curiosité et diversité sont des gros piliers de la liberté et de la sérénité.

Diagnostiqué autiste en l'été 2014 :)

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Re: Prévalence des troubles du spectre autistique

#128 Message par lepton » dimanche 19 mai 2019 à 17:05

Dans la série des traductions des articles de Spectrum News...
https://www.spectrumnews.org/news/autis ... explained/

Le sex-ratio de l’autisme, expliqué.

Par Nicholette Zeliadt / 13 juin 2018

L'autisme est beaucoup plus fréquent chez les garçons que chez les filles. Ce sex-ratio asymétrique a été remarqué depuis que les premiers cas d'autisme ont été décrits dans les années 1940. Les raisons exactes de ce ratio restent floues. Elle pourrait trouver sa source dans les différences biologiques entre les sexes. Ou, selon certains experts, il pourrait s'agir d'un artefact de la façon dont l'autisme est défini et diagnostiqué.

Voici comment les chercheurs estiment et expliquent le sex-ratio dans l'autisme.

Qu’est-ce que le sex-ratio de l'autisme ?

Les chercheurs ont toujours trouvé plus de garçons que de filles porteurs d'autisme, lorsqu'ils ont estimé la prévalence de l'autisme. Cela a été vrai peu importe que les données proviennent de diagnostics signalés par les parents, d'examens des dossiers scolaires et médicaux, ou d'évaluations diagnostiques des enfants.

L'analyse la plus complète du sex-ratio de l'autisme, publiée en 2017, s'appuie sur les données de 54 études de prévalence dans le monde. Cette analyse a estimé environ 4,2 garçons autistes pour une fille.


Quels facteurs pourraient influencer ce sex-ratio ?

Un facteur potentiellement important est le biais diagnostique : plusieurs études suggèrent que les filles reçoivent un diagnostic d'autisme plus tard dans leur vie que les garçons, ce qui indique que le trouble est plus difficile à détecter chez les filles.

En suivant cette idée, l'étude de 2017 a révélé que le sex-ratio tombe à 3,25 garçons par fille lorsque l'analyse n'inclut que les 20 études pour lesquelles les chercheurs ont évalué les participants pour l'autisme, plutôt que de se fier à des diagnostics antérieurs. Cette baisse du ratio fournit les preuves les plus convaincantes à ce jour d'un biais diagnostique, selon William Mandy, chercheur principal de l'étude et maître de conférence en psychologie clinique à l'University College de Londres. « Cela implique qu'il y a là un groupe de femmes qui, si vous les évaluez, répondront aux critères, mais pour une raison quelconque, ne seront pas évaluées.»

Pourquoi les filles et les femmes autistes sont-elles négligées ?

Les filles et les femmes porteuses d'autisme peuvent ne pas être diagnostiquées parce que les médecins, les enseignants, les parents et d'autres, pensent souvent que le trouble touche principalement les garçons.

L'autisme peut aussi avoir l’air différent chez les filles que chez les garçons. Les filles peuvent avoir moins d'intérêts restreints et de comportements répétitifs que les garçons, et peuvent avoir des centres d'intérêts socialement plus acceptables. Elles sont également plus susceptibles que les garçons de masquer leurs traits autistiques en copiant leurs pairs neurotypiques. Par conséquent, l'autisme peut être plus difficile à détecter chez les filles, même lorsque les médecins le recherchent.


Le sex-ratio disparaîtrait-il si ces biais diagnostiques étaient surmontés ?

Probablement pas. Les chercheurs ont trouvé un rapport de 3 pour 1 même lorsqu'ils ont suivi des enfants dès la petite enfance et les ont soumis à un dépistage répété de l'autisme, ce qui réduit au minimum la possibilité de biais dans le diagnostic et la référence. Les enfants de ces études ont des antécédents familiaux d'autisme, cependant, de sorte qu'ils peuvent être fondamentalement différents des autres enfants porteurs de ce trouble, selon Daniel Messinger, professeur de psychologie à l'Université de Miami.

Le sex-ratio a-t-il changé au fil du temps ?

