Y'a-t-il un lien entre autisme et dysphorie de genre?
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Re: Y'a-t-il un lien entre autisme et dysphorie de genre?
Évolution des demandes de soins médicaux liés au genre chez les adolescents transgenres et de genre différent
Les jeunes autistes ne demandent pas plus que les neurotypiques à changer de traitement lié à la transition de genre.
Adolescent heath :Traduction de "Shifts in Gender-Related Medical Requests by Transgender and Gender-Diverse Adolescents" _ 17 décembre 2022
https://blogs.mediapart.fr/jean-vincot/ ... dolescents
Les jeunes autistes ne demandent pas plus que les neurotypiques à changer de traitement lié à la transition de genre.
Adolescent heath :Traduction de "Shifts in Gender-Related Medical Requests by Transgender and Gender-Diverse Adolescents" _ 17 décembre 2022
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père autiste d'une fille autiste "Asperger" de 41 ans
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Re: Y'a-t-il un lien entre autisme et dysphorie de genre?
Pour mon fils Enzo ça a clairement l'air d'être le cas, il adore s'habiller en princesse
Stéphanie, Maman de Enzo 4 ans, diagnostiqué autiste non verbale fin 2023
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Re: Y'a-t-il un lien entre autisme et dysphorie de genre?
Peux-tu mettre à jour ta signature (dans ton profil) avec ton
statut quant au diagnostic (voir notre charte, chapitre 1.2) ?
Penser aussi à une petite présentation dans la section idoine...
statut quant au diagnostic (voir notre charte, chapitre 1.2) ?
D'avance merci...Spoiler : Pour modifier la signature :
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TCS = trouble de la communication sociale (24/09/2014).
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Re: Y'a-t-il un lien entre autisme et dysphorie de genre?
Bienvenue ! MamanDeEnzo !
Pour en savoir plus le spectre autistique, il est possible de dévorer ici.
Je partage aussi diverses ressources là.
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Diagnostiqué autiste en l'été 2014
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Re: Y'a-t-il un lien entre autisme et dysphorie de genre?
Bonjour, je me permets car je trouve cela tellement important.MamanDeEnzo a écrit : ↑dimanche 21 avril 2024 à 21:29 Pour mon fils Enzo ça a clairement l'air d'être le cas, il adore s'habiller en princesse
Je suis moi-même autiste et trans.
J'ai énormément souffert du fait d'avoir eu le sentiment que mon identité de genre, plutôt masculine, semblait décevoir ou faire rire mes parents, et qu'en tout cas ce n'était pas quelque chose de valide. J'en ai, je crois avec le recul, fait une dépression pendant presque toute mon enfance et mon adolescence. Et je ne suis pas lae seul.e... Les enfants sont très perméables aux micro-réactions des parents, même quand on essaye de ne pas montrer parfois une phrase, un tic, une expression et on sait que ce n'est pas "normal" et que ce serait vraisemblablement mieux si on n'était pas comme ça. Alors on se cache, on a l'impression que sinon on ne sera plus aimé, ou qu'on a pas le droit d'être comme ça tout simplement.
Je me permets donc un peu d'information et quelques "conseils" pour accompagner au mieux votre enfant si son identité de genre assignée à la naissance lui pose question ou ne lui convient pas.
Pour commencer la "dysphorie de genre" est un symptome qui se manifeste par la souffrance de percevoir son corps comme n'étant pas en adéquation avec le genre auquel on s'identifie. Toutes les personnes qui font de la dysphorie de genre ne sont pas trans. Et à l'inverse, toutes les personnes trans ne font pas de la dysphorie de genre, ou n'en font pas toute leur vie.
Être trans, c'est s'identifier du point de vue du rôle social / de sa personnalité à un genre autre que celui assigné à la naissance (dans le cas de votre enfant, "garçon"): que l'on s'identifie au genre "opposé" (fille), entre les deux, en dehors de ces catégories, ou que ça fluctue (on a toustes des fluctuations dans les ressentis de soi, et ça peut aussi concerner l'identité de genre).
Toutes les personnes trans ne veulent pas prendre des hormones et/ou faire de la chirurgie non plus - ce sont des choix personnels, que l'on fait souvent après avoir réfléchi plusieurs années, sauf quand on a la certitude depuis tout petit de son identité de genre (ce n'est pas le cas de toutes les personnes trans).
Bref, il n'y a rien à "soigner" ou "corriger" concernant votre enfant. Peut-être que ce déguisement est juste un déguisement, ou peut-être que c'est une façon d'essayer d'être un peu plus comme il/elle/iel voudrait être. Le mieux, étant donné qu'on ne peut pas lire dans les pensées des autres, c'est de lui poser la question en étant à l'écoute, en respectant sa parole. Et s'il/elle/iel change d'avis plus tard, eh bien vous pourriez vous réadapter de nouveau.
Ce serait un bon moyen de le/la/lae sécuriser et de l'accompagner si le genre est effectivement un sujet d'interrogation.
Bien cordialement,
Kim
Chercheur en trans studies et disability studies
Développeur Web
Diagnostiqué.e TSA et HP en 2019
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Re: Y'a-t-il un lien entre autisme et dysphorie de genre?
Les personnes transgenres autistes signalent de moins bonnes expériences en matière de soins de santé
par Ma Clinique
21 janvier 2025
Des chercheurs du Centre de recherche sur l'autisme de l'Université de Cambridge ont découvert que ces personnes déclarent également bénéficier de soins de santé de moindre qualité que les personnes autistes et non autistes dont l'identité de genre correspond au sexe assigné à la naissance (cisgenre).
Les résultats ont des implications importantes pour les soins de santé et le soutien des personnes autistes transgenres/de genre divers (TGD). Il s'agit de la première étude à grande échelle sur les expériences des personnes autistes TGD et les résultats sont publiés aujourd'hui dans Autisme moléculaire.
Des recherches antérieures suggèrent que les personnes autistes et les personnes TGD ont séparément des expériences de soins de santé moins bonnes et sont plus susceptibles de recevoir un diagnostic de problèmes de santé physique et mentale que les autres personnes. En outre, une étude réalisée en 2020 auprès de plus de 640 000 personnes, réalisée par l’Autism Research Center de Cambridge, a révélé que les personnes TGD sont plus susceptibles d’être autistes et présentent des niveaux de traits autistiques plus élevés que les autres personnes. Plusieurs autres études confirment désormais ce constat et montrent que les personnes autistes sont plus susceptibles que les autres de souffrir de dysphorie de genre. Malgré ces résultats, aucune étude ne prend en compte les risques de problèmes de santé mentale, de problèmes de santé physique et de qualité des soins de santé chez les personnes autistes TGD.
Dans la plus grande étude à ce jour sur ce sujet, l'équipe de l'Autism Research Center a utilisé une enquête anonyme et auto-déclarée pour comparer les expériences de 174 personnes autistes TGD, 1 094 personnes cisgenres autistes et 1 295 personnes cisgenres non autistes.
L'enquête a évalué les taux de problèmes de santé mentale et de problèmes de santé physique, ainsi que la qualité de 51 aspects différents des expériences de soins de santé. Les questions sur les expériences en matière de soins de santé étaient très variées et comprenaient des questions sur la communication, l'anxiété, l'accès et la défense des intérêts, les problèmes au niveau du système et les expériences sensorielles, entre autres. Ils ont abordé plusieurs aspects très fondamentaux des soins de santé, notamment en demandant aux participants d'approuver des déclarations telles que « Si je dois aller voir un professionnel de la santé, je peux y arriver », « Je suis capable de décrire l'intensité de ma douleur », » et « Je comprends généralement ce que mon professionnel de la santé veut dire lorsqu'il parle de ma santé ».
Les adultes autistes TGD et cisgenres autistes ont signalé des expériences de soins de santé significativement moins bonnes dans 50 éléments sur 51 par rapport aux personnes cisgenres non autistes, confirmant que les personnes autistes semblent bénéficier de soins de santé de moins bonne qualité que les personnes cisgenres non autistes, quelle que soit leur propre identité de genre.
Par rapport aux personnes cisgenres non autistes, les personnes autistes TGD étaient trois à 11 fois plus susceptibles de signaler de l'anxiété, des arrêts et des crises liés à des expériences de soins de santé courantes.
Pour 10 adultes cisgenres non autistes ayant approuvé les déclarations suivantes, en moyenne, seuls deux adultes autistes cisgenres et un seul adulte autiste TGD ont déclaré qu'ils : (i) comprenaient ce que leur professionnel de la santé voulait dire lorsqu'il parlait de leur santé ; (ii) savaient ce qu'on attendait d'eux lorsqu'ils consultaient un professionnel de la santé ; ou (iii) étaient capables de décrire l'intensité de leur douleur.
