Articles divers sur les TSA

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Jean
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Re: Articles divers sur les TSA

Message par Jean »

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Vaccins, paracétamol, acide folinique : après les annonces de Trump, cinq questions sur l’autisme aux Etats-Unis
Delphine Roucaute

Le président américain, Donald Trump, et son ministre de la santé, Robert Kennedy Jr, ont accusé, lundi, le paracétamol d’être à l’origine d’une « épidémie d’autisme » aux Etats-Unis.

C’était une annonce très attendue depuis l’arrivée au pouvoir de Donald Trump. Le président américain et son ministre de la santé, Robert Kennedy Jr, avaient promis au printemps qu’ils établiraient en septembre les causes des troubles du spectre de l’autisme (TSA), l’autisme n’étant pas une condition identique chez tous les individus, mais des troubles neurodéveloppementaux divers, caractérisés par des difficultés dans la communication et les interactions sociales. Lundi 22 septembre, ils ont ainsi désigné un coupable à ce que Kennedy a qualifié d’« épidémie d’autisme » : le paracétamol, principalement vendu aux Etats-Unis sous le nom de Tylenol.

Ils ont également fait savoir que la Food and Drug Administration avait autorisé la leucovorine, habituellement utilisée pour réduire les effets indésirables des chimiothérapies, pour « les enfants présentant un déficit cérébral en folates et des symptômes autistiques ».

Enfin, ils ont annoncé de nouvelles recherches sur les causes de l’autisme, en consacrant des millions de dollars à l’étude des facteurs environnementaux, y compris les vaccins – une théorie pourtant démentie depuis longtemps.

Y a-t-il réellement une « épidémie d’autisme » aux Etats-Unis ?

Parmi les enfants américains de 8 ans, un sur 31 (3,22 %) présente un TSA. Ce taux a été multiplié par cinq en vingt ans. Peu de chiffres existent en France, les chercheurs se basant surtout sur les travaux américains.

Les spécialistes font valoir qu’une part de cette hausse est portée par un changement dans la définition de l’autisme et une prise de conscience importante du grand public et des professionnels de santé. Une analyse menée de 1992 à 2005 en Californie, où la prévalence est la plus élevée (5,31 %), montre qu’un quart (26,4 %) de cette hausse est lié au fait que certaines personnes jusque-là diagnostiquées comme atteintes de retard mental étaient désormais diagnostiquées avec un TSA associé.
D’où vient cette croyance dans le fait que les vaccins causent l’autisme ?

En promettant de trouver les causes de l’autisme, MM. Trump et Kennedy ont à nouveau suggéré, lundi, un lien avec les vaccins, le président américain affirmant que les bébés recevaient jusqu’à 80 injections différentes. S’il revient à chaque Etat américain de fixer sa propre liste de vaccins obligatoires, les centres pour le contrôle et la prévention des maladies recommandent de vacciner contre 14 maladies, la plupart des Etats en prescrivant en réalité une dizaine.

Cette croyance est basée sur une seule étude publiée en 1998 dans The Lancet, incriminant prétendument la vaccination contre la rougeole, les oreillons et la rubéole (ROR). A la suite d’une enquête du journaliste Brian Deer, il a été fermement établi que ces résultats étaient le fruit d’une manipulation de données et de conflits d’intérêts. L’auteur, Andrew Wakefield, a été interdit, en 2010, d’exercer la médecine, et son étude a été rétractée.

En douze ans, son travail a malgré tout eu le temps de faire des ravages. Si bien que, aujourd’hui, la principale raison invoquée par les parents américains ne voulant pas administrer le ROR à leurs enfants est la crainte de déclencher l’autisme. Depuis, plus de 25 articles, dont une vaste et robuste étude menée en 2019 sur une cohorte de 657 461 enfants nés au Danemark, ont réfuté tout lien entre le vaccin ROR et l’autisme.

Les causes de l’autisme sont-elles plutôt génétiques ou environnementales ?


Si la recherche s’est historiquement plutôt concentrée sur les causes génétiques de l’autisme – plus de 140 gènes ont été identifiés –, de plus en plus d’études montrent l’importance des facteurs environnementaux. Cela va des conditions de la grossesse (âge avancé des parents, prématurité) à des expositions in utero à des médicaments (la Dépakine, un antiépileptique) ou à des substances chimiques (particules fines).

