Trouver un logement adapté et TSA
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Re: Trouver un logement adapté et TSA
Mouais, 12 m², c'est vraiment insuffisant. Il faudrait au strict minimum 25 m², à mon avis, avec chambre séparée et cuisine séparée.
Pardon, humilité, humour, hasard, confiance, humanisme, partage, curiosité et diversité sont des gros piliers de la liberté et de la sérénité.
Diagnostiqué autiste en l'été 2014
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Re: Trouver un logement adapté et TSA
Disons que c'est très bien si tu décides de profiter d'un maximum de choses qui sont mises à ta disposition à côté au niveau des services. Dans ce contexte là, c'est largement vivable !
Mais pour moi maintenant qui ne sors plus, c'est vraiment handicapant et puis ouais, ce qui me dérange, c'est vraiment cet aspect du fait de pas avoir de distinction précise entre l'endroit où je mange, celui où je bosse et celui où je dors.
J'ai même pensé à rajouter 1 bureau à monter en kit ou autre dans la chambre mais je suis pas sûre d'avoir le droit de ramener trop de mobilier et puis même si je le case quelque part, ça ne règle pas le souci, je suis dans la même pièce et je serai juste au milieu entre mon bureau et mon lit quoi... Et déjà que j'ai pas assez de place pour me déplacer sans me cogner, si en plus je rajoute des obstacles...
J'ai mon lit, j'ai mon bureau, j'ai le strict minimum mais j'ai besoin d'avoir un vrai environnement avec au minimum une séparation entre les 2 espaces...
Puis ouais, j'aurais bien aimé aménager un petit coin, justement un peu en mode coin Snoezelen pour rester dans les mêmes recommandations du C.R.A. sur le fait d'avoir des moments de retrait sensoriel et des moments de plaisir. Bon après, pas forcément avec 35 000 objets, juste 2-3 trucs qui me calment et avoir un endroit vraiment dédié à ça quoi.
Bon après j'idéalise à mort là hein !

TSA sans déficience intellectuelle et sans altération du langage + trouble anxiodépressif associé - CRA régional (2021)
Ce n'est qu'en essayant continuellement que l'on finit par réussir.
Plus ça rate, plus on a de chances que ça marche. ~ Les Shadoks
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- freeshost
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Re: Trouver un logement adapté et TSA
En tout cas, à moins de 25 m², je n'aurais pas de place pour les nombreux livres sur étagères.
Avec presque 50 m² (dont environ 21 m² pour le salon), je suis bien loti.
Avec presque 50 m² (dont environ 21 m² pour le salon), je suis bien loti.

Pardon, humilité, humour, hasard, confiance, humanisme, partage, curiosité et diversité sont des gros piliers de la liberté et de la sérénité.
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Re: Trouver un logement adapté et TSA
Un lit en mezzanine permet d'avoir un espace nuit séparé.
Un rideau devant le coin cuisine peut aider à moduler l'espace en fonctions différentes.
Lorsque le rideau est ouvert, on est dans la cuisine, lorsqu'il est tiré, on est dans le salon-bureau.
Ce n'est peut-être pas l'idéal, mais cela peut aider.
Pour le rideau, une tringle extensible avec un rideau de douche est facile à mettre en place, par cher et aussi facilement démontable. Pas de trou à faire.
Un rideau devant le coin cuisine peut aider à moduler l'espace en fonctions différentes.
Lorsque le rideau est ouvert, on est dans la cuisine, lorsqu'il est tiré, on est dans le salon-bureau.
Ce n'est peut-être pas l'idéal, mais cela peut aider.
Pour le rideau, une tringle extensible avec un rideau de douche est facile à mettre en place, par cher et aussi facilement démontable. Pas de trou à faire.
diagnostiquée autiste - TDAH - fibromyalgie - dyspraxie - TCA - etc.
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Re: Trouver un logement adapté et TSA
Je n'ai pas de solution réelle, mais juste une idée au niveau de l'aménagement du logement étudiant: si tu ne peux mettre ni rideau ni store, peut-être que tu peux coller un film sur les vitres pour faire l'effet "dépoli"? Ça s'enlève sans traces et il y en a même avec des motifs (j'en ai un avec des papillons p. ex.). Donc on ne pourra rien te reprocher et ça empêchera les voisins de te voir. (En plus ça ne coûte pas très cher.)
Détectée HQI dans l'enfance, diagnostiquée TSA de type syndrome d'Asperger en juillet 2015.
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Re: Trouver un logement adapté et TSA
Voici un compte-rendu de mon expérience avec les demandes de logement social.
J'ai fait plusieurs années de liste d'attente pour un HLM en région parisienne avec un dossier de personne handicapée, et je n'ai jamais eu l'impression d'être traitée en priorité. Pourtant c'est effectivement marqué sur leur site que c'est le cas (scandale n°1, mais vu ce qui va suivre, c'est rien).