Oui. Une vaste étude danoise a trouvé un sex-ratio de 8 pour 1 en 1995, mais il est tombé à 3 pour 1 en 2010. Cette chute peut refléter une meilleure détection des filles autistes, mais elle devrait se stabiliser. « Je parierais à 3 contre 1 », dit Meng-Chuan Lai, professeur adjoint de psychiatrie à l'Université de Toronto.

Quoi d’autre pourrait expliquer le sex-ratio ?

La biologie. Par exemple, le cerveau des personnes porteuses d'autisme présente des modes d'expression génétique qui ressemblent davantage à ceux des hommes que des femmes typiques. Certains de ces gènes sont spécifiques à la microglie, des cellules immunitaires du cerveau qui éliminent les déchets et sculptent les connexions neuronales.

Il est également possible que les filles soient protégées d'une manière ou d'une autre contre ce trouble. Les filles autistes ont tendance à avoir plus de mutations que les garçons porteurs de ce trouble. Et les garçons autistes semblent hériter plus souvent de mutations de mères non affectées que de pères non affectés. Ensemble, ces résultats suggèrent que les filles ont besoin d'un bagage génétique plus important que les garçons pour développer l'autisme.
Diagnostiqué. CRA, 2016.

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Re: Prévalence des troubles du spectre autistique

#129 Message par olivierfh » dimanche 19 mai 2019 à 19:51

lepton a écrit : dimanche 19 mai 2019 à 17:05le cerveau des personnes porteuses d'autisme présente des modes d'expression génétique qui ressemblent davantage à ceux des hommes que des femmes typiques. Certains de ces gènes sont spécifiques à la microglie, des cellules immunitaires du cerveau qui éliminent les déchets et sculptent les connexions neuronales.
Sur les microglies voir aussi dans Spectrum, du même auteur Nicholette Zeliadt:
Autism’s sex bias may originate in brain’s immune cells
TSA de type syndrome d'Asperger (03/2017) + HQI (11/2016).
4 enfants adultes avec quelques traits me ressemblant, dont 1 avec diagnostic TSA et 1 au début du parcours de diagnostic.

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Jean
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Re: Prévalence des troubles du spectre autistique

#130 Message par Jean » samedi 29 juin 2019 à 15:24

L’autisme en pédopsychiatrie : épidémie ou dérive ?
Par PASCALE GRÉGOIRE, MD, FRCP (C) et LAURENT MOTTRON, MD, Ph.D.
L’augmentation du nombre de cas d’autisme est-il réel ou une conséquence de l’organisation de notre système de santé ? Le colloque « Autisme : perspectives en 2019 / épidémie ou dérive ? » s’est tenu les 17 et 18 janvier derniers à Montréal. L’événement était organisé par le Programme autisme de l’Hôpital en Santé Mentale Rivière-des-Prairies du CIUSSS du Nord-de-l’Ile-de-Montréal, avec le support de la Fondation les petits trésors. Les organisateurs étaient des psychiatres, ayant à cœur de s’impliquer dans une meilleure organisation des services au Québec ainsi que de contribuer à diffuser une information juste sur les plans cliniques et épidémiologiques. 22 conférenciers psychiatres, représentants du milieu scolaire et de la santé publique, de Sherbrooke, Québec et Montréal ont présenté divers aspects et mécanismes du gonflement épidémique de diagnostics d’autisme au Québec devant près de 500 participants.

Une fine analyse du nombre de personnes référées pour un diagnostic d’autisme indique une baisse de la pro-portion de diagnostics effectivement reçus. Les conclu-sions des spécialistes sont sans équivoque: la nature des outils diagnostics, l’obtention de services scolaires uniquement en fonction d’un diagnostic, l’existence de classes spéciales pour cette condition, la recherche d’un diagnostic ciblé plutôt que de tous les diagnostics pos-siblement présents chez un enfant sans hypothèse préalable, contribuent également à une augmentation artificielle des diagnostics d’autisme. Cette situation est à la fois dommageable pour les autistes eux-mêmes, dont les services sont utilisés pour d’autres conditions, et pour les autres conditions faussement diagnostiquées autistes, qui ne reçoivent pas les bons services. L’aug-mentation du nombre de cas d’autisme diagnostiqués au Québec n’est pas le résultat d’un phénomène biolo-gique, d’une épidémie, ou d’un quelconque phénomène de cet ordre. Les différences de prévalence entre régions reflètent la prise en compte des diagnostics utilisés pour recevoir des services plutôt que des diagnostics dûment vérifiés par une équipe d’experts.