Les personnes autistes TGD et les personnes autistes cisgenres étaient plus susceptibles de signaler des problèmes de santé physique et mentale à long terme qui avaient été formellement diagnostiqués, suspectés ou dont l'évaluation avait été recommandée par les cliniciens. Pour 10 personnes cisgenres non autistes ayant au moins un problème de santé physique diagnostiqué, il y avait 15 personnes cisgenres autistes et 23 personnes autistes TGD. Pour 10 personnes cisgenres non autistes ayant signalé au moins un problème de santé mentale diagnostiqué, 50 personnes cisgenres autistes et 109 personnes autistes TGD ont signalé la même chose.
De manière alarmante, il est désormais bien établi que les personnes autistes et les personnes TGD courent un risque beaucoup plus élevé de suicide et de comportements liés au suicide que les autres personnes. En 2023, le ministère de la Santé et des Affaires sociales a spécifiquement reconnu les personnes autistes comme un groupe prioritaire dans son Stratégie de prévention du suicide pour l’Angleterre : 2023 à 2028. La nouvelle étude a révélé que, par rapport aux personnes non autistes et cisgenres, les personnes autistes cisgenres étaient 4,6 fois plus susceptibles et les personnes autistes TGD étaient 5,8 fois plus susceptibles de signaler des actes d'automutilation.
Ces résultats soulignent l’importance de considérer l’intersectionnalité dans les contextes cliniques, y compris les risques pour la santé des personnes possédant de multiples identités minoritaires. Les chercheurs affirment que les cliniciens devraient être conscients de ces risques et des obstacles uniques aux soins de santé que les personnes autistes TGD peuvent rencontrer. Les résultats soulignent également que les personnes autistes et transgenres/de genre divers connaissent des taux particulièrement élevés de problèmes de santé mentale et de risques d’automutilation.
Le professeur Sir Simon Baron-Cohen, directeur du Centre de recherche sur l'autisme et membre de l'équipe, a déclaré : « Nous devons réfléchir à la manière d'adapter les systèmes de santé et les soins individuels pour répondre aux besoins des personnes autistes transgenres/de genre divers. Décideurs politiques, cliniciens , et les chercheurs devraient travailler en collaboration avec les personnes autistes pour améliorer les systèmes existants et réduire les obstacles aux soins de santé.
par Ma Clinique
21 janvier 2025
Des chercheurs du Centre de recherche sur l'autisme de l'Université de Cambridge ont découvert que ces personnes déclarent également bénéficier de soins de santé de moindre qualité que les personnes autistes et non autistes dont l'identité de genre correspond au sexe assigné à la naissance (cisgenre).
Les résultats ont des implications importantes pour les soins de santé et le soutien des personnes autistes transgenres/de genre divers (TGD). Il s'agit de la première étude à grande échelle sur les expériences des personnes autistes TGD et les résultats sont publiés aujourd'hui dans Autisme moléculaire.
Des recherches antérieures suggèrent que les personnes autistes et les personnes TGD ont séparément des expériences de soins de santé moins bonnes et sont plus susceptibles de recevoir un diagnostic de problèmes de santé physique et mentale que les autres personnes. En outre, une étude réalisée en 2020 auprès de plus de 640 000 personnes, réalisée par l’Autism Research Center de Cambridge, a révélé que les personnes TGD sont plus susceptibles d’être autistes et présentent des niveaux de traits autistiques plus élevés que les autres personnes. Plusieurs autres études confirment désormais ce constat et montrent que les personnes autistes sont plus susceptibles que les autres de souffrir de dysphorie de genre. Malgré ces résultats, aucune étude ne prend en compte les risques de problèmes de santé mentale, de problèmes de santé physique et de qualité des soins de santé chez les personnes autistes TGD.
Dans la plus grande étude à ce jour sur ce sujet, l'équipe de l'Autism Research Center a utilisé une enquête anonyme et auto-déclarée pour comparer les expériences de 174 personnes autistes TGD, 1 094 personnes cisgenres autistes et 1 295 personnes cisgenres non autistes.
L'enquête a évalué les taux de problèmes de santé mentale et de problèmes de santé physique, ainsi que la qualité de 51 aspects différents des expériences de soins de santé. Les questions sur les expériences en matière de soins de santé étaient très variées et comprenaient des questions sur la communication, l'anxiété, l'accès et la défense des intérêts, les problèmes au niveau du système et les expériences sensorielles, entre autres. Ils ont abordé plusieurs aspects très fondamentaux des soins de santé, notamment en demandant aux participants d'approuver des déclarations telles que « Si je dois aller voir un professionnel de la santé, je peux y arriver », « Je suis capable de décrire l'intensité de ma douleur », » et « Je comprends généralement ce que mon professionnel de la santé veut dire lorsqu'il parle de ma santé ».
Les adultes autistes TGD et cisgenres autistes ont signalé des expériences de soins de santé significativement moins bonnes dans 50 éléments sur 51 par rapport aux personnes cisgenres non autistes, confirmant que les personnes autistes semblent bénéficier de soins de santé de moins bonne qualité que les personnes cisgenres non autistes, quelle que soit leur propre identité de genre.
Par rapport aux personnes cisgenres non autistes, les personnes autistes TGD étaient trois à 11 fois plus susceptibles de signaler de l'anxiété, des arrêts et des crises liés à des expériences de soins de santé courantes.
Pour 10 adultes cisgenres non autistes ayant approuvé les déclarations suivantes, en moyenne, seuls deux adultes autistes cisgenres et un seul adulte autiste TGD ont déclaré qu'ils : (i) comprenaient ce que leur professionnel de la santé voulait dire lorsqu'il parlait de leur santé ; (ii) savaient ce qu'on attendait d'eux lorsqu'ils consultaient un professionnel de la santé ; ou (iii) étaient capables de décrire l'intensité de leur douleur.
Les personnes autistes TGD et les personnes autistes cisgenres étaient plus susceptibles de signaler des problèmes de santé physique et mentale à long terme qui avaient été formellement diagnostiqués, suspectés ou dont l'évaluation avait été recommandée par les cliniciens. Pour 10 personnes cisgenres non autistes ayant au moins un problème de santé physique diagnostiqué, il y avait 15 personnes cisgenres autistes et 23 personnes autistes TGD. Pour 10 personnes cisgenres non autistes ayant signalé au moins un problème de santé mentale diagnostiqué, 50 personnes cisgenres autistes et 109 personnes autistes TGD ont signalé la même chose.
De manière alarmante, il est désormais bien établi que les personnes autistes et les personnes TGD courent un risque beaucoup plus élevé de suicide et de comportements liés au suicide que les autres personnes. En 2023, le ministère de la Santé et des Affaires sociales a spécifiquement reconnu les personnes autistes comme un groupe prioritaire dans son Stratégie de prévention du suicide pour l’Angleterre : 2023 à 2028. La nouvelle étude a révélé que, par rapport aux personnes non autistes et cisgenres, les personnes autistes cisgenres étaient 4,6 fois plus susceptibles et les personnes autistes TGD étaient 5,8 fois plus susceptibles de signaler des actes d'automutilation.
Ces résultats s’ajoutent au nombre croissant de preuves selon lesquelles de nombreuses personnes autistes ont une santé mentale inacceptablement mauvaise et courent un risque très élevé de comportements liés au suicide. Nous devons considérer comment d’autres aspects de l’identité, y compris le genre, influencent ces risques. »
Dr Elizabeth Weir, chercheuse postdoctorale au Centre de recherche sur l'autisme et l'une des principales chercheuses de l'étude
Dr Elizabeth Weir, chercheuse postdoctorale au Centre de recherche sur l'autisme et l'une des principales chercheuses de l'étude
Ces résultats soulignent l’importance de considérer l’intersectionnalité dans les contextes cliniques, y compris les risques pour la santé des personnes possédant de multiples identités minoritaires. Les chercheurs affirment que les cliniciens devraient être conscients de ces risques et des obstacles uniques aux soins de santé que les personnes autistes TGD peuvent rencontrer. Les résultats soulignent également que les personnes autistes et transgenres/de genre divers connaissent des taux particulièrement élevés de problèmes de santé mentale et de risques d’automutilation.