À un moment donné, mon état de santé s'est aggravé (burnout autistique) et mes difficultés sensorielles ont explosé avec. Je ne supportais plus le bruit dans mon logement du moment (qui devait être une des causes du burnout d'ailleurs, mais je n'avais pas assez d'argent pour me payer un appartement mieux quand j'ai atterri là), d'où l'anxiété allant croissante, fatigue, etc. J'ai donc fait les démarches pour faire passer mon dossier en DALO (Droit au logement opposable). Mon dossier a été retenu prioritaire par la commission (mais uniquement en raison de la durée d'attente déjà effectuée; ils n'ont tenu aucun compte des éléments médicaux justifiant l'urgence du relogement - ce qui est le scandale n°2), ce qui fait que je devais être obligatoirement relogée dans les 6 mois par la préfecture. J'ai eu une proposition de logement (après plus de 6 mois - scandale n°3), mais j'ai dû la refuser car elle se situait juste à côté (perpendiculaire) d'une route bruyante (la plus importante du coin). Le summum (et c'est le scandale n°4), c'est que quand mon dossier c'est retrouvé en injonction devant le tribunal administratif, j'ai été déboutée (c'était ce mois de juillet 2022) parce que le tribunal a donné raison à la préfecture de la façon suivante:
"Si elle [moi] soutient que ce logement est susceptible d’être bruyant, il ne résulte pas de l’instruction qu’il se trouverait le long d’un grand axe de circulation ou serait situé dans un secteur bruyant de la commune. Dans ces conditions, son refus [de la proposition de logement] a eu pour effet de délier l’Etat de l’obligation de relogement qui pesait sur lui. La requête de Mme XXXXX doit, par suite, être rejetée."
Pourtant j'avais rempli la fiche handicap du dossier en indiquant dans les handicap "autres" (puisque, effectivement, les autres cases ne correspondent pas) et en précisant "hypersensibilités sensorielles" (puisque c'est là que se situait le problème en matière d'adaptation du logement). J'avais détaillé le problème dans le champ de commentaire de la fiche handicap, ET sur un papier libre auquel je renvoyais de manière claire (et sur lequel était écrit noir sur blanc "pas de bruit de circulation"), ET joint un certificat médical (qui n'est même pas obligatoire) pour justifier le besoin de calme. ET j'avais dûment justifié mon refus à la préfecture et au tribunal en joignant des photos de ma visite sur place ET la carte de bruit Parif qui montre la patate de couleur correspondant au bruit émanant de l'axe routier qui recouvre l'emplacement de l'appartement proposé.
Si on veut faire appel, il faut se pourvoir en cassation, et l'ensemble de la procédure prend environ deux ans (pour une demande de relogement urgent prioritaire DALO...), sans compter que, même si je gagnais, rien n'empêcherait ensuite l'administration de me proposer à nouveau un logement ne correspondant pas à ma demande. C'est sans fin et sans espoir. Je vous laisse imaginer l'état de fatigue, de stress et de désespoir dans lequel m'a laissée cette affaire. J'étais tellement énervée que j'ai cherché où faire remonter tout ça (commission interministérielle? défenseur des droits?), mais je n'en n'ai même pas eu la force.
Ne croyez pas que l'administration ou les préfectures en ont quoi que ce soit à foutre de votre handicap, de l'inclusion etc. Ils ne lisent pas ce que vous écrivez dans votre demande, ne prennent jamais contact avec vous pour éclaircir des doutes éventuels, ne tiennent pas en compte les motivations de votre refus et n'essayent pas de comprendre quoi que ce soit. Quand à l'urgence, il ne faut pas qu'elle soit urgente. Le summum, c'est qu'un tribunal envoie balader des preuves officielles (carte Bruitparif et photos) d'une personne qui a clairement indiqué dans son dossier être handicapée par une hypersensibilité au bruit, qui a demandé l'absence de bruits de circulation et qui a assuré avoir constaté l'inadaptation du logement proposé à son handicap. Ce n'est même pas un problème d'incompréhension autour de la notion floue et relative de "calme", c''est un vrai déni de handicap. Et vous ne pouvez rien contester en pratique.
Bon courage à ceux qui essayent d'avoir un logement social au calme.
Diagnostiquée aspie
- Jean
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Re: Trouver un logement adapté et TSA
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L’autisme, un handicap moins prioritaire pour l’accès au logement
Lucie Delaporte
La famille de Jade, autiste non verbale, se bat pour faire reconnaître par son bailleur Paris Habitat le handicap de leur fille comme réellement prioritaire. Le handicap mental reste un « angle mort » chez les bailleurs.
viewtopic.php?p=622971#p622971
L’autisme, un handicap moins prioritaire pour l’accès au logement
Lucie Delaporte
La famille de Jade, autiste non verbale, se bat pour faire reconnaître par son bailleur Paris Habitat le handicap de leur fille comme réellement prioritaire. Le handicap mental reste un « angle mort » chez les bailleurs.
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père autiste d'une fille autiste "Asperger" de 41 ans
- Jean
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Re: Trouver un logement adapté et TSA
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Logement et handicap : une assignation à résidence invisible
Lucie Delaporte
Être porteur de handicap expose à des discriminations en cascade dans l’accès au logement. Faute de logements adaptés, les personnes en situation de handicap sont surreprésentées parmi les mal-logés, selon le rapport annuel de la Fondation pour le logement des défavorisés.
