Cool que ça t'aide, moi pendant une période j'ai eu du mal avec ça. Et d'ailleurs, j'ai déjà vu des personnes qui décrédibilisaient un combat juste, en disant que ça revenait à faire ce qu'on dénonçait (faire preuve d'intolérance envers des personnes qui ne pensent/font pas comme nous... sauf que ce que ces personnes pensent/font est injuste, à la base).
J'ai pu appliquer cela pour moi-même, avant, avec une estime de moi moins bonne à l'époque venant renforcer cette idée.
Si une injustice n'est pas combattue, elle ne se résoudra pas toute seule. Donc, à un moment ou un autre, faut bien que ça pique, que ça remue, que ça dérange... C'est logique en fait.
Pivoine a écrit : ↑mardi 18 juin 2024 à 18:16Ma plus jeune fille me demande souvent pour le moment " c'est grave ça ? " ... et je lui réponds continuellement : "Dans la vie absolument rien n'est grave tant que tu ne te fais pas de mal à toi même, ni aux autres". Et s'il arrive qu'on fasse du mal, voulu ou pas, il est déjà bien de l'admettre et puis de s'excuser si besoin. Il n'y a que de cette façon là que l'on peut évoluer et avancer. Voilà c'est mon opinion

Je pense que tu as raison.
Reconnaître ses torts, c'est très sain et c'est ce qui fait avancer le groupe.
Mais ça peut aussi être très difficile. C'est bien plus simple de faire selon ce qui nous arrange.
C'est un des éléments qui rend la reconnaissance de certaines injustices compliquée — ainsi que l'action pour lutter contre.
Parce que reconnaître (pour les phénomènes d'oppression larges) qu'il existe des privilèges blanc, hétéro, cis, masculin, humain
(par rapport aux animaux [spécisme et carnisme]), et j'en passe, cela implique la responsabilité des personnes.
Donc celles-ci peuvent le vivre comme si elles étaient cataloguées comme méchantes. Comme si on voulait attenter à leur liberté (et dans un sens, c'est vrai que leur liberté est "menacée", puisque toutes ces luttes visent à rééquilibrer les dynamiques entre les groupes, donc il y a effectivement des comportements à abandonner ; mais c'est pour la bonne cause, du coup).
À plus petite échelle, dans les rapports interpersonnels, c'est pareil, la remise en question n'est pas toujours simple... C'est humain (rester dans ses schémas est plus simple que d'en sortir, de les mettre à jour).
Et tout le monde n'a pas la chance de ta fille, de pouvoir intégrer que rien n'est grave du moment qu'on ne fait pas de mal aux autres ou à soi-même...
Beaucoup de gens vont malheureusement intégrer que "c'est grave" de ne pas correspondre à une norme, alors que ça ne fait de mal à personne ; ou pire, que certaines choses bénignes, voire bénéfiques (luttes pour des causes justes), font en fait du mal aux autres ou à elles-même (avec de la manipulation comme le
gaslighting par exemple ; c'est particulièrement vicieux parce qu'une différence peut causer une véritable souffrance, mais pas à cause de cette différence : à cause de ce que nous renvoie le monde sur cette différence).
En tout cas je plussoie : le comportement humain est complexe. Et destructeur. Et l'inverse, aussi, si bien manié.
Fascinant.