Le dépistage ciblé d’un diagnostic unique, l’autisme, est à questionner, car ce diagnostic est souvent non retenu après l’évaluation spécialisée, alors que d’autres sont identifiés. Toutefois, il faut maintenir l’existence de cliniques expertes, exposées à un grand nombre d’enfants autistes de tous âges, pour maintenir l’expertise des cliniciens, former les professionnels à la connaissance et au diagnostic de cette condition lorsqu’elle est véritablement présente et participer à la recherche académique.

La pédopsychiatrie a contribué à promouvoir la recon-naissance du diagnostic d’autisme et doit continuer à le faire, mais le lien entre diagnostic et service est à refon-der profondément, une tâche qui attend notre nouveau gouvernement. L’augmentation apparente de la préva-lence de l’autisme est le résultat d’une organisation des soins défaillante dans laquelle de plus en plus d’enfants ont l’obtention d’un diagnostic d’autisme comme unique moyen de recevoir des services. La conclusion du colloque est tranchée: les services doivent être délivrés selon l’importance des besoins et non selon la nature du dia-gnostic. Le diagnostic doit déterminer la nature des services proposés, et non leur obtention.

Page 9 Sur le spectre n°7 http://grouperechercheautismemontreal.c ... ol7_FR.pdf
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Re: Prévalence des troubles du spectre autistique

#131 Message par lulamae » samedi 29 juin 2019 à 17:00

Jean a écrit : Le dépistage ciblé d’un diagnostic unique, l’autisme, est à questionner, car ce diagnostic est souvent non retenu après l’évaluation spécialisée, alors que d’autres sont identifiés.
J'ai du mal à concevoir qu'on puisse faire un diagnostic d'autisme sans diagnostic différentiel avec d'autres troubles. Parce que d'autres ne seraient pas repérables dans l'enfance ?
Qui émet en premier cette demande de diagnostic flash ? Un généraliste, institution scolaire, ou les parents ? On parle du Canada, les protocoles ne sont peut-être pas les mêmes que chez nous.
Jean a écrit : L’augmentation apparente de la prévalence de l’autisme est le résultat d’une organisation des soins défaillante dans laquelle de plus en plus d’enfants ont l’obtention d’un diagnostic d’autisme comme unique moyen de recevoir des services.
Ca paraît un peu effrayant qu'avec un diagnostic d'autisme seulement on puisse avoir des accompagnements.

En tout cas, la conclusion de l'article me paraît juste (dans le sens justice, pas juste/faux). :)
Diagnostic d'autisme juillet 2019.

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Re: Prévalence des troubles du spectre autistique

#132 Message par Jean » samedi 29 juin 2019 à 17:30

Au Québec, l'obtention d'un diagnostic d'autisme donne accès à une intervention comportementale intensive avant 6 ans, ce qui n'est pas le cas des autres TND.
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Re: Prévalence des troubles du spectre autistique

#133 Message par lulamae » samedi 29 juin 2019 à 17:57

Jean a écrit : samedi 29 juin 2019 à 17:30 Au Québec, l'obtention d'un diagnostic d'autisme donne accès à une intervention comportementale intensive avant 6 ans, ce qui n'est pas le cas des autres TND.
Ce n'est pas juste. Enfin, les autres TND en auraient tout autant besoin. :?
Diagnostic d'autisme juillet 2019.

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Re: Prévalence des troubles du spectre autistique

#134 Message par Jean » jeudi 26 septembre 2019 à 22:57

Nouvelle hausse apparente de l'autisme pourrait ne pas refléter la prévalence réelle.

Un enfant autiste sur 40 aux USA d'après une enquête publiée aujourd'hui ? Effets inattendus : l'ordre des questions dans les enquêtes de prévalence peut affecter l'estimation.

spectrumnews.org Traduction de "Apparent new rise in autism may not reflect true prevalence"
par Peter Hess / 26 septembre 2019

De nouvelles statistiques sur la prévalence de l'autisme aux États-Unis suggèrent une augmentation spectaculaire du nombre d'enfants atteints de cette condition. Mais il est peu probable que ces chiffres reflètent une véritable augmentation de la prévalence, disent les experts.