C’est un anniversaire au goût amer. Vingt ans après l’adoption de la loi pour l’inclusion des personnes en situation de handicap de 2005, la situation sur le front de l’accès au logement est pour le moins éloignée des objectifs fixés par le texte.
Pour son trentième rapport annuel, la Fondation pour le logement des défavorisés (ex-Fondation Abbé Pierre) a décidé de mettre en lumière un sujet trop souvent invisibilisé : les discriminations en cascade que subissent les personnes porteuses de handicap(s) face au logement.
Psychique, physique, sensoriel, mental, cognitif, ou causé par des troubles de santé invalidants, le handicap touche, selon les définitions, entre 8 et 11 millions de personnes. Des chiffres que le vieillissement de la population est amené à faire croître fortement dans les années à venir.
Il y a vingt ans, le législateur adoptait un texte fondé sur l’inclusivité et la défense de l’accessibilité : dans les transports, les lieux publics, l’école… et dans le logement. Accéder à un logement de manière autonome est « un élément clé de la désinstitutionnalisation », rappelle Manuel Domergue, directeur des études à la Fondation pour le logement des défavorisés, en référence à l’un des principes posés par l’ONU sur le handicap visant à l’inclusion partout et pour tous et toutes.
Double peine
On en est pourtant loin. Dans le parc privé, les personnes ayant un handicap ont « moins de chances d’accéder à un logement, que ce soit en propriété (9 % de propriétaires accédants contre 23 % pour la population générale) ou en location (19 % contre 24 %) ». Une situation qui résulte de leurs difficultés à s’insérer sur le marché du travail, de leurs plus faibles revenus en moyenne (26 % vivent sous le seuil de pauvreté, contre 14 % chez les valides) et du surcoût engendré par le handicap : nécessité d’adapter les logements, soins, etc.
Les personnes en situation de handicap sont ainsi surreprésentées parmi les 4 millions de mal-logés. « C’est plus 50 % pour les personnes en situation de handicap : on n’est pas sur l’épaisseur du trait », précise Manuel Domergue.
Parmi les personnes à la rue, 30 à 50 % souffriraient d’un handicap psychique, cette situation pouvant à la fois produire ou exacerber un handicap déjà existant.
Être porteur de handicap(s), c’est être confronté à des discriminations systémiques tout au long de son parcours résidentiel.
« Elles sont aussi victimes de préjugés, souligne Manuel Domergue. Beaucoup de personnes sont refusées car les propriétaires craignent que leur logement ne soit pas adapté et qu’on leur demande de faire des travaux. » Les agences immobilières jouent bien souvent, en amont, le rôle de barrage filtrant en écartant leur dossier.
Les propriétaires rechignent également à louer à des personnes touchant l’allocation adulte handicapé (AAH). Une double peine alors que les porteurs et porteuses de handicap sont confrontés à l’incurie de structures publiques submergées. « Les ruptures de droits liées aux dysfonctionnements des MDPH [maisons départementales des personnes handicapées – ndlr] entraînent de plus de fréquents impayés », relève le rapport.
S’ajoutent à cela des préjugés absurdes mais tenaces, comme « cette personne sourde qui s’est vu refuser un logement par un propriétaire au motif qu’elle ferait trop de bruit dans son logement parce qu’elle ne s’en rendrait pas compte ».
Le parc social, où le handicap est un critère prioritaire pour obtenir un logement, présente cependant d’assez piètres résultats en matière d’accueil. Seuls 18 % des logements y sont considérés comme accessibles, 6 % accessibles et adaptés au handicap. Avec un si petit nombre de logements adéquats à proposer, les délais d’attente sont donc encore plus longs pour ce public qui a en moyenne « 14 % de chances en moins d’obtenir un logement social que les autres ménages ». 23 % des personnes en situation de handicap attendent un logement social depuis plus de cinq ans, contre 12 % pour les autres demandeurs et demandeuses. Une aberration pour un public normalement prioritaire.