« Un dicton courant en pédiatrie dit que la génétique charge le pistolet, mais que c’est l’environnement qui appuie sur la détente », relève Philip Landrigan, professeur au Mount Sinai Medical Center, à New York, et l’une des grandes figures de l’épidémiologie environnementale. Si un enfant a un terrain génétique le prédisposant à l’autisme, ses conditions environnementales permettront à ces gènes de s’exprimer ou non. Le chercheur pointe en particulier vers l’exposition au méthylmercure, aux pyralènes, au manganèse ou aux insecticides, mais beaucoup d’autres pistes restent à explorer.

« Les enfants sont exposés à des produits chimiques dont le potentiel à causer des TSA n’est pas encore reconnu, insiste Philip Landrigan. Le problème est que ces produits n’ont jamais été testés pour leur toxicité. Cela reflète un échec flagrant de la réglementation en matière de sécurité chimique. »

Le paracétamol peut-il être une cause de l’autisme ?

Cette hypothèse fait débat depuis une dizaine d’années. Certaines études ont montré un lien entre l’utilisation de paracétamol pendant la grossesse et le risque pour l’enfant d’être diagnostiqué avec un TSA. Notamment une méta-analyse publiée durant l’été et mise en avant par Donald Trump, qui examine 46 études, dont huit portant spécifiquement sur l’autisme. « Il est important de savoir que ces études ne montrent qu’un lien, et qu’un lien ne prouve pas la causalité », insiste Abraham Reichenberg, professeur de médecine préventive et de psychiatrie au Mount Sinai. « Certaines études d’observation ont suggéré une possible association entre l’exposition prénatale au paracétamol et l’autisme, mais les résultats restent non probants », a déclaré, mardi, un porte-parole de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

Des études récentes ont montré des résultats inverses et relevé que les recherches précédentes ne tenaient pas compte de plusieurs sources de biais. Une étude suédoise publiée en 2024 a notamment écarté cette piste sur la base des dossiers médicaux de 2,5 millions d’enfants. Par ailleurs, la fièvre, contre laquelle est prescrit le paracétamol, est associée, elle, à un risque d’autisme. Dans tous les cas, il est conseillé, des deux côtés de l’Atlantique, de limiter le recours au paracétamol pendant la grossesse à la dose minimale nécessaire pour faire chuter la fièvre, et pour une durée limitée.

L’acide folinique peut-il guérir les TSA ?

Le recours à l’acide folinique – commercialisé sous le nom de leucovorine aux Etats-Unis – chez les enfants avec TSA a été exploré dans le cadre de quelques études. Il s’agit du métabolite actif de l’acide folique (vitamine B9). Ce dernier est d’ailleurs prescrit en début de grossesse pour aider la mise en place du système nerveux central. « Ces résultats encourageants de la leucovorine concernent seulement les enfants ayant des anticorps bloquant l’entrée de l’acide folique dans le cerveau », précise Marie-Christine Picot, une des chercheuses qui coordonnent la cohorte Marianne devant étudier les déterminants biologiques et environnementaux de l’autisme en France. Il s’agit d’une mutation génétique rare qui ne concerne pas tous les autistes.

« Des articles publiés récemment montrent que la leucovorine peut booster le neurodéveloppement, mais il n’y a aucune preuve solide pour dire que cela peut guérir l’autisme, avertit Paul Olivier, chef de projet du groupe d’intérêt scientifique Autisme et TND, un réseau de recherche fédérant plus de 130 équipes en France. Une telle annonce peut communiquer de faux espoirs. » A ce stade, les premières recherches s’accordent surtout à dire qu’il faut étudier l’effet du produit sur de plus grandes cohortes.

Delphine Roucaute
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Flower
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Re: Articles divers sur les TSA

Message par Flower »

Si le TSA est causé par le vaccin ROR, je ne devrais pas être concernée, parce que je n'ai jamais reçu ce vaccin. :innocent:

(Je sais que c'est anecdotique et ne prouve donc rien, hein, mais vu que les gens qui prétendent ça ne sont pas les mieux informés, on s'en fiche. :wink: )
Détectée HQI dans l'enfance, diagnostiquée TSA de type syndrome d'Asperger en juillet 2015.
Soline34
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Re: Articles divers sur les TSA

Message par Soline34 »

