Maria « Chicha » Mariani, une des fondatrices des Grands-mères de la place de Mai, pensait avoir retrouvé sa petite-fille, enlevée en novembre 1976 sous la dictature. La Fondation Anahi, qu’elle avait créée, avait annoncé, jeudi, qu’une femme de 39 ans avait été identifiée comme étant Clara Anahi, le bébé enlevé, grâce à des analyses génétiques qui prouvaient le lien de parenté « à 99,9 % ».
La justice argentine a démenti ces informations, samedi, et écarté tout lien biologique entre les deux femmes : l’Unité spécialisée dans les cas d’enfants enlevés à leur famille pendant la dictature a annoncé que deux analyses génétiques officielles contredisaient les informations du premier test, réalisé par une clinique privée.
Interrogé par le journal argentin Clarin, Juan Martín Ramos Padilla, proche et biographe de Maria Mariani, a confirmé que la jeune femme n’était pas le 120e enfant identifié après avoir été « volé » pendant la dictature militaire. Il a dit avoir émis des doutes lorsque la jeune femme s’est présentée avec les premières analyses génétiques, demandant une confirmation aux organismes officiels. Maria Mariani n’a pas réagi à ces nouvelles informations.

La photo de Clara Anahi diffusée dans le cadre des recherches pendant 36 ans.
Les recherches menées par Mme Mariani pour retrouver sa petite-fille étaient connues de toute l’Argentine. La photo de Clara Anahi bébé était largement diffusée à chacun de ses anniversaires, pendant des décennies, et sa grand-mère a multiplié les lettres ouvertes écrites à sa petite-fille. En mars, Maria Mariani écrivait :
« A 91 ans, mon vœu le plus cher est de t’embrasser et de me reconnaître dans ton regard, cela me ferait plaisir que tu viennes jusqu’à moi pour que ces longues recherches se concrétisent. Le principal souhait qui me maintient debout est qu’enfin nous nous rencontrions. »
Les Grands-mères de la place de Mai, une organisation fondée en 1977, en pleine dictature, s’activent depuis de longues années à rechercher ces petits-enfants portés disparus. Elles estiment que 500 bébés d’opposants politiques, enlevés à leur mère ou nés en captivité, ont ensuite été adoptés par des dignitaires du régime militaire, responsable de la mort ou de la disparition de 30 000 personnes. Nombre de ces enfants ont été élevés par des parents qu’ils pensaient être leurs géniteurs.
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