À rebours de l’objectif de désinstitutionnalisation, beaucoup de porteurs et de porteuses de handicap(s) se retrouvent donc coincés dans des établissements spécialisés. Le rapport donne l’exemple d’Antoine, étudiant paraplégique de 26 ans, qui aimerait quitter son foyer médicalisé après dix années de vie en établissement mais ne trouve aucun logement adapté. « D’après la Drees [Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques – ndlr], quand des jeunes sortent d’établissement dédié à 25 ans, ils ne sont que 5 % à accéder à un logement personnel, tandis que près de 40 % sont hébergés chez leurs parents et autant dans d’autres foyers ou établissements. »
Enfermés chez soi
Dans leur rapport sur « Les conditions résidentielles des personnes handicapées en France » récemment remis à l’Institut de recherche en santé publique, les chercheurs Pierre-Yves Baudot et Thomas Chevallier pointent un phénomène d’« assignation à résidence » bien souvent invisible. Si la sociologie des discriminations a bien le trio genre, classe, race dans son viseur, lorsqu’elle traite du logement, « il ne faut pas oublier le handicap, qui se retrouve aussi à l’intersection des situations de domination dans une société validiste pensée pour et par les valides », précise Pierre-Yves Baudot. « Alors qu’on a environ 12 millions de personnes concernées, on entend parler de leurs difficultés résidentielles presque uniquement lorsque des personnes sont coincées chez elles à cause d’une panne d’ascenseur. Mais derrière, “l’assignation à résidence” est beaucoup plus discrète. Pour beaucoup, rien que sortir de chez soi est une épreuve. »
Dans le chapitre « Privé de sortie », le rapport pointe évidemment les dysfonctionnements des ascenseurs comme un obstacle majeur. Sur 1,5 million de ménages touchés par des pannes d’ascenseur au cours de l’année, près de 300 000 comprenaient une personne en situation de handicap. Le rapport Baudot-Chevallier donne l’exemple de la famille du petit « Zizou » qui a dû faire face à un ascenseur en panne pendant deux ans dans le parc social, au 5e étage. Une société faisait descendre l’enfant pendant la période.
La lourdeur d’une porte coupe-feu ou les quelques marches à l’entrée du hall peuvent rendre épiques l’entrée et la sortie de son domicile. Au point d’y renoncer. « Certains des enquêtés n’étaient pas du tout sortis de la semaine quand je les ai rencontrés », raconte Pierre-Yves Baudot, qui décrit le « très fort sentiment d’isolement » de ces personnes qui, de fait, sont absentes de l’espace public. Et se font d’autant plus « oublier ».
Logement et handicap : une assignation à résidence invisible
Lucie Delaporte
Être porteur de handicap expose à des discriminations en cascade dans l’accès au logement. Faute de logements adaptés, les personnes en situation de handicap sont surreprésentées parmi les mal-logés, selon le rapport annuel de la Fondation pour le logement des défavorisés.
C’est un anniversaire au goût amer. Vingt ans après l’adoption de la loi pour l’inclusion des personnes en situation de handicap de 2005, la situation sur le front de l’accès au logement est pour le moins éloignée des objectifs fixés par le texte.
Pour son trentième rapport annuel, la Fondation pour le logement des défavorisés (ex-Fondation Abbé Pierre) a décidé de mettre en lumière un sujet trop souvent invisibilisé : les discriminations en cascade que subissent les personnes porteuses de handicap(s) face au logement.
Psychique, physique, sensoriel, mental, cognitif, ou causé par des troubles de santé invalidants, le handicap touche, selon les définitions, entre 8 et 11 millions de personnes. Des chiffres que le vieillissement de la population est amené à faire croître fortement dans les années à venir.
Il y a vingt ans, le législateur adoptait un texte fondé sur l’inclusivité et la défense de l’accessibilité : dans les transports, les lieux publics, l’école… et dans le logement. Accéder à un logement de manière autonome est « un élément clé de la désinstitutionnalisation », rappelle Manuel Domergue, directeur des études à la Fondation pour le logement des défavorisés, en référence à l’un des principes posés par l’ONU sur le handicap visant à l’inclusion partout et pour tous et toutes.
Double peine
On en est pourtant loin. Dans le parc privé, les personnes ayant un handicap ont « moins de chances d’accéder à un logement, que ce soit en propriété (9 % de propriétaires accédants contre 23 % pour la population générale) ou en location (19 % contre 24 %) ». Une situation qui résulte de leurs difficultés à s’insérer sur le marché du travail, de leurs plus faibles revenus en moyenne (26 % vivent sous le seuil de pauvreté, contre 14 % chez les valides) et du surcoût engendré par le handicap : nécessité d’adapter les logements, soins, etc.
Les personnes en situation de handicap sont ainsi surreprésentées parmi les 4 millions de mal-logés. « C’est plus 50 % pour les personnes en situation de handicap : on n’est pas sur l’épaisseur du trait », précise Manuel Domergue.
Parmi les personnes à la rue, 30 à 50 % souffriraient d’un handicap psychique, cette situation pouvant à la fois produire ou exacerber un handicap déjà existant.
Être porteur de handicap(s), c’est être confronté à des discriminations systémiques tout au long de son parcours résidentiel.
Une personne sourde s’est vu refuser un logement par un propriétaire au motif qu’elle ferait trop de bruit dans son logement parce qu’elle ne s’en rendrait pas compte.
Extrait du trentième rapport annuel de la Fondation pour le logement des défavorisés
Premier aspect du problème : le manque criant de logements adaptés. En 2005, la loi posait l’obligation de produire 100 % de logements neufs « accessibles ». Après un intense lobbying du secteur du BTP et de la promotion immobilière, cet objectif sera drastiquement revu à la baisse dans la loi Elan de 2018, au nom du principe de « simplification de l’acte de construire ». Depuis, seulement 20 % de logements adaptés sont produits dans le neuf, avec pour conséquence assez prévisible un manque structurel de logements accessibles aux personnes porteuses de handicap. Aujourd’hui, 220 000 personnes vivent dans un logement inadapté à leur(s) handicap(s).Extrait du trentième rapport annuel de la Fondation pour le logement des défavorisés
« Elles sont aussi victimes de préjugés, souligne Manuel Domergue. Beaucoup de personnes sont refusées car les propriétaires craignent que leur logement ne soit pas adapté et qu’on leur demande de faire des travaux. » Les agences immobilières jouent bien souvent, en amont, le rôle de barrage filtrant en écartant leur dossier.