Concernant le paracetamol: au doigt mouillé et sur la base d’une grossesse de 9 mois, je pense que la grande majorité des parturiente en aura pris au moins une fois. La plupart du temps, sans s’en souvenir.
(Cela me rappelle une question posée par une ancienne neuropediatre devant mon enfant qui me demande si j’ai pris des toxiques pendant ma grossesse. Je réponds que non -c’est la vérité- que j’ai pris ponctuellement du paracetamol. Elle le note sur le dossier. Cependant, personne n’a noté que ma voisine Jeanine a également pris du paracetamol pendant sa grossesse. Pourquoi? Mais parce que l’enfant de Jeanine est bien dans le moule).
Et sinon, pour terminer de raconter ma vie, ses études me rappellent aussi toutes celles qu’on faisait à mon époque pour déterminer les causes de l’homosexualité.
A quand des études pour déterminer les causes de l’hétérosexualité et de la neurotypie ?:))
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Re: Articles divers sur les TSA

Message par Fift »

Soline34 a écrit : jeudi 25 septembre 2025 à 7:38 A quand des études pour déterminer les causes de l’hétérosexualité et de la neurotypie ?:))
:lol:
Soline34 a écrit : jeudi 25 septembre 2025 à 7:38
Et sinon, pour terminer de raconter ma vie, ses études me rappellent aussi toutes celles qu’on faisait à mon époque pour déterminer les causes de l’homosexualité.
Dans le même esprit, ça me rappelle furieusement les études du XIXè siècle pour déterminer les prédispositions à la criminalité (études qui n'ont jamais pu aboutir à quoi que ce soit de tangible, malgré les certitudes de l'époque).

Toujours relativement aux déclarations de Trump qui considère qu'il en sait plus que les gens qui étudient le sujet, mon fils nous a fait une splendide remarque hier : "c'est comme ce que le juge a déclaré à Lavoisier : la République n'a pas besoin de savants".
Nous voilà revenus au XVIIIe siècle...
Tests passés le 29/02/2024. Diagnostic officialisé le 26/03/2024.

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Re: Articles divers sur les TSA

Message par Carapa »

Soline34 a écrit : jeudi 25 septembre 2025 à 7:38 Concernant le paracetamol: au doigt mouillé et sur la base d’une grossesse de 9 mois, je pense que la grande majorité des parturiente en aura pris au moins une fois. La plupart du temps, sans s’en souvenir.
(Cela me rappelle une question posée par une ancienne neuropediatre devant mon enfant qui me demande si j’ai pris des toxiques pendant ma grossesse. Je réponds que non -c’est la vérité- que j’ai pris ponctuellement du paracetamol. Elle le note sur le dossier. Cependant, personne n’a noté que ma voisine Jeanine a également pris du paracetamol pendant sa grossesse. Pourquoi? Mais parce que l’enfant de Jeanine est bien dans le moule).
Les déclarations de la bande à Donald me laissent naturellement sceptique, néanmoins je trouve cet argument fort léger, étant donné que l'effet d'une substance peut varier selon 1) le stade de la grossesse où elle est prise, 2) la dose et la durée du traitement, et 3) la sensibilité individuelle des patients.
Soline34 a écrit : jeudi 25 septembre 2025 à 7:38 Et sinon, pour terminer de raconter ma vie, ses études me rappellent aussi toutes celles qu’on faisait à mon époque pour déterminer les causes de l’homosexualité.
A quand des études pour déterminer les causes de l’hétérosexualité et de la neurotypie ?:))
L'analogie n'est pas très sérieuse non plus, car on sait que la prise de certaines substances pendant la grossesse (a minima, la dépakine) entraîne un risque d'autisme chez l'enfant, alors qu'à ma connaissance rien de tel n'a été montré concernant l'homosexualité.
Diagnostiqué SA (septembre 2016).
Soline34
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Re: Articles divers sur les TSA

Message par Soline34 »

Le premier n’est pas un argument, c’était pour souligner que même en France les médecins ont un biais de confirmation.

Ma seconde etait du second degré: tous les TSA ne sont pas à médicaliser; tout comme l’homosexualité l’a été pendant ma génération. Tous les magazines voulaient expliquer l’origine de l’homosexualité parfois avec de très bonnes intentions, mais ça entretenait l’idée qu’il y avait quelque chose à expliquer, alors que non…
Pour le TSA, c’est pareil: différence n’est pas forcément anomalie en tous cas pas systématiquement (en tous cas je ne considère pas mon enfant comme une anomalie et lui ne se considère pas comme tel non plus). C’est bien de parler des situations de handicaps mais parfois il faudrait interroger aussi le pourquoi de la norme
Parent d’un adolescent TSA diagnostiqué en avril 2024