Le professeur Sir Simon Baron-Cohen, directeur du Centre de recherche sur l'autisme et membre de l'équipe, a déclaré : « Nous devons réfléchir à la manière d'adapter les systèmes de santé et les soins individuels pour répondre aux besoins des personnes autistes transgenres/de genre divers. Décideurs politiques, cliniciens , et les chercheurs devraient travailler en collaboration avec les personnes autistes pour améliorer les systèmes existants et réduire les obstacles aux soins de santé.
père autiste d'une fille autiste "Asperger" de 41 ans
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Re: Y'a-t-il un lien entre autisme et dysphorie de genre?
https://www.lemonde.fr/sciences/article ... 50684.html
Transidentités : une étude française contredit une théorie antitrans
Lilas Pepy
Une nouvelle analyse d’une enquête européenne sur plus de 135 000 citoyens LGBT+ met à mal les bases scientifiques contestées sur lesquelles s’appuient des pays comme les Etats-Unis pour adopter des lois transphobes.
Dans un article paru dans The New England Journal of Medicine (NEJM) le 18 février, deux médecins et un avocat dénoncent les lois répressives et transphobes adoptées aux Etats-Unis depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche, expliquant qu’elles « soulignent un effort plus large visant à faire reculer les droits des personnes trans et non binaires ». Or, « la recherche a constamment démontré les effets positifs de l’accès aux soins d’affirmation de genre » sur la santé, et ces soins sont loin d’être « expérimentaux » ou assimilables à une « mutilation », écrivent-ils.
« Cela promet davantage de stigmatisation, de harcèlement et de discrimination à l’égard des jeunes transgenres », redoute le pédopsychiatre américain Jack Turban. En 2022, dans un article de Pediatrics, il rappelait que la théorie de la Rapid-Onset Gender Dysphoria (« dysphorie de genre à apparition rapide », ROGD) a été utilisée par les législateurs aux Etats-Unis pour interdire les soins d’affirmation de genre aux adolescents trans, en dépit du « soutien sans équivoque » de grandes organisations médicales à ces soins.
Théorisée en partie par la docteure Lisa Littman (Plos One, 2018), la ROGD émet l’hypothèse d’une vague de transition de genre soudaine chez les adolescents, qui subiraient une « contagion sociale » à travers l’influence des réseaux sociaux. Lisa Littman laisse par ailleurs entendre que cela concernerait davantage les personnes AFAB (pour Assigned Female at Birth, « assignée femme à la naissance ») : l’image dégradée de la femme véhiculée sur les réseaux sociaux les plongerait dans un profond désarroi, dont elles sortiraient en transitionnant vers le genre masculin.
L’article de M. Turban en soulignait pourtant les « limites méthodologiques considérables » : vivement critiquée à la sortie, l’étude avait fait l’objet de corrections en 2019 par l’autrice limitant de manière substantielle la portée des résultats. Mais cette théorie a prospéré, d’autant que, depuis les années 2000 et l’émergence des réseaux sociaux, on assiste à une inversion du sex-ratio jusqu’ici inexpliquée. Les personnes AFAB sont désormais plus nombreuses à l’adolescence que celles assignées hommes à la naissance (AMAB, pour Assigned Male at Birth), notamment dans les cliniques pédiatriques.
L’âge du coming in
Dans une étude transversale parue en décembre 2024 dans European Child & Adolescent Psychiatry, la chercheuse Claire Vandendriessche et le professeur de psychiatrie David Cohen – qui dirige une consultation consacrée à l’accueil des mineurs trans ou en questionnement à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, à Paris – ont cherché d’autres pistes d’explication à ce ratio, tout en testant des hypothèses issues de la théorie de la ROGD. Ils se sont appuyés sur une vaste enquête menée dans trente pays européens, la LGBTI Survey, parue en 2019, et ont exploité des données portant sur 137 553 citoyens LGBT+, dont 18 698 personnes trans.
En cohérence avec d’autres études, les résultats traduisent une prédominance de personnes assignées femmes à la naissance au sein des 15 à 17 ans, qu’il s’agisse de femmes lesbiennes ou bisexuelles, ou de jeunes trans masculins. Le ratio s’inverse à l’âge adulte, avec 42 % de personnes AFAB au sein de la communauté LGBT+.
Pour la première fois, en revanche, cette étude d’ampleur européenne montre une corrélation entre l’âge du coming out trans et le genre assigné à la naissance. Chez les personnes ayant eu un coming in (âge à laquelle une personne LGBT+ prend conscience de son identité de genre ou de son orientation sexuelle) avant 18 ans, les hommes trans ont fait leur coming out à 18,8 ans, contre 23,4 ans pour les femmes trans, quand les hommes gay cisgenres partagent leur orientation sexuelle et/ou romantique à 19,1 ans, et 17,5 ans pour les femmes lesbiennes cisgenres. « [Les personnes AFAB] sont donc plus susceptibles (…) d’accéder à des services liés aux minorités sexuelles ou de genre », écrivent les auteurs.
« Ce que l’on démontre, ce n’est pas tant la prépondérance de jeunes personnes transmasculines dans les cliniques pédiatriques ou dans la population générale qu’une absence de jeunes personnes transféminines qui demeurent dans le placard », commente l’autrice. Et ce, peu importent les pays.
Pour tenter d’expliquer cette tendance, les deux chercheurs ont, là encore, testé une corrélation jusqu’ici inexplorée entre l’âge du coming out et l’indice Rainbow de l’Association européenne des personnes intersexes, lesbiennes, gay, bi et trans (ILGA) – un score sur 100 évaluant les politiques nationales de protection des personnes LGBT+ basé sur 69 critères.
« Plus le pays écrase les droits des personnes concernées, plus les hommes gay ou les femmes trans font leur coming out tardivement par rapport aux femmes lesbiennes et aux hommes trans, alors qu’ils se perçoivent comme LGBT vers le même âge », résume Claire Vandendriessche. Ainsi, alors que la Bulgarie présente le moins bon score des 49 pays évalués (20/100), les personnes assignées hommes à la naissance y font leur coming out 3,4 ans plus tard que les personnes assignées femmes, contre 1,08 an pour le Portugal, à la tête du classement (66/100). « Transgresser la masculinité coûte plus cher socialement, aujourd’hui et dans les pays étudiés, que de transgresser la féminité », souligne Mme Vandendriessche.
« Un autre son de cloche »
L’étude a également cherché à savoir si, comme le suggère la théorie de la ROGD, les personnes AFAB qui partagent leur identité de genre rapidement utilisent davantage les réseaux sociaux et présentent un moins bon état de santé que les autres adolescents LGB ou transféminins. S’ils confirment que ces jeunes, qui ont réalisé leur coming out moins d’un an après le coming in et représentent 30 % de l’échantillon de jeunes AFAB en transition, sont plus sur les réseaux sociaux, les deux auteurs montrent qu’ils ne présentent pas une moins bonne santé globale, davantage de maladies chroniques ou encore plus de sentiments dépressifs.
« Ces résultats apportent un “autre son de cloche” important par rapport aux critiques et aux doutes à l’égard des jeunes trans que nous entendons », déclare Annelou De Vries, pédopsychiatre aux Pays-Bas, qui n’a pas pris part à l’étude, mais a participé à l’élaboration des dernières recommandations de l’Association professionnelle mondiale pour la santé des personnes transgenres.
En mai 2024, les sénateurs français ont voté une proposition de loi visant à interdire tout accès à des soins d’affirmation de genre avant 18 ans, alors que « de nombreuses études ont révélé que [l’interdiction à l’accès à ces soins] a des effets néfastes sur le bien-être des jeunes transgenres », note pourtant l’article du NEJM. Le texte avait été formulé d’après un rapport des sénateurs Les Républicains émaillé de références au rôle prétendu des réseaux sociaux.
Les deux chercheurs français concluent que leurs résultats « concordent avec ceux d’autres critiques de l’hypothèse ROGD et devraient justifier que les décideurs politiques s’abstiennent de faire des déclarations pseudo-scientifiques qui pourraient créer des obstacles supplémentaires aux soins ».
Lilas Pepy
Transidentités : une étude française contredit une théorie antitrans
Lilas Pepy
Une nouvelle analyse d’une enquête européenne sur plus de 135 000 citoyens LGBT+ met à mal les bases scientifiques contestées sur lesquelles s’appuient des pays comme les Etats-Unis pour adopter des lois transphobes.
Dans un article paru dans The New England Journal of Medicine (NEJM) le 18 février, deux médecins et un avocat dénoncent les lois répressives et transphobes adoptées aux Etats-Unis depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche, expliquant qu’elles « soulignent un effort plus large visant à faire reculer les droits des personnes trans et non binaires ». Or, « la recherche a constamment démontré les effets positifs de l’accès aux soins d’affirmation de genre » sur la santé, et ces soins sont loin d’être « expérimentaux » ou assimilables à une « mutilation », écrivent-ils.