Les propriétaires rechignent également à louer à des personnes touchant l’allocation adulte handicapé (AAH). Une double peine alors que les porteurs et porteuses de handicap sont confrontés à l’incurie de structures publiques submergées. « Les ruptures de droits liées aux dysfonctionnements des MDPH [maisons départementales des personnes handicapées – ndlr] entraînent de plus de fréquents impayés », relève le rapport.
S’ajoutent à cela des préjugés absurdes mais tenaces, comme « cette personne sourde qui s’est vu refuser un logement par un propriétaire au motif qu’elle ferait trop de bruit dans son logement parce qu’elle ne s’en rendrait pas compte ».
Le parc social, où le handicap est un critère prioritaire pour obtenir un logement, présente cependant d’assez piètres résultats en matière d’accueil. Seuls 18 % des logements y sont considérés comme accessibles, 6 % accessibles et adaptés au handicap. Avec un si petit nombre de logements adéquats à proposer, les délais d’attente sont donc encore plus longs pour ce public qui a en moyenne « 14 % de chances en moins d’obtenir un logement social que les autres ménages ». 23 % des personnes en situation de handicap attendent un logement social depuis plus de cinq ans, contre 12 % pour les autres demandeurs et demandeuses. Une aberration pour un public normalement prioritaire.
À rebours de l’objectif de désinstitutionnalisation, beaucoup de porteurs et de porteuses de handicap(s) se retrouvent donc coincés dans des établissements spécialisés. Le rapport donne l’exemple d’Antoine, étudiant paraplégique de 26 ans, qui aimerait quitter son foyer médicalisé après dix années de vie en établissement mais ne trouve aucun logement adapté. « D’après la Drees [Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques – ndlr], quand des jeunes sortent d’établissement dédié à 25 ans, ils ne sont que 5 % à accéder à un logement personnel, tandis que près de 40 % sont hébergés chez leurs parents et autant dans d’autres foyers ou établissements. »
Enfermés chez soi
Dans leur rapport sur « Les conditions résidentielles des personnes handicapées en France » récemment remis à l’Institut de recherche en santé publique, les chercheurs Pierre-Yves Baudot et Thomas Chevallier pointent un phénomène d’« assignation à résidence » bien souvent invisible. Si la sociologie des discriminations a bien le trio genre, classe, race dans son viseur, lorsqu’elle traite du logement, « il ne faut pas oublier le handicap, qui se retrouve aussi à l’intersection des situations de domination dans une société validiste pensée pour et par les valides », précise Pierre-Yves Baudot. « Alors qu’on a environ 12 millions de personnes concernées, on entend parler de leurs difficultés résidentielles presque uniquement lorsque des personnes sont coincées chez elles à cause d’une panne d’ascenseur. Mais derrière, “l’assignation à résidence” est beaucoup plus discrète. Pour beaucoup, rien que sortir de chez soi est une épreuve. »
Dans le chapitre « Privé de sortie », le rapport pointe évidemment les dysfonctionnements des ascenseurs comme un obstacle majeur. Sur 1,5 million de ménages touchés par des pannes d’ascenseur au cours de l’année, près de 300 000 comprenaient une personne en situation de handicap. Le rapport Baudot-Chevallier donne l’exemple de la famille du petit « Zizou » qui a dû faire face à un ascenseur en panne pendant deux ans dans le parc social, au 5e étage. Une société faisait descendre l’enfant pendant la période.
La lourdeur d’une porte coupe-feu ou les quelques marches à l’entrée du hall peuvent rendre épiques l’entrée et la sortie de son domicile. Au point d’y renoncer. « Certains des enquêtés n’étaient pas du tout sortis de la semaine quand je les ai rencontrés », raconte Pierre-Yves Baudot, qui décrit le « très fort sentiment d’isolement » de ces personnes qui, de fait, sont absentes de l’espace public. Et se font d’autant plus « oublier ».
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Re: Trouver un logement adapté et TSA
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Comment le handicap amplifie les problèmes de mal-logement : « Arbitrer entre la douche et l’ascenseur »
Anne-Aël Durand
Le trentième rapport de la Fondation pour le logement des défavorisés alerte sur les difficultés rencontrées par les personnes en situation de handicap à trouver un habitat adapté, malgré les promesses de la loi de 2005.
Une marche à l’entrée, une porte trop lourde à pousser, un ascenseur en panne, une cuisine trop petite… Ces détails agaçants sont des blocages parfois insurmontables pour les personnes en situation de handicap. Elles subissent « toutes les facettes du mal-logement, en pire », résume le 30e rapport de la Fondation pour le logement des défavorisés (ex-Fondation Abbé Pierre), publié lundi 3 février, vingt ans après la loi de 2005, qui promettait l’accessibilité universelle.