La prévalence de l'autisme aux États-Unis est passée de 1 enfant sur 91 en 2009 à 1 sur 40 en 2017, selon les résultats d'une enquête publiés aujourd'hui dans Pediatrics 1. L'étude montre également que la condition est le plus souvent diagnostiquée chez les enfants blancs, ceux qui vivent en milieu urbain et ceux qui ont une assurance financée par le gouvernement.

Les résultats sont basés sur des entrevues téléphoniques ou en personne avec les parents de 88 530 enfants âgés de 3 à 17 ans, recueillies par les Centers for Disease Control and Prevention (CDC) des États-Unis dans le cadre de leur National Health Interview Survey. Les chiffres sont plus élevés que le taux de prévalence de 1 sur 59 signalé par le CDC l'an dernier ; cette étude a analysé les dossiers de santé et d'éducation des enfants à partir de 2014 dans 11 États - généralement considérés comme plus fiables que les enquêtes auprès des parents.

Selon Benjamin Zablotsky, statisticien de la santé au CDC, chercheur principal, une partie importante de l'augmentation est probablement attribuable à une sensibilisation accrue à cette condition et à de meilleurs systèmes pour identifier les enfants autistes.

La façon dont l'enquête exprime et pose une question sur l'autisme - demander aux parents si un professionnel de la santé leur a déjà dit que leur enfant est autiste - peut également influer sur les estimations de prévalence, dit-il 2.

En 2011, les CDC ont élargi la question de l'enquête pour y inclure des questions sur les " troubles du spectre autistique " en plus de l'" autisme ". En 2014, la question portait sur " l'autisme, le syndrome d'Asperger, le trouble envahissant du développement ou le trouble du spectre autistique ". L'enquête de cette année-là a également changé l'ordre des questions, en posant d'abord des questions aux parents sur l'autisme, puis sur le retard de développement - l'inverse de l'ordre dans les enquêtes précédentes.

Par conséquent, l'enquête a peut-être fait état d'une hausse d'environ 80 % de la prévalence de l'autisme. Le nouveau sondage maintient le même classement.

"Nous reconnaissons sans aucun doute que cela aurait pu expliquer une partie de l'augmentation de la prévalence, du moins selon l'estimation ", dit M. Zablotsky.

Divisions démographiques

La nouvelle enquête a révélé que la prévalence des troubles du développement a augmenté de 10 % entre 2009 et 2017, principalement en raison de l'autisme (augmentation de 122 %), du trouble déficitaire de l'attention avec hyperactivité (13 %) et de la déficience intellectuelle (26 %). La prévalence d'autres troubles du développement, dont la déficience auditive et les troubles de l'épilepsie, a diminué de 13 %.

Environ un enfant blanc sur 51 a reçu un diagnostic d'autisme au cours de la période d'étude de neuf ans, selon les rapports des parents, comparativement à un enfant noir sur 65 et à un enfant hispanique sur 75. Les données montrent également qu'un enfant sur 56 vivant en milieu urbain a reçu un diagnostic d'autisme, comparativement à un enfant sur 64 vivant en milieu rural. Les disparités les plus importantes concernent le statut d'assuré d'un enfant : environ 1 enfant sur 45 ayant une assurance publique a reçu un diagnostic d'autisme, comparativement à 1 sur 69 de ceux qui ont une assurance privée et 1 sur 104 enfants non assurés ; cela peut s'expliquer par le fait que les enfants diagnostiqués autistes sont admissibles au soutien de l'assurance publique.

Un niveau d'éducation plus élevé chez les mères suit avec une prévalence plus faible de toutes les pathologies infantiles examinées par l'enquête, sauf l'autisme et le trouble déficitaire de l'attention avec hyperactivité (TDA/H). Les diagnostics de ces deux conditions augmentent avec l'éducation de la mère, souligne Maureen Durkin, professeure en sciences de la santé des populations et en pédiatrie à l'Université du Wisconsin-Madison. Durkin n'a pas participé à l'étude, mais a rédigé un éditorial accompagnant le travail 3.