« Cela promet davantage de stigmatisation, de harcèlement et de discrimination à l’égard des jeunes transgenres », redoute le pédopsychiatre américain Jack Turban. En 2022, dans un article de Pediatrics, il rappelait que la théorie de la Rapid-Onset Gender Dysphoria (« dysphorie de genre à apparition rapide », ROGD) a été utilisée par les législateurs aux Etats-Unis pour interdire les soins d’affirmation de genre aux adolescents trans, en dépit du « soutien sans équivoque » de grandes organisations médicales à ces soins.
Théorisée en partie par la docteure Lisa Littman (Plos One, 2018), la ROGD émet l’hypothèse d’une vague de transition de genre soudaine chez les adolescents, qui subiraient une « contagion sociale » à travers l’influence des réseaux sociaux. Lisa Littman laisse par ailleurs entendre que cela concernerait davantage les personnes AFAB (pour Assigned Female at Birth, « assignée femme à la naissance ») : l’image dégradée de la femme véhiculée sur les réseaux sociaux les plongerait dans un profond désarroi, dont elles sortiraient en transitionnant vers le genre masculin.
L’article de M. Turban en soulignait pourtant les « limites méthodologiques considérables » : vivement critiquée à la sortie, l’étude avait fait l’objet de corrections en 2019 par l’autrice limitant de manière substantielle la portée des résultats. Mais cette théorie a prospéré, d’autant que, depuis les années 2000 et l’émergence des réseaux sociaux, on assiste à une inversion du sex-ratio jusqu’ici inexpliquée. Les personnes AFAB sont désormais plus nombreuses à l’adolescence que celles assignées hommes à la naissance (AMAB, pour Assigned Male at Birth), notamment dans les cliniques pédiatriques.
L’âge du coming in
Dans une étude transversale parue en décembre 2024 dans European Child & Adolescent Psychiatry, la chercheuse Claire Vandendriessche et le professeur de psychiatrie David Cohen – qui dirige une consultation consacrée à l’accueil des mineurs trans ou en questionnement à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, à Paris – ont cherché d’autres pistes d’explication à ce ratio, tout en testant des hypothèses issues de la théorie de la ROGD. Ils se sont appuyés sur une vaste enquête menée dans trente pays européens, la LGBTI Survey, parue en 2019, et ont exploité des données portant sur 137 553 citoyens LGBT+, dont 18 698 personnes trans.
En cohérence avec d’autres études, les résultats traduisent une prédominance de personnes assignées femmes à la naissance au sein des 15 à 17 ans, qu’il s’agisse de femmes lesbiennes ou bisexuelles, ou de jeunes trans masculins. Le ratio s’inverse à l’âge adulte, avec 42 % de personnes AFAB au sein de la communauté LGBT+.
Pour la première fois, en revanche, cette étude d’ampleur européenne montre une corrélation entre l’âge du coming out trans et le genre assigné à la naissance. Chez les personnes ayant eu un coming in (âge à laquelle une personne LGBT+ prend conscience de son identité de genre ou de son orientation sexuelle) avant 18 ans, les hommes trans ont fait leur coming out à 18,8 ans, contre 23,4 ans pour les femmes trans, quand les hommes gay cisgenres partagent leur orientation sexuelle et/ou romantique à 19,1 ans, et 17,5 ans pour les femmes lesbiennes cisgenres. « [Les personnes AFAB] sont donc plus susceptibles (…) d’accéder à des services liés aux minorités sexuelles ou de genre », écrivent les auteurs.
« Ce que l’on démontre, ce n’est pas tant la prépondérance de jeunes personnes transmasculines dans les cliniques pédiatriques ou dans la population générale qu’une absence de jeunes personnes transféminines qui demeurent dans le placard », commente l’autrice. Et ce, peu importent les pays.
Pour tenter d’expliquer cette tendance, les deux chercheurs ont, là encore, testé une corrélation jusqu’ici inexplorée entre l’âge du coming out et l’indice Rainbow de l’Association européenne des personnes intersexes, lesbiennes, gay, bi et trans (ILGA) – un score sur 100 évaluant les politiques nationales de protection des personnes LGBT+ basé sur 69 critères.
« Plus le pays écrase les droits des personnes concernées, plus les hommes gay ou les femmes trans font leur coming out tardivement par rapport aux femmes lesbiennes et aux hommes trans, alors qu’ils se perçoivent comme LGBT vers le même âge », résume Claire Vandendriessche. Ainsi, alors que la Bulgarie présente le moins bon score des 49 pays évalués (20/100), les personnes assignées hommes à la naissance y font leur coming out 3,4 ans plus tard que les personnes assignées femmes, contre 1,08 an pour le Portugal, à la tête du classement (66/100). « Transgresser la masculinité coûte plus cher socialement, aujourd’hui et dans les pays étudiés, que de transgresser la féminité », souligne Mme Vandendriessche.
« Un autre son de cloche »
L’étude a également cherché à savoir si, comme le suggère la théorie de la ROGD, les personnes AFAB qui partagent leur identité de genre rapidement utilisent davantage les réseaux sociaux et présentent un moins bon état de santé que les autres adolescents LGB ou transféminins. S’ils confirment que ces jeunes, qui ont réalisé leur coming out moins d’un an après le coming in et représentent 30 % de l’échantillon de jeunes AFAB en transition, sont plus sur les réseaux sociaux, les deux auteurs montrent qu’ils ne présentent pas une moins bonne santé globale, davantage de maladies chroniques ou encore plus de sentiments dépressifs.
« Ces résultats apportent un “autre son de cloche” important par rapport aux critiques et aux doutes à l’égard des jeunes trans que nous entendons », déclare Annelou De Vries, pédopsychiatre aux Pays-Bas, qui n’a pas pris part à l’étude, mais a participé à l’élaboration des dernières recommandations de l’Association professionnelle mondiale pour la santé des personnes transgenres.
En mai 2024, les sénateurs français ont voté une proposition de loi visant à interdire tout accès à des soins d’affirmation de genre avant 18 ans, alors que « de nombreuses études ont révélé que [l’interdiction à l’accès à ces soins] a des effets néfastes sur le bien-être des jeunes transgenres », note pourtant l’article du NEJM. Le texte avait été formulé d’après un rapport des sénateurs Les Républicains émaillé de références au rôle prétendu des réseaux sociaux.
Les deux chercheurs français concluent que leurs résultats « concordent avec ceux d’autres critiques de l’hypothèse ROGD et devraient justifier que les décideurs politiques s’abstiennent de faire des déclarations pseudo-scientifiques qui pourraient créer des obstacles supplémentaires aux soins ».
Lilas Pepy
père autiste d'une fille autiste "Asperger" de 41 ans
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Re: Y'a-t-il un lien entre autisme et dysphorie de genre?
Dossier autisme et transgenre
Un dossier d'articles concernant les personnes autistes et transgenres.
https://blogs.mediapart.fr/jean-vincot/ ... transgenre
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père autiste d'une fille autiste "Asperger" de 41 ans
Re: Y'a-t-il un lien entre autisme et dysphorie de genre?
Bonjour,
je vois autour de moi des jeunes femmes ou filles qui ont demandé à changer de genre, et sur les 3 que je connais un peu plus, une a finalement changé d'avis. 2 des 3 sont clairement autistes (l'une diagnostiquée, l'autre pas mais a des signes très visibles, je la connais depuis l'enfance, c'est la meilleure amie de ma fille depuis la maternelle).
Moi-même je n'ai jamais été très féminine, ni très masculine non plus.
À la puberté, les changements sont perturbants pour tout le monde, et ensuite fait d'être une femme avec les changements hormonaux et les règles est éprouvant pour une autiste (entre les odeurs, les émotions à fleur de peau, la sensation de mouillé
, l'angoisse d'avoir des taches ou d'être prise au dépourvu... ). Là on vient de m'enlever l'utérus et je revis ! Mon seul regret est de ne pas l'avoir fait bien avant ! Pourtant dans ma tête je suis toujours une femme (même si en fait 99% du temps je m'en fous).
2 choses que je voulais dire aux plus jeunes que moi : si les règles sont pénibles il existe des pilules qui suppriment les règles (et aussi les syndromes prémenstruels). Ça fonctionne très bien sur les jeunes (pour moi c'était pas très concluant mais c'est dû à la périménopause et à des problèmes médicaux). N'hésitez pas à demander à votre médecin, même si vous n'avez pas de vie sexuelle !
Et si vous êtes une fille qui aime les trains, se passionne pour les centrales nucléaires ou le foot, qui aime les filles, vous avez parfaitement le droit !Réfléchissez bien avant de vous engagez dans une voie sans retour possible (je ne parle pas de ceux/celles qui savent depuis l'enfance qu'ils/elles ne sont pas dans la bonne "case" mais de celles/ceux qui sont en questionnement). J'ai l'impression très nette que la société accepte beaucoup moins les filles "garçon manqué" qu'il y a 20 ou même 30 ans, c'est peut-être une des raisons de la hausse des transitions ? (je parle de mon expérience en tant que mère et en tant qu'enseignante).