En fonction des définitions retenues, entre 5,7 millions et 18,2 millions de personnes sont en situation de handicap en France, auxquelles s’ajoutent 9,3 millions d’aidants. « Elles partent avec des difficultés : 26 % de pauvreté, 300 euros de revenu médian de moins que le reste de la population, et des discriminations dans une société pensée pour les valides », rappelle Manuel Domergue, directeur des études de la Fondation. Selon le rapport, 24 % des ménages comprenant une personne en situation de handicap sont touchés par des problèmes de logement (surpeuplement, défauts graves de confort, précarité énergétique, effort financier excessif, etc.), contre 20 % pour l’ensemble de la population française.
La crise du logement est encore renforcée par la rareté de l’offre disponible. « Vers Cergy, où je fais mes études, je regarde les annonces depuis un an, mais je n’en ai même pas trouvé à visiter avec mon budget », déplore Talia Merad, 20 ans, souffrant d’une infirmité motrice cérébrale, se déplaçant en fauteuil ou en déambulateur, qui est donc contrainte de rester vivre chez ses parents, à une heure de voiture.
La loi du 11 février 2005 devait rendre accessibles toutes les constructions collectives neuves, mais « il y a eu beaucoup de lobbying contre les contraintes que cela engendrait », rappelle Manuel Domergue : en 2018, l’article 64 de la loi ELAN (portant évolution du logement, de l’aménagement et du numérique) a réduit cet objectif à 20 % des logements, les 80 % restant sont désormais « évolutifs » et peuvent devenir accessibles « ultérieurement par des travaux simples » – estimés en moyenne entre 8 000 et 13 000 euros hors taxes, selon un bilan d’application de la loi, remis au ministère du logement fin 2023, mais toujours pas transmis au Parlement.
Une loi sur les ascenseurs
Le résidentiel ancien n’est soumis à aucune obligation. Des travaux peuvent être financés en partie avec le récent dispositif MaPrimAdapt’, qui a fait l’objet de 31 000 dossiers depuis sa création en 2024. Mireille Braillard, 58 ans, atteinte de sclérose en plaques, n’a « même pas osé demander » à son propriétaire de transformer la baignoire, qu’elle ne peut enjamber, en douche à l’italienne, et se débrouille avec une chaise en plastique. Lorsqu’elle a déménagé à Charenton-le-Pont (Val-de-Marne), faute de choix, elle a dû « se résoudre à faire un arbitrage entre la douche et l’ascenseur ». Un équipement primordial, quand il fonctionne. « En mai, il a été en panne sept ou huit fois, c’était l’angoisse de rester enfermée… Une fois, un voisin m’a aidée, il a pris mon fauteuil roulant à la main, et j’ai descendu les escaliers sur les fesses. J’ai eu de la chance, quand je suis rentrée, c’était réparé. »
Sur 1,5 million de ménages touchés par des pannes d’ascenseur en 2013, environ 300 000 comprenaient une personne en situation de handicap. L’Assemblée nationale a adopté, le 23 janvier, une proposition de loi du député (socialiste) de l’Eure Philippe Brun pour réduire le temps d’intervention des ascensoristes, les obliger à constituer des stocks de pièces de rechange, et imposer une solution de portage pour les personnes à mobilité réduite.
Les pannes d’ascenseur et les problèmes de baignoire compliquent aussi la vie de Sabah Salmi, 58 ans, qui souffre de fibromyalgie et de spondylarthrite et habite au cinquième étage d’une HLM de Clermont-l’Hérault (Hérault) avec sa fille de 24 ans, atteinte de la maladie de Crohn. Mais son problème principal est l’éloignement de l’hôpital, situé à quarante kilomètres. « J’y vais plusieurs fois par semaine, pour des piqûres, des perfusions, ou pour ma fille qui a des crises parfois en pleine nuit, explique-t-elle. Ici, il n’y a rien, je n’ai pas de voiture, je dois prendre un taxi, c’est la galère. »
« Double assignation à résidence »
Elle a demandé à déménager à Montpellier. Mais, dans le parc social aussi, les appartements adaptés, entre 7 % et 12 % du total, sont « en deçà des besoins estimés », selon l’Agence nationale de contrôle du logement social. L’économiste Pierre Madec a calculé que demander un logement social adapté au handicap diminue de 14 % les chances d’en obtenir un, et multiplie par deux le risque d’attendre plus de cinq ans.
Pour les personnes handicapées, les obstacles à la mobilité chez soi et dans l’espace public, couplés à la difficulté de déménager, constituent une « double assignation à résidence », selon une étude récemment réalisée par les sociologues Pierre-Yves Baudot et Thomas Chevallier. Une situation surreprésentée parmi les ménages issus de l’immigration, les femmes seules avec des enfants et les plus précaires.