"[Les résultats] pourraient suggérer qu'une éducation plus élevée de la mère est associée à un meilleur accès aux diagnostics et traitements de l'autisme et du TDAH ", dit-elle, " mais nous ne le savons pas avec certitude à partir des données rapportées dans ce document ".

Inégalités en matière de soins de santé


Certains experts s'inquiètent de ce que les gens puissent considérer ces chiffres comme le reflet d'une véritable augmentation de la prévalence.

Les chercheurs sont prudents dans leur interprétation, dit David Mandell, directeur du Penn Center for Mental Health de l'Université de Pennsylvanie. "Mais malheureusement, ce qui est souvent saisi, c'est le titre et le résumé", dit-il. "Ma plus grande préoccupation avec cette enquête est - et a toujours été - que ce n'est pas la prévalence."

Néanmoins, les enquêtes comme celle-ci sont importantes, dit M. Mandell, en raison de ce qu'elles révèlent au sujet des disparités dans l'accès des enfants aux services. "Ils peuvent être un excellent outil pour s'attaquer aux inégalités dans notre société en ce qui concerne les soins que nous dispensons", dit-il.

Des biais systémiques dans le diagnostic de l'autisme ont déjà été signalés 4. Les enfants noirs et hispaniques sont plus susceptibles que les enfants blancs de ne pas avoir de dossiers médicaux cohérents et, par conséquent, d'être exclus des estimations de prévalence. Et les enfants noirs sont deux fois moins susceptibles que les enfants blancs d'être évalués pour l'autisme avant l'âge de 3 ans. La nouvelle enquête est la première à intégrer des données sur le statut socioéconomique des familles.

Des incohérences dans l'accès des enfants aux soins de santé pourraient expliquer les disparités ethniques dans la prévalence de l'autisme montrées dans la nouvelle étude, explique Santhosh Girirajan, professeur agrégé de biochimie et de biologie moléculaire à l'Université d'État de Pennsylvanie, qui ne participait pas à ces travaux. "Nous sommes très faussés dans la façon dont nous diagnostiquons les enfants entre des groupes ethniques spécifiques."

Les épidémiologistes devraient faire appel à l'expertise de pédiatres, de généticiens et d'autres chercheurs en soins de santé pour dégager les tendances au sein des sous-types de l'autisme, dit Girirajan. "En examinant la prévalence sans tenir compte de l'hétérogénéité du diagnostic, nous n'observons qu'une dimension de ce qui se passe."

M. Zablotsky indique que son équipe prévoit de réévaluer régulièrement les questions des sondages afin d'améliorer la qualité des sondages et de s'assurer que ces derniers saisissent correctement les populations qui l'intéressent.

Références:

Zablotsky B. et al. Pediatrics Epub ahead of print (2019) Abstract
Zablotsky B. et al. Natl. Health Stat. Report. 87, 1-20 (2015) PubMed
Durkin M. Pediatrics Epub ahead of print (2019) Abstract
Imm P. et al. Autism Epub ahead of print (2019) PubMed

A lire :

Prévalence de l'autisme : estimations contradictoires et défauts des études

Eric Fombonne, qui a réalisé des études fondamentales sur la prévalence de l'autisme, critique les études sur la prévalence, dont celle qu'il a fait lui-même en Corée du Sud. Futures études aux USA et en France.
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Re: Prévalence des troubles du spectre autistique

#135 Message par Jean » samedi 1 février 2020 à 22:13

La prévalence de l’autisme aux Etats-Unis : explications

La prévalence de l'autisme aux États-Unis a augmenté régulièrement depuis que les chercheurs ont commencé à la suivre en 2000. La hausse du taux a suscité des craintes d'une «épidémie» d'autisme. Mais les experts disent que la majeure partie de l'augmentation provient d'une conscience croissante de l'autisme et des changements des critères de diagnostic de la condition.

Par Jessica Wright / 24 Janvier 2020
https://blogs.mediapart.fr/jean-vincot/ ... plications
père d'une fille autiste "Asperger" de 40 ans

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