Bref, soyez vous-même, profitez des avancées de la science pour vous faciliter la vie (que vous décidiez de changer ou non de genre ou d'entamer une transition physique), essayez d'éviter de vous laisser influencer, par ceux qui critiquent la manière dont vous vivez ou qui veulent vous mettre dans des cases.
Signé : mamie
je vois autour de moi des jeunes femmes ou filles qui ont demandé à changer de genre, et sur les 3 que je connais un peu plus, une a finalement changé d'avis. 2 des 3 sont clairement autistes (l'une diagnostiquée, l'autre pas mais a des signes très visibles, je la connais depuis l'enfance, c'est la meilleure amie de ma fille depuis la maternelle).
Moi-même je n'ai jamais été très féminine, ni très masculine non plus.
À la puberté, les changements sont perturbants pour tout le monde, et ensuite fait d'être une femme avec les changements hormonaux et les règles est éprouvant pour une autiste (entre les odeurs, les émotions à fleur de peau, la sensation de mouillé

2 choses que je voulais dire aux plus jeunes que moi : si les règles sont pénibles il existe des pilules qui suppriment les règles (et aussi les syndromes prémenstruels). Ça fonctionne très bien sur les jeunes (pour moi c'était pas très concluant mais c'est dû à la périménopause et à des problèmes médicaux). N'hésitez pas à demander à votre médecin, même si vous n'avez pas de vie sexuelle !
Et si vous êtes une fille qui aime les trains, se passionne pour les centrales nucléaires ou le foot, qui aime les filles, vous avez parfaitement le droit !Réfléchissez bien avant de vous engagez dans une voie sans retour possible (je ne parle pas de ceux/celles qui savent depuis l'enfance qu'ils/elles ne sont pas dans la bonne "case" mais de celles/ceux qui sont en questionnement). J'ai l'impression très nette que la société accepte beaucoup moins les filles "garçon manqué" qu'il y a 20 ou même 30 ans, c'est peut-être une des raisons de la hausse des transitions ? (je parle de mon expérience en tant que mère et en tant qu'enseignante).
Bref, soyez vous-même, profitez des avancées de la science pour vous faciliter la vie (que vous décidiez de changer ou non de genre ou d'entamer une transition physique), essayez d'éviter de vous laisser influencer, par ceux qui critiquent la manière dont vous vivez ou qui veulent vous mettre dans des cases.
Signé : mamie

Diagnostic : TSA niveau 1 avec HPI (le 11/07/2024)
- Deoxys
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Re: Y'a-t-il un lien entre autisme et dysphorie de genre?
Vu ce que tu dis ensuite sur les règles, l'utérus, les "garçons manqués" et tout, je me demandais si tu parlais d'hommes et de garçons transgenres (assignés filles à la naissance), ou de femmes et filles transgenres (assignées garçons à la naissance) ?Asphodèle a écrit : ↑dimanche 13 avril 2025 à 9:22Bonjour,
je vois autour de moi des jeunes femmes ou filles qui ont demandé à changer de genre, et sur les 3 que je connais un peu plus, une a finalement changé d'avis. 2 des 3 sont clairement autistes (l'une diagnostiquée, l'autre pas mais a des signes très visibles, je la connais depuis l'enfance, c'est la meilleure amie de ma fille depuis la maternelle).
Si c'est la première option et j'ai l'impression que oui, il faut les genrer au masculin.

Ensuite, que tu aies observé cette proportion de détransitions de ton côté est entièrement plausible.
Mais il convient de ne pas généraliser à la société entière ; car ici, si on se base sur ton témoignage, ce serait grosso modo un tier des personnes transgenres qui détransitionneraient... Alors que, lorsque l'on fait la moyenne des résultats des études (pour les transitions allant jusqu'au médical), c'est moins d'1% (et le taux est resté, malgré l'augmentation des transitions, de 0,6% des années 70 à 2015 selon une étude néérlandaise).
Plus d'infos dans cette vidéo :
Son chiffre max dans les études sur la détransition — sachant donc que la moyenne est de moins d'1% — est de 6%, chiffre variable selon la méthodologie (une étude pouvant être menée dans un but "anti", on peut même en trouver soutenant les thérapies de conversion, qui ont pour but de ""guérir"" les personnes LGBTQIA+, et qui réussissent à recueillir des témoignages comme quoi si, ça marche vraiment !).
Sur la page Wikipédia portant sur la détransition, le chiffre max trouvé dans une étude est de 8%, mais ça ne change pas grand chose à la moyenne, et de plus, dès le début de la page on peut lire : "La détransition est le fait d'arrêter complètement ou temporairement une transition de genre. Cette décision est rare et le plus souvent prise à cause de pressions extérieures." De plus, détransitionner ≠ être cisgenre ou ne pas retransitionner plus tard : "On parle de retransition lorsque la personne choisit de s'identifier à un genre qui n'est ni son genre initial, ni celui qui était l'objectif de la première transition, ou lorsqu'elle reprend une transition abandonnée par le passé."
Il faut toutefois, bien sûr, s'aligner sur ce que dit la personne concernée, pas question de dire que "si ça se trouve elle est toujours trans", c'est ce qu'elle dit elle à un instant T qui prime.
À titre de comparaison : ce sont 5 à 14% des gens qui regrettent d'avoir eu des enfants [voir ici]. Soit, pour le plus bas pourcentage, déjà 5 fois plus que la moyenne de détransitions (comprenant une part importante de REtransitions ensuite et 85% de personnes détransitionnant pour des raisons EXTERNES telles que la pression sociale). Et pourtant, les médias n'en parlent même pas au moins autant que les détransitions (voire presque pas du tout en fait), malgré la fameuse irreversibilité si souvent avancée, y compris médicale parfois, et le fait que là ça touche d'autres personnes en plus : leurs enfants. Sachant aussi que pour la détransition, ça n'est pas 1% de la population générale, mais 1% DES PERSONNES TRANS, très minoritaires ; alors que pour les regrets parentaux, ce sont 5 à 14% de parents interrogé·es, soit des chiffres énormément plus élevés car il y a énormément plus de personnes parents que de personnes transgenres...
Le biais semble évident : les détransitions sont perçues comme venant renforcer les normes genrées, et donc le sujet au mieux alerte, au pire obsède, presque à chaque fois n'est pas mis en perspective ; tandis que les regrets parentaux sont perçus comme venant mettre un coup de pied dans les normes liées à la parentalité, donc, là, le traitement de cette problématique n'est pas aussi engagé, si tant est que l'on daigne reconnaître son existence pour commencer, ALORS que la proportion de personnes concernées est beaucoup plus élevée comme dit plus haut (sans compter les enfants).
Bien entendu, comme j'avais commencé à l'évoquer plus haut, une personne ayant détransitionné est valide, et ces témoignages sont importants car ils peuvent permettre d'améliorer la prise en charge non seulement des personnes trans (qui très majoritairement ne détransitionnent pas), mais aussi de celles qui détransitionnent (que ce soit pour ne pas retransitionner, ou retransitionner dans le même genre que prévu ou un/des autre(s)). Ces dernières ayant besoin d'un soutien adapté, pour ne pas sombrer dans le mal-être, mais aussi l'idéologie anti-trans, globalement, ne pas se faire exposer telles des trophées bons qu'à appuyer les idées des chaînes, podcasts et autres médias TERF, réacs, et compagnie. Bon heureusement des personnes ayant détransitionné et qui restent trans-friendly, il y en a, et elles sont même probablement plus nombreuses.
Déjà, je suis très contente pour toi !Moi-même je n'ai jamais été très féminine, ni très masculine non plus.
À la puberté, les changements sont perturbants pour tout le monde, et ensuite fait d'être une femme avec les changements hormonaux et les règles est éprouvant pour une autiste (entre les odeurs, les émotions à fleur de peau, la sensation de mouillé, l'angoisse d'avoir des taches ou d'être prise au dépourvu... ). Là on vient de m'enlever l'utérus et je revis ! Mon seul regret est de ne pas l'avoir fait bien avant ! Pourtant dans ma tête je suis toujours une femme (même si en fait 99% du temps je m'en fous).
2 choses que je voulais dire aux plus jeunes que moi : si les règles sont pénibles il existe des pilules qui suppriment les règles (et aussi les syndromes prémenstruels). Ça fonctionne très bien sur les jeunes (pour moi c'était pas très concluant mais c'est dû à la périménopause et à des problèmes médicaux). N'hésitez pas à demander à votre médecin, même si vous n'avez pas de vie sexuelle !
