Comment gérez vous les burn out autistiques ?

[Anaelle]

Bonjour,

Je lance ce sujet sur les burn out autistiques, s'il y en a parmi vous qui réussissent à s'en remettre , à les espacer, les endurer...
Pour ma part, quand j'ai un burn out autistique, je ne peux plus rien supporter qui arrivent par les canaux des sens. Ni supporter mes pensées. C'est comme un épuisement nerveux et sensoriel.
Je reste allongée pendant plus d'une semaine, je ferme les volets, je me force à manger. Malgré ces difficultés, je ne dors pas plus. Je ne supporte pas d’être éveillée, je voudrais « débrancher » mon cerveau.
Malgré le fait que ça m'arrive régulièrement, je n'arrive toujours pas à bien les anticiper, et quand ça commence, je me rends compte que je me suis trop demandé, mais c'est trop tard.

[lucius]

Je me mets dans un coin en m'isolant et je me concentre sur des choses pour oublier le reste.
Lorsque je sens que cela va arriver, je me concentre sur autre chose liée à mes centres d'intérets.

[Fluxus]

Je ne le gère pas. Je n'y arrive pas.

[freeshost]

Je les préviens.

Syndrome d'épuisement ? Repos ! Réduire la voilure énergivore ! Sus au productivisme épuisant ! Dire NON sans se justifier (même si on a dit OUI souvent auparavant).

[Fluxus]

C'est compliqué de s'improviser du repos en période de burn-out autistique quand on a des impératifs et des obligations à côté, je trouve... Certains diront que c'est probablement une question de priorité et qu'il faut penser à soi d'abord et c'est clairement quelque chose que je comprends. Sauf qu'en général, ça ne fonctionne pas de manière aussi simple...

Alors certes, on peut ne pas avoir à se justifier, ne rendre de comptes à personne et préférer penser à notre survie. Mais à quel prix ? Une fois qu'on ira mieux, le reste de la société ne nous aura pas attendu derrière pour avancer sans nous. Notre temps n'est pas le même que le leur.

Admettons que je travaille dans une entreprise avec des aménagements adéquats mais que pour une raison ou une autre, je finis par tomber en burn-out et que je doive prendre impérativement du temps pour moi... Cela nécessiterait un arrêt, ok. Mais qui me dit que selon le temps que ça prendra à me remettre sur pied, je maintiendrai les choses qui rendaient ma situation stable avant cet arrêt ? Si ça devait arriver à répétition, est-ce qu'une entreprise cautionnerait ça ? Est-ce qu'on est assuré de maintenir nos fonctions ?

Ca c'est bien quand t'as papa et/ou maman sur le dos et que t'as pas besoin de bosser ou accessoirement, que t'es patron/PDG. Autrement, si tu veux ton indépendance et gagner ta vie en étant salarié, jamais de la vie ça fonctionne de la sorte. Les 3/4 du temps, on va te dire que si c'est comme ça de manière constante, que tu t'absentes malgré un arrêt de travail justifié par un certificat, faudrait peut-être songer à changer de travail parce que tu vas pas être assez productif pour l'entreprise. Je pense qu'à ce niveau là, c'est là qu'on remarque une frontière entre les 2 mondes : La vision des personnes non concernées par des troubles ou un handicap et les personnes concernées... Pour moi, ça fonctionne difficilement dans la vie active. Déjà que dans les études c'est compliqué... Ce n'est qu'un avis personnel basé sur des généralités que je constate au fur et à mesure. Si ça se passe autrement dans les cas que j'ai pu décrire, c'est génial.

Bref, je sais que le sujet c'était le "Comment gérez-vous..." mais je ne peux pas m'empêcher de penser aux conséquences que cela peut avoir ailleurs.


Même en vacances, j'ai du mal alors que je suis en burn-out autistique depuis le mois de Juin... On est presque en Septembre, j'ai même pas encore récupéré...

[freeshost]

Le reste de la société, tu t'en côlisses un peu pas mal.

Aucune personne n'a l'obligation d'être "comme les autres", d'avoir des diplômes ou de l'expérience dans quelque domaine. Sus aux injonctions productivistes.

Tu fais ce que tu fais parce que tu aimes cette activité, pas juste pour plaire aux autres.

J'admets qu'il est compliqué de prendre du repos une fois qu'on a pris des engagements. [Les contraintes socio-économiques peuvent aussi compliquer la (mal)donne.]

Une idée possible, pour réduire les risques de syndrome d'épuisement, est de terminer des engagements sans s'obliger à en prendre de nouveaux (réduire la voilure des engagements).

"Notre temps n'est pas le même que le leur." Et ne le sera jamais. À chaque personne son rythme.

On ne va pas rajouter un nouvel épisode de surépuisement aux précédents juste pour plaire aux autres personnes ou au système.

[ad_astra]

Mal...

Mais j'essaie de les sentir arriver et de lever le pieds quand c'est le cas.

[Flower]

J'ai tendance à être constamment au bord du burn-out depuis des années, sans pouvoir dire qu'il faut le qualifier d'autistique ou pas. Parfois il y a des moments où je ne suis plus capable de faire quoi que ce soit au-delà de lire des romans jeunesse que je connais déjà ou regarder des trucs à la noix sur YouTube (genre reportage sur les gendarmes, ça nécessite très peu d'espace de cerveau). Manger ça passe, cuisiner beaucoup moins. Au mieux, quand ça commence à trop m'énerver, je vais peut-être arriver à faire la vaisselle.
Ce sont des épisodes que je déteste, c'est extrêmement frustrant de perdre mon peu de temps libre en étant comme ça, parce qu'ensuite faut retourner au travail. Et au-delà d'une question de "productivisme", il faut tout simplement que je travaille pour pouvoir vivre.