Enfin, le rapport de la Fondation pour le logement des défavorisés soulève la question des 125 000 adultes hébergés en institutions spécialisées ou établissements médico-sociaux. Le comité des droits des personnes handicapées de l’Organisation des Nations unies avait recommandé, en 2021, à la France de mettre fin à cette politique d’institutionnalisation, pour favoriser leur inclusion dans la cité. Mais ce « virage domiciliaire », déjà engagé, se heurte à la crise des métiers de l’accompagnement, qui peinent à recruter, et « la prime de compensation du handicap (PCH) ne suffit pas à rémunérer les aides à domicile », déplore Manuel Domergue.
Au nom de la Fondation, il demande une revalorisation de la PCH, de l’allocation aux adultes handicapés (actuellement à 1 016 euros par mois, sous le seuil de pauvreté), et du taux de prise en charge des travaux par MaPrimeAdapt’, jusqu’à 90 % de la facture pour les ménages les plus modestes. Enfin, il demande au nom de la Fondation l’abrogation de l’article 64 de la loi ELAN, pour que tous les logements neufs soient aux normes pour le handicap, considérant que « l’accessibilité pour tous, partout, tout le temps, est plus efficace que des adaptations ciblées ».
La Fondation pour le logement des défavorisés dénonce « l’attentisme » face à la crise
Dans son 30e rapport annuel, la Fondation pour le logement des défavorisés (ex-Fondation Abbé Pierre), décrit une France qui « s’enfonce dans la crise du logement », avec une chute des mises en chantier, tandis que les demandes de HLM, les expulsions locatives et les personnes décédées dans la rue ont atteint des nombres record. Elle revoit à la hausse ses estimations chiffrées : 4,17 millions de personnes mal-logées, dont 350 000 sans domicile, ainsi que 12,3 millions de personnes en fragilité de logement.
Après une année 2023 où l’effort public pour le logement a représenté 1,5 % du PIB, soit le taux le plus bas des trente dernières années, les gouvernements qui se sont succédé en 2024 se sont distingués par leur « attentisme » et leurs « renoncements », dénonce le délégué général de la Fondation, Christophe Robert. Il appelle à faire du logement « un chantier prioritaire », en renforçant la construction HLM et les aides aux logements, et à mettre en place des cellules d’urgence, sous l’égide des préfets, qui puissent mobiliser des bâtiments publics vides pour héberger les sans-abri.
Anne-Aël Durand
Comment le handicap amplifie les problèmes de mal-logement : « Arbitrer entre la douche et l’ascenseur »
Anne-Aël Durand
Le trentième rapport de la Fondation pour le logement des défavorisés alerte sur les difficultés rencontrées par les personnes en situation de handicap à trouver un habitat adapté, malgré les promesses de la loi de 2005.
Une marche à l’entrée, une porte trop lourde à pousser, un ascenseur en panne, une cuisine trop petite… Ces détails agaçants sont des blocages parfois insurmontables pour les personnes en situation de handicap. Elles subissent « toutes les facettes du mal-logement, en pire », résume le 30e rapport de la Fondation pour le logement des défavorisés (ex-Fondation Abbé Pierre), publié lundi 3 février, vingt ans après la loi de 2005, qui promettait l’accessibilité universelle.
En fonction des définitions retenues, entre 5,7 millions et 18,2 millions de personnes sont en situation de handicap en France, auxquelles s’ajoutent 9,3 millions d’aidants. « Elles partent avec des difficultés : 26 % de pauvreté, 300 euros de revenu médian de moins que le reste de la population, et des discriminations dans une société pensée pour les valides », rappelle Manuel Domergue, directeur des études de la Fondation. Selon le rapport, 24 % des ménages comprenant une personne en situation de handicap sont touchés par des problèmes de logement (surpeuplement, défauts graves de confort, précarité énergétique, effort financier excessif, etc.), contre 20 % pour l’ensemble de la population française.
La crise du logement est encore renforcée par la rareté de l’offre disponible. « Vers Cergy, où je fais mes études, je regarde les annonces depuis un an, mais je n’en ai même pas trouvé à visiter avec mon budget », déplore Talia Merad, 20 ans, souffrant d’une infirmité motrice cérébrale, se déplaçant en fauteuil ou en déambulateur, qui est donc contrainte de rester vivre chez ses parents, à une heure de voiture.
La loi du 11 février 2005 devait rendre accessibles toutes les constructions collectives neuves, mais « il y a eu beaucoup de lobbying contre les contraintes que cela engendrait », rappelle Manuel Domergue : en 2018, l’article 64 de la loi ELAN (portant évolution du logement, de l’aménagement et du numérique) a réduit cet objectif à 20 % des logements, les 80 % restant sont désormais « évolutifs » et peuvent devenir accessibles « ultérieurement par des travaux simples » – estimés en moyenne entre 8 000 et 13 000 euros hors taxes, selon un bilan d’application de la loi, remis au ministère du logement fin 2023, mais toujours pas transmis au Parlement.