Ensuite, tu as raison, bien sûr qu'avoir un utérus ou pas, ou qu'être plus ou moins "masculine", ne détermine pas si l'on est ou non une femme (cisgenre ou pas d'ailleurs).

Et tu as bien raison de donner ces suggestions sur les règles (qui est encore un gros tabou sociétal).
Ici par contre, il faut tout de même faire attention (je me doute que ce n'est pas vraiment ce que tu cherches, là c'est plus de la sensibilisation pouvant servir en général) à ne pas véhiculer une image de la transidentité comme une façon de légitimer le fait de ne pas correspondre aux attentes typiquement "féminines" ou "masculines".Et si vous êtes une fille qui aime les trains, se passionne pour les centrales nucléaires ou le foot, qui aime les filles, vous avez parfaitement le droit !Réfléchissez bien avant de vous engagez dans une voie sans retour possible (je ne parle pas de ceux/celles qui savent depuis l'enfance qu'ils/elles ne sont pas dans la bonne "case" mais de celles/ceux qui sont en questionnement). J'ai l'impression très nette que la société accepte beaucoup moins les filles "garçon manqué" qu'il y a 20 ou même 30 ans, c'est peut-être une des raisons de la hausse des transitions ? (je parle de mon expérience en tant que mère et en tant qu'enseignante).
Bref, soyez vous-même, profitez des avancées de la science pour vous faciliter la vie (que vous décidiez de changer ou non de genre ou d'entamer une transition physique), essayez d'éviter de vous laisser influencer, par ceux qui critiquent la manière dont vous vivez ou qui veulent vous mettre dans des cases.
Signé : mamie![]()
Ce que j'aimerais faire comprendre (au sens "sensibilisation" donc même pas à TOI personnellement), et je me doute que ça puisse être désagréable et dans ce cas c'est totalement normal, c'est qu'entre, par exemple, ton "si vous êtes une fille qui aime les filles, vous avez parfaitement le droit !", et une réplique TERF de type "on a encore perdu une lesbienne !" (parce qu'un homme trans, assigné fille à la naissance donc "une femme" selon une vision transphobe, s'assume en tant que tel), il n'y a pas un très grand écart.
Il ne s'agit pas de dire "Asphodèle t'es une TERF/une réac/une transphobe (déguisée)", mais de tout faire pour veiller à ce que nos propos, les miens compris évidemment, y compris de bonne foi, ne se mettent pas à ressembler, sans même que l'on s'en rende compte, à des rhétoriques nauséabondes que l'on préférerait au contraire combattre.
Car le fond de ton message, justement, il ne va pas du tout dans le sens réac ; ce sont juste des aspects qu'il faut relever, ce qui peut être désagréable j'en conviens, mais c'est nécessaire pour mieux déconstruire les biais subsistants — notamment si l'on travaille au contact de jeunes qui ne pourront que bénéficier d'un état d'esprit en constante mise-à-jour du corps enseignant.
Un autre exemple : "essayez d'éviter de vous laisser influencer, par ceux qui critiquent la manière dont vous vivez ou qui veulent vous mettre dans des cases".
Ici, c'est un peu différent de la soi-disant "influence" du soi-disant "lobby trans", qui groomerait [= recruter à des fins perverses en gros] les jeunes et personnes "influençables". Rappelons qu'aux USA entre autres, la bataille contre "l'idéologie woke" fait rage, et là-bas elle est telle que plus de 3000 pages du site web du Centre de contrôle des maladies ont disparues, et des mots comme "transgenre" et même "genre" tout court ont été interdits en science (alors que pour rappel le genre concerne la société dans son ensemble, tout comme la sensibilisation à la diversité) [voir ici].
Mais il reste cette notion en toile de fond, que la transidentité serait, au moins dans une partie des cas, due non pas finalement à l'identité profonde, mais à une influence extérieure : stéréotypes de genre binaires auxquels on ne correspondrait pas assez, société voulant nous mettre dans une case et donc qui nous "transitionnerait" contre notre gré...
Pareil quand tu dis : "J'ai l'impression très nette que la société accepte beaucoup moins les filles "garçon manqué" qu'il y a 20 ou même 30 ans, c'est peut-être une des raisons de la hausse des transitions ?"
Si la hausse des transitions était due à une résignation, de la part de femmes cisgenres mais transitionnant car "garçons manqués", celle-ci s'accompagnerait alors forcément d'une hausse de détransitions (sans retransition et pour des raisons majoritairement internes et infirmant réellement la transidentité — ce qui n'est pas nécessairement le cas —), et ce non pas proportionnellement au pourcentage de transitions, mais de façon significativement plus élevée.
Or, tu parles d'une plage temporelle remontant à 20 voire 30 ans, et justement dans la vidéo, on voit [à partir de 8:38] que le taux de détransitions, proportionnellement, ne bouge pas de 70 à 2015.
Ce qui ne serait pas possible si une part des hommes trans étaient en fait finalement juste des femmes garçons manqués pliant à une volonté de la société de les mettre dans la case "hommes" alors qu'elles n'en sont en réalité pas.
Qu'il y ait des cas très spécifiques où cela se passe ainsi, peut-être même parmi les jeunes personnes dont tu as parlé, ça semble tout à fait plausible. Mais ça n'est pas transposable à un phénomène sociétal.
Il faut aussi faire attention à ne pas dépeindre la transition sous l'angle de la mise en garde, à ne pas faire le jeu du sensationnalisme "anti-woke".
Informer est important, je parle d'ailleurs plus haut de l'importance de la parole des personnes qui détransitionnent (pour peu qu'elles ne virent pas réacs et se fassent traire sans vergogne par des médias opportunistes y voyant de quoi donner du poids à leur idéologie transphobe).
Vouloir aider l'est aussi.
Mais la vigilance est de mise.
Quand on lit : "réfléchissez bien avant de vous engagez dans une voie sans retour possible (je ne parle pas de ceux/celles qui savent depuis l'enfance qu'ils/elles ne sont pas dans la bonne "case" mais de celles/ceux qui sont en questionnement)". Là comme ça, eh bien, rien de ce que tu dis est faux, au contraire (bien réfléchir, voie sans retour possible, personnes incertaines qui ne doivent pas se laisser influencer, etc).
Mais il faut toujours mettre en lien avec le contexte, le global, effectuer une mise en perspective.
Or...
- Quand on sait le nombre de personnes trans qui se cachent, moins qu'avant certes (la vraie raison de la hausse des transitions)... qui ne savent pas forcément dès l'enfance qu'elles sont trans, qui vont passer par une phase plus ou moins longue de questionnement... qui, parmi celles qui détransitionnent, le font pour des raisons extérieures et même retransitionnent ensuite...
- Quand on sait le parcours du combat que ça représente, de transitionner (ne serait-ce que socialement, où déjà rien que d'être nommé·e et genré·e comme on le souhaite peut être vu d'un mauvais œil)...
- Quand on sait combien une transition administrative, hormonale, chirurgicale (rien de cela n'étant obligatoire pour être valide, d'ailleurs), est longue et compliquée... et combien pourtant, dans de nombreux cas, cela peut améliorer la qualité de vie – quand ça ne la sauve pas carrément...
- Quand on sait le poids des stéréotypes de genre, et là pour le coup je te rejoins sur cette observation de la tendance à mettre les personnes dans des cases strictes, tendance s'infiltrant jusque chez les pros intervenant dans les parcours de transition, qui vont moins prendre au sérieux une personne trans qui ne colle pas suffisamment à l'image du genre vers lequel elle transitionne (qui est le sien véritablement)...
- Quand on sait combien de personnes TRANS (et pas cis) se sentent obligées de se conformer aux attentes voire de "mettre les bouchées doubles", de peur de ne pas être acceptées dans leur genre véritable (sachant qu'il existe évidemment plein de personnes trans féminines ou masculines "à fond" sans qu'elles n'aient à se forcer, donc la simple correspondance à des "archétypes" ne suffit pas à considérer que la personne "se force" ou "en fait des caisses" ; pas plus que si c'était par exemple une femme cisgenre ""typiquement féminine"", laquelle peut légitimement se sentir bien ainsi puisqu'il n'y a rien de négatif à être ainsi, à la base — le négatif est dans l'idée qu'il "faut" que les choses soient forcément comme ci ou comme ça).
- Quand on sait que des problématiques bien plus répandues (cf. le regret d'avoir eu des enfants) ne sont que peu voire pas couvertes médiatiquement, en comparaison...
- Etc.