[cardila]

J'ai tendance à être constamment au bord du burn-out depuis des années, sans pouvoir dire qu'il faut le qualifier d'autistique ou pas. Parfois il y a des moments où je ne suis plus capable de faire quoi que ce soit au-delà de lire des romans jeunesse que je connais déjà ou regarder des trucs à la noix sur YouTube

Je me retrouve beaucoup dans ce message, il m'arrive parfois même de juste rester allongée pendant des heures à fixer le plafond.
Je n'arrive même pas à faire des choses qui me plaisent, même ça demande des aménagements.

En premier lieu, l'isolement pour ne pas avoir à "gérer" la perception des autres, puis rester allongée dans le noir et dans le silence le maximum de temps possible. Je mange du tout prêt surgelé uniquement, cuisson four donc minimum d'entretiens.
Ensuite, quand je suis capable "d'exister" en dehors de ma grotte, c'est RDV psychiatre obligatoire (pour moi), souvent par visio/téléphone.
On s'en sort petit à petit, c'est terriblement chronophage, mais avancer c'est avancer : il faut d'abord trouver la force d'être gentil avec soi-même.

Cela va bientôt faire un an que j'essaie de sortir de ce dernier "épisode" (il y en a eu plusieurs depuis que je suis enfant) et j'arrive un peu mieux à identifier ce qui les déclenchent (l'alexithymie n'aide pas), j'espère arriver à, comme freeshost, réussir à les prévenir avant de devoir revenir dans la danse des consultations médicales incessantes.

[ikh]

Ce sont des épisodes que je déteste, c'est extrêmement frustrant de perdre mon peu de temps libre en étant comme ça, parce qu'ensuite faut retourner au travail. Et au-delà d'une question de "productivisme", il faut tout simplement que je travaille pour pouvoir vivre.

C'est sur ce point que je me retrouve le plus. Les temps perdus dans mes assommoirs (même si restitués pour partie de manière utile céans). Ne rien faire, si ce n'est en mode robot, pour pouvoir tout donner au boulot: penser à gérer la gestuelle, le facial, le regard (moins bien), le discours (réciprocité manquante).

Cet état-là, je ne crois pas que ça puisse se gérer, seulement se vivre (se subir devrais-je formuler). Par contre, avec le temps, je veux croire que ça puisse s'anticiper. Si en marchant dans la rue on met un pied dans une bouche d'égout ouverte, impossible d'éviter la perte d'équilibre, voire la chute; on peut cela dit scruter le sol régulièrement pour voir lesdites bouches et les éviter. Plus on s'y prend tôt, plus on a de temps pour réagir. Enfin ça c'est la théorie; toujours plus facile que sa mise en pratique.

[freeshost]

il faut tout simplement que je travaille pour pouvoir vivre.

Diverses personnes ont divers handicaps et reçoivent des allocations, auxquelles elles ont droit, faut-il le rappeler.

Bon, il y a toujours ce sentiment de honte-culpabilité face à l'injonction productiviste et capacitiste selon laquelle on doit travailler pour vivre.

En fait, pour vivre, les facteurs les plus importants pour les êtres vivants de notre espèce sont l'oxygène, l'eau, la lumière, les nutriments apportés par l'alimentation, les bonnes températures, le système immunitaire, le hasard.

Bon, encore que la vie de chaque être vivant est provisoire.

Scruter le sol, je fais ça régulièrement en forêt, pour décider où je vais poser mes pieds pour réduire le risque de tomber ou glisser. Je me demande comment font certaines personnes quand elles courent en forêt.

Autrement, chiens comme humains peuvent être tellement focalisés sur un détail qu'ils en oublient de regarder où poser les pattes, puis tombent à plat ventre.

[Flower]

Diverses personnes ont divers handicaps et reçoivent des allocations, auxquelles elles ont droit, faut-il le rappeler.

Oui, mais d'autres n'en reçoivent pas et n'y ont pas droit.

[freeshost]

Diverses personnes ont divers handicaps et reçoivent des allocations, auxquelles elles ont droit, faut-il le rappeler.

Oui, mais d'autres n'en reçoivent pas et n'y ont pas droit.

C'est ça qu'il faut changer. Il n'est pas normal qu'elles n'y aient pas droit.

[Flower]

Diverses personnes ont divers handicaps et reçoivent des allocations, auxquelles elles ont droit, faut-il le rappeler.

Oui, mais d'autres n'en reçoivent pas et n'y ont pas droit.

C'est ça qu'il faut changer. Il n'est pas normal qu'elles n'y aient pas droit.

Bah c'est lié à la sévérité du handicap. Je trouve ça assez normal dans l'absolu d'ailleurs, mais il faudrait des aides p. ex. pour payer les thérapies même pour ceux qui travaillent, et c'est assez limité. Je trouve que ce n'est pas normal par exemple de devoir payer de sa poche des séances de psychologue ou de psychomotricité alors qu'il faut en plus réduire son temps de travail pour pouvoir organiser ces prises en charge.