Une loi sur les ascenseurs
Le résidentiel ancien n’est soumis à aucune obligation. Des travaux peuvent être financés en partie avec le récent dispositif MaPrimAdapt’, qui a fait l’objet de 31 000 dossiers depuis sa création en 2024. Mireille Braillard, 58 ans, atteinte de sclérose en plaques, n’a « même pas osé demander » à son propriétaire de transformer la baignoire, qu’elle ne peut enjamber, en douche à l’italienne, et se débrouille avec une chaise en plastique. Lorsqu’elle a déménagé à Charenton-le-Pont (Val-de-Marne), faute de choix, elle a dû « se résoudre à faire un arbitrage entre la douche et l’ascenseur ». Un équipement primordial, quand il fonctionne. « En mai, il a été en panne sept ou huit fois, c’était l’angoisse de rester enfermée… Une fois, un voisin m’a aidée, il a pris mon fauteuil roulant à la main, et j’ai descendu les escaliers sur les fesses. J’ai eu de la chance, quand je suis rentrée, c’était réparé. »
Sur 1,5 million de ménages touchés par des pannes d’ascenseur en 2013, environ 300 000 comprenaient une personne en situation de handicap. L’Assemblée nationale a adopté, le 23 janvier, une proposition de loi du député (socialiste) de l’Eure Philippe Brun pour réduire le temps d’intervention des ascensoristes, les obliger à constituer des stocks de pièces de rechange, et imposer une solution de portage pour les personnes à mobilité réduite.
Les pannes d’ascenseur et les problèmes de baignoire compliquent aussi la vie de Sabah Salmi, 58 ans, qui souffre de fibromyalgie et de spondylarthrite et habite au cinquième étage d’une HLM de Clermont-l’Hérault (Hérault) avec sa fille de 24 ans, atteinte de la maladie de Crohn. Mais son problème principal est l’éloignement de l’hôpital, situé à quarante kilomètres. « J’y vais plusieurs fois par semaine, pour des piqûres, des perfusions, ou pour ma fille qui a des crises parfois en pleine nuit, explique-t-elle. Ici, il n’y a rien, je n’ai pas de voiture, je dois prendre un taxi, c’est la galère. »
« Double assignation à résidence »
Elle a demandé à déménager à Montpellier. Mais, dans le parc social aussi, les appartements adaptés, entre 7 % et 12 % du total, sont « en deçà des besoins estimés », selon l’Agence nationale de contrôle du logement social. L’économiste Pierre Madec a calculé que demander un logement social adapté au handicap diminue de 14 % les chances d’en obtenir un, et multiplie par deux le risque d’attendre plus de cinq ans.
Pour les personnes handicapées, les obstacles à la mobilité chez soi et dans l’espace public, couplés à la difficulté de déménager, constituent une « double assignation à résidence », selon une étude récemment réalisée par les sociologues Pierre-Yves Baudot et Thomas Chevallier. Une situation surreprésentée parmi les ménages issus de l’immigration, les femmes seules avec des enfants et les plus précaires.
Enfin, le rapport de la Fondation pour le logement des défavorisés soulève la question des 125 000 adultes hébergés en institutions spécialisées ou établissements médico-sociaux. Le comité des droits des personnes handicapées de l’Organisation des Nations unies avait recommandé, en 2021, à la France de mettre fin à cette politique d’institutionnalisation, pour favoriser leur inclusion dans la cité. Mais ce « virage domiciliaire », déjà engagé, se heurte à la crise des métiers de l’accompagnement, qui peinent à recruter, et « la prime de compensation du handicap (PCH) ne suffit pas à rémunérer les aides à domicile », déplore Manuel Domergue.
Au nom de la Fondation, il demande une revalorisation de la PCH, de l’allocation aux adultes handicapés (actuellement à 1 016 euros par mois, sous le seuil de pauvreté), et du taux de prise en charge des travaux par MaPrimeAdapt’, jusqu’à 90 % de la facture pour les ménages les plus modestes. Enfin, il demande au nom de la Fondation l’abrogation de l’article 64 de la loi ELAN, pour que tous les logements neufs soient aux normes pour le handicap, considérant que « l’accessibilité pour tous, partout, tout le temps, est plus efficace que des adaptations ciblées ».
La Fondation pour le logement des défavorisés dénonce « l’attentisme » face à la crise
Dans son 30e rapport annuel, la Fondation pour le logement des défavorisés (ex-Fondation Abbé Pierre), décrit une France qui « s’enfonce dans la crise du logement », avec une chute des mises en chantier, tandis que les demandes de HLM, les expulsions locatives et les personnes décédées dans la rue ont atteint des nombres record. Elle revoit à la hausse ses estimations chiffrées : 4,17 millions de personnes mal-logées, dont 350 000 sans domicile, ainsi que 12,3 millions de personnes en fragilité de logement.
Après une année 2023 où l’effort public pour le logement a représenté 1,5 % du PIB, soit le taux le plus bas des trente dernières années, les gouvernements qui se sont succédé en 2024 se sont distingués par leur « attentisme » et leurs « renoncements », dénonce le délégué général de la Fondation, Christophe Robert. Il appelle à faire du logement « un chantier prioritaire », en renforçant la construction HLM et les aides aux logements, et à mettre en place des cellules d’urgence, sous l’égide des préfets, qui puissent mobiliser des bâtiments publics vides pour héberger les sans-abri.
Anne-Aël Durand
père autiste d'une fille autiste "Asperger" de 41 ans