...Eh bien, on se rend compte que des propos qui, de base, ne disent rien de faux, peuvent ne pas coller à la réalité et se rapprocher de discours idéologiques mensongers, alors même que les propos ne sont pas faux en eux-mêmes.
C'est là le piège, et la raison pour laquelle on peut contribuer à cela, sans qu'on ne s'en rende compte, et sans qu'on ne le veuille (j'ai du mal à voir comment tu pourrais être transphobe en ayant une vision de l'identité de genre comme totalement déconnectée des attributs biologiques

Et voilà pourquoi ton message a donné lieu à une telle réponse de ma part, réponse ne s'adressant pas tant à toi, qu'à une société — et je m'inclus dedans — ayant encore du chemin à faire pour déconstruire les normes sur laquelle elle repose, et qui s'insinuent partout, par une banalisation, et une invisibilisation des mécanismes à l'œuvre.
Pour s'en rendre compte il faut donc souvent qu'on nous les expose, qu'on reconnaisse sa part de responsabilité, et ça peut piquer.
Le mot de la fin, tu l'as déjà dit et c'est profondément trans-friendly :
"Bref, soyez vous-même".
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Re: Y'a-t-il un lien entre autisme et dysphorie de genre?
Bof... l'emploi de l'impératif présent ne me plaît guère trop. Encore une injonction.

Tu es et tu deviens qui tu es. Tu évolues.

Pardon, humilité, humour, hasard, confiance, humanisme, partage, curiosité et diversité sont des gros piliers de la liberté et de la sérénité.
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- Flower
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Re: Y'a-t-il un lien entre autisme et dysphorie de genre?
@Deoxys: En fait si, on parle des parents qui regrettent d'avoir eu des enfants, ou en tout cas l'algorithme de Facebook me balance régulièrement des articles sur ce sujet. 

Détectée HQI dans l'enfance, diagnostiquée TSA de type syndrome d'Asperger en juillet 2015.
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Re: Y'a-t-il un lien entre autisme et dysphorie de genre?
UnsafeBook ? Still on this bullshit ? Für mich, nie wieder ! 

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- Deoxys
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Re: Y'a-t-il un lien entre autisme et dysphorie de genre?
Oui on en parle quand même, d'ailleurs j'ai bien dit (en gras les parties qui indiquent que si, on en parle) :
- "Soit, pour le plus bas pourcentage, déjà 5 fois plus que la moyenne de détransitions (comprenant une part importante de REtransitions ensuite et 85% de personnes détransitionnant pour des raisons EXTERNES telles que la pression sociale). Et pourtant, les médias n'en parlent même pas au moins autant que les détransitions (voire presque pas du tout en fait), malgré la fameuse irreversibilité si souvent avancée, y compris médicale parfois, et le fait que là ça touche d'autres personnes en plus : leurs enfants."
- "donc, là, le traitement de cette problématique n'est pas aussi engagé, si tant est que l'on daigne reconnaître son existence pour commencer"
- "Quand on sait que des problématiques bien plus répandues (cf. le regret d'avoir eu des enfants) ne sont que peu voire pas couvertes médiatiquement, en comparaison..."
La dernière partie me semble la plus importante : là où la détransition (touchant un pourcentage très mince d'une toute petite minorité) défraye la chronique et rejoint les lacunes dans le traitement des personnes transgenres par leur entourage, les gens qu'iels rencontrent, et la société de façon plus générale, le regret parental (dont l'ampleur est beaucoup plus grande) se fait nettement plus discret ; quand bien même on en parle effectivement.
Et lorsqu'il est évoqué, il l'est beaucoup plus à des fins informatives, déconstructives (ou éventuellement sensationnalistes, pour créer le scandale ; la norme étant justement à la parentalité qui "coule de source").
La notion de "comparaison" est essentielle, d'une part en ce qui concerne l'étendue de la couverture médiatique ou sociétale, mais aussi d'autre part, en ce qui concerne l'instrumentalisation.
Et j'ai probablement négligé cet aspect dans mon précédent message.
Le sujet de la détransition (ou plutôt "des détransitions" car le processus ne saurait être réduit à un déroulement unique) sert comme un des nombreux outils rhétoriques de la croisade médiatique et politique qui sévit actuellement.
Le sujet est instrumentalisé, dans le but de renforcer une vision rejetant la diversité, en jouant la carte de "c'est pas nous qui le disons, c'est une personne qui en a fait partie (donc c'est forcément vrai) !", comptant sur la tendance qu'a le public à généraliser. Détransitions ne rimant pas avec transphobie fondamentalement, ces témoignages sont d'ailleurs importants comme dit précédemment ; mais c'est souvent exploité dans le cadre d'un agenda transphobe (certaines personnes ayant détransitionné peuvent le devenir, puis se faire courtiser par des antennes relayant toutes sortes de conneries).
En d'autres termes : parler de détransitions, à l'heure actuelle, c'est souvent, hélas, invalider les transitions en premier lieu, faire dans le sensationnalisme antiwoke.
Et c'est d'autant plus dégueulasse qu'en plus de ne concerner qu'une toute petite partie d'une déjà toute petite partie de la population (et de ne même pas être définitif dans bien des cas), le sujet est devenu un peu une "marque de fabrique" conservatrice voire carrément complotiste, alors même qu'il n'a rien d'invalidant de base et qu'il est même crucial que des gens puissent en discuter ouvertement et objectivement.
Sachant que ces discours peuvent ne pas être gobés de A à Z, ils peuvent aussi brouiller les pistes et maintenir certaines personnes non pas dans une transphobie franche, mais dans une certaine désinformation, une certaine méfiance ; ça relève de normes diffuses plus générales encore, passant aussi par la banalisation, par le manque de recul, le renforcement social, les privilèges et oppressions en place, etc. Et après c'est à quelles sources retiendront l'attention des personnes ayant "le cul entre deux chaises" : celles présentant des faits (allant dans le sens de la diversité), ou bien celles qui ne visent rien d'autre que le renforcement de notre vision et monde normés (allant dans le sens du confort personnel mais aussi sociétal et privilégié).
Le sujet du regret d'avoir eu des enfants... bon, ai-je vraiment besoin d'expliquer que quand on en parle, ce n'est pas pour invalider le désir de parentalité/la vie parentale*, ni pour faire dans le sensationnalisme antiwoke ?

Cette idéologie entretenant plutôt une vision essentialisante de la famille et rejetant ce qui "la mettrait en péril" (comme le féminisme, l'avortement, le fait d'être childfree, d'être une famille homo ou monoparentale, ou... d'admettre qu'on peut regretter d'avoir des enfants, et qu'en plus c'est loin d'être si rare que ça, et qu'en plus ça ne fait même pas de ces parents de mauvaises personnes ou encore [côté femmes] des "femmes qui doivent avoir un problème avec leur féminité profonde parce que l'instinct maternel normalement, enfin


Sachant que comme abordé plus haut, la normativité ne se limite pas qu'aux pensées très réactionnaires. Les attentes liées à la parentalité, à la sexualité, ou encore par extension — bien que ce ne soit pas indispensable — au couple, faisant partie intégrante de nos sociétés.
Ah, j'oubliais : l'algorithme... nuance que tu fais bien de mentionner, car ça peut biaiser le résultat.
Moi de mon côté, mon fil Instagram est rempli de contenu qui, quand je compare avec ce à quoi je suis confrontée en dehors, n'en est majoritairement pas représentatif justement.

*Au cas où : déconstruire l'injonction à la parentalité ≠ invalider la parentalité. On peut donc tout à fait suggérer que ce ne soit pas pour tout le monde (en se basant sur des observations réelles), encore qu'on ne peut pas le suggérer pour et à la place de personnes précises (plutôt s'interroger de façon générale afin de contribuer à une réflexion collective). Mais donc, ne pourrait-on pas se dire "alors on devrait pouvoir faire la même chose avec la transidentité !" (pas uniquement soutenir les personnes ayant détransitionné, mais faire de la sensibilisation afin que les gens ne "se fassent pas influencer" alors que ce n'est en fait pas pour elleux) ? Ouais... si ça avait reposé sur une réelle influence extérieure (ce qui n'est pas le cas), et si ça avait été le modèle dominant, normatif, à déconstruire (qui lui pour le coup peut influencer). Or les questions de genre, au-delà de la transidentité (pour tout le monde), s'inscrivent dans un modèle étendu, dans une réalité déjà existante mais pas encore acceptée, nécessitant déconstruction, une réalité tellement plus riche que ce dont ont pu nous abreuver les normes passées et actuelles — bien que celles-ci ne soient pas généralisables à toutes les cultures et qu'il ne faille pas négliger la colonialité du genre). C'est le cisgenrisme qu'il faut présenter comme ne convenant pas à tout le monde, tout comme la parentalité ne convient pas à tout le monde ; ce qui ne revient pas à les invalider, ni à "influencer" qui que ce soit, simplement à élargir le modèle afin d'y faire rentrer les possibilités déjà existantes, simplement pas encore admises. Prendre le problème dans le sens de la mise en doute des minorités (même si cela reste de la simple prudence et pas un rejet total), c'est se tromper fondamentalement : élargir le modèle admis ne fait rien perdre à personne, refuser de l'élargir ou en limiter l'élargissement, si. J'ajoute qu'on ne peut pas appliquer la même grille d'évaluation de manière égale, à deux choses s'il y a de toute évidence inégalité entre les deux (une considérée d'emblée comme valide, l'autre pas ; une pas sujette à la stigmatisation — au "pire" à la déconstruction et à la reconnaissance qu'elle n'est pas souhaitable pour l'intégralité de la population —, l'autre si ; une qui peut réellement influencer, bien que toute décision prise dans son sens ne soit PAS le signe d'une influence — par exemple on peut fonder une famille sans que ce ne soit influencé —, l'autre non — en fait elle va directement à l'encontre des diktats).
Diagnostiquée hyperactive (TDAH mixte), autiste et anxieuse
Re: Y'a-t-il un lien entre autisme et dysphorie de genre?
Je parle de toutes les personnes qui ont leurs règles : donc les femmes cis-genre, les hommes transgenre, les non-binaires et autres (je ne suis pas experte en biologie, peut-être y a-t-il aussi des personnes intersexe qui ont des règles, après quelle que soit leur identité de genre ces personnes peuvent avoir des problèmes avec). Désolée si certaines personnes trans se sont senties mégenrées, si c'est le cas c'est juste maladresse de ma part. ( quand j'étais jeune ça ne me dérangeais pas de dire "je suis con" alors que je me considérais bien pourtant au féminin, les normes de genre en grammaire je ne les respecte pas trop)Deoxys a écrit : ↑dimanche 13 avril 2025 à 13:52Vu ce que tu dis ensuite sur les règles, l'utérus, les "garçons manqués" et tout, je me demandais si tu parlais d'hommes et de garçons transgenres (assignés filles à la naissance), ou de femmes et filles transgenres (assignées garçons à la naissance) ?Asphodèle a écrit : ↑dimanche 13 avril 2025 à 9:22Bonjour,
je vois autour de moi des jeunes femmes ou filles qui ont demandé à changer de genre, et sur les 3 que je connais un peu plus, une a finalement changé d'avis. 2 des 3 sont clairement autistes (l'une diagnostiquée, l'autre pas mais a des signes très visibles, je la connais depuis l'enfance, c'est la meilleure amie de ma fille depuis la maternelle).
Si c'est la première option et j'ai l'impression que oui, il faut les genrer au masculin.Sauf celle qui n'est finalement pas trans, bien sûr. (De plus, une personne trans peut aussi être non-binaire donc pas forcément genrée uniquement au masculin/féminin, mais ici j'ai l'impression qu'il y a une binarité masculin/féminin.)
Alors non, je ne savais pas pas quel était le pourcentage (merci pour l'information d'ailleurs), et mon but n'est pas de généraliser.Deoxys a écrit : ↑dimanche 13 avril 2025 à 13:52
Ensuite, que tu aies observé cette proportion de détransitions de ton côté est entièrement plausible.
Mais il convient de ne pas généraliser à la société entière ; car ici, si on se base sur ton témoignage, ce serait grosso modo un tier des personnes transgenres qui détransitionneraient... Alors que, lorsque l'on fait la moyenne des résultats des études (pour les transitions allant jusqu'au médical), c'est moins d'1% (et le taux est resté, malgré l'augmentation des transitions, de 0,6% des années 70 à 2015 selon une étude néérlandaise).
Plus d'infos dans cette vidéo :
La hausse des transitions femme vers homme (désolée encore si je n'ai pas le bon vocabulaire) est récente, c'est un fait il me semble. Quand les transitions ont été possibles en France, au début il y avait bien plus de transitions homme vers femme, la proportion s'est totalement inversée, d'ailleurs vu que tu semble très au courant du sujet, tu as certainement les chiffres.
Si j'ai parlé de ça, ce n'est pas pour parler de quantité, mais comme le sujet est aussi l'autisme, qu'on sait que chez les autistes les stéréotypes de genre sont moins prégnants, et qu'on sait que la société n'est souvent pas tendre avec les autistes... je m'interroge sur le bon "diagnostic".
Ce qui m'inquiète pour ces personnes, c'est que j'ai peur que certaines d'entre elles se trompent de problème : que leur mal-être ne soit pas une dysphorie de genre, mais autre chose (potentiellement l'autisme). S'il n'y a pas de transformation physique, c'est réversible (bon il y a toujours le regard de la société qui est sans doute peu tolérant). Mais s'il y en a une, c'est autre chose (notamment avec la chirurgie). D'où ma remarque, mais c'est pas anti-trans (enfin je ne pense pas), c'est juste que j'ai particulièrement de sympathie pour les jeunes filles autistes (vu que j'en fréquente plusieurs au GEM et que je vois qu'elles font face à pas mal de difficultés) et j'ai quand même un peu peur que certain(e) professionnels et certains groupes poussent à la transition certaines personnes pour lesquelles ce n'est pas la solution (pour les groupes, pas par méchanceté ou calcul, mais juste par un phénomène d'identification).
Je sais bien que le problème inverse existe et est sans doute bien plus présent, et que pour certain·e·s c'est la croix et la bannière pour accéder à une transition (et déjà pour être écouté·e par les pros...).
Et je sais aussi que les anti-trans sont à fond sur ça, mais ce n'est pas parce que des gens instrumentalisent quelque chose, que cette chose n'existe pas.
Je ne vais pas réagir sur le reste (c'est un gros pavé !), mais merci pour tes éléments de réflexion et tes chiffres.
Je suppose que si la CPAM rembourse les transitions, ce n'est pas par bonté d'âme, mais parce que le service médical rendu par les transitions est généralement bon (le terme est un peu moche, mais ça veut dire que les personnes qui le font vont en moyenne mieux avec que sans), et donc je n'ai pas de doute sur le fait que, généralement, ça aide les personnes qui le font.
Et j'ai bien ri sur ta comparaison avec les enfants ! (moi je ne regrette pas, mais j'en voulais 3 et finalement 1 c'est assez pour moi...)
Je suis d'accord avec la majorité de ta réponse, sauf sur une chose : je ne pense pas que l'identité de genre soit totalement décorrélée de la société dans laquelle on vit. Je m'étais intéressée un moment à l'anthropologie, et ça permet de se rendre compte que les catégories de genre dépendent énormément de la culture. Au point que dans certaines cultures les homosexuels hommes sont assimilés aux femmes, ou que les femmes ménopausées sont totalement considérées comme des hommes, ou que dans d'autres une femme veuve pour prendre une épouse (et dans ce cas la première est considérée aussi comme un homme)... Même si la dysphorie de genre n'est pas nouvelle (mais qu'avant elle était plus internalisée, cachée), son expression est probablement au moins en partie un reflet de la société.
Et si je suis très contente que la société accepte beaucoup plus l'homosexualité que quand j'étais enfant, ainsi que les identités diverses, j'ai tout de même cette inquiétude sur les filles, car vraiment je trouve qu'elle a des exigences bien plus grandes envers les filles, et une injonction à la féminité (enfin une certaine idée de la féminité) que je n'ai pas connue enfant ni jeune fille. Ce n'est pas (encore) trop le cas dans les milieux plutôt intellectuels, mais dans les établissements scolaires que j'ai fréquentés (ruraux, bourgeois, ou banlieues tranquilles de classes moyennes) je peux t'assurer que c'est bien le cas, que les filles peu féminines sont mal traitées par les camarades (voire par les parents ...). Je ne sais pas si ça a un lien ou pas avec l'augmentation des transitions, j'espère que tu as raison sur le fait que non.
Quant à la considération des trans par la société dans laquelle nous vivons actuellement, c'est pareil, selon l'endroit regardé la situation peut être très différente, je le sais pour avoir fréquenté et fréquenter autant des milieux plutôt intellectuels et ouverts que ruraux et pauvres, ou bourgeois traditionnels. Et je peux vous garantir que si vous allez dans certains coins, l'homosexualité est encore mal vue, alors la transidentité...
Bon j'ai fait brûler la soupe (Spoiler :

C'était intéressant de lire tes réflexions.
Quand j'aurais le temps je regarderai les liens suggérés.
Diagnostic : TSA niveau 1 avec HPI (le 11/07/2024)